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Maria Poumier : « L’État juif a une logique mafieuse détestable et pratique le mensonge historique à une échelle inédite »

Publié le par S. Sellami

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Maria Poumier. DR.

Mohsen Abdelmoumen : Pourquoi, à chaque fois que quelqu’un soutient la cause juste du peuple palestinien, on lui fait subir un véritable lynchage avec des accusations d’antisémitisme, négationnisme, etc. ?

Maria Poumier : Il est évident que les Israéliens ont peur, précisément, que la défense des Palestiniens conduise à remettre en question les mythes fondateurs de la politique israélienne. Et ils savent que c’est une bataille perdue d’avance pour eux. La récurrence de leur férocité contre les Palestiniens, contre les militants occidentaux qui défendent la cause palestinienne, et contre les historiens qui pointent du doigt toutes les fraudes et les chantages pour imposer une version aussi dogmatique qu’incohérente sur l’histoire des persécutions subies par un certain nombre de juifs pendant la Deuxième guerre mondiale, tout cela est de plus en plus voyant. Cette répression valide, globalement, l’idée que depuis le début, l’État juif a une logique mafieuse détestable et pratique le mensonge historique à une échelle inédite : de quoi traîner devant des tribunaux internationaux de nombreuses personnalités politiques israéliennes. Et les descendants de victimes seront horrifiées de découvrir comment les authentiques victimes juives ont été dupées et instrumentalisées. Je vais plus loin, si l’on additionne les crimes de l’État juif en matière de manipulation mentale autour de la mémoire collective, les crimes permanents contre les Palestiniens, et les ingérences dans la politique de chaque État européen, ainsi qu’au niveau de l’UE, je demande la rupture des relations diplomatiques avec l’État juif, de façon durable.

Quel est le poids réel du lobby pro-israélien en France ?

La pression de « l’État juif » s’exerce sous forme de chantage aux sentiments, c’est un lobbying qui pollue les âmes, autrement dit les choix individuels conscients, mais aussi les atavismes inconscients. Il convient de distinguer des sphères d’influence : bien des magistrats ont à juger des escrocs juifs, qui, à la moindre alerte, se réfugient dans « l’État juif ». Donc ils ne savent pas comment sévir efficacement. Les industriels et les commerçants de chaque pays sont à la fois partenaires et concurrents avec ceux de l’État juif, et les pots de vin circulent, inondant le monde politique. C’est au niveau des médias et du showbiz que s’exerce un chantage insupportable, envoyant au tribunal quiconque tente de briser le mur de la censure. Ce qui confirme qu’on est avant tout dans le domaine de la propagande, de la rhétorique, et donc du mensonge effréné.

Le lobby pro-israélien se livre à de l’espionnage comme on l’a vu dans cette affaire du documentaire d’Al Jazeera censuré : https://www.humanite.fr/medias-le-lobby-pro-israelien-se-livre-des-operations-despionnage-662971. Dans ce documentaire, on remarque la peur d’Israël par rapport au mouvement des BDS (Boycott Désinvestissement et Sanctions). Pourquoi, d’après vous, Israël a-t-il peur des BDS ?

Depuis mai 2018, depuis que le gouvernement US a reconnu « l’État juif » comme tel, je préfère utiliser cette nomination, plutôt que de dire «l’ Israël » ; car c’est déjà, en soi, un mot frauduleux, contraignant les chrétiens naïfs à croire que cet État voyou est la réalisation sur terre du mythique « Israël », « terre promise » pour l’Esprit, que nous les chrétiens reprenons dans nos lectures de textes bibliques, et en particulier des Psaumes, textes extrêmement inspirés, qui n’ont de sens universel que dans la lecture métaphorique, et non pas nationaliste. « L’État juif » au contraire, est une désignation juste : un État raciste, d’apartheid, et qui est représenté officiellement dans les institutions se réclamant du judaïsme de nombreux pays, donc dans l’extraterritorialité, exerçant son empire par des moyens considérables ; parallèlement et de façon complémentaire,  il est reconnu comme tel sur un territoire précis, en expansion dans la plus totale illégalité, un petit territoire situé au Proche Orient, enclave coloniale voulue et créée par les Britanniques à partir de la déclaration Balfour, il y a un siècle. La campagne BDS fait du tort à l’image de l’État juif, c’est décisif. Et elle permet à toutes sortes de gens ou d’entités d’exprimer leur résistance à l’intoxication mentale, sans qu’on puisse les accuser pour leurs éventuels sentiments désagréables, puisque cette campagne est entièrement basée sur le droit international, et le constat des violations israéliennes.

Ne pensez-vous pas que les BDS sont une organisation qui relaie la véritable souffrance du peuple palestinien ?

Toute action concrète et toute critique argumentée de « l’État juif » est utile et justifiée, tant que cette création monstrueuse n’évolue pas vers le « démantèlement rapide et pacifique », comme disent les rabbins antisionistes de Neturei Karta, autrement dit vers la reconnaissance des droits égaux pour tous les habitants de la Palestine historique. La pression externe doit renforcer la résistance intérieure, bien sûr.

Comment expliquez-vous qu’au moment où il y a une adhésion des jeunes en Occident à la cause juste du peuple palestinien, il y a un rapprochement de certains pays du Golfe comme l’Arabie saoudite, les Émirats arabes Unis, etc. avec Israël ?

Il y a une bibliographie importante à ce sujet. Les wahhabites assument l’héritage de crypto-juifs dans l’empire ottoman au XVIII° siècle, et partagent les principes suprématistes et agressifs du sionisme. Mais il y a d’autres facteurs : les retournements d’alliances sont constants dans le monde musulman. Ils ont été alliés avec les juifs contre les chrétiens en Andalousie, par exemple, jusqu’à l’expulsion de 1492. Le cheikh chiite Imran Hossein insiste même sur l’idée que le boycott est contraire à l’islam, qu’on ne doit pas utiliser cette arme parce qu’elle fait du tort aux  civils, même si l’on est en guerre. Et la solidarité du monde arabe avec les Palestiniens a toujours connu des failles, ce n’est pas nouveau. En ce moment, tous les blocs se disloquent, il faut s’attendre à tous les revirements, motivés par des intérêts à court terme, car la pensée stratégique est très défaillante, dans les pays que vous mentionnez.

Vous avez reçu des menaces de mort en même temps que plusieurs autres personnalités à cause de votre engagement pour le peuple palestinien et contre la politique criminelle de l’entité sioniste d’Israël. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ? 

Raphaël Schoeman était un retraité, un fanatique sioniste qui stockait des armes de guerre dans son garage et qui comptait bien être protégé dans les passages à l’acte qu’il projetait en 2003 ; il a été condamné à verser un euro symbolique à 12 personnes. Mais c’est une bande de jeunes formés par le Betar qui a concrètement cassé la figure à notre amie Ginette Hess-Skandrani, en pénétrant frauduleusement dans son appartement. D’ailleurs, quand les rabbins antisionistes de Neturei Karta veulent venir à Paris pour protester publiquement contre les menées israéliennes, c’est à moi qu’ils font appel, pour que je les protège des nervis sionistes en étant de façon bien visible à leurs côtés. C’est cocasse ! Plus grave, le franco-israélien « Ulcan » depuis Tel Aviv, a terrorisé plusieurs personnes, avec des « canulars », en fait des menaces sur leurs proches, provoquant une crise cardiaque mortelle chez le père du journaliste Le Corre. Il avait d’ailleurs tenté aussi d’intimider le chercheur Robert Faurisson, mais cela n’a pas ému la presse, qui a passé son nom sous silence, ni la justice. Le « grand Robert » qui vient de mourir après une dernière conférence où des antifascistes anglais avaient menacé de ruiner la réputation de l’hôtel où se tenait la réunion privée à laquelle il était convié, avait en fait subi dix agressions physiques depuis 1979, dont l’une très grave, et il aurait dû y laisser sa peau, si un passant charitable n’avait pas fait fuir les trois jeunes lyncheurs, qui n’ont pas été sérieusement inquiétés. Quand les tueurs sionistes s’acharnent sur une personnalité, c’est qu’elle représente vraiment un danger pour « l’État juif ».

Comment expliquez-vous que des organisations comme la LDJ et le Betar (ndlr :mouvement de jeunesse sioniste radical) agissent en toute impunité en France ?

Le livre de Jacob Cohen Le printemps des sayanim, ces agents plus ou moins dormants des services secrets du pays étranger pratiquant l’ingérence systématique dans la vie politique française, explique très bien ce pouvoir des paramilitaires juifs chez nous. Il y a la double loyauté de certains, la lâcheté et l’impuissance des autres fait le reste.

Dans votre livre plus qu’important parce qu’il touche à la survie de l’espèce humaine «Marchandiser la vie humaine», vous tirez la sonnette d’alarme sur des programmes comme la GPA (gestation pour autrui) et la PMA (procréation médicalement assistée). D’après vous, les gens sont-ils suffisamment informés à propos de ces programmes ? L’être humain est-il devenu une marchandise qu’on vend et qu’on achète ? Et comment lutter efficacement contre la marchandisation de l’être humain ? Comment en sommes-nous arrivés là ?

Le débat fait rage, maintenant, beaucoup d’arguments sérieux ont atteint une visibilité publique, contre la marchandisation de la vie. Ce qui n’est pas encore arrivé à la conscience collective, c’est que la fabrication d’enfants artificiels est un projet d’origine israélienne, parce qu’il y a pour « l’État juif » un grave problème démographique, les habitants juifs souffrant énormément de problèmes d’infertilité : 1 couple sur 4 consulte des spécialistes pour cela, alors que chez nous c’est 1 sur 7. Aussi c’est le premier pays à avoir autorisé la GPA (Grossesse Pour Argent), dès 1996. Et c’est un homosexuel du même pays, Doron Mamet, qui a mis en place le commerce triangulaire pour faire acheter des gamètes « génétiquement supérieurs » principalement des pays nordiques, en vue de la production d’embryons triés sur le volet, puis implantés chez des femmes pauvres du tiers monde, afin de satisfaire des acheteurs de nouveau-nés, principalement occidentaux. Il y a un marché cachère pour ces denrées, et puis un autre pour le tout-venant. Les arguments sentimentaux ne sont que des leurres publicitaires, mais les médias en font une promotion effroyable. Le rôle de La Croix, censé être un journal chrétien, est un exemple de profonde corruption dans ce domaine. Le marché est extrêmement porteur, car l’infertilité augmente de façon dramatique dans les pays riches, et les agences, « cliniques de fertilité » et avocats spécialisés dans le contournement des lois de chaque pays, espèrent bien que la clientèle va s’agrandir encore avec les homosexuels, légalisation ou pas.

D’après vous, n’est-ce pas le propre du système capitaliste de générer des programmes tels que ceux que vous avez décrits dans votre livre « Marchandiser la vie humaine », à savoir la PMA, la GPA, etc. ? 

Marx identifiait le capitalisme avec la logique et l’envergure commerciale des juifs, et il y voyait une peste pour l’esprit et pour le peuple. Je dis que la personne qui accepte de rentrer dans ce marché, en tant que cliente pour le produit fini, ou en tant que vendeuse de ses gamètes (ovules ou sperme) ou en s’offrant comme incubatrice (dite « mère porteuse », mais considérée dans les contrats comme simple utérus sur pattes), chacune de ces personnes piétine ses propres principes moraux universels, accepte de rentrer dans la logique des marchands juifs, contribue à « fabriquer des juifs ». C’est grave pour la prochaine génération.

Pensez-vous qu’il y a un plan machiavélique de réduction de la population mondiale initié par le 1% qui dirige le monde ? 

Ce plan est tout-à-fait officiel, et chacun y contribue en répétant sans réfléchir que nous sommes beaucoup trop nombreux sur terre. 0n n’a pas peur de le dire, parce que ça paraît du bon sens écolo, mais en fait, tous les pays ont beaucoup réduit leur taux de natalité depuis les années 1960, et seuls les plus pauvres refusent de rentrer dans la danse. Concrètement, c’est l’Afrique, qui, au nom de sa profonde spiritualité, continue à ignorer le mantra. Toutes sortes d’instances internationales font pression au nom des « droits reproductifs » des femmes, il y a des campagnes de stérilisation des hommes, des inondations de vaccins toxiques et de propagande homosexuelle, rien n’y fait, les Africains acquièrent un poids démographique inédit, au moment où les blancs deviennent une race minoritaire, ce qu’étaient, il y a deux cents ans à peine, les noirs. La contraception avait été inventée pour limiter la reproduction des pauvres, mais elle s’est retournée contre les riches, car globalement, dans nos pays, les femmes modernes refusent aux hommes le pouvoir de les féconder, jusqu’à l’âge où, la beauté se fanant et l’arrogance féminine retombant d’autant, elles commencent à avoir des regrets.

Vous qui connaissez bien l’Amérique Latine pour avoir enseigné pendant des années à l’Université de La Havane à Cuba, comment expliquez-vous le retour de l’extrême-droite en Amérique Latine comme celle de Bolsonaro au Brésil ? Bolsonaro n’est-il pas un danger pour la paix en Amérique Latine ?

Bolsonaro m’intéresse, car c’est un personnage de l’ère Trump ; comme Trump, pour être tranquille sur ses arrières, il espère mettre les juifs brésiliens de son côté en faisant allégeance à « l’État juif ». Comme Trump, il est probable qu’il veut sincèrement remédier à des problèmes de société dans son pays, que la gauche n’a pas été capable de régler. Comme Trump, il va être soumis à des pressions mondialistes, et son gouvernement sera sujet à des accès de corruption effrénée. Par ailleurs, le clientélisme et les féodalités restent déterminants dans toute l’Amérique latine, quelle que soit l’étiquette du président, ce qui fausse tout raisonnement idéologique. Le Brésil n’a pas le sentiment d’appartenir avant tout à l’Amérique latine, mais d’être une métropole par rapport aux 5 pays d’Afrique de langue portugaise. Il a commencé par provoquer les Afro-descendants en soulignant, avant d’être élu, que l’esclavage était un trafic qui se pratiquait entre Africains, avant d’être la grande source de richesse pour le Portugal, et pour le Brésil. Bolsonaro est certainement un opportuniste qui, fort de sa victoire électorale, essaie d’abord de rassurer le capital national et ses relais culturels. Mais avec son franc-parler, il a rassuré le peuple qui en a plus qu’assez du féminisme et du sodomisme obligatoires, dictés aux médias par l’Occident sans foi ni loi pour briser la capacité de résistance populaire instinctive dans chaque pays. Comme dans le cas de Trump, commençons par respecter un dirigeant élu démocratiquement ; attendons les prises de décision concrètes.

Interview réalisée par Mohsen Abdelmoumen

 

Qui est Maria Poumier ?

Professeur d’université française, Maria Poumier est spécialiste de l’histoire et de la culture des Antilles. Elle est aussi essayiste et réalisatrice de documentaires. Elle a résidé plusieurs années à Cuba où elle était maître de conférences à l’Université de La Havane et ensuite à l’Université de Paris VIII. Ses thèmes de recherche portent sur Cuba, l’Amérique latine, l’histoire et la littérature des XIXe et XXe siècles. Elle est agrégée d’espagnol et traduit aussi les textes d’Israël Shamir avec lequel elle collabore.

Militante politique antilibérale, María Poumier est connue pour ses activités politiques liées au conflit israélo-palestinien et soutient le peuple palestinien. Elle a été obligée de mettre fin à sa carrière universitaire en France suite aux pressions qu’elle a subies pour ses positions pro-palestiniennes. Elle était présente en Libye, le 28 mars 2011, pour protester contre les bombardements de l’OTAN.

Elle a écrit plusieurs ouvrages dont Poésie salvadorienne du XXe siècle (2002) ; En confidence – Entretien avec l’Inconnue (2009) ; Proche des NEG (2009) ;  Marchandiser la vie humaine (2015).

Maria Poumier anime le site Entre la plume et l’enclume

Published in American Herald Tribune, November 13, 2018: https://ahtribune.com/interview/2620-the-jewish-state-has-a-detestable-mafia-like-logic.html

                                                                                                                                                                                                                                                                   

https://wordpress.com/read/blogs/59255278/posts/7307

 

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Guerre Mondiale : plus de Mohamed que de Mathieu parmi les morts pour la France

Publié le par S. Sellami

Selon une étude parue vendredi par « Le Parisien », le prénom le plus courant parmi les soldats morts pour la France de 1914 à 1918 est Jean.

10 millions de soldats sont morts sur les champs de bataille de la Première guerre mondiale. Et sur les 7,9 millions de soldats qu’elle a envoyé au front, la France en a perdu 1,4 million, soit 25% des pertes totales des forces alliées. Si dans presque chaque commune de France, un monument aux morts vient nous rappeler les noms de ces combattants sacrifiés, une étude parue vendredi par Le Parisien nous fait voir ces listes sous un autre jour.

En se basant sur les données collectées par Mémorial Genweb, le quotidien a déterminé les prénoms les plus couramment portés par les victimes du conflit.

Des prénoms classiques en tête. Le Top 5 des prénoms les plus courants comporte des vieux prénoms français : Jean, Pierre, Louis, Joseph et François. Ce groupe regroupe à lui seul 79.647 soldats morts. Mais le classement contient aussi des surprises comme celle du prénom Claudius, oublié aujourd’hui. Il arrive en 87ème position, avec 844 tués.

1.717 Mohamed tombés au front. Un autre enseignement de ce décompte rappelle que, parmi les troupes françaises, évoluaient des effectifs issus des colonies. Ainsi, en réunissant les Mohamed et ses variantes (Mohammed, Ben Mohamed), le décompte atteint 1.717 soldats, assez pour intégrer le Top 50 des prénoms, devant les Martin (649) et les Mathieu (572). La majorité de ces Mohamed étaient nés en Algérie (1.204).

Et les femmes ? Autre surprise de ce référencement, la présence de prénoms féminins. Figurant parmi les victimes civiles (300.000 dans l’Hexagone), elles étaient souvent des infirmières évoluant sur le front. Ce sont les Marie qui étaient les plus courantes parmi elles (154) devant les Jeanne (15) et les Louise (12).

295.000 Maghrébins sur le front. La France, grande puissance coloniale à partir du 19ème siècle, a utilisé les populations de ces territoires afin de constituer des régiments armés. Appelés officiellement « troupes coloniales », ils se composent des zouaves, des chasseurs d’Afrique, des spahis, des tirailleurs sénégalais, algériens, marocains et tunisiens. En tout, 175.000 Algériens, 40.000 Marocains, 80.000 Tunisiens et 180.000 Africains noirs ont combattu lors du premier conflit mondial aux côtés des « Poilus », sur le front de l’Hexagone mais aussi sur l’autre front de cette guerre, souvent oublié, celui des Balkans. 36.000 Maghrébins et 30.000 Sénégalais y ont trouvé la mort.

https://breaknews.fr/2018/11/09/guerre-mondiale-plus-de-mohamed-que-de-mathieu-parmi-les-morts-pour-la-france/

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REPORTAGE : La jeunesse oubliée du Sahara occidental

Publié le par S. Sellami

Dans les camps de réfugiés sahraouis installés à l’ouest de l’Algérie, les générations se succèdent. Cela fait 43 ans que les habitants du Sahara occidental ont fui ici, 27 ans que le cessez-le-feu a été signé, mais le conflit n’est toujours pas résolu. Si la communauté internationale se félicite des dernières avancées, les jeunes réfugiés, eux, sont désabusés, hésitant entre la reprise de la lutte armée et l’exil. Reportage.

© Morgane Wirtz, 2018

En pleine nuit, un véhicule s’arrête sur la route désertique qui relie la ville algérienne de Tindouf aux camps de réfugiés sahraouis. Le 4X4 passe une barrière, son chauffeur salue cordialement les douaniers, et sort de la voiture pour fumer une cigarette sous les étoiles. L’escorte algérienne qui l’accompagnait fait demi-tour et les voyageurs attendent que la relève soit assurée par les Sahraouis. Ce poste de contrôle marque l’entrée en territoire algérien administrée par la République sahraouie. « L’Algérie nous laisse gérer nous-même ce morceau de territoire », s’exclame Saleh, un jeune Sahraoui. « A-t-on déjà vu une amitié si forte entre deux pays ? »Pour lui, il n’y a pas lieu de s’inquiéter d’éventuels changements de régime en Algérie. « La position algérienne est une question de principe. Ils nous aident parce qu’ils ont, eux aussi, vécu la colonisation », explique-t-il.

L’Algérie accueille les réfugiés sahraouis depuis 1975. Cette année-là, le Maroc et la Mauritanie ont profité du retrait de l’Espagne pour envahir le Sahara occidental. Vingt-cinq mille personnes ont été tuées sous les bombes au napalm et au phosphore.

Le Front Polisario, représentant officiel du peuple sahraoui, a lutté pour reconquérir le Sahara occidental. En 1979, un cessez-le-feu a été signé avec la Mauritanie. Mais ce n’est qu’en 1991 qu’un accord a été trouvé avec le Maroc. Il prévoyait l’organisation d’un référendum pour l’autodétermination des Sahraouis. Aujourd’hui, 27 ans plus tard, les Sahraouis attendent toujours de voter. Le territoire du Sahara occidental est divisé par un mur de sable. L’ouest constitue le « Sahara marocain ». L’est est qualifié de « territoires libérés ».

C’est la République sahraouie, reconnue par 84 États, qui administre cette partie du pays, depuis les camps de réfugiés, à Tindouf.

UN RÊVE D’INDÉPENDANCE

173 600 personnes vivent dans cet amas de tentes, de maisons en pierres d’adobe et béton. Il y règne un calme surprenant. Quelques bêlements, un moteur au loin, des chuchotements dans les habitations. Les Sahraouis passent la journée à l’ombre. Les jeunes vont à l’école, puis aident leurs parents dans les tâches ménagères. Ils tuent le temps en se rendant visite l’un à l’autre.

Camp de Smara
Avec ses 50 000 habitants, le plus grand des six camps de réfugiés sahraouis de la région de Tindouf.

À la tombée du jour, Saleh pose une natte devant chez lui pour profiter de la fraicheur et faire du thé. Ses cousines ne tardent pas à le rejoindre. « La journée, nous cuisinons, nous nettoyons, nous restons avec nos familles. J’aimerais avoir un travail, être infirmière. Je voudrais faire du shopping, ce genre de choses, comme les filles en Europe », explique Mina, âgée de 25 ans. « Mon rêve, c’est de voir notre drapeau flotter dans le ciel d’un Sahara libre. Je veux me marier, avoir des fils et des filles au Sahara libre », renchérit Leila. Dans un éclat de rire, les jeunes filles, drapées de mehlfa à fleurs roses, se mettent à rêver. « Lorsqu’il sera indépendant, le Sahara occidental sera l’État le plus important du Maghreb parce que c’est un pays plein de ressources et qu’il y a très peu de pollution », assure Mina, les yeux brillants. Ce territoire est riche en phosphate. Le Maroc y a également massivement investi dans l’agriculture et de nombreux bateaux de pêche étrangers se servent allègrement dans les eaux poissonneuses. La vente de ces ressources à des entreprises étrangères frustre les Sahraouis.

Quand se pose la question de savoir comment obtenir l’indépendance, les regards s’assombrissent. « Ce sont nos hommes qui vont la remporter, à leur manière, par la guerre. Bien sûr, si les hommes vont se battre, nous irons aussi », assure Nassara. « Nous attendons pacifiquement depuis tant d’années et jusqu’à présent cela ne nous a rien apporté », ajoute Mina. Leila n’est pas d’accord. « Un jour viendra où nous résoudrons ce conflit par la paix », affirme-t-elle.

En décembre 2018, le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le Front Polisario devraient participer à une table ronde sur la question du Sahara, à Genève. Ce sera la première rencontre entre autorités marocaines et sahraouies depuis 2012. Mais il n’y a pas là de quoi rassurer Mina. « Ma mère est née ici. Ma grand-mère est ici au cimetière. Je suis née ici et il n’y a jamais rien eu de nouveau »,explique la jeune fille.

L’instituteur du camp de Smara aide ses élèves à hisser le drapeau de la RASD

Saleh n’attend pas grand-chose non plus de cette table ronde. Mais les nouveaux acteurs le rendent tout de même optimiste. « Lorsqu’António Guterres a été désigné comme secrétaire général des Nations unies, nous étions confiants parce qu’il a déjà travaillé sur le conflit du Sahara occidental, même si c’est davantage sur l’aide humanitaire. Il a visité les camps. Il sait ce qui se passe ici », explique-t-il. « Et puis, c’est lui qui a désigné Horst Köhler comme émissaire de l’ONU pour le Sahara occidental », ajoute-t-il. L’ancien président allemand, qui a lui-même passé une partie de sa vie en tant que réfugié, a conquis sa confiance. « Köhler nous a dit qu’il est un fils de la guerre. Un fils du refuge. Il a dit qu’il connaissait notre situation et qu’il ne nous laisserait pas tomber », dit encore Saleh. « En plus, il a un plan. Il a décidé d’inclure de nouveaux acteurs dans la résolution du conflit et a multiplié les rencontres en ce sens ».

EN FINIR AVEC LA MINURSO

La question du mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) met les protagonistes sous pression. Les États-Unis rechignent à continuer de financer cette force de l’ONU, arguant qu’elle ne fait pas son travail. En avril et en octobre 2018, son mandat n’a donc été renouvelé que pour six mois. C’est notamment cela qui a permis à la communauté internationale de sortir petit à petit de l’immobilisme. « Parfois dans mes prières, je demande à Allah de tout faire pour que Trump reste au pouvoir aux États-Unis », confie un jeune Sahraoui.

Nombreux sont ceux qui souhaitent le départ de la Minurso. Ils considèrent que la mission de maintien de la paix coûte trop cher, qu’elle a échoué à organiser un référendum, et déplorent qu’elle n’ait pas d’un mandat de protection des droits humains. Plusieurs ONGont dénoncé les violations des droits des Sahraouis au Maroc.

Au marché, de jeunes recrues des forces de l’ordre débattent du sujet. « On peut accepter la Minurso si les manifestations des Sahraouis dans les territoires occupés par le Maroc sont protégées. Mais si les femmes continuent d’être frappées et que chaque jour, il y a des violences, on préfère qu’ils partent », explique un gendarme de 28 ans. « On est en contact avec les jeunes des territoires occupés. On voit les photos et on s’indigne que personne ne parle d’eux », ajoute son ami, militaire. La majorité des réfugiés ont une partie de leur famille qui vit de l’autre côté du mur. « Eux, ils souffrent chaque jour. Ils n’ont pas le droit de s’exprimer, d’avoir un drapeau », affirme Mohamed, chargé des forces spéciales de gendarmerie.

Pour de nombreux jeunes, peu importe que le départ de la force de maintien de la paix signifie la reprise des hostilités. « Les Nations unies devraient comprendre que même si on ne le veut pas, c’est la guerre qui sera la solution », explique Mohamed. « Ce qui se perd par la force se récupère par la force », ajoutent ses camarades.

Comme une envie de guerre
« Marchons jusqu’au mur de sable pour aller le faire exploser », a crié ce jeune homme avant de poser pour la photo.
REPRENDRE LES ARMES ?

Dans les camps de réfugiés, les inscriptions à l’armée sont en hausse. La majorité des jeunes pensent que la guerre est la meilleure solution pour obtenir l’indépendance du Sahara occidental et attirer l’attention du monde sur leur situation. Une grande partie de la population les comprend. Ils n’en peuvent plus d’attendre et se sentent sous-représentés dans les instances dirigeantes. De plus en plus d’emplois importants sont accordés aux jeunes, mais il s’agit rarement de postes assortis d’un pouvoir décisionnel. Cela crée une rupture.

« Notre gouvernement écoute plus la communauté internationale que notre propre peuple. On se sent abandonnés », lance un jeune dans la rue. « Nous voulons une solution politique, pas seulement du pain et de l’eau », ajoute-t-il.

À chaque congrès du Front Polisario, les jeunes réclament haut et fort la reprise des armes. « Ils refusent tout ! Même dans leur humeur ils sont agressifs », s’exclame Abda Ckej, membre du secrétariat national du Front Polisario. Le vieil homme se sent dépassé. « Les personnes qui ont fondé le Front Polisario sont maintenant une minorité. La majorité est composée de jeunes qui n’ont pas connu la guerre et qui ne connaissent pas la réalité », explique-t-il. « Ils nous mettent une grande pression. Ils nous demandent des armes, une formation militaire. On essaie de leur dire non et de les calmer, mais combien de temps tiendrons-nous encore ? Les procédés de paix ne donnent rien », ajoute Abda Ckej.

« On accepte de mourir pour notre cause », affirme Mohamed, le jeune chargé des forces spéciales de la gendarmerie. S’il meurt en combattant pour l’indépendance du Sahara occidental, il sera honoré et considéré comme un martyr. « De toute façon, les gens comme nous, avec aucune ressource, ils sont déjà morts », ajoute-t-il.

Rejoindre les forces de l’ordre, c’est aussi une manière de tromper l’ennui ou de répondre à des besoins économiques. Dans les camps, l’armée est l’un des seuls secteurs qui recrute.

S’EXPATRIER POUR EXISTER

De nombreux Sahraouis font leurs études à l’étranger. Si leurs résultats sont satisfaisants, ils peuvent facilement obtenir des bourses pour étudier à Cuba, en Espagne ou en Algérie. Mais une fois de retour dans les camps, il leur est très difficile de trouver un emploi payé qui réponde à leurs qualifications.

alama, un ami de Saleh, fait partie des nombreux jeunes qui ont décidé de s’expatrier. Il passe ses vacances dans les camps de réfugiés pour rendre visite à sa mère. Pendant que la famille s’active pour honorer les règles de l’hospitalité sahraouie, le jeune homme se confie : « Je reçois des critiques parce que je pars à l’étranger. Il y a des gens qui pensent qu’il faut rester ici et faire pression », explique-t-il. Salama se sert de quelques dattes et d’un verre de lait de chamelle avant de préciser : « Mais la majorité d’entre nous pense qu’il vaut mieux partir parce que l’aide humanitaire ne suffit pas. C’est grâce aux gens qui partent en Espagne qu’on a de quoi vivre. Ils permettent à leur famille d’avoir des choses très essentielles ».

Jeunes travaillant sur des voitures dans le camp de Rabuni

La majorité des habitants des camps a déjà voyagé hors de l’Afrique. Nombre d’entre eux ont étudié à l’extérieur. Des programmes d’échanges sont aussi organisés pour les plus jeunes. D’après le ministre de la jeunesse et des sports, Ahmed Lehbib, c’est entre autres grâce à cela que peu de jeunes Sahraouis sont cooptés par les groupes terroristes qui sévissent dans la région. « Les djihadistes disent que les Occidentaux tuent les musulmans. Mais nos jeunes connaissent le monde occidental. Ils ne sont pas dupes », explique-t-il. « Nous promouvons aussi la compréhension des droits humains et des droits de la femme. Ces valeurs s’opposent à celles des groupes terroristes », ajoute le ministre.

La sécurité du Sahel se détériore d’année en année. Les jeunes Sahraouis présentent bien des avantages en tant que recrues pour les groupes qui sévissent dans la région : ils sont inoccupés, pauvres et connaissent le Sahara. Mais jusqu’à présent, peu d’entre eux ont rejoint les terroristes. Ils sont déjà mobilisés pour une cause : la leur.

https://orientxxi.info/magazine/la-jeunesse-oubliee-du-sahara-occidental,2729

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ENTRETIEN : Ces divisions qui menacent l’avenir de la Palestine

Publié le par S. Sellami

Entretien avec Omar Shaban · Un effondrement de Gaza retentirait sur toute la question palestinienne, voire sur Israël. Omar Shaban, directeur de l’ONG palestinienne Pal-Think for Strategic Studies et politologue basé à Gaza tire la sonnette d’alarme : le blocus israélien, les séquelles des guerres successives, la réduction du budget de l’UNRWAreprésentent un péril immédiat, mais il en est de même des divisions au sein du mouvement palestinien.

Enfants brandissant les clés symboliques du retour devant les bureaux du PNUD à Gaza pendant une commémoration de la Nakba, 13 mai 2014.
Majdi Fathi/NurPhoto/ZUMAPRESS.com/Alamy Live News

 

Omar Shaban est un politologue palestinien basé à Gaza, et le directeur de Pal-Think for Strategic Studies, une ONGpalestinienne indépendante non affiliée à un parti politique et ne recevant aucune subvention publique. Fondée en mars 2007 à Gaza par un groupe de chercheurs, elle a pour but de renforcer le dialogue entre les acteurs politiques, et d’encourager des travaux de recherche rationnels et méthodiques, afin de relever les défis auxquels la Palestine est confrontée. Elle a produit le premier document sur la réconciliation palestinienne (intitulé Feuille de route pour la réconciliation palestinienne)1.

Nada Yafi.  Comment décririez-vous la situation économique à Gaza aujourd’hui ?

Omar Shaban. — C’est celle d’un épuisement général, assorti de signaux d’alerte sur un effondrement imminent. Il m’est difficile de qualifier la situation, tant les difficultés s’amoncellent depuis le blocus imposé par Israël en juin 2007 à la suite de la prise du pouvoir par le Hamas, et d’un an de luttes meurtrières entre mouvements palestiniens. On ne le répétera jamais assez : Gaza est la plus grande prison à ciel ouvert du monde. Une bande côtière de 360 km2 qui croule sous une population de deux millions d’habitants, dont 75 % vivent dans 8 immenses camps de réfugiés. Malgré son retrait de la bande de Gaza, Israël continue de contrôler toute circulation des biens et des personnes à partir de et vers Gaza, sur la frontière terrestre comme dans l’espace maritime et aérien. Les deux principaux points de passage que sont Erez (Beit Hanoun) contrôlé par Israël, et Rafah, contrôlé par l’Égypte et le plus souvent fermé, ne permettent pas une vraie décompression. Trois guerres israéliennes en quelques années ont laissé derrière elles un champ de ruines : décembre 2008, juillet 2012 puis la dernière en août 2014, qui a fait des ravages. Pas moins de 40 000 habitations et édifices publics entièrement détruits, plus de 100 000 partiellement. La plupart n’ont pas été réhabilités, par manque de ressources, sans compter que le climat d’instabilité générale fait hésiter les pays donateurs. Il était prévu que le gouvernement d’union nationale formé en juin 2014 se lance dans cette entreprise. Mais la moitié au moins de ces bâtisses est restée en l’état.

N.Y. Les organisations internationales n’interviennent-elles pas ?

O.S.— Il faut faire une différence entre les organisations. Celles qui viennent des États-Unis par exemple boycottent tout organisme local à caractère politique ayant des liens avec des forces politiques ou militaires comme le Hamas ou le Jihad islamique. Ce boycott complique singulièrement l’accès des bénéficiaires à l’aide. Seules les organisations de secours financées par des fonds arabes ou islamiques (Qatar, Arabie saoudite, Turquie) peuvent les aider sans discrimination.

N.Y. Et les agences de l’ONU ? Comment s’est traduite sur le terrain la réduction drastique de la contribution américaine à l’UNRWA ?

O.S. — C’est un désastre pour Gaza. La proportion des habitants qui vivent en deçà du seuil de pauvreté a atteint 70 % et les taux de chômage plus de 53 %, selon les derniers chiffres fournis par la Banque mondiale (octobre 2018). Cela n’a fait qu’accélérer la transformation de la société palestinienne, autrefois productrice, en une société assistée. L’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) avait par exemple des programmes d’éducation et de santé qui offraient des contrats à durée déterminée (CDD) à des jeunes pour quelques mois, ici ou là. Ils ont été réduits ou arrêtés par manque de budget. L’agence en arrive même à licencier sur place des fonctionnaires permanents, des Palestiniens dont les familles se retrouvent sans ressources du jour au lendemain.

N.Y. Des jeunes et surtout des femmes, dit-on, sont poussés par désespoir à participer aux manifestations appelées « marches du retour », à la frontière, où ils affrontent les balles réelles des soldats israéliens. Cela s’apparente-t-il à un suicide ?

O.S. — Je ne dirais pas cela. Mais il y a de quoi désespérer. La dégradation de la vie quotidienne joue un rôle essentiel dans ces manifestations. Gaza veut faire entendre sa voix au monde entier. Ces « marches du retour » ont atteint nombre de leurs objectifs et ont échoué à d’autres égards. Ce qui n’est guère étonnant dans les circonstances que l’on sait. Pour moi, l’un des objectifs stratégiques ainsi atteints a été de prouver que la lutte palestinienne est toujours présente, vivante, imperméable au défaitisme et à la débandade humiliante des pays arabes en général. En même temps ces marches ont pu susciter des interrogations sur leur caractère véritablement pacifique, leur authenticité. Elles ont causé la mort de 217 martyrs, et fait 22 897 blessés dont certains resteront estropiés à vie.

N.Y.  Qu’en est-il des tentatives de réconciliation entre l’Autorité palestinienne (AP) et le Hamas ?

O.S. — Ces tentatives n’ont en réalité jamais cessé même si elles n’ont à ce jour guère porté leurs fruits. Il y a eu huit accords dans le passé, à l’issue de réunions parrainées par des pays arabes, mais sans effet sur le terrain. Le 23 avril 2014, un accord dans le camp de Shati à Gaza a donné naissance, en juin de la même année, à un cabinet d’union nationale, mais ce cabinet n’a pas exercé le pouvoir à Gaza et les deux parties se sont rejeté la responsabilité de l’échec. Des efforts — surtout égyptiens — se sont poursuivis avec l’idée de mettre un terme à cette division. Depuis fin octobre, une délégation de la sécurité égyptienne fait la navette entre Gaza et la Cisjordanie pour relancer l’accord du Caire du 4 mai 2011, amendé le 12 octobre 2017.

N.Y. Qu’est devenu ce cabinet d’union nationale ? Quelle est la réalité du pouvoir sur le terrain ?

O.S. — Le pouvoir effectif à Gaza est entièrement entre les mains du Hamas. Tout l’appareil exécutif, avec 24 000 fonctionnaires, est entretenu et financé par le Hamas depuis juin 2007, de même que les services de sécurité, de la police, de la justice, à savoir 17 000 fonctionnaires. Lorsque le cabinet d’union nationale a été formé en 2014, quatre ministres du Hamas en faisaient partie. Ils sont toujours formellement en fonction, ils se déplacent entre Ramallah2et Gaza, où ils résident. Mais ils n’y exercent pas leurs attributions. Ils n’y ont ni bureau ni cabinets ministériel.

N.Y.  Qu’en est-il de la cohésion du Hamas lui-même ? Observe-t-on des luttes internes entre courants ? Le Jihad islamique peut-il être un concurrent ?

O.S. — Il y a certainement des courants divers au sein du Hamas, comme dans toute formation politique, voire toute communauté sociale. Certains parlent ainsi du « Hamas de l’intérieur » d’autres du « Hamas politique » par opposition au « Hamas militaire ». En réalité, personne ne sait comment sont prises les décisions au sein du Hamas. Tout ce que l’on sait, c’est qu’une fois prises, elles sont appliquées par tous. Quant au Jihad islamique, je ne pense pas qu’il puisse constituer un concurrent ; ce mouvement ne croit pas aux élections et ne dispute pas le pouvoir au Hamas. Autre différence : le Jihad est plus proche de l’Iran que des pays arabes, bien que ses membres soient sunnites. Mais il est en accord avec le Hamas sur la ligne politique de résistance à Israël.

N.Y.  Il y a une proposition du Hamas de « trêve de longue durée avec Israël »3. En l’absence toutefois d’une réconciliation avec l’AP, certains Palestiniens y voient le risque d’entériner la division entre la Cisjordanie et Gaza. Pensent-ils que cela irait dans le sens de la solution américaine qui voudrait détacher Gaza du reste de la Palestine, à travers la fameuse proposition de Donald Trump de « deal du siècle » ?

O.S. — En effet, il y a des craintes chez de nombreux Palestiniens qu’une longue trêve entre le Hamas et Israël, en l’absence de tout accord avec l’Autorité à Ramallah, ne vienne renforcer la division actuelle entre le Fatah et le Hamas. D’autant plus qu’il n’y a pas de continuité territoriale entre la Cisjordanie et Gaza. Et que la distance est désormais réelle aussi entre les deux sociétés, chacune ayant son propre tissu, ses spécificités, son mode de vie, sa culture, toutes divergences qui n’étaient pas aussi évidentes du temps de YasserArafat. Aujourd’hui chaque territoire semble avoir ses préoccupations et ses priorités. Mais il n’est pas acceptable, sous prétexte que la réconciliation nationale n’est pas encore réalisée, de laisser sombrer la bande de Gaza dans cet enfer, qui empire tous les jours. Gaza ne peut pas être l’otage de la « réconciliation » alors que la guerre est à ses portes. La délégation égyptienne œuvre justement à cela : obtenir l’allègement du blocus sur Gaza, instaurer une trêve avec Israël, mais en même temps œuvrer à la réconciliation entre le gouvernement du Hamas et l’AP. Réaliser les deux objectifs en même temps préservera l’appartenance de Gaza au système palestinien dans son ensemble.

N.Y. Que dites-vous à ceux qui doutent du rôle de l’Égypte et qui l’accusent même de vouloir profiter du « deal du siècle » pour le développement du Sinaï au détriment de Gaza ?

O.S. — Je peux infirmer cette théorie. Je sais de source sûre que la position égyptienne est celle d’un rejet total de la division palestinienne. La situation désastreuse à Gaza a des retombées négatives sur la sécurité dans le Sinaï. L’Égypte n’envisagera pas de solution pour Gaza à travers une extension dans le Sinaï. L’Égypte a été chargée par la Ligue arabe d’une mission de bons offices entre les mouvements palestiniens. Elle cherche réellement à soulager la situation humanitaire dans la bande de Gaza.

N.Y.  L’Égypte rejette-t-elle aussi le « deal du siècle » américain ?

O.S. — Nous avons beaucoup entendu parler de cette proposition américaine, sans savoir ce qu’elle contient vraiment. Le contenu n’a pas été rendu public. Tout ce que l’on sait c’est qu’elle a comporté d’emblée l’annonce de Jérusalem comme capitale unifiée d’Israël. Mais aussi l’assèchement de ressources de l’UNRWA et son démantèlement. Ce que les pays arabes ont refusé. Mais est-ce que cela change quoi que ce soit sur le terrain ? La position arabe est trop faible. La pression pèse sur les Palestiniens pour qu’ils acceptent la vision américaine. La position arabe ne tiendra pas face aux politiques de Trump au Proche-Orient.

N.Y. Quelles perspectives pour Gaza aujourd’hui, et pour le mouvement palestinien dans son ensemble ?

O.S. — Le maintien de la division au sein du mouvement palestinien représente un très grave danger. Des transformations sociales, économiques, politiques ont eu lieu. Et qu’elles soient ou non délibérées, elles ont à leur tour approfondi la division entre Gaza, la Cisjordanie, Jérusalem. Elles ont aussi créé des acteurs qui ont désormais intérêt au maintien de cette séparation. Retrouver l’unité devient plus difficile. C’est un péril pour la question palestinienne dans son ensemble. Les divergences touchent désormais à ce qui était autrefois considéré comme fondamental et sacré. Mais alors, que faire ? Surmonter coûte que coûte la division, faire prévaloir l’intérêt national global, ne pas miser sur la conjoncture régionale, arabe, internationale.

Les Gazaouis fondent tous leurs espoirs sur le processus de réconciliation pour sortir de cette crise à rebondissements. Il y va de leur survie, celle du système social, culturel, politique dans son ensemble. L’autre option serait celle des guerres fratricides et de l’escalade militaire avec Israël. Il n’est plus permis aux responsables palestiniens, qu’ils soient officiels ou civils, pas plus qu’aux acteurs de la communauté internationale, de se contenter de replâtrage. Une intervention forte, immédiate et complète est désormais requise. Elle devrait viser à la fois la réconciliation et la levée du blocus contre Gaza. Gaza devrait être déclarée zone sinistrée, et secourue comme telle.

https://orientxxi.info/magazine/ces-divisions-qui-menacent-l-avenir-de-la-palestine,2718

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SILA : commerce ou culture ?

Publié le par S. Sellami

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 Quels sont donc les paramètres liés à l'importance d'un salon dédié au livre ? Le nombre de copies vendues ou celui des visiteurs ? Le chiffre d'affaires réalisé ou le remplissage des parkings et autres espaces y attenant? A qui aurait en finalité profité l'organisation d'un tel salon ? Quelle est cette plus-value intellectuelle que va apporter cette manifestation ? 

Sans oser attenter à la solennité du lieu ou à l'esprit intrinsèque de l'événement, tout salon n'est que confort d'assise et d'abandon aux nonchalances du cuir et du velours des sièges et sofas. Dans une administration, un salon cache un bureau, dans une entreprise, l'exposition dissimule la machine de production, dans une justice il éclipse la balance et que divulgue-t-il enfin dans la vente de livres ? 

La foire dans le livre comme toute autre est où le premier profit est le profit. Entre l'éditeur et l'écrivain le fossé n'est fait que du nombre de feuillets, du bristol et de l'encre usitée. Ce folklore paginé ne profite qu'aux industriels de la barbotine alfatière. Il y avait autant de livres que moins de lecteurs, autant d'auteurs que moins d'éditeurs. Autrement dit et vu sous un autre angle ce commerce de l'intelligence est aussi un monde où se disputent l'art et l'intérêt, la gloire et le gain. Ainsi un amalgame vient chaque année pour s'instaurer dans l'idée génésiaque présidant à l'organisation d'une exposition commerciale. Le public est confondu. Enfants à la recherche de manuels scolaires, avec une croyance ferme qu'il pourrait s'agir là d'une kermesse à bas prix ; se pressent en compagnie de mères dont le seul souci réside dans l'économie des frais de fournitures scolaires. Les autres, rares mais plus avertis et habitués sont préparés à épier les nouveautés dans le rang des best-sellers nationaux ou étrangers. Les libraires peu nombreux emplissent l'étagère beaucoup plus par du papier-fort et des boites de couleurs que des dernières œuvres littéraires. Chez eux aussi le spectre de l'informel fait ravage. Derrière chaque libraire se cache un éditeur. Derrière chaque grand éditeur se cache une grosse machine d'imprimerie. Le plus gros de l'âme d'un livre ne se situe plus dans le fil romanesque qui ‘anime mais bel et bien dans le vacarme des rotatives toussant de jour comme de nuit. Le réseau de distribution ressemble étrangement à celui qui se pratique dans l'agro-alimentaire. Les retards de livraison, les crédits à la vente, le défaut de paiement, le retour d'invendus font la même scène que s'il s'agissait de pomme de terre ou parpaings bitumeux. Ainsi pour paraphraser un ami en butte à l'édition l'on saura bien dire que « derrière chaque livre, il existe une grosse affaire d'argent » pas pour son auteur, mais pour son fabricant. 

S'il y a un mérite qui existe dans ce salon, c'est qu'il met en relief timidement de nouveaux noms. Ceux à qui le monde de l'édition demeure un obstacle plus saumâtre et laborieux que l'œuvre elle-même. Par contre les « clients potentiels » sont les eternels convives, les seuls modérateurs et les animateurs privilégiés. Ils sont toujours les mêmes. On les voit un peu partout. Ce sont presque comme ces leaders de partis qui n'apparaissent qu'à l'intermittence des échéances électorales. Il est en toute évidence un vrai salon calfeutré et capitonné pour certains au moment ou nombreux autres sont dans l'antichambre, le patio ou les couloirs poisseux d'un espace qui ne peut dire son véritable raisonnement. C'est une affaire de location du sol. A 6000 dinars le mètre carré, les petites boites on ne les voit pas. Cependant celles appartenant à l'Etat sans y être impliquées directement dans le processus du livre mais gravitant autour comme des scories, y sont majestueusement installés. Juste pour la galerie. Façon de dire, on est là. 

Les statistiques fournies par les organisateurs ne montrent que des chiffres sur le nombre des éditeurs, exposants, leurs nationalités. Il n'existe aucun renseignement sous forme de bilan dressé au titre du salon précédent. En fait l'on aimerait être édifié sur le profil du visiteur de ce salon. Visiteur, curieux, badaud, lecteur, accrocs, revendeur, libraire ? Son niveau, son rang, ses goûts, ses préférences ? Sa langue de lecture ? Enfin son intérêt, son amour pour la chose culturelle ? 

Le salon international du livre d'Alger est une circonstance formidable dans la mesure où il participe à la médiatisation de la production littéraire nationale ou étrangère. Il tient à aider les maisons d'éditions dans un travail supplémentaire de marketing qu'elles n'arrivent pas encore à maîtriser sauf par quelques panneaux d'une publicité timide à insérer dans certains quotidiens nationaux. Si ce n'étaient les rubriques culturelles de quelques rédactions, personne n'en saurait davantage sur tel ou tel auteur. Ainsi tous s'équivaudront. Croyez-vous que pour être édité il vous faudrait de l'aptitude ? Le talent devra exister avant la germination du désir envers l'édition. Le piston dans l'édition bat son plein. C'est ainsi que certaines maisons d'éditions à peine de disparaître doivent fournir un grand effort vers la promotion de leur produit. L'ENAG, entreprise publique confond les rôles qui lui sont attribués. Elle se noie dans la complexité de l'édition et du commissariat du salon. Elle oublie ses auteurs. Sinon elle fait dans les deux poids deux mesures. Wacini est invité à déjeuner, l'autre ou les autres en séance de signature pas même une bouteille d'eau. Le grand mal de cette entreprise se situe dans sa politique d'édition, si du moins elle existe. Elle est totalement absente. Un déclic lui doit être administré dans son volet de politique promotionnelle éditoriale, sans ça, c'est l'asphyxie. Sans la subvention publique, elle mourra. Pari. 


Il fut un temps où le temps était au monopole de l'unique société nationale d'édition et de diffusion (sned) que de rares noms avaient pu émerger des presses politiquement grincheuses et parcimonieuses de cet organisme de l'Etat. Avec l'avènement de la démocratie, conditionnée dans son essence par la liberté d'expression, la chose imposait sans ambages l'ouverture du monde de l'édition. Il n'y a pas plus nostalgique que de revisiter les années passées où la foire du livre, au plan local ou régional constituait un événement. En ces temps là, la révolution culturelle ne manquait que d'une culture révolutionnaire. Sinon, le soutien accordé aux prix du livre importé, sur budget de l'Etat ne rimait pas avec commercialité, rentabilité ou performance des entreprises. 

Le SILA, devrait à l'aide de ses sponsors (peu nombreux et hors champ culturel) créer l'envie de lire. Il devra entre autre ; de paire avec ses « clients » et patentés que sont les éditeurs inciter à la consommation bibliographique. Il n'est cependant en aucun cas responsable de la léthargie dans laquelle se trouve la situation atrophiée du taux négligeable de lecture actuelle. Le prix est certes déterminant dans la relance de la lecture, mais il ne peut être l'unique facteur de la régression lectorale. Que faut-il attendre pour la politique du livre, que si dans un pays le prix d'un livre de poche dépasse celui de la poule de chair ? Le constat est amer. L'école ne fait plus donner l'envie de lire et de bouquiner. Nos universités ne sont que des débats de restauration, de transport et d'hébergement. Enfin cette reculade face à l'ardeur de dévorer les pages, de connaître les chefs d'œuvres universels, de découvrir les nouveaux talents, les poètes en herbe, les néo-nouvellistes suscite à bien des égards beaucoup d'inquiétude. 

Le problème en somme n'est donc pas un cas d'édition. Ni encore de production. Il s'agit d'une absence manifeste d'acheteurs. Les éditeurs choisissent, et c'est une légitimité, l'aspect commercial, loin de l'authenticité d'un travail intellectuel. Combien ceci va remporter s'exprime en centimes et non pas en audience. Ceci reste corroboré par la convoitise acharnée pour le livre scolaire, point de fixation des imprimeries privées, car les « acheteurs » sont répertoriés sur les bancs des écoles et bien obligés d'honorer la commande, sinon le ministère de l'éducation ou de la solidarité nationale le fera à leur place. 

Enfin le Sila ressemble bel et bien à ce monde que nous vivons dehors. Il y ceux qui sont déjà connus et qui semblent rapporter et ceux qui y viennent croyant se faire connaitre. J'ai vu des auteurs dédicaçant tout le long de la semaine leurs œuvres. Ils pointent la journée entière, se fixent derrière l'amas de livres et attendent d'y apposer une dédicace. L'on dirait qu'ils sont recrutés journaliers chez leurs éditeurs. D'autres moins nombreux, à l'instar de Yasmina Khadra ou Daoud qui ont crée une longue file d'attente ou Azzedine Mihoubi doivent leur aura à autre chose. Le talent ? Le statut ? Les médias ? Deux plumes, deux livres. Poids et mesures. 

                                                  

par El Yazid Dib

http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5268829

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Un documentaire interdit sur le lobby pro-israélien aux États-Unis

Publié le par S. Sellami

Le Monde diplomatique a publié au mois de septembre un article à propos d’une enquête réalisée par la chaîne Al-Jazira, propriété du Qatar, sur l’action du lobby pro-israélien aux États-Unis. Orient XXIen a publié les versions arabe et anglaise. Ce documentaire, réalisé notamment grâce à un journaliste infiltré, devait être diffusé au début de l’année 2018. Il ne l’a finalement pas été, suite à un accord entre le gouvernement du Qatar et une partie du lobby pro-israélien qui a, en échange, accepté d’adopter une attitude neutre dans le conflit entre l’Arabie saoudite et le petit émirat. Ayant eu accès au documentaire, Le Monde diplomatique et Orient XXI en avaient divulgué les éléments essentiels.

Orient XXI a décidé, avec Electronic Intifada aux États-Unis et Al-Akhbar au Liban, de rendre public ce documentaire. Il y va du droit à l’information. Car cette enquête, après celle réalisée par la même chaîne sur le lobby au Royaume-Uni, pose des questions de fond : dans une démocratie, a-t-on le droit d’espionner les citoyens sur la base de leurs convictions ? Est-il normal que le gouvernement israélien participe et orchestre ces campagnes sur le sol de pays dits « alliés » ?

Ce vendredi 2 novembre, les deux premiers épisodes du documentaire (sur les quatre) sont accessibles avec des sous-titres français. Les prochains épisodes suivront dans les semaines à venir.

VIDÉO

« Lobby USA » (1) : La guerre secrète

UN DOCUMENTAIRE INTERDIT SUR LE LOBBY PRO-ISRAÉLIEN AUX ÉTATS-UNIS > 2 NOVEMBRE 2018

VIDÉO

« Lobby USA » (2) : Orienter les élites

MÉDIAS > UN DOCUMENTAIRE INTERDIT SUR LE LOBBY PRO-ISRAÉLIEN AUX ÉTATS-UNIS > 2 NOVEMBRE 2018

VIDÉO

« Lobby USA » (3) : La chasse aux sorcières

Lobby USA episode 4: le marketing de l'occupation

https://orientxxi.info/

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Le sourire de Ben M’hidi, le regard d’Ali la Pointe, et la déchéance de Bouteflika et sa clique

Publié le par S. Sellami

le-1er-Novembre1

 

Aujourd’hui, 1er Novembre, mes pensées vont aux jeunes révolutionnaires qui se sacrifiés pour une idée de liberté et de dignité. Ce sont des Immortels. J’ai toujours eu de l’admiration pour les gens qui sont morts pour une idée et un mépris sans limite pour ceux qui s’accrochent au pouvoir et les larbins qui les vénèrent. Pauvre Algérie ! Quand on pense à ces jeunes hommes qui ont donné leur vie pour l’indépendance du pays et qui ont écrit leur nom dans le marbre de l’Histoire, cette jeunesse fauchée à la fleur de l’âge qui a voulu rêver d’une nation libre et fière, débarrassée de l’esclavagisme colonisateur, et que l’on voit ce pays qui a vécu une épopée prodigieuse dirigé aujourd’hui par un vieillard léthargique corseté dans une chaise roulante, c’est triste à en pleurer. Ces Braves disparus trop tôt nous manquent terriblement, eux les phares et les repères de notre nation. Nous sommes tous des orphelins en ces heures sombres que traverse l’Algérie ravagée par une cohorte de hyènes qui la dépècent jour après jour. Qu’avez-vous fait de l’Algérie de Novembre, bande de pilleurs, bande de chacals ? Comment fêter un 1er Novembre quand on sait l’avenir de l’Algérie cadenassé comme le Parlement, car oui ! ils ont osé cadenasser le Parlement parce que des « députés » de la chkara, des begarra, ont cru que le siège du Parlement est une boutique appartenant à leurs parents ! Il n’y a plus d’honneur, plus de fierté, ils ont tout saccagé. Comme nous sommes loin des rivages des enfants de Novembre… Comment regarder les portraits de Ben M’hidi, d’Ali la Pointe, de Ben Boulaïd, et tous les autres martyrs, comment penser à ces anonymes si nombreux, sans avoir les larmes aux yeux devant la situation désastreuse dans laquelle se trouve aujourd’hui notre cher pays ? Ils nous ont donné une patrie. Qu’en ont fait ces chacals ? Ils l’ont souillée, malmenée, pillée, violée, trahie, et ils osent parler de bilan et d’un cinquième mandat pour leur président momifié. Quel bilan ? Celui d’un président dans une charrette poussée par une horde sauvage avec, à leur tête, le chef d’orchestre Saïd Bouteflika, le frère cadet ? Tels des pharaons, ils refusent de croire à la mort et traînent leurs carcasses d’année en année. Ils se prennent pour des dieux alors qu’ils ne sont que des cloportes, des vieux débris et  des épaves dont même la mort ne veut pas. Devons-nous encore assister au lent délabrement de notre Algérie entre les mains d’une cohorte de malfrats qui appellent en chorale à la continuité de la rapine et des détournements alors qu’ils ont tous échoué ? Car l’Algérie ne produit rien et est absente de la scène internationale par la faute d’une clique d’usurpateurs sans foi ni loi. Les martyrs ont signé l’acte de naissance de l’Algérie avec leur sang et un gang de mafieux est en train d’effacer le nom de notre patrie de l’histoire de l’humanité.

Regardez comment Saïd Bouteflika, ce gnome, joue avec un si beau pays à l’histoire millénaire. Je ne le répèterai jamais assez, si vous considérez l’Algérie comme votre propriété privée, montrez-nous l’acte de propriété. Si non, on vous résistera par la légitimité du sang de nos martyrs et de nos ancêtres. Pour nous, l’Algérie est la terre de nos ancêtres, elle coule dans nos veines. Pour vous, l’Algérie est un compte en banque et des biens immobiliers. Vous êtes coupables de haute trahison, coupables d’avoir sali ce pays, d’avoir bradé ses richesses, d’avoir fait de nous la risée du monde, vous n’avez rien produit, ni valeur ajoutée, ni économie forte, vous n’avez ni institutions, ni état de droit, rien. Que produisez-vous à part vendre les richesses du sous-sol que le bon dieu nous a données ? Vous n’avez rien produit, pas même un clou. Vous êtes des misérables. Vous n’avez ni respect, ni limite, ni honneur. Vous régnez par l’anarchie et le chaos. Je vous défie de montrer votre bilan. Où est-il ? Dans le scandale de l’autoroute Est-Ouest, dans le scandale de Sonatrach, dans le scandale de la grande mosquée ? Et j’en passe. Non, je ne vais pas ressasser ce que j’ai écrit dans mes nombreux articles depuis des années, j’ai toujours dit que vous nous ramèneriez droit dans le mur. Nous y allons à la vitesse de la chaise roulante d’un vieillard à moitié mort, lentement mais inéluctablement. Vous avez échoué politiquement, économiquement, socialement, et au lieu de vous retirer discrètement, vous avez l’effronterie de vous montrer et de vanter des mérites que votre président n’a pas et n’a jamais eu, de vous incruster et de revenir encore et encore nous saouler avec vos turpitudes et vos ruses dont personne n’est dupe. Vous n’avez aucune honte, aucune gêne. Et vous nous assommez avec vos « Monsieur le Président a écrit », « Monsieur le Président a décidé »,  Monsieur le Président a signé », etc. en vous prosternant devant un portrait dont la vue nous donne la nausée. Ramenez votre cadavre ambulant avec lequel vous dirigez le pays et faites-lui prononcer une seule phrase devant le peuple algérien ! La Terre entière sait que la momie qui vous sert d’alibi dans votre œuvre destructrice des valeurs de la nation algérienne est incapable de parler depuis des années, et si ce n’était que ça ! On va bientôt citer le règne de Bouteflika comme étant un cas d’espèce, il sera désigné comme le président dont le frère cadet dirige le pays par procuration. L’Algérie va entrer dans le Guinness Book par votre forfaiture comme étant le seul pays au monde dont le président ne parle pas, ne voyage pas, ne représente son pays nulle part et qui, par son handicap et son inaptitude à gouverner, a éclipsé l’Algérie de la scène internationale. Vos effets sur la société sont néfastes, vous avez détruit ce qui faisait la beauté de notre nation. Tout est devenu noir sous votre règne, il n’y a plus ni famille, ni respect, la religion est instrumentalisée et utilisée à des fins politiques, tout est mensonge, vous avez élevé une génération de mutants qui sont à votre image et à celle de votre progéniture. N’avez-vous pas assez pris dans nos caisses, dans nos rêves, dans nos larmes ? Et vous continuez, jamais rassasiés. Quelle image donnez-vous du pays avec votre président avachi dans sa charrette ? Que vous êtes des nouveaux colons, des pilleurs, des malfrats, des corrompus. Les jeunes générations se jettent à l’eau pour vous fuir, sachant qu’elles n’ont aucun avenir dans le pays qui les a vus naître. La planète entière se rit de nous, mais vous voulez quand même un cinquième mandat pour ce qui vous tient lieu de président. Je m’interdis de respecter votre cadavre ambulant. Foutez-la paix à la terre de mes ancêtres, vous êtes une balafre dans le soleil algérien, une plaie dans la terre algérienne, une calamité pour ce pays qui n’a jamais eu de chance, ce pauvre pays qui n’en peut plus de vous. Soyez maudits, vous et votre descendance, pour tout le mal que vous nous faites.  Votre place est dans les égouts de l’histoire et, si Dieu le veut, j’irai cracher sur vos tombes maudites. En attendant de vous voir tous crever, je continue à rêver du regard d’Ali La Pointe, du sourire de Ben M’hidi et de notre beau drapeau. Nos martyrs sont morts jeunes, beaux et fiers. Dieu les a aimés. Que c’est beau un martyr, que c’est laid un vieux despote.

Mohsen Abdelmoumen

https://mohsenabdelmoumen.wordpress.com/2018/11/01/le-sourire-de-ben-mhidi-le-regard-dali-la-pointe-et-la-decheance-de-bouteflika-et-sa-clique/

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