PAUVRE ORAN, QU’A-T-ON FAIT DE TOI !

Publié le par S. Sellami

Par : Nour El Yakine FERHAOUI   

 

Je ne reconnais plus ma ville, Oran de mon enfance et celle de mes souvenirs. C’est comme si l’on avait échangé un peuple par une autre nation. Un changement radical pour la Radieuse, un  débarquement inaperçu et un atterrissage d’une autre galaxie. On ne se sent plus chez soi. Oran est ensevelie sous des monceaux d’incivilité, de malpropreté, d’incompétence, de magouilles et d’agressivité. Et je jure de ne raconter ici que des choses vraies, ce qui, pour certains, sera déjà une nouveauté.

Trop chère, trop sale et trop écœurant. Voila comment décrire l’actuelle ville d’El Bahia (La Joyeuse). Qui, jusqu’en 1985 étaitassezpropre et assezviergeAu-fil-des-temps avec l’absence des bonnes volontés bien qualifiées et l’instauration de la politique du laisser-aller et des bâtons dans les roues, Oran est devenue l’abri de la médiocrité voire le nid des incapables d’en assumer. Elle est devenue aussi plaque incontournable de mauvaise foi.   

 

Ils sont omni présents, déployés partout, on les voit, on les aperçoit et on les croise tous les jours, ils nous squattent l’esprit, ils sont un désordre sans précédent. Parmi ces derniers, ils existent de véritables délinquants en col blanc que je n’ose indexer bien sure. Leur seule mission : dégrader la ville d’Oran, la réduire à néant et ternir son ancienne image. Les oranais d’antan s’éclipsent et la plupart d’entre eux ont fui les lieux de crainte d’être infectés par ces violents rodeurs. Quant aux autorités locales, ils fuient leurs responsabilités comme si rien n’étaitL’administration communale n’assume plus son rôle en tant qu’assemblée, elle est contaminée par la mauvaise gestion et par l’irruption de cette cosa-nostra qui est lune des consequences désastreuses de la situation. Oran n’est plus celle de si Tayeb El Mhadji, Tandjaoui et Merrazi . Elle ne souffre pas seulement de mal-vie ou de violence urbaine, elle souffre aussi d’incompétence et d’inculture. A mon avis; Oran exige un maxi-maximum d’engagement et d’abnégation de la part de la haute instance concernée. Car il s’agit de la servir et non de l’asservir. Il s’agit d’efficacité et non de privilege. Ils’agit de sacrifice quotidien, de transcendance permanente et de concertation tout azimut. Ai-je-raison ou pas? Mais pour la plupart, Oran est devenue méconnaissable et c’est bien dommage pour une si jolie métropole perdue dans les fins fonds de la géographie.

 

Si j’invite mon épouse pour une petite balade de détente, je n’entends qu’indignation, qu’insolence, mépris et insouciance. Sincèrement, on n’a le droit ni au loisir et ni à la distraction ici, c’est l’anarchie qui règne. Je ne la reconnais plus Oran. J’ai les larmes qui coulent surtout de la voir crouler sous les ordures et sur toutes sortes d’immondices. Non, non et non, Oran n’est plus Oran comme celle décrite par mon père. Le pourrissement qu’elle vit actuellement me laisse perplexe comme si il n’existait ni Wali, ni Maire  pour la gérer. Oran est ensevelie sous des monceaux de laideur, elle est devenue l’abri des incompétents et le bercail des injustes malheureusement. Il ne suffit pas d’occuper une APW ou une APC pour dominer son monde sans faire bouger le moindre des doigts. Oran est une ville paradisiaque, croyez moi mes chers lecteurs mais dont les rêves sont ailleurs.

Comme chacun le sait, du haut au dernier des deniers élus issu d’un petit Douar, ils sont tous les mêmes, chiki mal placé, complexés et restent hermétiques aux citoyens, comme si nous vivions encore dans une ère coloniale. Et pourtant c’est grâce aux braves citoyens de la ville que la plupart des élus ont été élus. A vrais dire, pas pour nous être utiles malheureusement. Enfin, ces administrations qui portent le fameux slogan « Par le Peuple et Pour le Peuple » elles ne sont accessibles qu’à ceux qui plaisent. Pour ceux du bas de l’échelle sociale et ceux qui réclament leurs droits, ils sont humiliés, soumis à la liquidation ou chassés manu-militari.

 

Pour finir, j’aurais bien aimé m’exprimer sur le TOURISME et la CULTURE mais il faut bien que je me la taise. Cependant, laissez moi pleurer ma ville et crier haut et fort : « Oh pauvre Oran des budgets disparus, doux phénomène d’évaporation typique des régions les plus chaudes, Oh pauvre Oran des projets avortés, ramassis de fœtus d’idées qui mourront en toi-même ».  

 

Mon journal 23/08/2016    

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