La dette contractée… et la recolonisation

Publié le par S. Sellami

La dette contractée… et la recolonisation
De l’indépendance en 1962, jusqu’à l’année 1978 date du décès du président Boumediene, l’Algérie se présentait comme le plus moderne des pays arabes même si les Algériens montraient de la lassitude de l’autoglorification de la guerre de libération. Les deux décennies se caractérisaient d’une des tentatives les plus radicales de rompre avec la dépendance et les règles d’exploitation qui régissent le système capitaliste mondial. Les nationalisations, le développement du secteur industriel public, la gratuité de la scolarisation et la santé étaient au rendez-vous. Mais la période est également celle des entraves aux droits démocratiques. Le président Boumediene, même issu du coup d’Etat du 19 juin 1965, redonne la fierté aux Algériens et bizarrement juste après sa mort débute la recolonisation économique qui ne se fait pas par les mitraillettes mais par la dette contractée…

 

En 1979, l’Algérie fait partie du lot des cent dix pays désignés par les organisations financières internationales (FMI, Banque Mondiale, GATT) à « l’ajustement structurel » qui est un ensemble de mesures contraignantes accompagnant un passage forcé à l’économie de marché par le démantèlement de toute fonction régulatrice de l’Etat. La résistance de l’Algérie est vaine.

C’est en donnant prise à l’arme classique de la mainmise coloniale, la dette contractée pour répondre par l’importation aux pénuries nées d’une demande accrue et tourner une production « non compétitive » vers une diversification des exportations que l’Algérie s’est rouverte à la domination du grand capital. Mais sa recolonisation qui n’est pas le fait d’un Etat, passe par son intégration en position subordonnée « au nouvel ordre mondial ». La recherche d’un accroissement de la valeur des exportations par la très coûteuse valorisation des hydrocarbures (le plan « VALHYD ») a porté de 1978 à 1980, la dette extérieure de 11 à 19 milliards de dollars.

Avec la mort du président Houari Boumediene et celle de son « socialisme spécifique » le président Chadli Bendjedid préside au pays. Les prémices de « liberté » se faisaient sentir alors que les acquis sociaux des deux décennies précédentes s’effritaient. Le « plan d’ajustement structurel » était mis en œuvre sur injonction des organisations financières mondiales. La crise s’installe et le système implose avec les émeutes d’octobre 1988.

Un semblant de démocratisation répond à la grande crise sociale accentuée par la mondialisation des années 1990 qui loin de produire du bien être, produit de l’exclusion, loin de produire du développement authentique, produit plus de richesses spéculatives et infiniment plus de rancœur que d’espoir.

Les caisses de l’Etat se vidaient et apparaissaient plus visibles les islamistes gagnant du terrain. On allait voter pour la première fois en Algérie comme dans une démocratie occidentale. Le 26 décembre 1991, le front islamique du salut (FIS) remporte les élections législatives. Les candidats du FIS obtiennent 3 206 222 voix soit 47,54% des suffrages exprimés, cent quatre vingt huit islamistes sont élus ; le FIS approchait la majorité absolue d’une assemblée de quatre cents trente députés.

L’annulation du 12 janvier 1992 des élections plonge l’Algérie dans l’horreur de la crise. L’Algérie cède en 1994 aux organismes de la finance internationale, le FMI et la Banque Mondiale. Le 10 avril, le premier ministre Rédha Malek envoie une lettre au FMI dans laquelle il accepte de courber l’échine. L’Algérie s’enlise dans la dépendance. Loin de produire du développement comme il le proclame, le FMI ne fait qu’entraîner la paupérisation et la fuite de capitaux. Il est l’instrument par excellence de la domination contemporaine.

Nourdine Amokrane
25 février 2011

http://www.hoggar.org/

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