Le selfie avec Estrosi et autres photos du terroriste de Nice

Publié le par S. Sellami

Enquêteurs et experts, le 15 juillet 2016 à Nice, devant le camion qui a foncé dans la foule tuant 85 personnes.

Mediapart publie une enquête sur "les ratés de la politique sécuritaire de Christan Estrosi". La ville de Nice et Christian Estrosi ont annoncé qu'ils portaient plainte.

C'est une étonnante photo que ressort Mediapart, ce vendredi. Unselfie, pris de nuit, flou mais qui permet tout de même d'identifier les deux visages au premier plan. A gauche, Mohamed Lahouaiej Bouhlel, l'auteur de l'attentat de Nice -85 victimes, le soir du 14 juillet-, fixe la caméra de son téléphone. A droite, un homme en costume noir et chemise blanche est tout sourire: c'est Christian Estrosi, l'ancien maire de Nice. 

 

Cette image fait partie des nombreuses photos trouvées dans l'ordinateur du terroriste. Elle n'est pas sans rappeler la photo d'Amedy Coulibaly à l'Elysée, en 2009, évoquant une forme de fascination ou de raillerie du pouvoir politique.  

A l'époque, le président Nicolas Sarkozy souhaitait "rencontrer des entreprises engagées dans l'emploi des jeunes" et avait invité dix personnes en alternance, dont le futur preneur d'otages de l'Hyper Cacher. Amedy Coulibaly était alors en contrat de professionnalisation au sein de l'usine Coca-Cola de Grigny.  

Parmi les autres images retrouvées sur l'ordinateur, certaines montrent la foule de dos sur la promenade des Anglais en train de regarder le feu d'artifice, ou encore "les infrastructures temporaires disposées sur le trottoir", selon le site d'investigation. Toutes ces photos du tueur de Nice font partie d'un même lot qui date du 15 août 2015, onze mois avant le carnage de la promenade des Anglais. L'homme mûrissait-il un projet près d'un an avant les faits ou profitait-il de l'ambiance estivale sur le bord de mer niçois? Pas de place pour le doute du côté de la Ville de Nice: "Si l'attentat était préparé depuis un an, pourquoi le gouvernement a t'il dit que le terroriste s'était radicalisé en quelques jours." 

Onze repérages
 

Au-delà des photos, Mediapart pointe surtout les "ratés" de "la politique sécuritaire de Christan Estrosi". L'élu Les Républicains, qui a annoncé qu'il portait plainte pour diffamation contre le média, a toujours défendu son réseau de vidéosurveillance.  

Au lendemain des attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Casher, à Paris, il s'étonnait que les forces de l'ordre n'aient pas réussi à arrêter les tueurs. Il avait assuré être "à peu près convaincu que, si Paris avait été équipée du même réseau [de caméras] que le nôtre, les frères Kouachi n'auraient pas passé trois carrefours sans être neutralisés et interpellés." 

Pourtant, le matin du 13 juillet 2016, Mohamed Lahouaiej Bouhlel conduit pendant 30 minutes son 19 tonnes sur le trottoir de la promenades des Anglais -qui est fermée à la circulation des camions- sans être inquiété. Il répète ces manoeuvres à trois reprises, affirmeMediapart. A chaque fois, la scène est filmée, mais la police municipale ne réagit pas. Selon le site d'investigation, cela faisait déjà deux jours que le terroriste effectuait des repérages. Onze en tout.  

Dans un communiqué, la mairie a tenu à se défendre: "Nous rappelons que toutes les images de la ville de Nice ont été très utiles dans la gestion de la nuit du 14 au 15 pour lever des doutes et pour l'avancée de l'enquête. Elles sont en permanence utilisables et visionnées tant par la police municipale que par la police nationale, peut-on lire. La Promenade des Anglais est un lieu de livraisonpour les restaurants et les plagistes et, ce, 7 jours sur 7. (...) Les caméras ne remplaceront jamais les services de renseignement." 

http://www.lexpress.fr
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