L’ALGÉRIE SOUS BOUMEDIÈNE Quand le rêve était permis…

Publié le par S. Sellami

L’ALGÉRIE SOUS BOUMEDIÈNE Quand le rêve était permis…

Voxpopuli : 

«…Maintenant les enfants vont à l’école, les gens se font soigner, chose qui n’existait, ni en 1954 ni en 1962 !» (Professeur Pierre Chaulet). 
Merci, M. Chaulet pour cet avis tranché ! Voilà quelqu’un qui a milité, sa vie durant, et qui ne foule pas aux pieds tous les sacrifices consentis par de multiples générations. Il a rappelé, lors de l’hommage qui lui a été rendu en binôme avec Claudine, son épouse, au Forum d’ El Moudjahid, le combat et parfois le martyre de cette multitude d’anonymes qui ont fait de l’Algérie libre, un idéal mortel. D’ailleurs Claudine et Pierre Chaulet, n’ont-ils pas intitulé leur ouvrage : Le choix de l’Algérie, deux voix, une mémoire, qu’ils ont présenté à l’occasion de l’hommage qui leur était rendu le 18 avril 2012, par l’association Machaâl Echahid, l’Assemblée populaire communale d’Alger-Centre et le quotidien national El Moudjahid? Et comme le bonheur n’est jamais orphelin, Nassim Sidi Saïd, notre champion automobile de formule 3, a, dans une magistrale intervention le même jour à la Chaîne III, développé un discours que peu d’intellectuels, ou d’hommes dits politiques, peuvent dérouler sans se draper de cette hypocrisie qui peut les abriter dans différentes chapelles idéologiques. On fait, volontiers, remonter nos tares à l’époque de Boumediène où le pays aurait pris le mauvais virage en socialisant, contre son gré, une société façonnée par «le fait religieux et l’économie féodale et que si…». Sidi Saïd ne va pas par 36 chemins pour affirmer que ce pays qui a subi une colonisation féroce de plus de 130 ans, une guerre sans merci de plus de 7 longues années, une histoire millénaire, n’a pas à se poser, encore, des questionnements identitaires. Il faut que l’on travaille pour que dans les cinquante années à venir, nos enfants soient fiers de leur ascendance comme nous le sommes pour la nôtre qui nous a légué un beau pays. Nous, nous ne sommes pas moins que ces pays émergents du BRIC et dont les chances de décollage économique, étaient, peut-être, moindres que les nôtres ! Il affirmera sans détour, qu’il ira voter, le 10 mai prochain… pour bien marquer sa citoyenneté. Époustouflant, il ne nourrit aucune animosité envers le département tutélaire. Il reconnaît que même si l’on n’a pas encore envisagé la réalisation d’un circuit pour les courses automobiles, il n’en demeure pas moins que le pays, qui a d’autres priorités, ne tardera pas à envisager une telle structure sportive. Quant à dire que «le football prend tout !», Nassim rétorque : «Le foot est un phénomène de société mondial… il n’est pas le propre de l’Algérie.» N’est-il pas temps de regarder, sereinement, l’avenir et de se dire : «Basta ! Arrêtons de reprocher à X et à Y nos déboires passés et à venir.» Avons-nous le droit, encore, de juger ceux qui nous ont précédés ? Ce serait plutôt eux qui sont en droit de nous juger pour avoir dilapidé, disons, le peu qu’il nous aurait légué. Où sont donc passés ces grands complexes pétrochimiques que sont Arzew et Skikda ? Qu’est-il advenu des hauts fourneaux d’Annaba et du complexe tracteurs et engins de travaux publics de Constantine, des complexes électroniques et électroménagers de Oued-Aïssi et de Télagh ? Quel est le pays qui, à peine sorti d’une longue nuit coloniale, construisait des camions qui remportaient les deux premiers rallyes du Paris-Dakar, quand certains pays du Golfe n’avaient, pour seule monture, que le rustique chameau ? Peut-on, sans prendre de risques, confier à un pays nouvellement indépendant l’organisation d’un festival culturel continental, un Sommet des pays non alignés et des Jeux méditerranéens quand d’autres pays, plus avancés, n’envisageaient ou ne pensaient même pas de le faire ? L’industrie du cinéma naissant par l’intermédiaire d’un CNC (Centre national du cinéma) remportait par la coproduction ou la production propre, un Oscar, un Lion d’or et une Palme d’or. Çà ne pouvait être le fait du hasard, mais une juste récompense pour le travail accompli et une légitime reconnaissance internationale. La Mecque des révolutionnaires n’avait nullement usurpé ce titre que nulle autre ville qu’Alger n’aura hérité. Quel est le pays qui venait à peine de hisser son pavillon à la hampe de Manhattan pouvait présider une Assemblée générale des Nations unies et oserait narguer les grands de ce monde par une sortie pour le moins inattendue : un Ordre nouveau pour un monde plus juste envers les plus faibles. Dès lors, le sort des dirigeants algériens était scellé. Où est donc passé le complexe antibiotique de Médéa ou encore celui des pompes et vannes de Berrouaghia ? Qui a réalisé les complexes sportifs du 5-Juillet, de Annaba, d’Oran et d’ailleurs ? Qui a délocalisé dès 1969 les réunions du gouvernement pour les programmes spéciaux de la Kabylie, des Aurès, du Titteri, des Oasis, de la Saoura et de Saïda ? En «un règne sans partage» de 13 ans, l’Algérie aura été au-devant de la scène par : un plan triennal, deux plans quadriennaux. Les grands moments intensément politiques auront été : la nationalisation du secteur minier en 1966, des hydrocarbures en 1971, suivie de l’ordonnance portant Révolution agraire en 1972 et le débat politique sur la Charte nationale en 1976. Et ce n’est pas peu quand on sait que le pays était encore désargenté. L’enseignement supérieur se dotait, lui aussi, de l’Institut national des hydrocarbures (INH), de l’Institut algérien du pétrole (IAP), de l’Université des sciences et des technologies de Bab Ezzouar, de l’Université islamique Emir- Abdelkader avec l’apport d’Oscar Nieymeir, la légende vivante de l’architecture moderne, et l’Université des sciences et des technologies d’Oran (USTO). L’avion «Algérie» était, n’en déplaise aux baveurs, sur le tarmac, il se dirigeait vers la piste d’envol, malheureusement, les nouveaux messies illuminèrent d’autres sentiers pour le crash programmé. On proposait, ni plus ni moins, la destruction par un doux euphémisme appelé : Restructuration.
                                                                                                                           
Farouk Zahi

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