Il y a 7 ans/ Un voyou à la tête de la Tunisie ? Par Louis Denghien, le 24 avril 2012

Publié le par S. Sellami

                           Un voyou à la tête de la Tunisie ?

L’émir du Qatar et le Premier ministre turc semblent avoir fait un enfant ensemble : il s’appelle Moncef Marzouki et est président de la Tunisie. M. Marzouki avait déjà accueilli, en février dernier, un sommet des « Amis de la Syrie » où s’étaient pressés les aspirant-ingérant et agresseurs du monde entier, américains, britanniques, français, turcs, qataris, séoudiens, sans oublier les pantins du CNS. Et ce mardi 24 avril il vient de se distinguer à nouveau en sommant Bachar al-Assad de quitter dans l’instant le pouvoir, et de façon assez directe, qu’on en juge plutôt :

« Tu partiras d’une manière ou d’une autre. Tu partiras mort ou tu partiras vivant, et c’est mieux pour toi et ta famille de partir vivants ». Cette dialectique qu’on croirait empruntée à un capo mafieux ou à un de ses hommes de main  filmé par Scorcese ou Coppola, celui qui est pourtant un chef d’Etat l’a étalée dans un entretien accordé au quotidien Al-Hayat. Poursuivant dans cette veine « western », Moncef Marzouki dit encore : « Si tu as décidé de partir mort, cela veut dire que tu auras causé la mort de dizaines de milliers d’innocents. Assez d’effusion de sang !« .

La Tunisie en danger de qatarisation

On remarquera d’abord que Marzouki bat l’OSDH sur le terrain de l’inflation statistique. Et puis on se posera la question de savoir quelle mouche islamiste dure a piqué le président tunisien. A vrai dire les mouches peuvent venir du Qatar, infatigable et généreux trésorier de toutes les subversions sunnites radicales à travers le monde arabe. Doha s’est fait la main sur la Libye, et essaye de pousser ses pions partout dans l’arc arabo-musulman. Via les Frères musulmans l’émirat-scélérat dispose d’une influence très disproportionnée par rapport à son équation démographique et territoriale. Mais la « mouche » peut être autochtone : on sait que ce sont les islamistes locaux, les hommes de l’Ennahda, qui ont raflé la mise électorale en Tunisie en capitalisant sur le despotisme, la corruption et les injustices sociales de l’ami de l’Occident Ben Ali. Et depuis, fort de leurs succès et de leur position ultra-dominante à l’assemblée constituante, les islamistes s’efforcent de mettre la très occidentalisée Tunisie à l’heure de Ryad, plus encore que de La Mecque.

Et M. Marzouki, qui s’était bâti, du temps de Ben Ali, une image d’opposant laïc et démocratique, s’est adapté aux temps nouveaux, au point de se faire élire président de la République tunisienne avec l’appui officiel d’Ennahda. Du coup, il semble avoir adopté la vision du monde arabo-musulman d’Erdogan et de l’émir Hamad, et rivalise désormais d’agressivité et d’hostilité à l’égard de la Syrie, pourtant restée laïque, elle. Le voisin libyen étant déjà gouverné – pour le moment  par d’autres obligés du Qatar (et de l’OTAN), l’Egypte étant sous pression islamo-salafiste, il y a de quoi s’inquiéter pour la stabilité et les libertés des habitants de la région.

La démocratisation semble avoir accouché en Tunisie d’une qatarisation des esprits, ou des élites politiques. Les Tunisiens se laisseront-ils acheter comme apparemment leur président ? Dans l’immédiat, il faut espérer qu’un mouvement citoyen se constitue pour rappeler à ces messieurs et l’ex-laïc de gauche Marzouki que la Tunisie est certes en terre d’Islam, mais que le père de la nation, Bourguiba, était plus proche de Kemal Ataturk que du Mahdi.

A noter que certains Tunisiens ne se sont pas contentés de mots, même menaçants : ils sont allés carrément combattre en Syrie avec les insurgés. Cinq d’entre eux viennent d’être tués par l’armée syrienne à Idleb, et trois autres arrêtés (avant le 22 avril). Ces Tunisiens étaient venus en Syrie pour « aider le peuple syrien et le secourir » selon leur page Facebook.

1- Abdul-Hadi al-Kadiri ;
2- Walid Hilal ;
3- Hussein Fares ;
4- Bassam al-al-Jray ;
5- Boulbabah Boukach (un entraineur de kung fu et celui qu’on voit dans la vidéo).

Les trois Tunisiens arrêtés  sont :
1- Wahid Fadhil Benkardan ;
2- Boubaker Bou Battan ;
« Et un autre frère de Tunis » dont on ne donne pas le nom.

On voit que les « brigades internationales djihadistes » recrutent à travers tous les pays à direction plus ou moins islamiste, au point de constituer une part de plus en plus importante de l’opposition armée « syrienne ». Mais les « Amis de la Syrie » genre Juppé, Clinton ou Erdogan ne s’arrêtent pas à ce genre de détails. Après tout, Moncef Marzouki a dit tout haut, et brutalement, ce qu’ils pensent de moins en moins bas. Et les cinq « martyrs » d’Idleb ont fait ce qu’ils ne peuvent faire eux-mêmes…

http://www.infosyrie.fr/actualite/un-voyou-a-la-tete-de-la-tunisie/

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Par Louis Denghien, le 24 avril 2012

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