Les Casques blancs de Syrie s'excusent après un "Mannequin Challenge" controversé

Publié le par S. Sellami

Ces secouristes volontaires syriens accusent le régime de Bachar al-Assad d'avoir détourné leur vidéo pour décrédibiliser leur action auprès des civils.

INTERNATIONAL - C'était "une erreur de jugement". Les Casques blancs de Syrie, des secouristes venant en aide aux habitants des zones rebelles du pays, on dû présenter leurs excuses mercredi 23 novembre, après la publication d'une vidéo controversée sur les réseaux sociaux.

 

Elle répondait au "Mannequin Challenge", le dernier né des phénomènes internet, qui consiste à tourner une vidéo dans laquelle les participants restent immobiles le plus longtemps possible, figés dans des positions généralement improbables.

 

Sur les images diffusées par l'organe de communication des rebelles des Forces révolutionnaires syriennes, visibles en tête de cet article, deux secouristes viennent en aide à un civil enfoui sous des décombres. Une scène quotidienne en Syrie et notamment à Alep, où les 250.000 habitants assiégés dans la partie rebelle et orientale de la ville sont la cible depuis un mois d'une offensive d'envergure de l'armée syrienne et de l'aviation russe pour la reconquérir.

 

"Cette vidéo a été enregistrée par notre média avec des volontaires de la Défense civile syrienne (le nom officiel des Casques blancs, ndlr), qui souhaitaient mettre en parallèle l'horreur de la Syrie et le monde extérieur, en utilisant le phénomène viral du 'Mannequin Challenge', expliquent-ils dans un communiqué rapporté par CNN. C'était une erreur de jugement, et nous présentons nos excuses au nom de tous les volontaires impliqués".

 

À CNN, un porte-parole des Casques blancs dit avoir utilisé le mot-clé "#mannequinchallenge" pour "toucher le public occidental" et lui "montrer une partie de la souffrance syrienne".

Victimes de la "distorsion des faits" du régime?

L'organe de communication des rebelles des Forces révolutionnaires syriennes explique également dans un communiqué que la Défense civile syrienne a été victime, après la publication de cette vidéo, d'une "distorsion des faits" de la part du régime syrien. "Comme d'habitude, les médias du régime ont repris la vidéo, sortie de son contexte, et commencé à diffuser de fausses informations pour servir les intérêts du régime de Bachar al-Assad, qui tue des civils depuis presque six ans, accusant notre média de fabriquer de fausses vidéos d'opérations de secours", dénoncent-ils.

Sur les réseaux sociaux, certains internautes voient dans ces images la preuve que les Casques blancs mettent en scène leur action sur le terrain, et minimisent, par la même occasion, les conséquences des bombardements subis par la population.

 

"Incroyable! Il faut voir cette vidéo qui montre toute l'imposture des Casques blancs. L'homme se met à crier de douleur pour la caméra, juste au bon moment"

 

"P****n de lol"

 

"Et l'Oscar revient aux... Casques blancs"

Les détracteurs des Casques blancs n'ont pas manqué d'utiliser la photo postée par le faux blessé pour dénoncer une soi-disant mise en scène de leur action.

 

La guerre d'images

En dehors du champ de bataille, le régime syrien et les rebelles se livrent une guerre d'images. En octobre, le président Bachar al-Assad avait remis en cause la véracité desimages du petit Omrane Daqneesh, 5 ans, estimant qu'elles étaient "fausses" et fabriquées par la Défense civile, par ailleurs "liée à l'organisation terroriste du Front al-Nosra". Les images d'Omrane, dont la véracité est prouvée par de nombreux récits de journalistes présents, avaient fait le tour du monde. On le voyait hébété et ensanglanté, assis dans une ambulance, après avoir survécu à l'un des raids aériens menés en août sur la ville d'Alep.

Les Casques blancs, qui se veulent apolitique, faisaient partie début septembre des 73 ONG à avoir suspendu leur coopération avec l'ONU pour protester contre la "manipulation des efforts humanitaires" par le régime du président Bachar al-Assad.Candidats au prix Nobel de la paix, ils ne l'ont finalement pas remporté malgré une pétition signée par des milliers de personnes.

Ce n'est pas la première fois que ces quelque 3000 habitants-secouristes volontaires, en première ligne du conflit en Syrie, utilisent les phénomènes des réseaux sociaux pour témoigner de leur travail sur le terrain. En juillet, ils avaient utilisé le succès du jeu "Pokémon Go", qui consiste à capturer ces créatures dans les rues grâce à la réalité augmentée, en diffusant une série de photos d'enfants syriens tenant des images de Pokémon, accompagnées d'un message en arabe appelant à venir les sauver.

 

Autrefois capitale économique du pays, Alep a été ravagée par la guerre, qui a fait plus de 300.000 morts depuis son début en mars 2011. Entre le 15 et le 20 novembre, près d'une centaine de civils ont péri dans les bombardements du régime sur l'est d'Alep, selon l'OSDH.

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