Israël, la démocratie nazifiée.

Publié le par S. Sellami

 

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Zeev Sternhell raconte n’importe quoi sur la réalité de l’Etat juif.

« Tout ce qui est excessif est insignifiant » : le mot de Talleyrandconserve toute sa pertinence y compris pour tout ce qui touche à Israël, tant l’excès en la matière est la règle première. L’excès était déjà inscrit dans les gènes de cette terre trop promise où devait couler « le lait et le miel » et qui bien plus tard fut promise à « des rivières de sang » de la part de ceux qui ne conçoivent leur avenir radieux que dans l’anéantissement de l’Autre. La vérité d’Israël se trouve probablement entre ces deux pôles extrêmes. Ce pays d’Israël dont le père fondateur,David Ben Gourion, estimait qu’il deviendrait normal quand on y trouverait des voleurs et des prostituées, serait-il donc devenu normal ? Il y a bien dans cette Terre sainte, des voleurs, des escrocs et des prostituées. Par contre, ce qu’on ne rencontre pas (encore) ce sont des SA armés de longs couteaux, pourchassant des arabes. Personne n’y a écrit de Mein Kampf juif, il n’y a pas de texte sacré prônant la « guerre sainte » et les camps d’extermination pour les malades mentaux (pourtant nombreux dans la région) ne font pas partie des projets du gouvernement Netanyahu.

 

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Une accusation stupide et diffamatoire

La tribune de Zeev Sternhell, publiée dans Le Monde du 19 février, présente des prophéties de malheur dont l’outrance les détruisent sitôt énoncées. Employer les mots de nazisme ou de prénazisme pour qualifier des évolutions idéologiques à l’intérieur d’Israël est aussi stupide que diffamatoire. Il y a sans nul doute en Israël des racistes anti-arabes, des racistes anti-chrétiens et des suprémacistes Juifs illuminés. Il y a eu des terroristes juifs ayant attaqué des arabes, des maires de villes arabes ou bien ayant attaqué des pacifistes juifs. Il y a surtout eu, et c’est le plus grand drame d’Israël, un terroriste juif, un fanatique nationaliste religieux ayant assassiné dans le dos, le Premier ministre Yitzhak Rabin en 1995. Tout ceci est vrai, mais tout ceci ne représente pas des hordes en chemise brune prêtes à prendre le pouvoir. La société israélienne reste une société démocratique où un juge arabe, membre de la cour suprême, envoie en prison un président de l’Etat condamné pour viol. C’est dans ce même Etat qu’un Premier ministre est obligé de démissionner pour avoir omis de déclarer un vieux compte en banque à l’étranger. On aimerait pouvoir en dire autant dans nos démocraties libérales qui vivent en paix.

 

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Libre comme BDS en Israël

Mais, selon Sternhell, l’Etat juif serait sur une très dangereuse pente le menant à terme à sa perte. C’est en effet dans cet Etat d’apartheid qu’une députée arabe, Haneen Zoabi, membre de la Knesset, ayant participé à la « flottille de la paix » en mai 2010, sitôt débarquée en Israël, se précipite à la tribune du Parlement dont elle est membre, pour dire toute la haine que lui inspire le pays dont elle est élue. Un autre exemple vient confirmer la relégation raciste dont serait victime la population arabe : M. Barghouti, créateur et animateur du mouvement BDS, est diplômé de l’université de Tel Aviv. Lorsqu’un soldat ne respecte pas les consignes de guerre et abat un terroriste blessé, il est condamné et va en prison. Cependant, pour certains, ce pays d’apartheid, inspire une telle répulsion à leurs esprits lucides qu’ils y publient en toute liberté, la manière dont ce peuple juif a été inventé, comment la terre d’Israël fut aussi inventée et comment, résolument dégoûtés par tant de mensonges, ils ont décidé de cesser d’être juifs.

A lire aussi: Zeev Sternhell, savant utile de l’antisionisme – Par Elisabeth Lévy

Dans l’histoire des mythes politiques émancipateurs, nombreux sont ceux qui conditionnent leurs succès à l’anéantissement de l’ennemi : croisades, Terreur révolutionnaire, table rase communiste, djihad islamique, génocide turc des Arméniens, génocide nazi des Juifs, génocide polpotien du Cambodge, génocide Hutu du Rwanda, etc. Nous devons faire remarquer que de tous les mythes politiques émancipateurs nés au XIXe siècle, le seul qui ne se soit pas (encore) transformé en barbarie au XXe ou au XXIe reste (à ce jour) le sionisme.

 

Les partis de Dieu vouent Israël à la mort

Zeev Sternhell nous annonce le contraire, et le pire étant (dans la région) le plus sûr, le nazisme serait aux portes d’Israël. On avait déjà prédit à Israël, par un jeu mimétique avec ses voisins, une orientalisation intellectuelle nuisible à l’esprit des Lumières, peu partagé au Proche orient. Il est vrai qu’avec les divers progressismes arabes environnants, celui des Ben Bella, Nasser, Hafez Al-Assad, Kadhafi, Saddam Hussein, Mengistu, Habache , Hawatmeh, Arafat et quelques autres, il devenait difficile de garder le cap et l’esprit confiant dans un souci prioritaire de justice pour les peuples de la région. A l’échec de ces progressismes des divers FLN, Baas, FPLP, FDPLP, OLP, a donc succédé le retour à l’identité des origines inaugurée par la révolution islamique en Iran (1979). L’effet contagieux a promu ses diverses métastases FIS, GIA, Al-Qaïda, Etat islamique. Cette nouvelle étape s’est affirmée à la fois dans la surenchère identitaire concurrente (sunnite/chiite) autant que dans une surenchère de massacres contre leurs propres peuples. Cependant, cette rivalité se fond dans une haine partagée prioritaire: celle d’Israël et accessoirement celle des Juifs. Les programmes des partis de Dieu, qu’ils soient sunnites ou chiites, sont à cet égard dénués de toute ambiguïté : Israël n’est voué qu’à un seul sort, celui de sa destruction. Le djihad étant un commandement divin, personne sinon des apostats, ne saurait s’y soustraire.

Ce que les Européens refusent encore de percevoir c’est que ce qu’ils vivent aujourd’hui, Israël a à l’affronter depuis sa naissance. Ce que les européens ne comprennent pas c’est que ce qui menace Israël, les menace. Ce que les européens se refusent à voir c’est que c’est Israël qui se trouve su la ligne de front. « Si Israël tombe, nous tomberons tous » a déclaré l’ancien premier ministre espagnol José Maria Aznar. Cette déclaration est-elle dénuée de fondements ?

 

 

« L’entité sioniste », source unique du malheur arabe?

Quel peuple peut sereinement vivre son présent quand il a pour mémoire celle de sa destruction et pour perspective d’avenir une destruction programmée par ses voisins ? Quel peuple pourrait simultanément négocier avec un partenaire/ennemi qui simultanément lui dénierait tout droit à l’existence ? Cette situation c’est celle qui est faite à Israël depuis 70 ans. Ceux qui ont osé briser ce refus principiel sont excommuniés ou assassinés. Le tabou Israël constitue le facteur premier de l’aliénation arabe car il interdit à ce monde de penser sa propre régression. « L’entité sioniste » serait la source unique du malheur arabe et du malheur palestinien. Pour son malheur le peuple palestinien est prisonnier de ce que certains de ses leaders ont construit comme une rente éternelle. Aucune autre cause, aucun autre peuple souffrant d’un déni de ses droits n’est autant subventionné pour perpétuer son sort. Ni les Kurdes, ni les tibétains, ni les Yézidis n’ont droit de la part des diverses institutions, associations internationales à autant d’attention, à autant de subventions. Le sort des « réfugiés »palestiniens se perpétue de générations en générations. A la fin de la seconde guerre mondiale, des frontières ont été déplacées, des millions de personnes furent déplacées, pour pouvoir enfin donner à ces peuples des cohérences viables. L’indépendance de l’Inde, le partage avec le Pakistan, a aussi déplacé des millions de personnes. On sait ce qu’il advint de la Yougoslavie désormais détruite pour avoir saccagé ses équilibres précaires. Si le leadership palestinien avait souhaité construire son Etat, il y serait parvenu depuis les accords d’Oslo, même avec une solution bancale, mais une Palestine libre aurait existé. Ce fut le choix de Ben Gourion acceptant le plan de partage de l’ONU en 1947, refusé par toutes les parties arabes, alors que la Palestine ne figurait encore sur aucune carte. C’est bien parce que le rêve palestinien relève moins du projet de construction d’un Etat indépendant que celui de détruire Israël, que ce conflit perdure. Il faut être sourd et aveugle pour ne pas le comprendre.

Sternhell contre les Lumières et le judaïsme

La lecture d’une carte de géographie suffit pour réaliser l’étendue de cette sinistre farce : Israël a la surface de trois départements français entouré d’Etats arabes ou musulmans allant de l’Atlantique à l’océan indien et ce serait ce minuscule Etat qui voudrait dévorer les autres ?

 

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C’est à un renversement des responsabilités historiques que Sternhellnous convie aujourd’hui. Pour s’éloigner autant des Lumières que de l’esprit du judaïsme et encore plus de l’idéal sioniste des pères fondateurs, voilà Israël trainé dans une boue tellement répugnante qu’elle interdit toute critique raisonnable de la politique de son gouvernement. On peut ne pas aimer la politique de ce dernier, on peut s’injurier à la Knesseth, et les israéliens ne s’en privent pas, mais induire l’idée qu’Israël est sur la voie du nazisme, est une calomnie tellement énorme qu’elle oblige tout Juif soucieux du sort d’Israël à se solidariser avec son gouvernement. Il y a des mots imprononçables pour attaquer la politique d’Israël et l’historien Sternhell, mieux que quiconque aurait du le savoir. Ce gauchisme saura séduire les grands cœurs et les grandes âmes de Jeremy Corbin à  Edgard Morin ou  Jean Ziegler et fera ressusciter n’en doutons pas, Stéphane Hessel. Il permettra de perpétuer le malheur de tous.

 

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https://domhertz.com/2018/04/08/israel-la-democratie-nazifiee/

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