Yacef Saadi : ce héros, ce traître !

Publié le par S. Sellami

Yacef Saadi : ce héros, ce traître !

Par : Bassaïd AISSA

Écrire son histoire de son vivant, comme l’a fait le sujet du jour, est la subtile manière de réduire notre intelligence et de la confiner dans un carcan idéologique semblable à celui dans lequel les différents pouvoirs despotiques veulent à tout prix nous enfermer. 

 

Un livre et film d’une bataille inachevée, sa manière à lui de se présenter, de préserver son honneur, comme s’il savait déjà qu’il allait finir par être rattrapé par l’Histoire.

 

 Mais ses œuvres ne permettront de répondre à aucune des interrogations d’une Histoire accusatrice, et les suspicions subsisteront toujours sur sa prétendue trahison, sur son rôle de chef au sein de cette zone autonome d’Alger, lui qui est mis en cause par plusieurs petites figures de la révolution.

 

 Puis vinrent ces photos sans menottes, et sans honneur. Ben M’hidi, lui, en avait de l’honneur, n’est-ce pas ? Plutôt que de comparer, essayons de nous frayer un chemin vers ce qui pourrait être, pourquoi pas, un début de vérité…Rêve utopique.

 

Car où se trouve cette maudite vérité au milieu du mensonge des uns et du travestissement de l’Histoire par d’autres ? Ils ont politisé ce bout de mémoire pour nous arracher le peu qui en restait. Comment peut-on à ce point réduire une identité commune, transformer un peuple en « bidoune », c’est-à-dire en « sans Histoire » ?

 

Pourquoi Yacef Saadi a-t-il été épargné alors que la brutalité d’un colonialisme sans remords n’était ni factice ni cachée ? Pourquoi, même, n’a-t-il pas été torturé ? Pourquoi ne l’a-t-on pas liquidé, lui le « chef », comme ce fut le cas de certaines véritables et légendaires icônes de notre révolution ?

 

A entendre ces généraux de la France coloniale, on aimerait que tous nos enfants se transforment en de petits Ben M’hidi, croyant en un idéal : « c’était un seigneur, il était impressionnant de calme et de convictions » disait de lui un général. Bigeard lui, croyait en une plus grande France, cet ennemi qui reconnaissait en Ben M’hidi un homme intègre, à qui cette même France, lui rendant honneur, présentait les armes. Ces armes, Yacef Saadi a su les retourner magistralement, et les retourne encore aujourd’hui, vers le peu de révolutionnaires restants.

 

 Comprenez que parler d’un Moudjahid milliardaire m’insupporte. Après tout je m’en fiche : Yacef, tu peux te terrer dans ton bunker et enterrer encore ta conscience, tu seras jugé là-haut.

 

 Très peu ont fait l’Histoire, mais beaucoup s’autorisent à se l’approprier...

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