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♦♥ Gaza, la martyre !

Publié le par S. Sellami

Gouvernement après gouvernement, on voit la Colombe, des côtes de la Palestine, s’éloigner
Bombardement après bombardement, attentat après attentat, l’on est à se demander
Pour les deux camps, est-ce que leur escalade dans l’échelle de l’horreur va pouvoir un jour s’arrêter
Aucun Gazaoui, par le feu venant du ciel, n’est épargné, et des familles entières ont été décimées
Ou bien, par celui provenant de la terre et de la mer, quoi qu’il fasse, il n’a aucun endroit sûr où se réfugier
Des centaines de milliers d’êtres humains innocents piégés par une force de feu surgissant de tous côtés
À Gaza, il n’y a plus de sédentaires, ses habitants, d’évacuation en évacuation, sont trimballés
Abandons forcés massifs de leurs habitations répétant une longue histoire de déplacements passés 
Ils sont près de deux millions de prisonniers SDF qu’on fait déplacer à coup de milliers de tracts, du ciel, largués
Qui subissent quotidiennement des pertes, allant en crescendo, en termes de vies humaines, de biens et de dignité
Qui dorment dans des voitures, entassés, dans les rues ou dans des abris, non à l’abri des bombardements, surpeuplés
Israël a imposé à Gaza des conditions pour la détruire, Delenda est Gaza, ainsi il a décidé
Provoquant délibérément la famine, la déshydratation, les épidémies,..., avec les restrictions appliquées
Qui, bientôt, feront plus de victimes que les bombardements, parmi les personnes les plus vulnérables : les handicapés
Les enfants, les personnes âgées, et celles atteintes de maladies chroniques, verront leurs chances de survie diminuer
Une catastrophe humanitaire inédite, provoquée par un État voyou, se déroule sous les yeux du monde entier
Malgré l’indignation de l’opinion publique mondiale qui ne tarit pas ; ce qui rend furieux Israël et ses alliés
Actes génocidaires planifiés faisant voler en éclat l’essence même de notre humanité partagée
Combien de civils devront encore mourir, d’enfants devront souffrir, pour qu’Israël soit, à la raison, ramené
Israël qui, aujourd’hui, de la part de Biden, Macron, Scholz et les autres , de son impunité, est assuré
Trio qui, l’accusation de « génocide » portée contre Israël par Pretoria devant la CPI, a rejeté [1]
Alors que le risque de génocide par Tsahal à l’égard du peuple palestinien, par cette Cour, a été proclamé [2]
L’hécatombe commise par Israël dépasse de loin, en nombre de victimes, les massacres, par le Hamas, provoqués
Hécatombe qui n’a pas affaibli le soutien envers le Hamas, mais l’a plutôt singulièrement renforcé 
Et nombreux sont les jeunes pacifistes israéliens emprisonnés pour avoir refusé d’y participer
Chapeau bas à tous ces courageux israéliens qui œuvrent pour la paix, et à en payer le prix, sont prêts
À l’instar de ce jeune qui a déclaré à ses juges : « à une guerre criminelle à Gaza, je refuse d’y aller » [3]
Et à toutes ces organisations juives qui militent en faveur de la cause palestinienne, avec témérité
En faveur d’une paix juste et durable au Proche-Orient, avec, en premier, l’association juive laïque l’UJFP [4]
Et l’association IfNotNow d’Américains juifs qui, au système d’apartheid israélien, sont opposés
Ainsi qu’à la colonisation par Israël des territoires qui reviennent à la palestinienne Autorité
Et dont les membres, contre la politique américaine pro-Israël actuelle, ne cessent de manifester
« Les Juifs ne seront pas libres tant que les Palestiniens ne le seront aussi » est leur cri de bataille adopté [5]
Les massacres du Hamas, tout le monde, y compris les défenseurs de la cause palestinienne, ont révolté
Défenseurs qui ont perdu, ce 7 octobre, l’une des leurs parmi les plus engagés depuis plusieurs années
Vivian Silver, assassinée dans son Kibboutz, elle qui a dédié toute sa vie à la judéo-arabe paix [6]
Hécatombe qui, par défaut, du Hamas, l’unique porte-étendard de la résistance palestinienne, a fait
Le feu incessant de Tsahal et ses victimes ne peuvent que redorer, en Palestine, l’image de ce dernier 
Devant le désespoir causé, il ne fait que se consolider et gagner en légitimité
Y compris en « Judée et Samarie », nom biblique pour désigner la Cisjordanie occupée
Où la politique de l’expropriation fait de chaque palestinien un potentiel réfugié [7]
Devant les humiliations subies, devant les crimes des colons israéliens soutenus par l’armée
Qui ont fait, depuis le carnage du 7 octobre, des centaines de morts et des milliers de blessés
Et leurs agressions contre les biens jusqu’à procéder au déracinement des oliviers
À Al-Sawiya, un paysan, alors qu’il récoltait ses olives, a été, par un colon, assassiné [8] 
Pour terroriser les Palestiniens et occuper leurs terres après les avoir, à l’exode, poussés 
Encouragés par l’autisme de l’Occident, à aller vers à une deuxième Nakba, déterminés [9]
L’Occident qui essaye, après sa complicité passée dans les crimes nazis, de se racheter
« La politique de colonisation allait bien au-delà d’une forme de blanc-seing, aux colons, laissé » [10]
Israël le colonial a saisi cette ambiance guerrière pour, un peu plus les Palestiniens, déposséder
En refusant « l’entrée de journalistes étrangers sauf à ceux qu’ils choisissent d’embarquer dans un tour guidé » [11]
Et cela, soit en Cisjordanie occupée, soit à Gaza, et peu de protestations se sont élevées
Je disais donc, hécatombe qui, du Hamas, l’unique porte-étendard de la résistance palestinienne, a fait
Devant un Mahmoud Abbas qui n’a de chef de l’Autorité palestinienne que le nom, discrédité
Par les compro­missions, incapable de prendre des décisions courageuses et, à tout son camp, les imposer
Négligeant de faire connaître au monde les conditions de son peuple humilié, harcelé, colonisé
Martyrisé, spolié de sa terre, cantonné dans une prison qui porte le nom de Territoires occupés
Peuple de seconde zone dont les déplacements sont contrôlés et au destin, par l’injustice, entravé 
Manquant de dynamisme diplomatique comme celui auquel Yasser Arafat nous avait habitués
Bien qu’architecte palestinien des accords d’Oslo, il est « en perte de vitesse et de plus en plus contesté
Voire accusé de proximité avec l’État d’Israël, un dirigeant en perte de légitimité » [12]
Sa coopération sécuritaire avec l’occupant est, par une partie de l’opinion, fortement critiquée
Le martyr de Gaza est en train de garantir le recrutement du Hamas pour les vingt prochaines années
Ses enfants, victimes aujourd’hui, seront les résistants de demain dont il sera impossible de se débarrasser
Le Hamas ne sera pas vaincu par les armes, car, plusieurs jeunes rejoindront ses rangs, pour chaque combattant tué
Le Hamas est une idéologie, et comme tel, par cette guerre aveugle, il ne peut qu’être renforcé
Guerre féroce qui fait le lit de la radicalisation d’une société qui était fortement laïcisée
Selon une enquête d’opinion publiée récemment, le soutien dont il jouit a notablement augmenté :
85 % soutiennent l’action du Hamas, dans sa guerre contre Israël, parmi les personnes interrogées
Alors qu’elles sont 10 % seulement, dans cette même enquête, à soutenir la palestinienne Autorité [13]
Dont les dirigeants, détestés par les Palestiniens, les sous-traitants de l’occupation, sont considérés [14]

Quant aux pays arabes, la plupart font face à leurs contradictions, entre la fervente popularité
De la cause palestinienne dans leurs opinions et la position de leurs dirigeants qui ont laissé couver
À petit feu le conflit israélo-palestinien, en particulier, ceux qui ont normalisé
Qui cultivent habilement le secret et le silence, par rapport à leur position, en réalité
Pour alléger les souffrances ou œuvrer en faveur de la levée du blocus des Gazaouis, ils ont peu fait
Pour résoudre le conflit israélo-palestinien, auprès de l’ONU, ils se sont, à fond déchargés
Tout en sachant pertinemment que toute solution juste, par le véto des USA, sera bloquée 
Au fond, ils laissent faire, et, sporadiquement, quand une crise surgit, ils font semblant de dénoncer
Celui qui prêche la reconquête de la Palestine, toute la Palestine historique, excepté [15]
Généralement, au regard des souffrances du peuple palestinien, ils demeurent passifs et muets
Ils restent attentistes, et tous, ils ont bien trop à faire pour maitriser leurs problèmes particuliers
Et ceux qui ont normalisé avec l’occupant, ce n’est pas le martyr de ce peuple qui les a motivés
La bataille héroïque qu’il mène depuis 75 ans, malgré une répression inhumaine, les fait trembler
Pour la survie de leurs régimes, entre monarchies absolues, dictatures et vassaux de l’Occident, partagés
Ils pensent que le prochain printemps arabe salvateur, de la victoire de ce peuple valeureux, venir, pourrait
C’est ce qui explique ce sentiment de trahison, diffus dans leurs opinions, envers cette cause sacrée
Ladite popularité est si puissante qu’elle met en porte-à-faux les dirigeants face à leurs sujets
Dirigeants qui, depuis trois quarts de siècle, n’ont jamais été capables d’outrepasser leurs propres intérêts
Pour la cause palestinienne ; et ce ne sont pas ceux d’aujourd’hui qui vont avoir la volonté de se rattraper [16]
Dont les régimes sont, d’absolutisme, de tyrannie ou de populisme primaire, fortement imprégnés
Et sont sourds aux avis de leurs opinions publiques sur la question palestinienne, comme sur bien d’autres sujets
Ils ne vivent que pour consolider leur pouvoir, le bien-être de leurs peuples, c’est, de leurs soucis, le dernier
Quant à leurs relations avec le Hamas, ils donnent vraiment l’impression, de sa mise au pas, de s’accommoder
Dans ce contexte, un fait bien singulier confirmant ce qui vient d’être exposé mérite d’être mentionné
Parmi les États qui ont saisi la CPI sur la situation à Gaza, aucun pays cousin n’y est
Même pas la Tunisie dont le président s’est fait connaître au monde par ses multiples allocutions enflammées
De soutien à la Palestine et qui a le privilège d’avoir un juge tunisien à cette Cour à La Haye [17]
En tant que partie contractante à la Convention relative au crime de génocide, elle est bien désignée [18]
Pour déposer une plainte pour violation de cette Convention par Israël : l’Histoire retiendra qu’elle ne l’a pas fait
Que la parole de sa solidarité à la cause est bien présente, mais, que l’action concrète, à l’appel, a manqué
L’action est venue de l’Afrique du Sud qui, dans une requête de 84 pages, à la CPI, adressée [19]
A estimé qu’Israël, « à des actes de génocide, s’est livré, se livre et risque de continuer à se livrer
Contre le peuple palestinien à Gaza », et exhorte les juges à ordonner d’urgence à Israël d’« arrêter
Immédiatement ses opérations militaires », requête cri du cœur de ceux dont les vies ont été ravagées
« Les dirigeants politiques, les commandants militaires et les personnes occupant des postes officiels haut placés
En Israël, systématiquement et explicitement, leur intention génocidaire, ont déclarée »
Ces accusations, devant la CPI, par deux avocats qui représentent l’Afrique du Sud, ont été formulées [19]
Le soutien de l’Afrique du Sud à la cause palestinienne est, de sa politique internationale, un pilier
Soutien qui est associé à la lutte contre l’apartheid, comme Nelson Mandela l’a, explicitement, assuré
Dans sa célèbre déclaration : « sans la liberté des Palestiniens, incomplète demeure notre liberté » [20]
Ce qualificatif de « crimes de génocide » n’a pas été, uniquement par l’Afrique du Sud, utilisé 
Qualificatif que l’eurodéputée Clare Daly, a aussi, à la tribune du Parlement, employé [21]
Et plusieurs organisations internationales, leurs inquiétudes sur « un génocide en cours », ont signifiées 
Ainsi, plus de vingt experts indépendants de l’ONU, leur épouvante face à ce génocide, ont réitérées 
Et ont également, « leur inquiétude face à la rhétorique génocidaire et déshumanisante », exprimée 
Rhétorique « de la part de hauts responsables du gouvernement israélien, de publiques personnalités » 
Et de bien d’autres, appelant à la « destruction totale » et à « l’effacement » de Gaza, et à forcer 
Tous les Palestiniens habitant la Cisjordanie et Jérusalem-Est, en Jordanie, à aller 
« Comme nous l’avons dit précédemment, la famine intentionnelle équivaut à un crime de guerre », ont déclaré 
Ces experts ; en ajoutant que la destruction des logements, ainsi que des hôpitaux, des écoles, des mosquées
Des boulangeries, des conduites d’eau, des réseaux d’égouts et d’électricité, est une réelle volonté 
Une intention manifeste pour que toute vie normale des Palestiniens à Gaza soit enterrée [22]
D’ailleurs, Yoav Gallant, le ministre israélien de la Défense, a, dès le 9 octobre, annoncé 
Le « siège complet » de la bande de Gaza, en spécifiant : « sans nourriture, sans carburant, sans électricité 
Nous combattons des animaux humains et nous agissons en conséquence », ce qui pourrait corroborer 
Une intention de détruire tous les Gazaouis, et non simplement le Hamas, de manière indiscriminée [23]
« Le risque que Gaza, plus grande prison à ciel ouvert du monde, se transforme en cimetière géant s’est concrétisé » 
A déclaré Agnès Callamard, Secrétaire générale d’Amnesty International, dans un communiqué [24]
Malgré tout cela, dans les médias, de la souffrance des Gazaouis, il y a peu d’espace de visibilité 
Contrairement à celles des israéliens ; de très rares médias, comme Le Grand Soir ou Mediapart, exceptés 
Qui, régulièrement, donnent une information, sur le plan de la forme et sur celui du fond, de qualité 
La plupart des médias occidentaux constituent une caisse de résonance en continu de qui vous savez
Où est appliquée la pratique de deux poids deux mesures, comme ce qui s’est passé à la Radio France société
Quant à la couverture des audiences, à l’intention du public, par Franceinfo.fr, sa sous-société
Relatives au procès historique intenté par l’Afrique du Sud contre Israël, ci-dessus détaillé
Qui accuse Israël de commettre des actes génocidaires à Gaza, procès qui se tient à la Haye
Dans le traitement médiatique des audiences de la CPI, Franceinfo.fr a fait preuve de partialité
Sa couverture médiatique de ce procès, d’une complaisance inqualifiable envers Israël, a été
En France, « le plaidoyer des avocats sud-africains, sans aucune couverture médiatique en direct, s’est déroulé »
Alors que, « à l’inverse, la plaidoirie d’Israël, d’une couverture médiatique en direct, a bénéficié
Sur le site Franceinfo.fr qui suivait le procès en partageant les arguments de l’Etat accusé 
[Qui] a ouvert une page spéciale, tenue par deux journalistes et, en "direct", alimentée 
Pour couvrir, [non pas la plaidoirie sud-africaine, mais], la défense israélienne, tout au long de la journée 
Force est de constater que le traitement médiatique fait par ledit média a été [plus que] déséquilibré
Il en va du respect de la déontologie et de l’expression pluraliste des courants de pensée »
Les citations ci-dessus, entre guillemets, sous-tendant la couverture médiatique, par ce média, biaisée
Sont extraites d’une plainte contre Franceinfo.fr que la députée Mathilde Panot a déposée auprès
De l’ARCOM, au nom du groupe parlementaire La France Insoumise NUPES, pour dénoncer ladite partialité [25]
Quant aux autres médias publics, pour la plaidoirie sud-africaine, l’omerta, ils ont brillamment joué
Sur les réseaux Facebook et Instagram, les voix propalestiniennes sont systématiquement censurées
Censure dénoncée par Human Rights Watch et plusieurs ONG, avec l’appui de diverses preuves avancées [26]

Gaza se meurt avec ses dizaines de milliers de morts, de blessés, d’orphelins de guerre, avec ses villes dévastées
Que l’on soit, à Hébron, Tel-Aviv, ou Tunis, à Paris, Oxford, ou Chicago, à Pretoria ou Yaoundé,...
Mobilisons-nous pour sauver Gaza la martyre, car, ce qui s’y passe est en train de nous déshumaniser
Et pour condamner ce qui s’y passe, il suffit simplement d’être imprégné d’un tant soit peu d’humanité
Des soutiens sournois et hypocrites, des paroles non suivies d’action, des silences complices, on en a assez !
Et, en sauvant Gaza, c’est le peuple juif, sa sécurité et la paix au Moyen-Orient qui seront sauvés
À condition que le peuple d’Israël soit débarrassé de ses gouvernants va-t-en-guerre extrême-droitiers
L’incompréhensible, dans tout cela, n’est-t-il pas justement que des descendants d’un peuple qui, par le passé
A été discriminé, déporté, gazé, décimé, puissent aujourd’hui, une approche génocidaire, appliquer
Envers ceux dont ils ont expulsé les ascendants pour occuper leur terre et en faire un peuple de réfugiés
Conduisant la CPJ à ranger l’Israël de la Shoah dans la classe des états génocidaires supposés [27]
Et cela, soixante-dix-neuf ans, jour pour jour, après qu’Auschwitz, par les troupes soviétiques, fut libéré [28]

Salah HORCHANI

[1] https://www.20minutes.fr/politique/4071114-20240117-guerre-hamas-israe...

[2] https://www.youtube.com/watch?v=sINFQePYqeE

https://news.un.org/fr/story/2024/01/1142662

[3] https://www.legrandsoir.info/4185-criminels-de-guerre-franco-israelien...

Dans ce contexte, voir aussi le lien suivant :

https://twitter.com/Vanneur/status/1741897171262173262

[4] https://ujfp.org/

[5] https://www.ifnotnowmovement.org/

[6] https://www.womenwagepeace.org.il/en/vivian-silver-peace/

[7] Voir, par exemple les liens suivants :

https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2017/02/08/colonies-israe...

https://fr.timesofisrael.com/en-cisjordanie-91-des-expropriations-ont-...;

[8] https://www.facebook.com/photo/?fbid=774433968056907&set=a.627749649392007

[9] https://orientxxi.info/magazine/le-spectre-d-une-seconde-nakba-en-cisjordanie,6887

[10] https://esprit.presse.fr/article/alain-dieckhoff/le-desarroi-d-israel-44978

[11] https://orientxxi.info/magazine/gaza-l-escorte-mediatique-d-un-genocide,6983

[12] https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/mahmoud-abbas-palestine-proche-ori...

[13] https://www.ledevoir.com/opinion/idees/802121/point-de-vue-guerre-fait...

[14] Voir la vidéo suivante, de la minute 00 : 44 : 00 à la minute 00 : 44 : 40.

https://www.france.tv/france-5/c-dans-l-air/5531277-emission-du-lundi-...

[15] Voir, par exemple, le lien suivant :

https://blogs.mediapart.fr/salah-horchani/blog/041123/kais-saied-emman...

[16] Deux exemples d’actualité sont donnés dans les liens suivants :

https://www.tsa-algerie.dz/maroc-le-sahara-occidental-passe-avant-la-palestine/

https://www.defnat.com/e-RDN/vue-tribune.php?ctribune=1655

Dans ce dernier, il est écrit : « Elle [l’Arabie saoudite] avait en effet, avant la crise de Gaza, montré sa disposition à normaliser ses relations avec Israël, mais à deux conditions : la fourniture de garanties de sécurité américaines face à la menace iranienne et un geste significatif d’Israël en faveur des Palestiniens ».

[17] https://www.justiceinfo.net/fr/126294-gaza-pourquoi-tunisie-ne-saisit-...

[18] Convention on the Prevention and Punishment of the Crime of Genocide (adopted 9 December 1948, entered into force 12 January 1951), UNTS, Vol. 78, p. 277.

[19] https://www.jeuneafrique.com/1525480/politique/israel-accuse-de-genoci...

https://www.courrierinternational.com/article/genocide-devant-la-cour-...

[20] https://www.la-croix.com/international/en-afrique-du-sud-le-soutien-a-...

[21] https://twitter.com/ClareDalyMEP/status/1722904821869469747

[22] https://unric.org/en/palestine-preventing-a-genocide-in-gaza-and-a-new-nakba/

https://unric.org/fr/palestine-eviter-un-genocide-a-gaza-et-une-nouvelle-nakba/

[23] https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/journal-de-18h/journ...

https://www.rtbf.be/article/un-genocide-serait-en-cours-a-gaza-que-dit...

[24] https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2024/01/icj-hearings-over-israe...

[25] L’ARCOM est l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique.

https://www.facebook.com/photo?fbid=913677453459136&set=pcb.913677...

https://www.facebook.com/photo?fbid=913677513459130&set=pcb.913677...

[26] https://www.mediapart.fr/journal/international/190124/sur-instagram-et...

https://www.hrw.org/report/2023/12/21/metas-broken-promises/systemic-c...

[27] https://www.youtube.com/watch?v=sINFQePYqeE

https://news.un.org/fr/story/2024/01/1142662

[28] https://encyclopedia.ushmm.org/content/fr/article/auschwitz

»» https://blogs.mediapart.fr/salah-horchani/blog/270124/gaza-la-martyre
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♦♥ Gaza - Le silence qui tue

Publié le par S. Sellami

Il y a de plus en plus, l'inquiétante impression que l'habitude se prend des souffrances de Gaza, et que le silence se fait peu à peu. Un peu partout, dans les grandes villes du monde, comme s'ils sentaient ce danger, les peuples, et surtout la jeunesse, marchent pour Gaza et la Palestine, dans des manifestations imposantes contre le silence.

Il y a d’abord le silence des médias occidentaux. Au fur et à mesure que le carnage accroit sa férocité, plus un mot, plus une image de Gaza. Et pourtant ce ne sont pas les images qui manquent. Il y a les journalistes palestiniens à l’intérieur de Gaza. Ils filment, ils témoignent sans relâche. Plus de 100 ont déjà été tués. Les images qu’ils envoient sont en boucle sur les télé arabes, sur les réseaux sociaux. Mais dans la sphère occidentale, on veut parler surtout de l’Ukraine, on cancane sur les "peoples", on parle de tout et de rien mais surtout pas de Gaza et de la Palestine.

Pas un mot ou presque, sur un évènement aussi considérable que celui de la Cour internationale de Justice qui instruit la plainte en génocide contre Israël.
Les appels à l’aide, les cris de douleurs montent de Gaza, tous les jours, toutes les nuits du génocide en cours. On ne peut pas ne pas entendre, ne pas voir, mais l’Occident ferme les yeux, se bouche les oreilles. Le président français Macron a annoncé dernièrement qu’un hommage serait rendu le 7 février aux franco-israéliens qui sont morts en Israël. Le président Biden, lui, selon des familles d’otages israéliens, aurait versé des larmes lors d’une rencontre avec eux. Pas un mot sur les 30 000 palestiniens morts, à ce jour, à Gaza, sur les 60 000 blessés. Pas un mot sur les 10 000 enfants palestiniens tués. Pas une parole de compassion pour les milliers d’autres enfants qui mendient de l’eau comme ailleurs on peut mendier une pièce de monnaie. Les petits enfants de Gaza mendient de l’eau, ils tendent un récipient de fortune pour mendier quelques gouttes d’eau. Vous vous imaginez ! Ils mendient de l’eau ! Les maitres de l’Occident n’ont aucune compassion, aucune empathie. Ils restent de marbre. Le premier besoin est de boire, le premier acte de solidarité humaine est de donner à boire à l’homme assoiffé. Il a fallu attendre la civilisation des États-Unis et d’Israël pour interdire de boire à la population de Gaza, aux enfants de Gaza. Les États Unis réclament "la libre circulation des marchandises, dans la mer rouge", mais est-ce qu’ils la permettent à Gaza ? Et ils ont l’audace de dire des Houthis, qui se sont portés seuls au secours de Gaza, qu’ils sont des "pirates". Et ils parlent sans honte des "valeurs occidentales", de la "mission de l’Amérique", de "l’axe du bien"...

 

La Chine, l’Inde, la Russie

 

Il y a aussi le silence hélas, d’autres pays dont on attend plus, la Chine, l’Inde, la Russie. Bien sûr, il n’y a rien de comparable à l’attitude des dirigeants occidentaux. Ils soutiennent constamment les aspirations palestiniennes, ils ont dénoncé la guerre contre Gaza, ils réclament un cessez le feu, un Etat palestinien. Mais quand même, ne pourraient-il pas faire plus, beaucoup plus ? Ils ont des responsabilités internationales. Nous n’entendons pas beaucoup la Chine, plus occupée par Taiwan. Pas beaucoup aussi la Russie, occupée par l’Ukraine. Et l’Inde, qui dès 1947 soutient le peuple palestinien, mais qui, à la surprise générale, s’abstient le 27 Octobre sur une résolution de l’Assemblée générale de l’ONU qui exigeait le cessez le feu. Il est vrai qu’elle se rattrapera, un peu plus tard, sur ce point du cessez le feu, en le réclamant elle aussi, au sommet des BRICS du 21 Novembre. Le Japon avait pour tradition de soutenir les positions des pays arabes concernant le conflit palestinien. Dernièrement il ne l’a pas fait et avait même soutenu Israël. Puis il s’est repris pour dénoncer l’action de celle-ci. À une journaliste occidentale qui s’étonnait de ces hésitations, un diplomate japonais a confié qu’ils n’avaient pas dénoncé Israël car ils avaient constaté avec surprise que certains pays arabes eux-mêmes étaient hostiles à Hamas. N’y a-t-il pas un peu de cela, y compris chez d’autres grands pays alliés traditionnels de la Palestine. Quelles étroitesses ! La cause palestinienne en est-elle moins juste parce qu’elle est dirigée par un mouvement islamiste ?

 

Les dénonciations verbales

 

Il y a, de plus, le silence assourdissant des États arabes, à quelques exceptions près, leur passivité manifeste. Ne parlons pas de la dénonciation ou des condamnations verbales. C’est la moindre des choses. D’ailleurs, même cette "moindre des choses" n’existe parfois pas. Les dénonciations verbales ont perdu désormais de leur valeur. Elles ne font que conforter les États Unis et Israël que "ça n’ira pas plus loin". Significativement, les États Unis et leurs vassaux ne prennent au sérieux actuellement que les Houthis. Peut- être même pas l’Iran et le Hizbollah , du moins pour l’instant. Tous, d’une manière ou d’une autre, des spectateurs du massacre. Le prétexte est qu’il faudrait tous agir ensemble, ce qui n’arrivera jamais. Les Houthis eux n’ont pas attendu. Ils ont donné l’exemple.
Et pourtant les pays arabes pourraient faire beaucoup, même en faisant peu : par exemples rompre leurs relations diplomatiques avec Israël pour ceux qui en ont, les suspendre avec les pays qui soutiennent la guerre menée par l’Etat Hébreu, ou convoquer au moins leurs ambassadeurs pour protestations, commencer à prendre des sanctions, forcer des passages à la frontière de Gaza, rompre le blocus sur Gaza, encourager des flottilles à s’y rendre comme cela avait été le cas de "La flottille de la liberté" contre le blocus en mai 2010, demander à leur population de boycotter les entreprises qui financent directement ou indirectement la guerre. Ils pourraient parachuter des vivres, des médicaments. Non, aucune idée, aucune imagination. Rien. IIs regardent et ils crient au crime humanitaire, aux crimes contre l’humanité. Ce dont on peut être sûr c’est qu’il y aura un jour la colère des peuples arabes, et qu’un jour, demain, dans dix ans, mais un jour certain, la note leur sera présentée. On ne peut imaginer comportement plus révoltant.

Entendez-vous les cris qui montent de Gaza, voyez-vous ces hommes, ces femmes, ces vieillards brandir vers vous des corps sans vie d’enfants, petits êtres délivrés enfin de ce monde sans âme, anges retournant vers les anges. Entendez-vous ces cris de douleurs qui n’en finissent pas. Bouchons-nous les oreilles, fermons nos yeux, continuons de vivre notre vie si précieuse, évitons même de regarder les images de Gaza car "c’est tellement insoutenable, tellement insupportable". Il faut beaucoup de force actuellement pour continuer de croire en l’humanité.

 

Nous serons tous des assassins

 

Ce qui se passe à Gaza n’est jamais arrivé. Certes, l’Histoire a déjà été parsemée de sièges sanglants de ville, de tueries impitoyables, de génocides, la liste est interminable de la persévérance avec laquelle les hommes ont tué leurs pareils. Mais ce qui arrive à Gaza est autre chose, non pas seulement par l’ampleur de la tuerie, mais par son contexte, de par son vécu, son ressenti par la planète toute entière. Dans une plaidoirie sobre et bouleversante à la Cour internationale de justice, Blinne Ní Ghrálaigh, avocate irlandaise parlant au nom de l’Afrique du sud, a dit : " C’est le premier génocide de l’Histoire dont les victimes diffusent leur propre destruction, en direct, dans l’espoir, pour le moment vain, que le monde fasse quelque chose (...) Tout le monde devrait être horrifié et avoir honte.". Ces paroles raisonneront jusqu’à la fin des temps.

Jusqu’à présent les assassins, les génocidaires agissaient secrètement ou en vase clos, à l’abri des regards. Imaginons simplement qu’un assassin, ou un groupe d’assassins, aient commis leur crime devant des témoins silencieux, passifs. Que dirait la justice , mais surtout la conscience de ces témoins silencieux et passifs ? Pourraient-ils en ressortir indemnes, ne seraient-ils pas hantés pour toujours par ce moment. Eh bien c’est ce qui se passe actuellement. On tue à Gaza devant nos yeux, nuits et jours, et tous les jours ça recommence, et il nous faut nous lever le matin avec cette boule dans la gorge, avec l’idée de retrouver ce massacre qui se poursuit froidement, systématiquement, sans relâche, sans pitié, sans miséricorde. C’est invivable, c’est impossible à vivre, et nous le vivons. Pourrions-nous nous en sortir sans être meurtris à jamais ?
Avec la tragédie de Gaza, on est passé à autre chose, à un autre degré d’inhumanité, d’horreur. Le crime est immense, sans équivalent, inédit. Ce sont des millions, des centaines de millions d’hommes qui assistent chaque jour à ce spectacle sanglant, en direct. Et Israël le fait avec bonne conscience, et elle dit que cela va continuer chaque jour, pendant une année, deux années peut être. Et les États-Unis continuent de leur fournir ce qu’il faut pour cela.

Les israéliens, et par procuration les États-Unis , car sans eux Israël ne pourrait rien faire, ne tuent pas simplement à Gaza, ils nous détruisent nous aussi. Ils détruisent en nous l’humanité . Celle-ci s’use chaque jour un peu plus, en nous, à regarder impuissants nos pareils souffrir, mourir devant nos yeux, nous appeler à l’aide sans que personne effectivement ne bouge, ne vole à leur secours, en dehors de dénonciations trop faibles, trop attendues, trop convenues pour arrêter le bras des assassins. Ceux-ci savent que nous les voyons. Nous les voyons et ils continuent pourtant. Ils veulent peut être que nous les voyons, ils veulent nous obliger à un silence complice, à un silence qui tue. Nous serons alors tous des assassins, l’acteur, comme le spectateur. Et nous allons être hantés par ce crime contre l’humanité probablement longtemps, très longtemps. C’est terrible, ce qui se passe. On ne peut imaginer aujourd’hui à quel point cela pourra l’être à l’avenir. Le projet des meurtriers va beaucoup plus loin que leurs crimes. Il est de nous faire mourir de honte, de nous faire taire à jamais, de nous faire perdre notre âme.

À Gaza, c’est aussi nous qu’on assassine, chaque jour.

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♦♥ La défaite de l’Occident : Emmanuel Todd lance une bombe

Publié le par S. Sellami

Tout le monde parle du dernier ouvrage d’Emmanuel Todd et, dans l’univers médiatique mainstream, pour le vilipender. Cela prouve à la fois que cet intellectuel français est incontournable, et que ses thèses sont un véritable brûlot, dangereux pour l’establishment. Il ne se contente pas d’annoncer la défaite de l’Occident, il passe en revue les faits qui la rendent inéluctable et irréversible, marquant une spectaculaire évolution par rapport à La lutte des classes en France au XXIe siècle (2020) : s’il y réaffirmait sa fidélité profonde aux Etats-Unis, il présente aujourd’hui ceux-ci comme un véritable Empire du Mal, la menace principale pour la planète, un trou noir qui aspire avant tout ses alliés ou plutôt ses vassaux. On pense à Fenrir, le grand loup de la mythologie nordico-germanique, qui doit un jour ouvrir sa large gueule pour avaler hommes et dieux, et amener la fin du Monde.

La défaite de l’Occident est un grand livre à bien des titres : d’abord, Todd apporte sa prestigieuse caution intellectuelle à ceux qui voyaient depuis longtemps les Etats-Unis (au moins depuis les bombardements sur les villages de Normandie, Hiroshima et le Plan Marshall) comme l’ennemi, en écrivant tout haut ce qu’on pensait tout bas ; certes, les lumineuses démonstrations de Todd, toujours appuyées sur des faits et des chiffres, n’empêcheront pas la presse orwellienne (qui construit une narration contraire à la réalité) de parler d’anti-américanisme primaire, mais, s’agissant de Todd, c’est une accusation grotesque.

Puis, Emmanuel Todd, par sa présence même, par la construction rigoureuse de ses ouvrages, apporte ce que les classes dirigeantes de l’Occident essaient aujourd’hui de détruire : le lien avec l’Histoire, la tradition. C’est en effet un grand intellectuel « à la française » ; quand on lit des ouvrages étasuniens, même de bonne tenue et favorables à nos propres idées, on est dérouté par leur manque de cohérence : les auteurs passent sans prévenir de la démonstration au story telling, multipliant les exemples sans aucune analyse. Todd, lui, apporte un grand confort de lecture : tout est rigoureusement construit, lié et justifié.
Il s’avère même un descendant de Tocqueville, dans certaines analyses paradoxales : ainsi, pourquoi chez les Ukrainiens une haine des Russes telle qu’ils préfèrent s’autodétruire plutôt que de vivre de façon apaisée avec eux ? C’est qu’ils souffrent d’un état d’inauthenticité et veulent se cacher qu’ils ne veulent pas se séparer de la Russie, la guerre contre les Russes étant une façon de rester liés à elle - et le seul moyen de se donner une identité.

La rigueur n’empêche pas l’humour : si, selon lui, les Britanniques, dans leur débâcle, ont complètement perdu le sens de l’humour (ils ont sérieusement envisagé de déporter des immigrés sans papiers au Ruanda), Todd, lui, a repris le flambeau, et distille souvent son humour en fin de paragraphe. Exemple : à propos de la saisie d’avoirs russes, qui a effrayé les riches dans le monde entier : « Saluons pourtant l’effet démocratique involontaire des sanctions, qui ont, en pratique, rapproché de leurs peuples les privilégiés du Reste du Monde ». Ou encore, à propos de l’Allemagne dont Todd prédit que, contrairement aux Etats-Unis, elle se sortira de la crise : « Depuis que le journal britannique The Economist, qui se trompe toujours, l’a présentée à nouveau (le 17 août 2023) comme l’homme malade de l’Europe, j’en suis sûr ». En outre, lorsque Todd a des idées qu’il ne peut pas prouver, il ne renonce pas à les exprimer : il les introduit (et c’est parfois les plus stimulantes) sous forme de suggestions humoristiques ; ainsi, pourquoi les pays de l’Est, qui ont pourtant eu plus à souffrir de l’Allemagne que de l’URSS, la préfèrent-ils à la Russie ? Lorsqu’il est de mauvaise humeur, nous dit Todd, il se demande s’ils ne lui sont pas secrètement reconnaissants de les avoir débarrassés de leur problème juif.

Mais venons-en fond de l’ouvrage : Todd passe en revue les atouts et les tares des principaux pays concernés, la Russie et l’Ukraine, et des plus importants pays de l’Ouest, en finissant par les Etats-Unis, sans oublier le Reste du Monde dans son ensemble. Chaque fois, il s’appuie sur l’histoire du pays étudié, et sur ses structures familiales, ce thème anthropologique étant la source de sa légitimité ; mais, dans ce domaine, Todd met de l’eau dans son vin : il reconnaît qu’on ne peut pas déduire automatiquement la nature politique d’un pays de ses structures familiales, et opère même une inversion dans ses jugements sur la famille nucléaire d’une part(France, Grande-Bretagne et EU), et, d’autre part, les familles souche (Allemagne) et communautaire (Russie) : dans la mesure même où ces deux dernières sont autoritaires et collectives, elles apportent des repères et un support dans le monde chaotique qui est le nôtre. Par contre, la famille nucléaire, censée favoriser la liberté, accroît aujourd’hui la désorientation et la vulnérabilité et aboutit à l’anomie.

Todd est resté l’homme qui, dès 1976, dans La chute finale, a prédit la fin de l’URSS à partir du taux de mortalité infantile. Eh bien, entre 2000 et 2020, ce taux est passé de 19 pour 1000 à 4,4, passant au-dessous du taux des Etats-Unis, 5,4 ; ce seul chiffre suffit à montrer le redressement de la Russie sous la direction de Poutine. Mais on peut ajouter que les taux de suicide, homicide et décès par alcoolisme ont suivi la même tendance, ce qu’on peut opposer à la vague de décès par opioïdes chez les hommes blancs de 45-54 ans aux Etats-Unis. Autant dire que l’image de Poutine véhiculée en Occident est strictement contraire aux faits réels. Mais elle s’explique fort bien par l’attention de Poutine aux revendications ouvrières et à sa popularité chez le peuple : pour les médias de l’Ouest, cela se traduit par « populisme » et donc « fascisme ».

Inutile d’insister sur l’Ukraine, sauf pour dire que Todd lui consacre pas moins de 9 cartes, qui prouvent son hétérogénéité, (ainsi, le secteur le plus nationaliste, autour de Lvov, est lié à la Pologne et au monde germanique, sans oublier que juste au sud de ce secteur se trouve la région d’Oujhorod, historiquement, linguistiquement hongroise) : depuis la fin de l’ère soviétique, l’Ukraine n’a pas réussi à se constituer en Etat.

L’étude de l’évolution des pays de l’Ouest est particulièrement riche en surprises et en concepts (c’est-à-dire outils de réflexion). Toute une série d’entre eux réunit l’Europe de l’Ouest et les Etats-Unis : la religion zéro, le nihilisme, l’oligarchie.

On retrouve ici un grand classique toddien : le rôle du protestantisme dans le décollage économique de l’Europe du Nord Ouest, puis des Etats-Unis, mais aussi une thèse désormais admise : l’alphabétisation de masse réalisée par le protestantisme, qui a d’abord favorisé la démocratie, a débouché sur une nouvelle inégalité, celle des éduqués supérieurs, et les autres. Les éduqués supérieurs forment aujourd’hui une caste à part, qui ignore le peuple : aussi le travail des politiciens est-il désormais de tromper le peuple, pour lui faire accepter des politiques contraires à ses intérêts ; le régime des pays occidentaux ne peut plus être appelé une démocratie, nous sommes en oligarchie, et la guerre en cours n’est pas celle des démocraties contre les régimes autoritaires, mais celle de l’oligarchie libérale contre la démocratie autoritaire (et, dans ces deux formules, précise Todd, le nom est aussi important que l’adjectif).
L’oligarchie est évidemment en lutte contre tout ce qui est collectif, contre les valeurs communes, contre la religion, et même la « religion zombie » (où la croyance religieuse s’est effacée mais où ses valeurs continuent à structurer la morale et les engagements politiques). Dans ce contexte de religion zéro, on constate aujourd’hui une atomisation de la société, et une anomie morale ; or, l’individu, réduit à lui-même, n’a pas gagné en liberté, il s’est retrouvé angoissé et impuissant : c’est le nihilisme. Ce désarroi généralisé est accru par la guerre que les classes dominantes livrent à la réalité, propageant par les médias des convictions contraires à la réalité : c’est le cas de l’idéologie transgenre, qui nie le fait fondamental : il y a des hommes XY et des femmes XX qui resteront toujours tels, quelle que soit la violence des opérations que l’industrie chirurgicale et médicamenteuse peut leur faire subir.

De ce point de vue de l’idéologie LGBT (etc.), l’étude consacrée aux pays scandinaves est intéressante : Todd démolit le mythe d’une Suède égalitaire et pacifique : au XVIIe siècle, elle s’est consacrée, sous Gustave II Adolphe, à une entreprise impérialiste, devenant une puissance de premier plan dans l’atroce Guerre de Trente Ans ; et, en 2017 (la boucle est bouclée) elle a rétabli le service militaire, alors qu’elle se présente comme le pays le plus féministe du monde : la présence de ministres femmes ne change rien à la politique d’un pays. N’y aurait-il pas même un rapport entre féminisme et bellicisme ? demande malicieusement Todd. Il semble qu’une fois au pouvoir, les femmes veulent montrer qu’elles en ont autant que les hommes.

Mais les analyses les plus percutantes concernent la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, et notamment leur évolution socio-religieuse.

Le chapitre sur la Grande-Bretagne a pour sous-titre : « Croule Britannia » (toujours l’humour anglais de Todd). Inutile de redonner les chiffres de la désindustrialisation ; il est plus intéressant de remarquer que plus la GB est affaiblie, plus elle est violemment belliciste, comme si les gesticulations guerrières devaient cacher son état réel, et plus elle se lance dans une politique d’affirmative action : les minorités ethniques sont surreprésentées dans les public schools les plus prestigieuses, comme au gouvernement : dans le gouvernement Liz Truss on trouvait des ministres originaires du Ghana, la Sierra Leone, l’Inde ; le gouvernement actuel est présidé par un anglo-indien, de nombreux Anglo-Pakistanais ont été ou sont ministres. Cela veut-il dire que la GB a renoncé au racisme induit par le protestantisme (les hommes ne sont pas égaux, certains sont des élus, d’autres des réprouvés en puissance) ? La thèse de Todd est moins naïve : le sentiment raciste a été reporté de la couleur sur la classe ; depuis le XIXe siècle au moins les Anglais de la bonne société considèrent les ouvriers comme une race à part (il suffit de voir le type de langage qu’Agatha Christie prête aux rares ouvriers de ses romans, analogue à la « langue paysanne » des comédies de Molière). Aujourd’hui, ils se sentent bien plus proches des « coloured people » riches et bien éduqués que des Anglais du peuple. On peut même considérer la nomination de ministres de couleur comme une vengeance sadique à l’égard de ceux-ci : les classes supérieures prennent plaisir à soumettre les classes inférieures à des Noirs ou gens de couleur en général.

Aux Etats-Unis aussi, l’effondrement du protestantisme met fin au dogme de l’inégalité des hommes ; mais, là, ce dogme avait permis la cohésion du melting pot aux EU, en opposant des Indiens d’abord, puis des Noirs inférieurs, à des Blancs supérieurs et donc égaux entre eux. Si sa disparition met fin à un racisme systématique, il sonne aussi la fin de l’égalité (symbolique, certes) des Blancs, d’où la frustration, la démoralisation des Blancs perdants, ouvriers, chômeurs, électeurs de Trump, bref des « deplorable » d’Hillary Clinton. Mais la situation n’est pas plus réjouissante pour l’immense majorité des Noirs, dans un pays soumis au néo-libéralisme, où l’ascenseur social, comme en France, s’est bloqué : s’ils sont surreprésentés au gouvernement, ils le sont aussi dans les prisons et dans les catégories les plus pauvres.

Mais l’économie étasunienne n’est pas plus brillante que sa société : le PIB n’est qu’une illusion ; Todd propose de le remplacer par un PIR (produit intérieur réel, ou réaliste), en le dégonflant de toutes les activités inutiles, non productrices de richesse, voire néfastes (« médecins tueurs », qui prescrivent des opioïdes pour assurer la paix sociale, avocats surpayés, économistes, « grands prêtres du mensonge », etc) : Le PIB se verrait ainsi réduit de moitié. En appliquant cette correction, on comprend comment la Russie, dont on nous donne le PIB à 3,3 % de celui de l’Occident, peut fabriquer plus d’armes, ultra-modernes, que lui. Le déclin économique des Etats-Unis, encouragés par la domination du dollar à délaisser les activités productrices au profit des affaires (production d’argent sans aucune production réelle) aboutit à un déficit sévère d’ingénieurs (deux fois plus peuplés que la Russie, ils produisent, en pourcentage, trois fois moins d’ingénieurs, et, en quantité absolue, pas très loin de deux fois moins).

Cette dégénérescence économique, morale, sociale de l’Occident explique que le Reste du Monde ait refusé de suivre les Etats-Unis dans la condamnation de la Russie et les sanctions. Todd parle même d’un soft power russe : si, au siècle dernier, c’était le communisme qui se présentait comme une idéologie universelle, aujourd’hui c’est le « conservatisme » moral de la Russie. L’Occident qui, dans son arrogance, avec ses siècles de colonisation, était sûr de rallier le Reste du Monde à ses valeurs, s’est rendu compte que celles-ci ne séduisaient pas, que, tout au contraire, le Reste du Monde se reconnaissait dans le refus russe de la domination LGBT, et de l’idéologie transgenriste. C’est ce « conservatisme » qui permet à la Russie de rallier les pays les plus différents, et même ennemis, comme on l’a vu récemment avec le rapprochement irano-saoudien, et, en général, ce qu’on appelait le Tiers-Monde. « L’Occident a découvert qu’on ne l’aime pas » : au contraire, son nihilisme suscite le dégoût.
Les analyses de Todd sont décapantes et d’une grande richesse. Certes, on pourrait lui reprocher, malgré tout, un tropisme étasunien, lorsqu’il oppose à la mauvaise Amérique d’aujourd’hui la « bonne Amérique » de Roosevelt et Eisenhower, et angélise le play boy Obama : malgré toute sa perspicacité, il n’arrive pas, ici, à éviter la naïveté. Mais il faut retenir à son actif sa prompte réaction à la guerre de destruction d’Israel à Gaza (il ne va pas jusqu’à parler de génocide) : dès le 30 octobre, il a ajouté à son livre un Postscript , « Nihilisme américain : la preuve par Gaza ». Ce qui est ici démontré, c’est soit le manque total de compétence du « blob » de Washington, soit son irrationalité, les deux étant du reste cohérents : les Etats-Unis ignorent la diplomatie, ils ne connaissent qu’un seul type de réaction, la violence, la destruction. Et ils font peur : en refusant un cessez-le-feu, ils rejettent « la morale commune de l’humanité », et n’entraînent derrière eux, outre Israel et l’Europe (et pas toute) que des confetti insulaires comme Fidji, Tonga, Nauru... Il ne reste qu’à espérer une défaite des Etats-Unis, qui serait une « revanche ultime de la raison dans l’Histoire ».

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♦♥ La bit(t)e à Gégé

Publié le par S. Sellami

C'est un pic... c'est un cap... que dis-je, c'est un cap ? C'est une péninsule ! Le mammouth du cinéma français, dont la truculence filmique est à l'image de son physique d'ogre, est accusé à l'heure qu'il est (17h37) par pas moins de treize femmes de n'avoir pas su garder son obélisque dans son futal. Dans la vraie vie, on l'a vu et entendu, Depardieu n'a pas la délicatesse de Jean de Florette ou la poésie de Cyrano. C'est plutôt Bérurier sorti du placard. Lors d'un séjour en Corée du Nord, autrement dit sous le soleil de Satan, ses valseuses le démangèrent tant et tant qu'il harcela de ses ardeurs paillardes de pauvres femmes qui n'y entravaient que pouic. On eût préféré qu'il aille écouter le cri du cormoran le soir au-dessus des jonques de la Baie de Joseon.

On ne va pas trop lui charger la mule, à notre Gérard national. La justice suit son cours, comme on dit. Et puis, tout le monde sait qu’on peut faire dire ce qu’on veut aux images. Même si pour d’autres raisons bien plus sérieuses que sa lubricité, elles sont en mesure de soulever le coeur. Il n’en reste pas moins que c’est comme souvent dans la périphérie des évènements qu’on trouve matière à réflexion, notamment dans les réactions en sa faveur.

Macron d’abord, affichant son soutien pour l’acteur qu’il juge être la proie d’une « chasse à l’homme ». Le terme est clairement mal choisi. Aurait mieux valu celui de « lynchage médiatique » au lieu de vouloir ménager la chèvre et le chou. Ainsi ressort l’idée, plus ou moins consciente, que ce sont les femmes, autrement dit les victimes présumées de ce demi-dieu, qui traquent l’homme pour l’abattre. Et moins celle que, comme à leur habitude, les charognards médiatiques se repaissent d’un homme à terre. Surtout, l’Éborgneur en chef balaie d’un revers de main l’idée d’ôter à Gérard sa Légion d’honneur. Renseignement pris à la source, elle a pour vocation de récompenser celles et ceux qui oeuvrent au rayonnement de la France et peut être retirée à celles et ceux qui nuisent à son honneur. Où est l’honneur dans le comportement de Depardieu en Corée du Nord ? Est-ce que le rayonnement de la France se résume à ce que les hommes ont dans le pantalon ? La grandeur de la France en serait réduite à sa beaufitude. Car c’est d’abord en beauf que Depardieu s’est comporté, permettant au passage de mieux définir le terme : loin d’être l’attribut prolétaire que lui prête souvent la bourgeoisie, il dépeint bien celui qui en tout et avec tous se croit autorisé à toutes les vulgarités. Au-delà de ses paroles sexistes, ce qu’aucun observateur n’a relevé, c’est le racisme intrinsèque de ses actes, celui que son pote de toujours, Jean Carmet, qui s’il était encore de ce monde lui aurait peut-être tiré les oreilles, a incarné dans Dupont-Lajoie. On ne peut alors s’empêcher de penser, quand on le sait, au prix Simone Veil qui vient d’être retiré à Zineb El Rhazoui pour avoir pris, bien qu’elle fut un temps l’idiote utile de la laïcité à la Charlie, des positions pro-palestiniennes [Sur Zineb El Rhazoui , VOIR PLUS BAS L’AJOUT CRITIQUE DU GRAND SOIR]. Encore un petit effort et la géométrie variable deviendra discipline olympique pour Paris 2024.

En attendant, ni la Corée du Nord, ni les Nord-Coréennes ne méritent qu’on s’arrête ne serait-ce qu’un instant à l’offense qui leur a été faite.

Qu’elles se démocratisent d’abord.

Mentalité de colonisateurs.

C’est dans l’air du temps, je suppose.

Et puis, il y a ces personnalités médiatiques, éternellement égales à elles-mêmes dans leur penchant à se contredire sourire aux lèvres et doigt d’honneur à l’honnêteté intellectuelle. Quand le patriarcat est impliqué, paradoxalement, alors que les hommes font profil bas, on trouve beaucoup de figures féminines qui prennent fait et cause pour une masculinité en péril : celle du droit de cuissage, de la main aux fesses, de la torgnole ou du « Touche pas au grisbi, salope ! » Nostalgiques d’une France à papa sans doute, d’un temps où elles étaient pourtant confinées aux casseroles et aux moutards, mises à l’écart des tribunes dont elles bénéficient aujourd’hui, elles s’auto-proclament avocates des vrais hommes, aux mains larges, lestes et baladeuses. Les cantonner à la droite de l’échiquier politique serait une erreur. Elles existent aussi à sa gauche : Quatennens a pu lui aussi bénéficier de leur indulgence. La vraie coupable, ce n’est ni la main ni la queue : c’est la féministe ! Ce serait risible si Place Beauvau ne trônait pas un pointeur notoire. Passons. En l’occurrence, une des plus virulentes partisanes du patriarcat et de ses privilèges s’appelle Élisabeth Levy. Conservatrice jusqu’au bout des ongles, sévissant au Figaro ou chez Causeur, prodiguant ses opinions sur RTL, Europe 1 et sur les ondes de Radio-Sud qui ressemble de plus en plus au rivage sur lequel s’échouent les vieilles baleines réacs, cette chroniqueuse s’est fendue d’une tirade magnifique de mauvaise foi pour justifier les images d’un Depardieu libidineux devant le spectacle d’une petite fille nord-coréenne prenant des leçons d’équitation : « Freud a dit depuis fort longtemps que les enfants étaient des êtres sexuels ! » Ça, par contre, ce serait triste à mourir, pathétique même, si on n’avait pas cette petite occasion d’en rigoler en se remémorant ce qu’elle disait tantôt à l’idée d’une éducation sexuelle à destination des enfants.

Enfin, il y a le milieu, le gotha. Celui du cinéma français, s’entend. Et si certains, et tout particulièrement certaines, ont fini par se mettre à table sur l’impunité dont a bénéficié le Pantagruel du Septième Art, beaucoup se sont tus et quelques-un(e)s ont même signé une pétition pour que cesse cette chasse à l’éléphant. Sauf que. Sauf que l’individu à l’origine de cette pétition n’est pas aussi propre que ce qu’elle est censée défendre, c’est-à-dire la présomption d’innocence. Il a même une histoire plutôt louche dans le domaine, et c’est un euphémisme : prises de position répétées pour Polanski puis pour Matzneff, aveux de tendances inavouables, genre corruption de mineures, viols et agressions sexuelles. Cerise sur la charlotte affreuse de cette intelligentsia davantage motivée pour porter secours à l’un des siens que pour sauver les enfants de Gaza : cette pétition est l’oeuvre un zemmourien convaincu. C’est ballot ! En tout cas, Pasolini aurait apprécié ce détail croustillant, lui qui adorait associer fascisme et perversion. Et les voilà maintenant tous et toutes empêtrés dans leur bêtise et leurs contradictions, se rétractant, se dédisant, s’emmêlant les pinceaux dans leurs explications, incapables qu’ils ont été de réfléchir avant d’agir dans l’intérêt de leur compte en banque et probablement, c’est vrai, au nom de leur amitié pour Gérard. Ces artistes embourgeoisés ont quelque chose des méduses : dans leur élément, ils sont poétiques mais échoués sur la plage du réel, ils deviennent flasques et pitoyables.

Il faut quand même parler un peu des victimes présumées de Gérard. Oh, pas les Coréennes, ni la môme sur son poney. Celles-là, soit elles ne l’ont pas compris, soit elles ne l’ont pas entendu. Peu importe que parmi elles, il y ait eu des interprètes, des francophones ou que la télévision et Internet, en Corée du Nord, ça existe. Si, si. Que la petite fille, ou bien juste ses parents, à la vitesse où circulent les informations aujourd’hui, a dû prendre connaissance des commentaires que « le plus grand acteur français » a fait à son endroit. Non, non, les « vraies » victimes présumées : les jeunes femmes qui l’accusent de les avoir tripotées, pelotées et/ou violées. On vous l’a dit, la justice suit son cours, mais il convient de répondre à l’argument ô combien central que certains hommes exaspérés par tant d’acharnement brandissent comme le Saint Graal : que pour eux, il serait, mmmh, suspect de se réveiller tant d’années après le crime pour le révéler. C’est du même tonneau que prétendre qu’un viol sans résistance ne serait pas un viol. Au-delà de son aspect purement sexuel, cette violence est d’abord un acte de pouvoir, un acte de domination de l’autre : celui du fort sur le faible, de l’adulte sur l’enfant, du maître sur l’esclave. Dans un contexte où la force n’est plus seule condition de cette domination, toute position supérieure dans une hiérarchie sociale permet d’accéder à ce pouvoir. En cela, une jeune actrice débutante face à un acteur ou un metteur en scène reconnu n’est pas différente d’une ouvrière devant son patron ou son chef. La seule différence est dans l’usage que les seconds font de leur pouvoir. Et confrontée à un abus de pouvoir, elle se retrouve face à un choix : dénoncer et perdre son travail, se taire et le garder. Dans le cas d’une actrice, ça peut vouloir dire l’arrêt définitif de sa carrière. La mise sur liste noire. Et c’est l’ingrédient principal de l’omerta. Pas étonnant dès lors qu’il faille que le géant vacille pour qu’on s’attaque à lui. Ni condamnable.

Le cinéma français et Gégé, c’est comme un paquebot et une bitte : elle le maintient à quai, mais un jour ou l’autre, il faudra larguer les amarres.

Xiao PIGNOUF

AJOUT DU GRAND SOIR

La journaliste de Charlie Hebdo, Zineb El Rhazoui, « soutien actif » à Emmanuel Macron a vu sa candidature pour la députation sur une liste LREM en mai 2022 repoussée à cause de sa proximité avec Papacito, une figure de l’extrême droite. Le 5 novembre 2019, sur CNews, elle avait proposé que les policiers puissent tirer « à balles réelles » sur la foule, ce qu’elle avait répété le lendemain sur LCI en invoquant la légitime défense.
Charlie Hebdo a choisi depuis plus de 10 ans de traiter par la diffamation Le Grand Soir, Viktor Dedaj et Maxime Vivas (1) accusés de permettre une certaine "porosité" entre LGS et les fachos. On voit où est la porosité.
Les prises de position actuelles de Zineb El Rhazoui ne doivent pas faire illusion. Elle est prête à tous les mouvements de girouette pour exister.
LGS
(1) Le 7 avril 2021, Charlie Hebdo a donné son avis sur Maxime Vivas : "un dingo".

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♦♥ Décès de Jacques Delors et Wolfgang Schaüble : deux piliers de l’euro-atlantisme austéritaire frappant nos peuples

Publié le par S. Sellami

La coïncidence a voulu que décèdent coup sur coup deux anciens ministres des Finances à l’origine de l’euro-austérité : l’Allemand Wolfgang Schäuble mardi 26 décembre 2023, et le Français Jacques Delors mercredi 27 décembre 2023. Si l’on met de côté l’émotion que suscite leur décès pour leurs proches, force est de constater que le bilan politique et économique de l’action de ces deux hommes est désastreux pour les travailleurs de toute l’Europe, et notamment en France.

En effet, Schaüble, conservateur ayant servi Helmut Kohl puis Angela Merkel à qui la Macronie vient de rendre un hommage hallucinant en le présentant comme « un ami de la France », aura été le promoteur majeur de l’austérité européenne ayant massacré la Grèce dans les années 2010. Farouche partisan des coupes budgétaires drastiques, il a transformé ce dernier pays en havre de misère, faisant dire fort justement à l’ancien ministre grec de l’Economie Yanis Varoufakis : « L’Histoire le jugera durement mais pas plus durement que ceux qui furent victimes de ses politiques et projets désastreux. » Des projets qui passaient par la mise à mort de la démocratie pour celui qui, en 2015, appuyant le nouveau ministre « français » de l’Economie – un certain... Emmanuel Macron –, déclarait : « La France serait contente que quelqu’un force le Parlement, mais c’est difficile, c’est la démocratie. » Le vœu de Schäuble s’est exaucé puisque le despote Macron est le fanatique applicateur des desiderata du MEDEF et de l’Axe Union européenne (UE)-OTAN, de la « loi Travail » (ou plutôt, loi Chômage et Misère) de 2016 à la destruction des retraites et à la « loi Immigration » (ou plutôt, loi anti-immigrés non issus de l’UE), en recourant autant que nécessaire à l’article 49-3 ou en basculant totalement dans l’alliance consanguine avec l’extrême droite fascisante.

L’Histoire jugera tout autant sévèrement Jacques Delors, le mal-nommé « grand architecte » de la prétendue « construction européenne » dont François Mitterrand en personne jugea qu’il n’était « pas assez à gauche ». Pour ne pas dire carrément à droite pour celui qui promut le « syndicalisme d’accompagnement » et le pseudo « dialogue social » en rejoignant la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) dès 1950 – « dialogue social » dans lequel versent désormais les directions euro-confédérales (CGT comprise) et soutenu par la bien jaune Confédération européenne des syndicats (CES) ; qui fut l’éminence grise du Premier ministre Jacques Chaban-Delmas avec son projet de « nouvelle société » de 1969 à 1972 ; qui encouragea enfin la « deuxième gauche » « décentralisatrice » et européiste (donc antijacobine) incarnée par Michel Rocard, qu’il rejoignit au Parti socialiste unifié (PSU).

Mais c’est surtout sous les deux septennats de François Mitterrand que sévit celui qui, comme l’affirma Jean-Pierre Chevènement, « rivalisa d’orthodoxie », en tant que ministre des Finances puis en tant que président de la Commission européenne. Dès 1981, devenu ministre des Finances avec le Budget sous sa coupe, Delors soutient l’arrimage du franc au mortifère « Système monétaire européen » (ancêtre de l’austéritaire euro) et appelle au « tournant de la rigueur », débouchant sur le blocage des prix et des salaires en juin 1982 ; un « tournant » définitivement acté en mars 1983 et qui fit dire à Mitterrand : «  je suis partagé entre deux ambitions : celle de la construction de l’Europe et celle de la justice sociale ». Le résultat de cet arrimage fut la subordination du franc au Deutsche Mark et à ses critères d’orthodoxie budgétaire ; et pour les travailleurs, l’austérité salariale, le chômage et la désindustrialisation croissants au profit de la rente du capital toujours accrue – et qui bat chaque jour de nouveaux records.

   Delors, lui, choisit très vite la première ambition et fut nommé par le « couple » Kohl-Mitterrand président de la Commission des Communautés européennes (actuelle Commission européenne) en 1985 puis de nouveau en 1990. A ce titre, il fut le « grand architecte » de son « traité préféré », l’« Acte unique européen », signé en 1986 et qui permit l’achèvement du « marché unique européen » articulé autour de la « totale liberté de circulation » des services, des marchandises, des hommes... et surtout des capitaux. A ce sujet, l’économiste étasunien Rawi Abdelal affirme que Jacques Delors a joué un rôle déterminant dans la dérégulation des marchés financiers – et déjà en France en introduisant le néolibéralisme au début des années 1980 – en décidant « de pousser la libéralisation bien plus loin que ne le prévoyait à l’origine le programme de marché unique » ; il introduit notamment en juin 1988 la directive 88 (361) sur les mouvements de capitaux précisant qu’« aucune transaction, aucun transfert de capitaux n’échappait à l’obligation de libéralisation ».

   « L’œuvre » de Jacques Delors fut achevée en 1992 avec l’adoption du funeste traité de Maastricht et la création de l’euro, à propos duquel il affirma : « L’euro nous apportera la paix, la prospérité, la compétitivité et, rien que pour la France, il se traduira par la création d’un million d’emplois. » – les travailleurs ont pu apprécier ce traité qui, comme l’avait si bien présenté Alain Madelin partisan de sa ratification : « le traité de Maastricht agit comme une assurance-vie pour éviter le retour à l’expérience socialiste pure et dure de 1981-1983 » (et l’on fut bien loin d’une telle « expérience » durant cette époque). Retiré des fonctions de premier plan, celui érigé en « Père de l’Europe » milita naturellement pour l’adoption du « Traité établissant une Constitution pour l’Europe » (TECE) – que les Français rejetèrent massivement par référendum le 29 mai 2005 – puis défendit le « Traité simplifié » de Lisbonne adopté par les parlementaires (anti-)« français » le 4 février 2008.

    On ne s’étonnera pas que les forces euro-atlantiques – à commencer par la Macronie biberonnée à coups de deloro-schäublisme – saluent « l’œuvre » et « l’engagement européen » de deux lauréats du « prix Charlemagne » (en 1992 pour Delors, en 2012 pour Schäuble, avant que Macron leur succède en 2018), deux partisans d’une Europe fédérale inféodée à Berlin et Washington que Macron, défenseur de la « souveraineté européenne », et le chancelier Scholz, promoteur de l’« Etat fédéral européen », chercheront à imposer à tout prix à l’occasion du scrutin européiste de juin 2024. Avec le résultat que l’on connaît depuis des décennies pour les travailleurs de toute l’Europe, France comprise : euro-démantèlement des services publics, euro-destruction des conquêtes sociales, euro-austérité généralisée, euro-dissolution des libertés publiques, euro-dislocation des souverainetés nationales, euro-marche à la guerre contre la Russie et la Chine populaire, euro-criminalisation du communisme et euro-fascisation qui prendra la forme d’une immense « vague brune » lors du scrutin européiste de juin 2024.

 Raison de plus pour rendre un hommage appuyé et mérité pour ces deux prétendus « constructeurs européens » en juin 2024, à savoir le boycott citoyen massif du scrutin européiste, afin de délégitimer le mortifère Axe UE-OTAN – et ainsi, la Macronie, l’extrême droite lepéno-zemmouro-LR et toutes les forces dites de « gauche » versant dans la fable delorienne de « l’Europe sociale ». Axe UE-OTAN dont Delors et Schäuble auront été des architectes majeurs et dont il convient de se dégager définitivement à travers la seule voie salutaire possible pour les travailleurs, à savoir le Frexit progressiste.

»» https://www.initiative-communiste.fr/articles/europe-capital/deces-de-...
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