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Malveillance d’un perdant : Derrière les attaques d'Obama contre Poutine

Publié le par S. Sellami

Les relations entre le président russe Vladimir Poutine et le président américain Barack Obama sont envenimées et irrémédiablement compromises. C’est donc une bonne chose que Obama quitte ses fonctions le 20 janvier. Les mauvaises relations russo-US ne sont évidemment rien de nouveau. Elles ont commencé à se détériorer depuis la guerre anglo-américaine contre l’Irak en 2003. Pour Obama, il semble que tout soit devenu personnel. Le président US se comporte souvent comme un adolescent irritable, jaloux d’un rival de lycée.

Vous savez, le gamin qui fait tout mieux que lui. Le prenant mal, il ne le laissera pas continuer. Il défie son ennemi dans une nouvelle compétition à chaque occasion pour perdre qu’encore et encore. Ça doit être dur pour l’ego. Entre Obama et Poutine, il y a eu de nombreuses confrontations. Cela n’aide pas non plus que les caricaturistes occidentaux tournent si souvent Obama en ridicule, le montrent dépassé par les événements par rapport à Poutine.

 
Observons les remarques de Obama lors de sa dernière conférence de presse, vendredi 16 décembre. « Les Russes ne peuvent pas nous changer ou nous affaiblir de manière significative, » a dit Obama, « Ils sont un plus petit pays. Ils sont un pays plus faible. Leur économie ne produit rien que quiconque veuille acheter, sauf du pétrole et du gaz et des armes. Ils n’innovent pas. » C’était insultant à la fois pour Poutine et son pays, mais pas assez apparemment pour Obama. « Ils [les Russes] peuvent avoir prise sur nous si nous perdons le sens de qui nous sommes. Ils peuvent avoir une influence sur nous si nous délaissons nos valeurs. M. Poutine peut nous affaiblir, tout comme il essaie d’affaiblir l’Europe, si nous commençons à penser qu’il est acceptable d’intimider la presse, d’enfermer les dissidents ou de discriminer les gens à cause de leur foi ou de leur apparence. »
Les caricaturistes occidentaux ridiculisent très souvent Obama en le montrant hors du coup par rapport à Poutine
Les caricaturistes occidentaux ridiculisent
très souvent Obama en le montrant hors du coup par rapport à Poutine
 
 
De quoi parle M. Obama ? Intimider la presse ? Les journaux et la télévision de Moscou sont remplis de « libéraux ». Beaucoup de Russes les appellent « les cinquièmes chroniqueurs ». Selon un collègue de Moscou, ce sont « des gens dotés d’une vision du monde ‘des plus avancées’, ne tolérant pas eux-mêmes la ‘propagande russe’. » Mais M. Poutine les tolère et n’y prête pas attention.
« Enfermer les dissidents… discriminer les gens » ? Dans quel monde parallèle vit M. Obama ? Ne produit rien que les gens veuillent acheter ? Les USA achètent les moteurs de fusée qu’ils ne produisent désormais plus chez eux. Les Étasuniens peuvent peut-être se passer de la technologie russe et utiliser des trampolines de haute technologie pour aller dans l’espace, a blagué un auteur russe.
Lors d’une interview la veille à la Radio Publique Nationale, Obama  a fulminé contre Poutine. Il devait peut-être répéter pour sa conférence de presse. Obama a dit : « C’est quelqu’un, ancien chef du KGB, qui est responsable d’étouffer la démocratie en Russie… de contrer à chaque fois les efforts US visant à étendre la liberté ; il prend des décisions qui vont droit vers un massacre en Syrie. » Quelle stupéfiante hypocrisie ; quel non-sens absolu. Poutine était lieutenant-colonel au KGB, mais jamais à sa tête, et il n’a certes pas « étouffé la démocratie en Russie ». Il traite même l’opposition politique avec respect par rapport à Obama qui rejette le président élu Donald Trump comme si c’était une sorte de candidat mandchou russe. Les Russes, selon Obama, ont interféré dans les élections présidentielles US, et ont contribué à la défaite de la démocrate Hillary Clinton. Ils ont piraté le disque dur du Comité national démocrate et ont transmis des milliers de courriels à WikiLeaks, bien que, selon d’autres, un initié scandalisé par Clinton a divulgué la mémoire-cache des courriels embarrassants. Obama a fait fi de cette possibilité. Les Russes ont piraté, insiste-t-il, et Poutine doit être tenu personnellement responsable.
En soutenant des terroristes djihadistes en Syrie, l’USA et ses vassaux otaniens et régionaux font la guerre au gouvernement légitime de Damas
En soutenant des terroristes djihadistes en Syrie, 
les USA et leurs vassaux otaniens et régionaux 
font la guerre au gouvernement légitime de Damas

 
Où sont les preuves ? À Moscou, un Poutine coléreux a interpellé Obama, lui disant d’agir ou de l’écraser à jamais. C’est dur à faire pour Obama. Les Russes, dit-il, contrent « à chaque fois les efforts US visant à étendre la liberté. » On se demande bien où il a vu ça. En Ukraine, là où les USA et l’Union Européenne ont financé et dirigé le coup d’État contre le gouvernement ukrainien démocratiquement élu ? Ou en Syrie, où les USA et leurs vassaux otaniens et régionaux font la guerre contre le gouvernement légitime de Damas en sponsorisant les terroristes djihadistes ? Combien de gouvernements démocratiques ou de mouvements politiques soutenus par le peuple ont fait l’objet de complot ou ont été détruits par les USA depuis 1945 ? La longue liste inclut l’élection présidentielle russe de 1996.
Coincé ! Vous souvenez-vous du régime US lançant en 2013 sa campagne de propagande sur les armes chimiques syriennes et avertissant de ne pas franchir les « lignes rouges » ?
Coincé ! Vous souvenez-vous du régime US lançant 
en 2013 sa campagne de propagande sur les armes 
chimiques syriennes et avertissant de ne pas franchir
les « lignes rouges » ?
 
 
Obama a franchement évoqué la question de la Syrie lors de son entrevue avec la Radio Publique Nationale. La libération d’Alep-Est des griffes d’Al-Qaïda et des autres djihadistes a rendu l’Occident furieux. À la honte éternelle de la France, la Tour Eiffel a été enténébrée pour pleurer la défaite d’Al-Qaïda. Les médias dominants sont outrés. La Russie, l’Iran, le Hezbollah, les milices palestiniennes et irakiennes, ont aidé l’armée arabe syrienne à nettoyer Alep des terroristes djihadistes et à déjouer les USA et leurs vassaux. Ce qui irrite Obama, c’est que ses tactiques ont été déjouées par un plus petit homme que lui et par un pays moins important que les USA. Qualifier la libération d’Alep-Est de « massacre en Syrie », est d’un niveau affligeant.
La frustration d’Obama est née il y a plusieurs années. Vous souvenez-vous du régime US lançant en 2013 sa campagne de propagande sur les armes chimiques syriennes et avertissant de ne pas franchir les « lignes rouges » ? Le régime US est apparemment passé à deux doigts de lancer de massives attaques aériennes contre la Syrie. Poutine est intervenu et le gouvernement syrien a renoncé à ses armes chimiques, éliminant ainsi le prétexte de l’intervention US. La presse a vu avec joie Poutine aider Obama à se sortir de son propre bourbier. Pendant ce temps, essayant de détourner les USA de leurs politiques ruineuses, Poutine a continué à conseiller vivement que les Russes et les Étasuniens coopèrent contre les djihadistes en Syrie. En vain. Qui donc a montré les plus grandes de qualités d’homme d’État, Poutine ou Obama ?
La presse a vu avec la joie au cœur Poutine aider Obama à se sortir de son propre bourbier
La presse a vu avec la joie au cœur Poutine 
aider Obama à se sortir de son propre bourbier

 
Momentanément contrarié en Syrie, les USA ont ouvert un nouveau front sur la frontière sud de la Russie, en Ukraine. Ils ont financé le coup d’État à Kiev et fermé les yeux sur l’avant-garde fasciste qui maintient au pouvoir la nouvelle junte ukrainienne. Pensant que l’OTAN avait remporté une belle victoire en mettant la patte sur Sébastopol pour pouvoir chasser la flotte russe de sa base traditionnelle en mer Noire, les responsables à Washington ont déclaré : « Les fascistes ne sont que quelques brebis galeuses. »
Vous devez faire confiance à Obama ; ambitieux, il aspirait à un grand prix et s’efforçait d’humilier la Russie et son président. Il a une fois de plus été déjoué, non pas tant par le président Poutine que par les Russes de Crimée, qui ont immédiatement mobilisé leurs unités d’autodéfense locales soutenues par des « gens polis », des marines russes stationnés à Sébastopol, pour chasser les Ukrainiens avec à peine un coup de feu tiré. Ils ont organisé un référendum pour ratifier leur entrée dans la Fédération de Russie. Promptement approuvée par la grande majorité, la réunification a été célébrée à Moscou. Poutine a tenu un discours remarquable desincérité pour expliquer la position russe : « L’OTAN reste une alliance militaire et nous ne voulons pas d’un truc pareil directement chez nous, à notre porte ou sur notre territoire historique. Je ne puis tout simplement pas imaginer aller visiter les marins de l’OTAN à Sébastopol. La plupart d’entre eux sont naturellement des gars merveilleux, mais il serait préférable qu’ils viennent nous rendre visite, soient nos invités, plutôt que l’inverse. »
Tout s’est produit si vite ; Obama doit avoir regardé, ahuri, postillonnant avec la colère de la frustration d’avoir été déjoué par les Russes de Crimée qui, après tout, savaient une chose ou deux au sujet d’« innover » et de défendre leurs terres. Les Russes de l’Ukraine orientale ont aussi résisté en prenant les armes pour se défendre contre les bataillons fascistes de Kiev.
L'OTAN reste une alliance militaire et nous ne voulons pas d’un truc pareil directement chez nous, à notre porte
L’OTAN reste une alliance militaire
et nous ne voulons pas d’un truc pareil 
directement chez nous, à notre porte
C’en était trop. Poutine est devenu l’ennemi d’Obama. Le président US a contre-attaqué par des sanctions économiques, rapidement appuyées par ses vassaux européens. Quand le vol MH17 de la compagnie aérienne de Malaisie a été abattu au-dessus de l’Ukraine orientale, sans la moindre preuve, Obama et l’UE ont aussitôt accusé Poutine d’en être responsable. En fait, les éléments de preuve disponibles indiquent que la junte de Kiev est la partie coupable, mais les médias dominants n’y ont prêté aucune attention. Dans l’intention de saboter l’économie russe et de briser le gouvernement russe, ils ont orchestré une campagne de propagande qui a entraîné des sanctions plus dures contre la Russie.
Obama et ses conseillers se sont de nouveau trompés dans leurs calculs. Le gouvernement russe a instauré ses propres sanctions contre l’UE, cherché de nouvelles sources de ravitaillement ou remplacé les importations étrangères par des produits russes. « On peut se passer des pommes polonaises et du fromage français, » pensaient la majorité des Russes. Les « libéraux » faisaient la tête à cause de la perte de leur camembert, mais c’est un petit prix à payer pour l’indépendance russe. Obama a été surpassé en finesse par les Russes qui, insiste-t-il, sont incapables d’innover. Quant à l’UE, dans une banale histoire de se tirer une balle dans le pied, elle a subi d’énormes pertes économiques, à cause des sanctions ordonnées par les USA. Cela devenant une habitude, l’UE a reconduit ses sanctions contre la Russie.
Dans une banale histoire de se tirer une balle dans le pied, l’UE a subi d'énormes pertes économiques, à cause des sanctions ordonnées par l’USA
Dans une banale histoire de se tirer une balle dans le pied, 
l’UE a subi d’énormes pertes économiques, 
à cause des sanctions ordonnées par les USA

 
La crise ukrainienne s’éternisant, Obama a dû détourner son attention de la Syrie. En automne 2015, Poutine a ordonné aux forces aérospatiales et navales russes d’intervenir au nom du gouvernement syrien, qui avait demandé de l’aide contre l’invasion djihadiste sponsorisée par l’Occident. Lentement, le cours de la bataille a tourné. Encore une fois, Obama a été pris au dépourvu ; encore une fois, le plan US visant à renverser le gouvernement syrien a été contrarié par l’ennemi d’Obama. Les USA ont tenté des trêves bidons pour permettre de rééquiper et réapprovisionner leurs mercenaires djihadistes. Au début, semblant ne pas piger, les Russes pensaient sincères les propositions US et les acceptaient. Ils ont dû apprendre à la dure, mais ils ont finalement pigé. La libération d’Alep-Est, bien qu’assombrie par la perte simultanée de Palmyre, est un autre coup à la politique d’Obama et à son fragile ego.
Comment ce « plus faible... plus petit pays » pourrait-il surpasser en finesse le tout-puissant M. Obama et le grand USA qui exerce l’hégémonie ?
Comment ce « plus faible… plus petit pays » 
pourrait-il surpasser en finesse le tout-puissant 
M. Obama et le grand USA qui exerce l’hégémonie ?
 
 
Pas étonnant que le président US s’en prenne violemment à Poutine, l’insulte publiquement lui et son pays. Pas étonnant que les médias dominants soient outrés. Comment ce « plus faible… plus petit pays » pourrait-il damer le pion au tout-puissant M. Obama et aux grands USA qui exercent l’hégémonie ?
Comme l’URSS autrefois, la Russie a toujours dû appliquer la politique du faible, les politiques du pauvre dépourvu à jamais des ressources abondantes de l’adversaire occidental. Les Russes ont appris dès le début à innover. Le renard doit faire son chemin dans un monde plein de loups dangereux.
Ce que Obama doit haïr le plus, c’est le dévoilement par Poutine du soutien US à Al-Qaïda et à l’État islamique. Qui est vraiment responsable des massacres en Syrie ? Obama appelle ça la lutte pour la démocratie. « La démocratie des attaques aériennes », a répondu une fois Poutine l’air narquois. Choquant les médias dominants, en 2015, il lui a demandé à l’ONU « Réalisez-vous ce que vous avez fait ? » Manifestement pas, si l’on en juge par les remarques de Obama ces derniers jours. Il est toujours l’adolescent obsédé par des doutes sur lui-même et par un vrai homme d’État qui lui est supérieur. Dieu merci, Obama est sur le point de quitter la Maison Blanche. Ce n’est pas trop tôt. 
La célèbre remarque de Olliver Cromwell, en 1653 au Parlement Rump, paraît appropriée : « Vous avez siégé trop longtemps pour tout le bien que vous fîtes ces derniers temps… Je dis partez ; et laissez nous en finir avec vous. Au nom de Dieu, partez ! »
Michael Jabara Carley
 
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Lettre à Dieu

Publié le par S. Sellami

Je ne suis pas déçue, non. Je ne suis pas déçue.
J'ai reçu un très beau parchemin, une plume d'oie et de l'encre au noir.
Et j'ai du mal à y croire.
Je vais devoir écrire à Dieu.
Sans savoir si je dois attacher ou détacher le "a".
M'adresser à Dieu ou faire mes adieux.
Je crois même qu'il y a un passage secret entre les deux.

Mon Dieu
Je crois que j'ai compris
Compris qu'il y a peu de choses à comprendre
Que vivre, c'est courir
Courir le risque de se méprendre.
C'est un niveau de conscience à atteindre
Un monde dépeint et qu'il faut sans cesse repeindre...

Mon Dieu
Je crois que je sais
où se situe la joie, où se situe la douleur
La douleur, au niveau de l'imaginaire
Elle est dérisoire et éphémère.
La joie, au niveau des viscères
Elle est viscérale et sincère.

C'est pour cette raison
Qu'il faut dédramatiser tout le temps
Songer à l'absolu et relativiser
Songer à la Grâce et pardonner
Songer à l'éternité et oublier
Les morsures de l'actualité,
Les blessures de l'humanité
Tout passe, y compris nous autres passagers
Et même si tout prend feu... la Foi est là pour l'éteindre

Lettre à Dieu /- Joyeuses fêtes à tous !

https://www.lejournaldepersonne.com
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Vidéo de la visite du président Al Assad et sa famille au Monastère Notre-Dame à #Saidnaya dans la province de #Damas. 25/12/2016

Publié le par S. Sellami

Vidéo de la visite du président Al Assad et sa famille au Monastère Notre-Dame à #Saidnaya dans la province de #Damas. 25/12/2016
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Christine Lagarde pourrait encore descendre

Publié le par S. Sellami

Une condamnation pénale en France n'a pas mis fin à la carrière du chef du FMI - mais la combinaison de la Grèce et Donald Trump pourrait détruire son héritage.

Christine Lagarde Could Still Go Down

Christine Lagarde est en sécurité. Bien moins sûre est son héritage en tant que directeur général du Fonds monétaire international. Quelques heures après qu'un tribunal de Paris l'ait déclarée coupable lundi d'avoir négligé ses fonctions en tant que ministre des finances français il y a plusieurs années, le conseil d'administration du FMI a déclaré qu'il a "pleinement confiance" en Lagarde  face aux défis difficiles auxquels est confrontée l'économie mondiale ». La déclaration du conseil, qui représente les 189 pays membres du FMI, a rapidement annulé la spéculation que Lagarde pourrait avoir à démissionner comme son prédécesseur, Dominique Strauss-Kahn, lorsqu'il a été arrêté sur des accusations d'agression sexuelle en mai 2011.

Personne ne devrait être surpris que Lagarde a reçu une approbation aussi honnête. Son rôle de gouverneure du FMI a fait l'objet de très bons commentaires - elle a été rééligible cette année à un deuxième mandat de cinq ans - et le fonds a bénéficié d'une amélioration spectaculaire depuis sa prise de contrôle. En effet, elle est appréciée a quelque chose qui ressemble à un statut de rock star parmi les fonctionnaires internationaux, hopscotching le globe à la couverture médiatique louable qui prête l'autorité à ses déclarations petites et grandes. Son aura dominante, levée par la féminité, n'est qu'une partie de l'explication; Ce qui alimente également sa popularité sont ses initiatives pour le FMI de se concentrer sur des questions telles que la disparité entre les sexes, l'inégalité des revenus et le changement climatique. Son apparition sur The Daily Show en février 2015, où les applaudissements de l'auditoire l'a accueillie sur scène, a été illustrée par le phénomène, suivie d'une entrevue amicale avec l'hôte Jon Stewart - un tour de force de relations publiques que ses prédécesseurs n'auraient jamais pu rêver.

De plus, le procès contre elle, était à peine écrasant; Elle a été accusée d'avoir omis d'interjeter appel d'un arbitre accordant un paiement douteux de 400 millions d'euros à un magnat allié du président Nicolas Sarkozy. Elle avait une explication plausible de ses actes, et même le procureur a décrit la preuve concernant son prétendu mauvais usage des fonds publics comme «très faible». Le tribunal a statué que, malgré son verdict, aucune sanction n'était justifiée.                                        Il n'est donc pas étonnant que les pays membres du FMI aient choisi de négliger les allégations de transgression de Lagarde et renouvelé son mandat de leader. Mais elle aura besoin de beaucoup plus d'habileté et de chance pour surmonter les dangers auxquels le fonds est confronté pendant les quatre années restantes de son second mandat. Deux problèmes se présentent comme des menaces qui pourraient sordonner son dossier et nuire à l'institution qu'elle dirige.

 

Le premier est la crise grecque, qui se dirige vers encore une autre confrontation après sept ans de turbulences économique-écrasante. Beaucoup au FMI - son personnel, sa direction et son conseil d'administration - sont impatients que le fonds se redemande pour les erreurs qu'il a commises pendant la crise de la zone euro, notamment en Grèce, bénéficiaire des plus gros prêts de restructuration jamais fournis par le fonds n'importe quel pays. Certaines des décisions les plus discutables ont été prises en 2010, lorsque Athènes a chancelé sur le bord d'un défaut de la dette, et au début de 2011 - avant Lagarde a pris la barre du FMI. Mais certains sont venus sur sa montre

Sous la pression de décideurs politiques puissants et austéristes, le FMI s'est joint aux programmes de sauvetage pour la Grèce en 2010 et 2012 qui ont plongé la dette sur la dette et imposé des conditions excessivement dures au gouvernement grec. Les sauvetages étaient basés sur des hypothèses très optimistes sur la capacité de l'économie à se rétablir et sur la capacité d'Athènes de continuer à payer ses obligations. Comme l'absurdité de ces hypothèses - et la non-durabilité de la dette grecque - est devenue de plus en plus évidente, le FMI a été vivement critiqué pour avoir cédé aux demandes des capitales européennes qui exercent une influence disproportionnée sur sa politique. Cela a miné l'institution de son atout le plus précieux - sa crédibilité en tant qu'arbitre indépendant et neutre de la façon de résoudre les problèmes économiques et financiers qui affligent les pays, les régions et le monde dans son ensemble. Cette crédibilité est particulièrement cruciale lorsqu'il s'agit d'apaiser les crises, car les marchés financiers perdront confiance dans les déclarations et les analyses du FMI s'ils le jugent excessivement susceptible d'ingérence politique.

Au crédit de Lagarde, le FMI a finalement rompu publiquement avec l'Europe à la mi-2015 alors que les termes du troisième plan de sauvetage de la Grèce ont été négociés. Bien que le fonds ait fonctionné au cours des années précédentes avec des hypothèses selon lesquelles le gouvernement grec pourrait générer d'énormes excédents budgétaires dans l'avenir qui permettrait à Athènes de rembourser sa dette, les fonctionnaires du FMI ne voulaient pas endosser ces contes de fées à nouveau. Le FMI a fait valoir, à juste titre, que ces demandes sont irréalistes et contre-productives pour l'économie frappée par la récession; Les créanciers européens de la Grèce devraient plutôt annuler une grande partie de la dette qu'Athènes leur doit. Mais le gouvernement allemand est particulièrement catégorique en rejetant l'excuse de la dette, et il est possible que Lagarde accepte finalement un stitch-up basé sur la crédulité des projections contraignantes que les autorités grecques vont corriger les problèmes de leur économie. Cela épargnerait Angela Merkel, le chancelier assiégé de l'Allemagne, d'un revers politique supplémentaire, mais il laisserait le FMI vulnérable aux accusations qu'il avait une fois de plus compromis son intégrité technocratique.

La deuxième menace potentiellement beaucoup plus inquiétante pour Lagarde est la présidence imminente de Donald Trump. Certains des points de vue qu'elle a adoptés qui enthousiasme les spectateurs du Daily Show - parmi eux, la nécessité d'une action internationale sur le changement climatique et les avantages économiques de la migration - ne vont pas la faire aimer à la nouvelle administration des États-Unis. Il en va de même pour ses avertissements contre les dangers du protectionnisme - elle a donné une interview lors de la campagne au Financial Times en utilisant le mot "désastreux" pour décrire les politiques de levée de barrières commerciales du genre promis par Trump (bien qu'elle ait pris soin d'éviter de le mentionner  par son  nom). Peut-être le plus problématique est la déclaration du FMI l'année dernière que la monnaie chinoise n'est plus sous-évaluée, ce qui est clairement en contradiction avec le vœu de Trump de déclarer Pékin coupable de manipulation monétaire injuste.

Les États-Unis sont le plus grand actionnaire du FMI, avec 16,5 pour cent des droits de vote au conseil. Ce n'est évidemment pas suffisant à eux "USA" pour imposer des changements dans la politique ou le personnel du FMI, mais la capacité du Fonds à fonctionner pourrait être gravement compromise en cas d'un choc majeur avec la Maison Blanche. Le leadership américain a été essentiel à l'efficacité de l'institution depuis sa création à la fin de la Seconde Guerre mondiale, et le conseil d'administration fonctionne sur une tradition de consensus.                                      Les incertitudes sont nombreuses. Peut-être le FMI échappera-t-il à l'avis de Trump lui-même; La supervision du fonds relève de la responsabilité du Département du Trésor. Mais vu le comportement du président élu depuis sa victoire, il semble difficilement concevable qu'il puisse prendre un grand ombrage à quelque chose que Lagarde a dit ou fait. Est-il si difficile d'imaginer, par exemple, des tweets émanant du compte @POTUS accusant "Negligent Christine" de manquer le bateau sur le renminbi chinois? Et cette acrimonie ne pourrait-elle pas amener Trump à exiger, par exemple, que le représentant des États-Unis au conseil d'administration du FMI exerce son pouvoir de déjouer l'ordre du jour du directeur général? Ou même exiger un retrait des États-Unis, comme il l'a menacé concernant l'Organisation mondiale du commerce?
 

Par conséquent, Lagarde sera obligée de s'assurer qu'elle ne gonfle pas gratuitement les tensions avec l'administration américaine. En même temps, cependant, le silence excessif ou les déclarations de namby-pamby devant des politiques qui menacent l'économie mondiale ferait le fond paraître absolument feckless, affronter n'importe quel prétexte qu'il a en tant que «vérité-teller impitoyable» aux gouvernements du monde. Le charme, l'intelligence, le talent de leadership et l'esprit public ont emmené Lagarde loin. Toute sa débrouillardise sera essentielle si elle doit quitter son emploi avec quelque chose ressemblant à l'estime dans laquelle elle est actuellement tenue.                                                                                                                                                                                 Crédit photo: JOHN LAMPARSKI / Getty Images

Texte traduit de l'Anglais sommairement                                                                                                                                                                                                  http://foreignpolicy.com/  
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Le Liban c’est ça aussi : une chorale musulmane qui chante Noël dans une église

Publié le par S. Sellami

Bien sûr que le Liban est gangréné par la corruption, bien sûr qu’il est miné par le confessionnalisme. Bien sûr que les Libanais sont sectaires et qu’ils ont la fâcheuse tendance de toujours se replier vers leurs communautés. Bien sûr que des chrétiens et des musulmans se sont entretués. Mais, aussi imparfait soit-il, il reste un havre de tolérance entre les religions et un exemple de coexistence.

Non pas à cause d’une idéologie quelconque, mais parce que les Libanais ont toujours vécu ensemble, et quand ils ont essayé de se séparer ou de se dominer l’un l’autre, ils ont perdu, tous, sans exception. Différentes communautés ont également coexistées dans d’autre pays de la région, mais le prix de cette coexistence était la confiscation des libertés politiques, le règne sans partage des partis uniques, la dictature et la répression.

Alors qu’au Liban, malgré les nombreuses guerres qui l’ont déchiré et les différentes occupations étrangères qu’il a subit, la coexistence s’est accommodée d’une relative démocratie et d’une liberté qui n’existe dans aucun autre pays arabe. La diversité et la tolérance interreligieuses n’y sont pas factices, elles sont existentielles. Sans ses chrétiens, sans ses musulmans, sans ses dix-huit communautés religieuses, le Liban ne serait tout simplement pas le Liban.

La chorale des orphelines de la Fondation de l’Imam Moussa al-Sadr venue chanter Noel à l’église Saint-Elie de Beyrouth en est la parfaite illustration. Ce spectacle, a priori anodin, peut représenter un exemple à suivre pour les autres pays, notamment en Europe, où malgré les vaines tentatives de formatage artificiel des esprits, les uns et les autres vivent dans une méfiance réciproque sans cesse grandissante. 

Abolir les fêtes religieuses, comme certains rêvent de le faire, en France ou ailleurs, est une aberration. Ces fêtes, il faut les célébrer toutes, et il faut les célébrer tous ensemble. Pour que les uns et les autres apprennent les croyances et les traditions des uns et des autres. En n’oubliant jamais les règles premières de l’hospitalité : l’hôte ne demande jamais à son invité de renier qui il est, et l’invité respecte en tous points les règles et les particularités de son hôte.
 
L’hospitalité, voilà encore une chose que Le Liban aurait à apprendre au reste du monde. Si seulement les Libanais comprenaient qu’au lieu de toujours importer les artifices venus d’ailleurs, ils pourraient exporter les fondamentaux de leur culture et de leur expérience, et ce faisant aider à construire le vivre ensemble universel.

© Claude El Khal, 2016.                                                                                      http://claudeelkhal.blogspot.fr 

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De l’Islam en France à l’Islam de France. Le vrai défi à relever.

Publié le par S. Sellami

Islam France

“Dieu, c’est comme le sucre dans le lait chaud. Il est partout et on ne Le voit pas… Et plus on Le cherche, moins on Le trouve.”

Coluche

 

Encore une fois les Musulmans à leur corps défendant sont invités dans le débat qui fait rage partout dans le monde: que faire de ces musulmans pris dans leur globalité et qui posent problème à l’Occident? Manipulés en tout sens, ils sont victimes de manoeuvres des puissances des ténèbres, qui les font représenter par un islam sanguinaire qui leur donne toutes les légitimités au nom de la responsabilité collective de faire des musulmans des parias. Au lieu de construire un vivre ensemble et donner les mêmes chances à tous les jeunes de France, on délibère sur les conséquences regrettables certes, sans s’interroger sur les causes.

Les attentats djihadistes au nom de l’Islam

Cette semaine sera à marquer d’une pierre noire. En dehors du brasier d’Alep, il y a eu la mort de l’ambassadeur de la Russie pays qui tente d’arrêter la spirale de la violence, il y a eu les attaques terroristes devenues rituelles en Turquie. Il y a eu aussi l’attaque en Jordanie qui fit plus d’une douzaine de morts – musulmans- que les médias occidentaux ont rapidement zappé préférant zoomer sur l’attaque terroriste en Allemagne. Curieusement ce n’est pas un langage de vengeance qui sera donné par la chancelière qui en appelle à l’unité, mais aussi au devoir de ne pas s’écarter de la noblesse de sa politique d’accueil de l’étranger. Elle déclare: «Les raisons de cet acte atroce seront éclaircies, a assuré la chancelière. Nous n’en savons pas beaucoup sur cet acte, mais nous pouvons déjà dire qu’il s’agit d’un acte terroriste. Je sais que cela serait pour nous particulièrement difficile à supporter s’il se confirme que cet acte a été commis par une personne qui a demandé à l’Allemagne protection et asile. Ce serait particulièrement odieux pour tous ces Allemands qui sont engagés jour après jour pour aider les réfugiés et pour tous ces gens qui ont besoin de notre protection chaque jour et s’efforcent de s’intégrer. Nous ne voulons pas vivre avec la peur qui nous est imposée par le mal. Nous allons trouver la force de continuer à vivre libres, ensemble et dans un esprit d’ouverture?» (1)

Le langage guerrier des politiques

 «Nous sommes en guerre» des responsables en France toutes tendances confondues et qui adoptent des lois de plus en plus contraignantes et liberticides sauf que pour le moment, le maître mot est que c’est un mal nécessaire. Le danger est de voir de plus en plus le corps social travaillé par ces appels à la haine de Français musulmans pratiquant l’amalgame en omettant de dire que les musulmans sont les premiers à en souffrir. Le New York Times a compilé plus de mille témoignages recensant la souffrance quotidienne des femmes musulmanes en Europe, plus particulièrement en Belgique et en France. Plus d’un millier de femmes ont répondu, «de France, de Belgique et d’ailleurs», faisant part de leur détresse et des discriminations quotidiennes dont elles font l’objet parce qu’elles sont musulmanes – voilées ou non.: «Peur un jour de porter une lune jaune sur mes habits.» Charlotte étudiante de 23 ans à Toulouse explique ainsi: «On m’insulte, me crache dessus (littéralement) tous les jours dans le métro, le bus, mon école. Pourtant, je n’ai jamais insulté, frappé quelqu’un. Non, je suis juste musulmane. Je pense sérieusement partir vivre ailleurs, où le regard des autres ne me fera plus pleurer chaque soir dans mon lit. J’ai peur un jour de porter une lune jaune sur mes habits, comme l’étoile de David pour les juifs (…)» Pour Assia Boukhelifa, 22 ans, étudiante en sciences politiques à Lille. «Je trouve fou que les Français ont l’air de découvrir l’islam et nous parlent encore d’intégration alors qu’on en est aujourd’hui à la 3e, voire 4e génération de Maghrébins musulmans en France.» [1]

Quelle place  pour  l’Islam en France ?

On dit qu’il y a près de 5 millions de personnes nées musulmanes pratiquantes à des degrés divers ou non pratiquantes, pour la majorité nées en France et à ce titre qui devraient être des Français à part entière au nom du droit du sol. Gilles Devers écrit à ce propos que l’on invente rien: «´´Islam de France´´, c’est un concept sarkozyste, que l’on retrouve logiquement dans les bagages de ce soldeur de la gauche qu’est Hollande, comme c’était écrit dès 2012. (…) Ah oui un Islam Bleu-Blanc-Rouge? Avec un gouvernement qui organise un culte dans un pays qui professe la séparation de l’État et des cultes, faites-moi rire… Dans le bazar actuel, où l’excité du burkini veut changer la Constitution de 1958 pour régler la vie des plages, le discours d’un Cazeneuve devient presque un bienfait. (…) c’est la même logique, la même volonté de domination: à coups de bâton ou avec de gentilles lois, il faut mater le muslim.» Gilles Devers pointe le vrai problème, peut-on être citoyen français et avoir sa propre religion sans que cela ne pose problème: «C’est la vraie ligne de fracture: êtes-vous capable de considérer ou non une personne parce qu’elle est musulmane et qu’elle a donc une vie spirituelle autonome? De droite ou de gauche, Juppé compris – qui nous fait le coup de la charte – incapables de comprendre le monde tel qu’il est. Sur ce point, je ne peux que déplorer de voir le staff dirigeant français de l’islam courir comme une dernière bouée de secours au service de ce colonialisme sans fin…» (2)

Les tentatives de dociliser l’islam échouent: «Le chantier d’un ‘islam de France” connaît un nouvel écueil: la Grande mosquée de Paris menace de ne pas participer à la prochaine réunion de l’ ‘instance de dialogue” des musulmans avec l’Etat, sur fond de rivalités incessantes et paralysantes entre institutions. «Dans sa ‘nouvelle étape” en vue d’un ‘islam de France”, «le gouvernement a besoin d’aller vite pour faire une démonstration, en particulier parce que les échéances électorales approchent.», Cette instance a été lancée au printemps 2015 par Bernard Cazeneuve. Le ministre de l’Intérieur était désireux d’élargir le cadre du dialogue avec la deuxième religion de France actuellement représentée par des gestionnaires de mosquées en mal d’image et d’efficacité, Mais la GMP, dirigée par Dalil Boubakeur, estime que le gouvernement «cherche à entériner (ses) initiatives dans la précipitation et la confusion, sans une large et longue consultation consensuelle, comme ce fut le cas pour l’édification sereine du Conseil français du culte musulman (Cfcm)» (3)

Une histoire apaisée de l’islam

A contrario, l’histoire suivante est là pour nous rappeler qu’il peut exister un islam serein accepté, non imposé. C’est le cas de Marine, convertie à l’islam qui déclare: «Je suis toujours la même, en mieux.»

«Ma conversion est une sorte d’émancipation» (…) Son cheminement, les étapes qui l’ont amenée à se convertir, a été progressif. En 2011, elle commence à se renseigner dans son coin – elle ne compte pas de musulmans parmi ses proches -, sur l’histoire et la pratique de cette religion. «Je voulais me faire ma propre idée d’une religion mal représentée, notamment dans les médias.» Elle lit le Coran en français et passe beaucoup de temps sur Internet, à consulter des forums. Petit à petit, elle arrête de sortir, de boire de l’alcool et de manger du porc. (…) »

«  En janvier 2012, Marine prend sa décision. Elle a décidé depuis quelque temps, mais, sans personne pour la guider dans son entourage, elle ne sait pas comment procéder. Une rencontre va l’aider à sauter le pas. Ce jour-là, elle est en charge des cabines d’essayages d’une boutique de prêt-à-porter pour laquelle elle travaille en alternance. Elle approche une femme voilée, Alya, à peine plus âgée qu’elle (…) Elle lui demande de lui indiquer une mosquée où se convertir. Les deux femmes sympathisent et finissent par devenir amies. (…) Un mois après leur première rencontre, Alya accompagne Marine se convertir à la mosquée de l’Argonne, dans le nord d’Orléans. Avec son amie à ses côtés, elle récite la shahada – l’attestation de foi – un soir, dans une mosquée déserte. «J’ai pleuré, évidemment, car je me suis sentie en quelque sorte bénie et comblée, et surtout plus légère», se souvient-elle avec émotion. «Au fond, il n’y a pas grand-chose d’interdit.» (…) Pauline a-t-elle songé à suivre le chemin emprunté par sa grande soeur? «Ah non, pas du tout. Je n’arrive pas à avoir le feeling avec la religion, parce que je n’aimerais pas être limitée par un texte. On respecte nos choix», répète Pauline. Marine abonde: «Je ne vais pas l’empêcher de s’habiller comme elle veut ou la juger si elle porte une mini-jupe.» Elle regarde sa soeur en lui souriant: «Bon, par contre, je ne vais pas lui offrir un saucisson!» Et elles éclatent de rire.» (4)

Un Islam de France est possible: le credo de ceux qui savent tout

S’intéresser à l’islam et donner son avis est devenu un filon dans lequel se sont engouffrés tous les spécialistes autoproclamés à l’instar de Gilles Kepel – qui arrive à publier un ouvrage par an, sur l’Islam, le dernier en deux mois entre novembre 2015 et janvier 2016 ! c’est dire si diaboliser l’Islam … c’est porteur – sur la nécessité de combattre les conséquences  terroristes et qui dictent ce faisant aux Français comment ils doivent traiter l’Islam en France. Certains Thinks Tanks proposent des études avec un titre racoleur: «Un islam français est possible?»  Ainsi, dans l’étude de l’Institut Montaigne nous trouvons un catalogue à la Prévert de ce qu’il faut faire en jetant l’anathème sur le financement externe des mosquées, sur le Cfcm, sur la nouvelle équipe dirigée par Jean-Pierre Chevènement chargée de réfléchir à un islam de France. Hakim El Karoui préposé justement à défendre ce brûlot en rajoute dans la plus pure tradition de la haine de soi. Morceaux choisis: «Pourquoi travailler sur l’islam en 2016? Parce que la violence qui s’est déchaînée en son nom en France, contre des Français, ne peut rester sans réponse. Il faut engager des changements profonds dans l’organisation de cette religion pour lui. Il encense ensuite une frange en diabolisant l’autre. Deux réalités très différentes donc: une majorité silencieuse, très souvent pratiquante, mais sans conflit majeur avec les normes de la société française, d’une part; une minorité, attirée par le fondamentalisme, qui utilise l’islam pour dire sa révolte, d’autre part.

Pour Hakim El Karaoui cinq mutations majeures doivent pourtant être engagées:

«Sortir l’islam de France de la minorité mettre fin à la tutelle d’États étrangers, qui ne tolèreraient en aucune manière sur leur sol ce qu’ils pratiquent en France: faire émerger de nouveaux cadres, religieux et laïcs, nés en France. Assurer à l’islam de France des ressources financières transparentes, travailler de façon efficace à la formulation et à la diffusion d’interprétations de l’islam alternatives aux discours de fermeture, de séparation et de soumission. Construire un islam français est donc possible mais, ô combien difficile! C’est pourquoi l’État devra s’investir au plus haut niveau pour faire émerger cette nouvelle organisation de l’islam français car il a encore un rôle à jouer pour faciliter les changements avant de se retirer ensuite, conformément au principe de laïcité. L’enjeu est essentiel: c’est notre cohésion nationale qu’il faut préserver, et, c’est aussi, pour les musulmans, l’occasion d’inventer une nouvelle modernité religieuse ». (5)

«Face au danger terroriste, écrit il en préface du rapport ,  l’État se doit d’apporter une réponse sécuritaire. Vient ensuite l’injonction: «L’islam de France doit devenir français. Il ne l’est pas aujourd’hui. Les personnes qui le gèrent et celles qui représentent les musulmans français sont encore étroitement liées aux États d’origine. Elles ont importé les tensions qui existent entre certains États du Maghreb. Elles ne savent pas proposer des solutions susceptibles d’accélérer la sereine insertion de la majorité silencieuse, mais aussi des mesures destinées à combattre le fondamentalisme, tout en ramenant le plus grand nombre possible de musulmans, souvent des jeunes tentés par l’intégrisme vers des croyances et des idées en phase avec les valeurs républicaines.» (5)

On peut se demander à qui est destiné ce rapport? Venant d’un Français qui se veut plus français et qui diabolise les pays qui ont peut-être vu naître ses parents.

La réalité: soigner les causes plutôt que les conséquences

On peut s’interroger à juste titre, pourquoi il n’y a pas eu de curée verbale telle que celle qui a eu lieu en France, où les Français  d’espérance musulmane sont sommés chaque fois de se disculper par l’itératif  « Pas en mon nom » . Les Français de souche  ou assimilés s’ils sont d’espérance chrétienne ou juive croyant ou pas-  ne considèrent pas les Français de culture musulmane  croyants ou pas comme des Français à part entière. Ils n’ont pas cette empathie qui fait que ce pays qui a accueilli en en une année cinq  fois que tous les autres pays d’Europe  réunis  ne jette pas l’anathème sur les émigrés. Au contraire  à l’instar de la chancelière , ils croient en la force des institutions et à la forte volonté d’intégration du peuple allemand malgré ce tragique attentat. Il n’est pas question de déclarer la guerre à la mode Valls qui n’a pas cessé d’attiser les tensions montrant par là qu’il le fait par conviction ,il s’en est d’ailleurs expliqué longuement sur l’islam, au traditionnel tribunal dinatoire du Crif, pour reprendre l’expression d’Alain Finkielkraut, en février 2016

De fait dans l’attentat de Berlin à titre d’exemple, il n’y a pas cette curée des politiques pour des visées électoralistes et ils dressent des Français contre des Français. Nous lisons:

«Les Allemands vont-ils réussir à conserver leur sang-froid? Ou bien, neuf mois avant les élections générales, le pays risque-t-il de basculer dans une surenchère sécuritaire? «Ce que je ressens? Une profonde tristesse, une sorte d’épuisement, mais de la peur, je ne sais pas. Peut-être parce que l’on nous a tellement prévenus qu’il finirait par se passer quelque chose…», déclare Uwe, un Berlinois qui vit à dix minutes à vol d’oiseau du lieu de l’attaque. Jusqu’à aujourd’hui, la police allemande reconnaît une vingtaine d’attentats déjoués depuis 2002 et deux attentats perpétrés au nom de l’État islamique cet été, un bilan infiniment plus clément que le bilan français. Pourquoi? Il est difficile de trouver des arguments convaincants. Mais il est clair que l’Allemagne a une autre histoire migratoire que la France. Par ailleurs, malgré les différences de succès notoires en fonction des milieux d’origine, le très efficace système d’apprentissage dual a peut-être contribué à mieux intégrer qu’en France les enfants allemands issus de l’immigration. Enfin, autre explication, la position diplomatique traditionnellement prudente de l’Allemagne en fait peut-être une cible moins évidente.» (1)

A lire le rapport, l’Institut Montaigne et Hakim El Karoui sont les seuls à détenir la solution pour un islam qui était toléré tant qu’il n’avait pas de visibilité due à la mal-vie des jeunes en errance et sans perspective réelle d’intégration. Pour rappel, l’Institut Montaigne a pour ambition entre autres de proposer des études, la cohésion sociale, l’Ecole primaire (le dernier Rapport Pisa pointe du doigt les inégalités en France selon les territoires), emploi des jeunes, diversité et égalité des chances). Rien de tout cela ne transparaît dans ce rapport contrairement. On peut parier que ce document laudateur ne sera lu par personne parce qu’il n’aborde pas les questions qui fâchent. Pour avoir une chance d’être crédible il eut fallu interroger les gens de cités où le chômage est surreprésenté près de 40%, il eut fallu interroger ces Français entièrement à part qui ont la priorité pour être arrêtés pour délit de faciès. Cet énième rapport ne tiendra pas la route car il occulte une donnée fondamentale, les causes qui ont amené ces jeunes à investir le champ religieux quand toutes les portes du temporel leurs sont fermées. Hakim El Karaoui propose à la République un Islam light, sans aspérité, sans le feu sacré porteur de liberté bien comprise. Il dénie à ceux qui sont nés hors de France de toucher à l’islam. Son échec est inscrit dans ses positions pour le moins discutables. (5)

Pour un  Islam gallican

On se rappelle  la belle phrase de  l’humaniste, Jacques Berque,  traducteur du Coran et fin connaisseur de l’Islam et qui parlait – à juste titre- d’un Islam gallican apaisé en symbiose avec le vécu français dont le fond rocheux chrétien est une donnée structurelle, mais qui protège par une interprétation généreuse de la République la laïcité qui garantit le libre exercice des cultes à l’ombre de ses lois. Écoutons ses mots :

« Supposez qu’il se crée en France non pas un islam français, mais un islam de France, disons pour simplifier, un islam gallican, c’est-à-dire un islam qui soit au fait des préoccupations d’une société moderne, qui résolve les problèmes qu’il n’a jamais eu à résoudre dans ses sociétés d’origine qui, pour des raisons historiques, ne sont pas des sociétés du niveau du Nord de la Méditerranée. Figurez-vous le retentissement qu’aurait cet islam de progrès sur le reste de la zone islamique » .

Ainsi rêve-t-il  écrit Adel Taamallid’un Islam de France, d’un Islam gallican, à la pointe du progrès dans le monde musulman. (…)  Même si l’Islam se caractérise par rapport au christianisme par une absence de clergé  (…) sa situation d’installation durable en France invite à se poser la question de savoir si sa propre organisation, ainsi que ses travaux canoniques et théologiques, ne doit pas se décider de manière indépendante face aux pays étrangers majoritairement musulmans. Car en effet, un islam gallican chercherait d’abord à établir un agenda en rapport avec les préoccupations directes et prioritaires des musulmans de France, sans que cela soit un appel à ce que les ponts soient coupés sur le plan spirituel avec le monde musulman lui-même, lieu depuis toujours, notamment à Al-Azhar, de la transmission de génération en génération de la phénoménale somme théologique et jurisprudentielle de l’Islam. (…) Une réflexion engagée ouvertement sur les liens entre gallicanisme et islam de France peut aider à la construction du vivre-ensemble, bien que celle-ci doive se faire par des musulmans, et selon un prisme islamique, tout en prenant en compte l’environnement social, culturel et politique. Car elle doit œuvrer avant tout pour le bien commun. (6)

On l’aura compris, le vœu de Jacques Berque risque de rester « pieux » si on amont les Français musulmans ne sont pas considérés des Français à part entière, au lieu d’être tolérés à la périphérie de la République, avec moins de droits réels, avec toujours l’insulte et le délit de facies à tout bout de champ avec la sur représentation dans le chômage, les prisons  bref tout ce qui n’appelle pas à la sérénité de l’exercice ou pas d’une religion apaisée vécue d’une façon sereine sans m’as-tu vu,  par des Français à l’ombre des lois de la République qui , en l’occurrence doit constamment témoigner dans les faits sa forte volonté d’intégration et devenir ce faisant un plébiscite de tout les jours dont parlait  si bien Ernest Renan dans sa belle conférence : Qu’est ce qu’une Nation ?

Il ne peut  y  avoir paix entre les religions que s’il n’y a pas d’interférences pour faire voler un fragile équilibre qui à titre d’exemple existe en Syrie et au Liban ,fruit d’un modus vivendi millénaire entre les différentes spiritualités . Un bel exemple nous est donné par une chorale musulmane qui chante dans une Eglise à Beyrouth au Liban nous lisons :

« Alors qu’au Liban, malgré les nombreuses guerres qui l’ont déchiré et les différentes occupations étrangères qu’il a subies, la coexistence s’est accommodée d’une relative démocratie et d’une liberté qui n’existe dans aucun autre pays arabe. La diversité et la tolérance interreligieuses n’y sont pas factices, elles sont existentielles. Sans ses chrétiens, sans ses musulmans, sans ses dix-huit communautés religieuses, le Liban ne serait tout simplement pas le Liban ».(7)

 

La chorale des orphelines de la Fondation de l’Imam Moussa al-Sadr venue chanter Noël à l’église Saint-Elie de Beyrouth en est la parfaite illustration. Ce spectacle, a priori anodin, peut représenter un exemple à suivre pour les autres pays, notamment en Europe, où malgré les vaines tentatives de formatage artificiel des esprits, les uns et les autres vivent dans une méfiance réciproque sans cesse grandissante. Abolir les fêtes religieuses, comme certains rêvent de le faire, en France ou ailleurs, est une aberration. Ces fêtes, il faut les célébrer toutes, et il faut les célébrer tous ensemble. Pour que les uns et les autres apprennent les croyances et les traditions des uns et des autres. En n’oubliant jamais les règles premières de l’hospitalité : l’hôte ne demande jamais à son invité de renier qui il est, et l’invité respecte en tous points les règles et les particularités de son hôte ».(7)

L’hospitalité, voilà encore une chose que Le Liban aurait à apprendre au reste du monde. Si seulement les Libanais comprenaient qu’au lieu de toujours importer les artifices venus d’ailleurs, ils pourraient exporter les fondamentaux de leur culture et de leur expérience, et ce faisant aider à construire le vivre ensemble universel » (7)  (8)

8.vidéo du chant : https://youtu.be/Fk6HxRgbkXM

Ce n’est pas une certain plaisir que nous rapportons cette autre empathie  « Chapeau aux libanais! écrit un internaute commentant cette admirable tolérance Une petite info venant de Damas: Depuis le début de la guerre contre la Syrie et le sabotage et sabordage des générateurs d électricité par « les combattants de la Liberté (sans blague!!) dont l ASL et entre autres à Damas, des Mosquées et des Eglises étaient aussi touchées. Alors, les cloches des Eglises si fournies d électricité sonnaient pour l appel à la prière de vendredi. De même, que le Dimanche, le mouazzen d une mosquée la plus proche d une Eglise privée d électricité, appelé à la prière de Dimanche. C’est ça le Liban et la Syrie et non pas autrement comme depuis toujours! » (9)

Dans le même ordre un autre internaute écrit : «  Tant que les musulmans et les chrétiens au Moyen-Orient et ailleurs dans le monde restent unis, l’Empire Anglo-judéo-sioniste n’arrivera à rien. Ses vampires se nourrissent des divisions . Je recommande l’écoute de Tania Kassis (Libanaise) qui chante Ave Maria accompagné par le Adhan (l’appel à la prière) Allah O Akbar.  (10) Vidéo de l’Adhan et de l’Ave Maria .https://youtu.be/IhwJpac61Dg

Bel exemple de tolérance et de vivre ensemble. Le Liban faisait partie de Bilad ECham ( la Grande Syrie) comme creuset des religions. Pour l’histoire c’est la perfide Albion ( la grande Bretagne) et son âme damnée la France qui créèrent des problème à l’Empire Ottoman pour attiser les tensions interconfessionnelles et de ce fait imposer à l’homme malade de l’Europe ( l’Empire Ottoman) un gouverneur  « Moutassarif »  chrétien . C’est à cette époque que l’Emir Abdelkader s’était illustré par un fait exceptionnel il sauva les Chrétiens de Damas des émeutes fomentées par les puissances citées plus haut. L’Emir sauva plusieurs milliers de personnes , les hébergea, les nourrit pendant plusieurs semaines jusqu’à la fin des émeutes;

Plus près de nous et dans la même tradition Le Docteur Bachar Al Assad est allé rendre visite aux religieuses de Ma’alloula après les avoir libéré des griffes de Daesch.

Les Occidentaux devraient s’inspirer de cet exemple libanais et syrien »  A n’en point douter s’agissant de l’Islam en France, une telle empathie jointe à une justice sociale qui ne laisse personne sur le bord de la route est de notre point de vue un gage de succès.

Joyeux Noël à nos frères en espérance  Paix sur Terre aux hommes de bonne volonté !

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique  Alger

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Pétition classique : “La honte qui pèse sur nous se nomme Alep”

Publié le par S. Sellami

Le graaaaaaaaaaand classique de la propagande de guerre : l’Appel des “consciences morales”, visant à manipuler les émotions naturelles face à un tel drame, dans un but politique…

Source : 21/12/2016

 
Des civils attendent leur évacuation dans Alep-Est, le 19 décembre. (Mamun Ebu Ömer / Anadolu Agency)

APPEL. Ecrivains, intellectuels, élus… Ils lancent un cri d’alarme et un appel mondial à la solidarité avec les habitants d’Alep-Est victimes d’une guerre barbare.

                              OB : pas de bol si tu vis à Alep Ouest et que tu as été bombardé par les “rebelles modérés” on s’en fout…

Martine Aubry, Michel Tubiana, Fethi Benslama, Daniel Cohn-Bendit, Erri De Luca, Annie Ernaux, Yannick Jadot, Enrique Villa-Matas, Aurélie Filippetti ou Cécile Duflot… Ils sont 74 à avoir signé le manifeste international de soutien aux habitants d’Alep-Est.

” A tous ceux qui nous entendent : des millions de vidéos vous ont été envoyées. Ce cri vient des civils d’Alep.

C’est à nous que s’adresse leur message. Nous qui ne faisons rien, ne sachant que faire.

               OB : une idée : une commission d’enquête indépendante sur le rôle de la France dans la guerre en Syrie, en particulier sur l’envoi d’arme et le soutien à des djihadistes – avec accès à tous les documents secrets défense ?

La honte qui pèse sur nous se nomme Alep.

OB : ben du coup, j’aurais surtout que la honte qui pèse sur moi s’appelle “Présidence Hollande” (et ça ça marche pour tous, même pour eux, puisqu’il laisse faire “un génocide”), et autres “bon boulot”

Après Palmyre, après Homs, après Kobané.

Alep, dont les habitants sont assassinés sans pitié.

                         OB : je crois qu’il en reste heureusement quelques-uns… Assassins par qui, vous pourriez préciser ?

Comme le furent en leur temps ceux de Srebrenica, de Grozny, ceux du ghetto de Varsovie.

                         OB : ils nous avaient déjà fait le coup de Varsovie 1944 la semaine passée, mais là il sont allés au delà, désormais c’est la liquidation du ghetto… Mais que peut-on penser à part “PAUVRES IMBÉCILES, n’avez-vous pas honte de manquer à ce point de respect pour le drame des victimes de la Shoah ?”

Il est plus que temps de le crier à Vladimir Poutine et à Bachar al-Assad en manifestant devant les bureaux des ambassades.

                         OB : bonne idée de s’attaquer aux ambassades russes en ce moment – quel génie politique !

Non, le monde ne laissera pas impunis les crimes commis contre les femmes, les enfants, les civils d’Alep.”

                         OB : on parie ? On a bien laissé impunis ceux de Falloujah, du Congo, du Yemen…

Signataires :

Homero Aridjis, écrivain, (Mexique).

Martine Aubry, maire de Lille, ancienne ministre, (France).

OB : Quand on n’est pas capable de se représenter à la primaire PS, on ne la ramène pas, hein…

Souhayr Belhassen, journaliste (Tunis).

Gioconda Belli, écrivaine, (Nicaragua).

Yadh Ben Achour, ancien doyen de la faculté des sciences juridiques de Tunis, ancien président de la Haute instance de la Révolution, (Tunisie).

Fethi Benslama, psychanalyste, (France, Tunisie).

Sophie Bessis, historienne, (Tunisie-France).

Laurent Binet, écrivain, (France).

Geneviève Brisac, écrivaine, (France).

Cristovam Buarque, sénateur, ancien ministre (Brésil).

Javier Cercas, écrivain, (Espagne).

Pierre-Antoine Chardel, sociologue, (France).

Noëlle Châtelet, écrivaine, (France).

Khadija Cherif, sociologue (Tunis).

Daniel Cohn-Bendit (Allemagne).

David Cormand, secrétaire général, EELV (France).

Andrea Cozzolino, député européen (Italie).

Juan Cruz, écrivain, journaliste Espagne).

Leyla Dakhli, historienne (Allemagne).

Miriam Dalli, députée européenne (Malte).

Erri De Luca, écrivain (Italie).

Maria Duenas, écrivaine (Espagne).

Cécile Duflot, députée, ancienne ministre (France).

Pascal Durand, député européen (France).

Lionel Duroy, écrivain (France).

Dominique Eddé, écrivaine (Liban).

Annie Ernaux, écrivaine (France).

Andrew Feenberg, philosophe (Canada).

Anne-Marie Feenberg-Dibon, universitaire (Canada).

Aurélie Filippetti, députée, ancienne ministre.

Charles Fleury, sociologue (Québec, Canada).

Isabelle Gallimard, éditrice (France).

Pere Gimferrer, écrivain (Espagne).

Guido Girardi, sénateur, ancien président du Sénat (Chili).

Nedim Gürsel, écrivain (France, Turquie).

Yannick Jadot, député européen (France).

Bassma Kodmani, directrice du centre Arab Reform Initiative (Syrie et France).

Nathalie Kuperman, écrivaine (France).

Sylvie Lacombe, sociologue (Québec, Canada).

Elvira Lindo, écrivaine (Espagne).

Julio Llamazares, écrivain (Espagne).

Manuel Longares, écrivain (Espagne).

Joëlle Losfeld, éditrice (France).

Macha Makeieff, metteuse en scène (France).

Richard Marcoux, sociologue (Québec, Canada).

Luisge Martin, écrivain (Espagne).

Ignacio Martinez de Pison, écrivain (Espagne).

Maram al Masri, poète (Syrie et France).

Hanny Megally, universitaire (États-Unis).

Daniel Mercure, sociologue (Québec, Canada).

Betty Mialet, éditrice (France).

Juan José Millas, écrivain (Espagne).

Judith G. Miller, universitaire, New York University (États-Unis et Abu Dhabi).

Rosa Montero, écrivaine (Espagne).

Javier Moro, écrivain (Espagne).

Antonio Orejudo, écrivain (Espagne).

Gilles Pargneaux, député européen (France).

Alfredo Pena-Vega, sociologue, (France).

Mazarine Pingeot, écrivaine (France).

Elena Ramirez, éditrice (Catalogne, Espagne).

Ivan Repila, écrivain (Espagne).

Juliano Ribeiro-Salgado, cinéaste (Brésil).

Beatriz Rodriguez, écrivaine (Espagne).

Michel Rostain, écrivain (France).

Christian Salmon, écrivain (France).

Jean-Marc Salmon, chercheur en sciences sociales (France).

Michèle Sarde, écrivaine (France).

Maren Sell, éditrice (France).

Silvio Tendler, professeur et cinéaste (Brésil).

Isabelle Thomas, députée européenne (France).

Michel Tubiana, avocat, ancien président de la Ligue des Droits de l’Homme (France).

Clara Uson, écrivaine (Espagne).

Enrique Vila-Matas, écrivain (Espagne).

Source : 21/12/2016

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Hmmm, bof, d’habitude, il y a bien mieux comme ténors dans les signataires – beaucoup ont flairé le piège on dirait…

http://www.les-crises.fr/
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Quand, pour Calvi, rétablir des faits sur Alep, ce serait risquer le “révisionnisme”

Publié le par S. Sellami

Je souhaite revenir sur un point très important de ce débat sur Alep : la critique des médias.

Je vous en propose un extrait :

Calvi : vous nous avez dit des choses très fortes et perturbantes en début d’émission, quant à la situation, au nombre de morts, et même je dirai, à la guerre de « communiquer », je ne sais pas comment il faut l’interpréter, et je me mets à la place d’un téléspectateur qui lui, est particulièrement ému par ces images et c’est normal,  et qui se demande ce qu’il se passe là-bas. Vous contestez les chiffres, vous pensez que la presse française n’a pas abordé ça de façon saine, enfin, comment vous répartissez les choses ? 

Isabelle de Gaulmyn, rédactrice en chef adjointe au journal “La Croix”  : la difficulté à mon avis pour la presse française, sans jeter l’opprobre, c’est qu’on a été beaucoup suivistes par rapport à la diplomatie française, et que donc on a beaucoup suivit les rebelles, on a donné beaucoup d’informations sur eux et on a un peu oublié l’autre côté, et du coup, on ne s’est pas méfié d’une forme de manipulation de la part de ces gens-là et là c’est sûr, dans les images il y a du vrai mais il y a aussi du faux. De l’autre côté aussi d’ailleurs, et on a eu tendance à dire, voilà, c’étaient les bons,  il fallait qu’on soit à leurs côtés, etc…, sans toujours voir ce qu’il y avait de manipulation, y compris par exemple pour le gaz, alors on ne sait pas…

Calvi : vous diriez qu’il y a un aspect avec ce qu’on a connu dans les années 70 à Beyrouth, où on avait quatre immeubles qui étaient totalement détruits, et en effet, dans le pâté de maisons derrière, des gens qui avaient une vie normale ?

Isabelle de Gaulmyn : non…

Calvi : faut faire très attention à ce qu’on dit, prenons du temps, voilà, prenons du temps pour examiner les choses.

Isabelle de Gaulmyn : je ne suis pas tout à fait d’accord, parce que je ne pense pas qu’à côté, on buvait le champagne. Nous on a eu hier toute une conversation avec des gens qu’on connaît, qu’on suit depuis longtemps, un communauté de religieux là-bas qui s’occupe d’un hôpital, et qui sont dans côté ouest, et non, ils ne boivent pas du champagne, franchement, c’est super dur aussi pour eux.

Mais c’est vrai qu’ils n’ont plus de bombardements. Donc voilà, ce n’est pas aussi caricatural que ça, ce qui est peut-être effectivement un peu embêtant, c’est que la presse française dans son ensemble, a un peu pris parti tout de suite contre Bachar Al Assad, de fait, c’est un monstre, c’est un dictateur, etc…, mais du coup, peut-être en s’aveuglant sur ce qui était vraiment la force et les composants de l’autre camp, et du coup, on a été sans doute un petit peu, en tous cas, certains journaux ont sans doute trop donné des images données par ces gens-là, dont effectivement ils sont à Londres…

Calvi : (il lui coupe la parole), vous pensez par exemple au journal Le Monde qui fait référence, qui est très influent chez nous tous journalistes, voilà, avec ses Unes, est allé trop loin dans la couverture ou a été de parti pris dans la couverture de ce qu’il se passait ?

Isabelle de Gaulmyn je pense qu’il y a des moments où il a été beaucoup de parti pris puisqu’il a beaucoup suivit la diplomatie française et donc, il était très anti-Bachar, voilà, et du coup, il a mis longtemps à voir que du côté des rebelles, ce n’était pas forcément aussi idéaliste que ce que l’on pouvait dire.

Calvi : donc vous nous dîtes aussi qu’il y a une faillite de la diplomatie française, dans ce qu’il vient de se passer ?

Isabelle de Gaulmyn : oh ben moi je crois, c’est quand même la preuve, c’est à dire qu’on s’est tout de suite coupés complètement avec le camp Bachar, dès le début de la révolution. Du coup, on a pas pu ensuite recoller les morceaux. Vous savez ce que l’on dit en diplomatie, des signes discrets, des signes lents, des signes sourds, et du coup, on a plus eu aucun moyen d’action.

Alors, je ne suis pas là du tout pour justifier l’action de la Russie, attention. Simplement, les choses ne sont peut-être pas aussi simples que ça. Bachar Al Assad, il y a eu un moment où ce régime, on était très proches d’eux, d’un seul coup, on s’est complètement coupés d’eux….On a une politique effectivement inspirée par les droits de l’homme qui est bien mais l’objectif de la diplomatie c’est d’abord de faire la paix, et c’est vrai que peut-être que pour faire la paix, il fallait arriver à un petit compromis. Une fois qu’il y aura la paix, Bachar Al Assad, à mon avis, il ne va pas durer, enfin, je l’espère.

Calvi : alors, la contestation des chiffres, et des images, elle est importante, on prend un tout petit peu de temps pour que vous nous expliquiez à quel titre vous la contestez.

M.Pons : tout simplement parce que cela a été dit par Isabelle, les médias dominants, Le Monde,Libération, et d’autres, ont d’emblée pris le parti du camp rebelle contre Assad, pourquoi pas ? Mais en prenant cette position très idéologique, les médias dominants se sont mis des oeillères, et se sont interdits  d’aller chercher d’autres sources d’information, que celles données à Alep-est par les rebelles, c’est à dire, par les islamistes, par les djihadistes, par des gens qui sont nos ennemis, et ces gens-là sont des experts en matière de communication politique c’est à dire de désinformation. Quand on sait que dans une guerre, l’adage est bien connu, la première victime c’est la vérité.  Cela s’est vérifié une fois de plus en Syrie, depuis 2011 et notamment sur Alep-est. Il n’est pas question de dire qu’il n’y a pas eu de bombardement de la ville, qu’il n’y a pas eu de victime, bien sûr qu’il y en a eu, et beaucoup trop.

Seulement, avec le recul que nous avons actuellement, avec l’expérience, en tous cas, des journalistes de terrain ; de ce que nous avons pu observer, notamment à Beyrouth, au Liban dans les années 80, on sait qu’après les premières semaines de guerre en ville, les populations apprennent à se protéger. Je me souviens très bien des bombardements syriens sur Beyrouth-est, sur les quartiers chrétiens de Beyrouth en octobre 78, j’y étais. Les grands journaux français annonçaient des dizaines de milliers de morts. J’étais là-bas, j’observais tout cela, et les chrétiens eux-mêmes, les organisations chrétiennes disaient, ce n’est pas vrai, il y a eu 1000-1500 morts, mais pas 10 000 ou 15 000 morts.

Les gens apprennent à se protéger, seulement, il y a l’effet de « perception ». La répétition de ses images où on voit des bombes qui tapent des immeubles, mais il n’y a personne dans les immeubles, ou s’il y a quelqu’un, il y a un sniper djihadiste, que les Russes ou les Syriens vont taper avec des obus.

Calvi je voudrais juste qu’on ne fasse pas la première émission révisionniste de l’histoire récente en Syrie, vous comprenez.      

La dénonciation de la propagande du Monde par ses professionnels est sidérante (ça semble très gentillet, mais là on à 95 % de la capacité de dénonciation de ces gens-là…)

Illustration (09/08/2016) :

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Incroyable : les “rebelles” appellent à l’aide al-Qaïda qui fait des attentats. Conclusion dans le suite : soutenons les rebelles !

Et je souhaite encore plus zoomer sur la réaction sidérante d’Yves Calvi, mais naturelle, qui est à mon sens TRÈS importante si on réfléchit sur la presse :

Le type OSE parler de “révisionnisme” si on veut baisser les chiffres du nombre de morts qui sortent de sources non fiables.

Ce qui est fascinant, c’est de voir que :
1/ on le voit comprendre que sa source principale, qui a toute sa confiance, Le Monde, a extrêmement mal rapporté les faits
2/ sa peur principale est qu’on dise qu’il y a 5000 morts au lieu de 100 000 morts et que ce soit faux (ce qui est mal, en effet) mais, a contrario, on se rend compte que pour lui dire qu’il y a 100 000 morts au lieu de 5000, ce n’est vraiment pas très grave – alors qu’on voit mal pourquoi…
3/ il trouve normal que le but principal de l’info soit de “tirer des larmes” aux gens, plutôt que les faire réfléchir…

On voit clairement le processus de propagande : ce type très influent s’informe à la va-vite en lisant le Monde, dont 80 % de la source est (les stagiaires de) l’AFP, et zou, tout roule ! Tu crois qu’il liraitl’ancien rédac chef de RFI, ou un grand spécialiste du moyen-orient ou Nassim Nicholas Taleb ? Que dalle ! (si quelqu’un peut lui faire suivre ces billets 🙂 )

Voilà comment les choses se passent, sans complot…

Je termine par cette recommandation fondamentale de Maurice Allais, qui parlait d’économie, mais ça marche pour tout (ici ce serait la géopolitique) :

« Si utiles et si compétents que puissent être les experts, si élaborés que puissent être leurs modèles, tous ceux qui les consultent doivent resterextrêmement prudents. Tout organisme qui emploie une équipe pour l’établissement de modèles prévisionnels ou décisionnels serait sans doute avisé d’en employer une autre pour en faire la critique, et naturellement de recruter cette équipe parmi ceux qui ne partagent pas tout-à-fait lesconvictions de la première. » [Maurice Allais, Conférence du 23/10/1967, « L’Économique en tant que Science »]

“L’ennui dans ce monde, c’est que les idiots sont sûrs d’eux alors que les gens sensés sont plein de doutes.” [Bertrand Russell]

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Source : http://www.les-crises.fr

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Le Centre Simon Wiesenthal et le dalaï-lama

Publié le par S. Sellami

Le 25 mars 2012,André LACR le Centre Simon Wiesenthal exigeait des excuses de la part de China Tibet Online et de Xinhua News Agency pour avoir osé un rapprochement entre le dalaï-lama et le nazisme. Les sites incriminés avaient eu le tort, selon le Centre, d’accuser le dalaï-lama de soutenir une politique qui aurait entraîné l’expulsion de Chinois Han de territoires historiquement tibétains, une politique comparable à celle des nazis à l’égard des juifs.

Il n’en fallait pas plus pour le Centre monte sur ses grands chevaux, lui qui, en 1996, avait attribué au dalaï-lama son … « Prix humanitaire ». Sur la photo illustrant la cérémonie de remise du prix, on peut voir le dalaï-lama s’exprimer, à la tribune du « Museum of Tolerance » du « Simon Wiesenthal Center », sur fond de drapeaux états-unien, israélien et, pour autant que la mauvaise qualité du cliché le laisse deviner, … tibétain.

Si le Centre Simon Wiesenthal a joué un rôle irremplaçable et salutaire dans la traque des anciens nazis et s’il continue aujourd’hui, à juste titre, à promouvoir la tolérance et à dénoncer le racisme, l’antisémitisme, le terrorisme et les génocides, y compris arménien et tutsi, force est de constater que son combat contre l’antisémitisme s’assimile parfois à une défense inconditionnelle de la politique d’Israël. Suivant en cela la pratique constante de la diplomatie israélienne, préoccupée de défendre à tout prix dans les médias la politique de l’État juif, le Centre Simon Wiesenthal a tendance à jeter le discrédit sur les critiques du gouvernement israélien, même les plus fondées, en s’efforçant de les faire passer pour des propos antisémites.

Ce qui préoccupe aujourd’hui au plus haut point le Centre comme tous les soutiens inconditionnels du gouvernement israélien, c’est le succès grandissant du mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), qui met en lumière les ressemblances entre le défunt apartheid d’Afrique du Sud et celui toujours actif en Israël. Dans une lettre adressée le 28 novembre 2016 à Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, le directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal, Shimon Samuels, se sentant sans doute encouragé, notamment par la condamnation de BDS par la Grande-Bretagne, le Canada, une partie des États-Unis et la France1, va jusqu’à traiter de « bandes de hooligans BDS » des militants invitant la clientèle des supermarchés à boycotter les produits israéliens. Le moins qu’on puisse dire, c’est que de tels propos injurieux ne témoignent pas d’un sens aigu de la tolérance, ni du respect de la liberté d’expression.

S’inscrivant en faux contre ce qui ressemble à des manœuvres d’intimidation, quelque deux cents juristes européens de haut niveau (203 exactement provenant de 14 pays) ont signé le 10 décembre 2016, à l’occasion de l’anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, un texte s’élevant contre les tentatives de plus en plus fréquentes visant à faire taire le mouvement BDS, texte repris intégralement sur le site Politis. Il y est écrit noir sur blanc : « Les États et organisations qui considèrent que BDS exerce légitimement sa liberté d’expression ont raison (…) Les États prohibant le mouvement BDS compromettent ce droit fondamental. » Ce texte clair et concis, au bas duquel on retrouve les noms de sommités du Droit international, est marqué du sceau de la rigueur intellectuelle.

On ne peut pas en dire autant de certaines prises de position relativement récentes du Centre Simon Wiesenthal2. Ainsi, a-t-il volontairement tronqué une phrase d’un discours de Noël prononcé le 24 décembre 2005 par Hugo Chávez, en y ajoutant des termes pour le faire apparaître comme antisémite [Note du Grand Soir : voir liens plus bas ]. Celui-ci s’est défendu de tout antisémitisme et les accusations du Centre Simon Wiesenthal dans cette affaire ont été condamnées par de nombreuses organisations juives vénézuéliennes et états-uniennes. Autre exemple : en 2006, accordant foi à une rumeur non fondée – démentie par la suite − selon laquelle l’Iran s’apprêtait à imposer des signes distinctifs aux minorités, le rabbin Marwin Hier du Centre Simon Wiesenthal s’est fendu de ce commentaire : « Cela rappelle l’Holocauste. L’Iran s’approche de plus en plus de l’idéologie des nazis. »3

Cette reductio ad Hitlerum décrétée inconsidérément par le Centre Simon Wiesenthal à l’égard de certains présumés antisémites est comme le côté-face d’une pièce de monnaie dont le côté-pile pourrait être une abstractio ab Hitlero généreusement concédée au dalaï-lama. Par une étrange amnésie-amnistie, le Centre Simon Wiesenthal refuse de prendre en considération les témoignages, y compris photographiques, des contacts répétés et chaleureux du dalaï-lama avec notamment Heinrich Harrer, son précepteur nazi, Bruno Beger, un anthropologue actif dans l’Ahnenerbe et spécialiste du « racisme scientifique », Miguel Serrano, le chef du parti nazi chilien ou encore Jörg Haider, le nostalgique du 3e Reich4…

Il est vrai que le dalaï-lama, qui a plaidé pour la libération de Pinochet, n’a jamais levé le petit doigt pour la libération de Nelson Mandela. Peut-être ne voulait-il pas déplaire à l’État d’Israël qui a longtemps entretenu des relations très étroites avec le régime de l’apartheid… La raison invoquée par le Centre Simon Wiesenthal pour honorer le dalaï-lama est que ce dernier « a toujours servi de modèle de dignité dans la gestion des conflits ».

Il s’agit là d’une affirmation gratuite, qui ne résiste pas à l’analyse. Les faits mis en avant par l’historiographie moderne sérieuse montrent clairement que le dalaï-lama porte une lourde responsabilité dans le pourrissement de la « question tibétaine ». En 1984 d’abord, au cours de rencontres avec des dignitaires tibétains − initiées par Pékin après l’arrivée au pouvoir de Deng Xiaoping qui désirait mettre rapidement derrière lui la question tibétaine (envisageant même le retour du dalaï-lama au Tibet sous certaines conditions) − les émissaires de Dharamsala sont arrivés à la table des négociations avec une nouvelle revendication qui n’avait aucune chance d’aboutir, à savoir la création d’un « Grand Tibet »5, ce qui aurait amputé la Chine d’un quart de son territoire et aurait entraîné l’expulsion des ethnies non tibétaines. En 1987 ensuite, optant pour la fuite en avant, l’« Océan de Sagesse » est venu chercher l’appui du « monde libre » en présentant devant la Commission des Droits humains du Congrès des USA un Plan de paix en cinq points, relevant du fantasme politique et de la provocation. Ce faisant, il savait très bien que, loin de contribuer à « gérer un conflit dans la dignité », cette initiative ne servirait qu’à compromettre le dialogue avec Pékin et à souffler sur des braises indépendantistes, toujours pas éteintes à ce jour6.

Et si la vraie raison d’honorer le dalaï-lama était plutôt son alignement sur la politique états-unienne de soutien inconditionnel (*) à la « seule démocratie du Proche-Orient » − dont le système n’est pas sans rappeler celui de la « démocratique » Afrique du Sud d’avant Mandela (que Washington a fini par lâcher) ? Un apartheid peut en cacher un autre.

Dans cette hypothèse, ce sont plutôt les autorités chinoises qui seraient en droit d’exiger des excuses de la part du Centre pour son alignement sur les positions condamnables du dalaï-lama à l’égard non seulement des Han, mais aussi des autres minorités du « Grand Tibet », lesquelles, selon le « gouvernement en exil » constitueraient « la plus grande menace pour la perpétuation des Tibétains en tant que race autonome 7 ».

Remarquons, pour terminer, d’étranges similitudes entre ces deux grandes ONG que sont le Centre Simon Wiesenthal (SWC selon les initiales en langue anglaise), fondé en 1977, et l’International Campaign for Tibet (ICT), fondé en 1988. Ces deux puissants lobbies sont basés aux États-Unis, le SWC à Los Angeles et l’ICT à Washington ; ils ont plusieurs succursales dans le monde : New York, Miami, Toronto, Jérusalem, Paris, Buenos Aires pour le SWC, et Amsterdam, Bruxelles, Berlin pour l’ICT. Selon diverses sources, ils compteraient sensiblement le même nombre d’adhérents, soit 400 000 membres chacun. Alimentés tous deux par d’énormes fonds privés et publics, tant le Simon Wiesenthal Center que l’International Campaign for Tibet participent, chacun à sa manière, à la (vaine) tentative de déstabilisation de la République Populaire de Chine, politique que les États-Unis ont amorcée il y a deux tiers de siècle et que les récentes déclarations de Donald Trump pourraient encourager.

André LACROIX

1 Voir les « fatwas » de Michèle Alliot-Marie, Harlem Désir et autres Manuel Valls.
2 Voir notamment, sur le site Wikipédia, la notice Centre Simon Wiesenthal, chapitre Polémiques.
3 Ajoutons encore qu’en 2007, le Centre Simon Wiesenthal a été condamné par la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris pour diffamation envers le « Comité de bienfaisance et de secours aux Palestiniens » − sentence qui allait toutefois être annulée par la Cour de Cassation, au nom de la liberté d’expression. 
4 Lire à ce propos : La « german connection » lamaïste – rien qu’un « cliché tibétain » ? par Albert Ettinger, 30/03/2015, sur le site www.tibetdoc.eu, rubrique : Dalaï-lama.
5 Voir notamment Melvyn C. Goldstein et Matthew T. Kapstein, Buddhism in Contemporary Tibet, Religious Revival and Cultural Identity, Presses de l’Université de Californie, 1998, p. 11-14.
6 À lire et à relire : le chapitre VII intitulé Indépendance ou autonomie ? de l’excellent petit livre de Maxime Vivas, Dalaï lama, Pas si zen. Max Milo, 2011.
7 Cf. la biographie du dalaï-lama en langue allemande : Das Buch der Freiheit, pages 253 et 368.

https://www.legrandsoir.info
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Syrie : La France persiste dans le mensonge.

Publié le par S. Sellami

Syrie : La France persiste dans le mensonge.

Comment se fait-il qu’une armée assassine depuis six ans son peuple sans aucun retournement de situation ? Pourquoi les occidentaux font une fixation sur Alep, occultant volontairement les réconciliations nationales qui ont lieu entre les syriens, sous l’égide de l’Etat syrien et son armée ?

Le fond du problème est que le peuple français est pris dans l’étau d’une propagande infernale qui ira jusqu’au bout de sa logique, puisque les instigateurs ne sont pas capables ni de se remettre en question, ni de faire marche arrière, ni d’avouer qu’ils se sont trompés ou ont menti.

Cependant, bon nombre de médias français ne cessent d’évoquer les conditions de vie déplorables à Alep est, le manque d’électricité, d’eau, de nourriture, de soin, ce qui est général à toute la Syrie qui subit depuis six ans une affreuse guerre mondiale accompagnée par des dures sanctions économiques. En revanche, ce qui est frappant est l’existence de connexion internet permettant à ces activistes d’affirmer sur les télévisions françaises que l’armée syrienne est en train d’exécuter les civils.  Quelle chimère !

D’autres médias français ont l’indécence de lancer via internet des sondages demandant aux français s’ils souhaitent encore voir le président Bachar Al-Assad à la tête de la Syrie. Hormis l’absence de légitimité d’une telle manœuvre, c’est l’esprit colonialiste qui se réveille de nouveau chez quelques personnes en France.

Pendant que la propagande mensongère se déchaine, le Pape François envoie son ambassadeur en Syrie rencontré le président Assad, lui transmettant un message de soutien. Le pape a aussi vendu son âme au diable ?

Toutefois, nombreux sont les français, journalistes, politiques et citoyens qui affirment que la victoire d’Alep est celle du président Poutine. Pour d’autres, cette victoire est celle de l’Iran et du Hezbollah, mais aucun ne mentionne que la victoire est celle de l’Etat syrien et son armée. Cela pour éviter d’attribuer une réussite ou un point positif à l’Etat syrien dans ce conflit.

La perversion a atteint en France des niveaux d’une dangerosité très élevée, qui se perçoit dans l’expression de certains journalistes ou chercheurs évoquant les rebelles de Daech. Toutefois, ont-ils oublié que Daech est classée par la communauté internationale comme organisation terroriste et bras armés d’Al Qaeda en Syrie ? La contradiction de leurs propos réside dans leurs affirmations que la France mène des frappes contre Daech en Syrie. Si nous les écoutons parler, Daech en Syrie ne sont que des rebelles, mais lorsqu’ils frappent en France ils deviennent des terroristes. Comment l’esprit français peut-il acquiescer cela ?

Les mêmes persistent dans leur calomnie, affirmant que la rébellion est mal armée face à l’Etat syrien. Ce fut la raison de sa perte à Alep.

Comment expliquer qu’une rébellion mal armée peut abattre des avions, peut bombarder les quartiers d’Alep ouest par des missiles Grad et autres armes lourdes. Il est convenable de regarder honnêtement ce que trouve actuellement l’armée syrienne dans les sous-sols des immeubles d’Alep en matière d’armements (de toutes sortes et de tous les calibres) étrangers.

Ce déchainement médiatique mensonger prouve la crainte d’une éventuelle prise de conscience du peuple français et sa découverte de la vérité. Cela montre également que les européens, notamment les français n’ont plus l’initiative politique et ne décident plus de rien au moins au Moyen-Orient.

Quant à la subite apparition du maire d’Alep est, il convient de préciser que depuis toujours il n’existe qu’un seul maire à Alep résidant dans les quartiers ouest sous contrôle de l’Etat.  Cette farce est née après que la France ait demandé que l’est d’Alep devienne une zone indépendante du reste de la Syrie. La France veut-elle divisée la Syrie ?

Le soi-disant maire d’Alep dont nous n’avions jamais parlé auparavant demande de laisser les civils sortir de ses quartiers, il ne précise pas pour quelle destination. Il ne dit pas que les civils sortent déjà des quartiers est vers l’ouest, même avant ses apparitions. Mais, pourquoi les civils de l’est d’Alep ne partent pas avec les honnêtes rebelles modérés dans la région d’Idlib ?

Quant à la tour Eiffel, qui a été éteinte un soir en solidarité avec les civils d’Alep massacrés par l’armée syrienne et ses alliés, cela n’est pas d’une grande importance. Le risque majeur est que l’esprit obscurantiste ne retombe pas sur la France à cause de la politique de ses dirigeants en Syrie et au Moyen-Orient.

A l’heure Alep est libérée, songeons à l’étape suivante…

Antoine Charpentier

www.mondialisation.ca
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