Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Mathieu Rigouste : « Décembre 1960 s’inscrit dans la longue histoire des crimes coloniaux »

Publié le par S. Sellami

Dans son nouveau livre, le sociologue explique une étape décisive de la lutte d’indépendance algérienne : ​un soulèvement spontané, autonome et populaire, « signal pour les peuples opprimés du monde »
Des manifestants algériens alignés contre un mur, le 12 décembre 1960 à Alger, sont surveillés par un militaire armé, lors de l’une des violentes manifestations qui ont marqué la visite en Algérie du général de Gaulle quelques jours avant la déclaration de l’ONU reconnaissant le droit du peuple algérien à l’autodétermination (AFP)

Décembre 1960. Dans la plupart des grandes villes algériennes, un vaste soulèvement des « indigènes » ébranle le pouvoir colonial. Après six ans de guerre d’indépendance, ce regain révolutionnaire fait surgir le « peuple algérien » comme entité politique décisive.

C’est ce qu’explique le sociologue Mathieu Rigouste dans un livre dense, remarquablement documenté, écrit et structuré, où le sociologue détaille cet épisode de la guerre d’Algérie, soulèvement général, spontané et qui fut un point de basculement à maints égards.

Six ans après le début d’une guerre de libération nationale lancée le 1er novembre 1954, les événements de décembre 1960 prennent place dans un contexte précis, celui d’un recul de la lutte indépendantiste. L’armée française a largement démantelé le Front de libération national (FLN) dans les grandes villes et réduit les maquis de l’Armée de libération nationale (ALN) dans le reste du pays.

Mais « alors que personne ne s’y attend, ce sont les classes populaires qui reprennent en main la révolution et la mènent en ville, en se réappropriant les rues et les quartiers interdits », écrit le chercheur.

Un mouvement spontané qui se propage à travers l’Algérie, et durant lequel émergera le slogan si célèbre : « Un seul héros, le peuple », repris notamment lors des manifestations de 2019 (le « hirak ») qui ont conduit à la chute du président Abdelaziz Bouteflika.

Un mot d’ordre mis en action effective à travers des résistances populaires qui font, selon les chiffres établis, près de 250 morts – « un massacre d’État » commente Mathieu Rigouste.

Trois ans après la bataille d’Alger en 1957, laquelle est surtout une guerre contre les civils, le peuple algérois réinvestit ainsi ses quartiers indigènes et déborde vers les boulevards européens, au moment où le général de Gaulle effectue une visite officielle.

À travers une archéologie précise et méticuleuse des luttes, Mathieu Rigouste établit également une généalogie d’une résistance algérienne jamais vraiment étouffée. Il montre aussi des liens avec les massacres d’octobre 1961 à Paris, la police alors déployée ayant en mémoire cette insurrection inattendue.

Enfin, le chercheur montre comment cette dialectique insurrection/contre-insurrection peut se lire au présent, à travers un ordre sécuritaire et capitalistique.

Le livre Un seul héros le peuple. La contre-insurrection mise en échec par les soulèvements algériens de décembre 1960, enfin disponible, doit s’accompagner d’un documentaire autoproduit qui est en finalisation participative.

Pour la première fois depuis la parution de son livre, Mathieu Rigouste retrace pour un média cette histoire méconnue, voire occultée en France.

Middle East Eye : En quoi ce qui s’est passé en décembre 1960 a-t-il constitué une rupture dans la guerre d’Algérie et pour le pouvoir colonial ? En quoi est-ce singulier par rapport aux autres soulèvements, de 1954 ou de 1945 par exemple, pour ne citer que les plus célébrés ?

Mathieu Rigouste : Les soulèvements de décembre 1960 arrivent à un moment de la guerre de libération où le FLN et l’ALN ont été profondément démantelés par la contre-insurrection à l’intérieur du territoire.

C’est une rupture de tous les codes de l’ordre colonial : sortir des ghettos et braver les frontières des quartiers interdits, porter les drapeaux de l’indépendance, chanter et danser mais aussi s’affronter avec les colons, avec la police et avec l’armée

L’État français tente alors d’en profiter pour installer un premier projet néocolonial. Alors que l’extrême droite coloniale française appuyée par plusieurs régiments tente un putsch, les classes populaires algériennes sortent en masse et s’opposent, puis se maintiennent dans les rues pour exiger la libération du pays, pendant près de trois semaines. C’est la première fois dans l’histoire de la guerre de libération mais aussi de l’Algérie sous domination française.

C’est une rupture de tous les codes de l’ordre colonial : sortir des ghettos et braver les frontières des quartiers interdits, porter les drapeaux de l’indépendance, chanter et danser mais aussi s’affronter avec les colons, avec la police et avec l’armée. Et dans plusieurs villes, à plusieurs occasions, les colonisés ont débordé les appareils répressifs et se sont approprié ces rues et ces quartiers.

MEE : Vous donnez la parole à des témoins de l’époque. Comment les avez-vous retrouvés, amenés à vous parler ?

MR : J’ai pris conscience qu’il y avait un tissu d’histoires cachées, du point de vue du massacre qui avait eu lieu alors, mais également du point de vue de l’engagement des classes populaires. Il y avait urgence à les faire témoigner, ne serait-ce qu’en raison de leur âge.

Il s’agissait aussi de recueillir cette parole qui n’avait pas été entendue. J’ai compilé ces sources dans une forme d’investigation croisée et je les ai traitées avec les outils du matérialisme critique en sciences sociales. J’ai appliqué ces méthodologies aux appareils de domination pour comprendre comment ceux-ci fonctionnaient.

En revanche, c’est plutôt un rapport de coopération que j’ai essayé d’établir avec les témoins. Il s’agissait là de récolter leur parole pour pouvoir la diffuser mais également de penser avec eux, de réfléchir et mener l’enquête ensemble.

Photo issue du documentaire de Mathieu Rigouste, Un seul héros le peuple

Photo issue du documentaire de Mathieu Rigouste, Un seul héros le peuple

J’ai assumé ma tendresse pour le sujet, mes contradictions personnelles et la politisation de mon regard sur la séquence. J’ai révélé les conditions de production de ma recherche. Les témoins m’ont emmené là où ils vivaient et là où ils avaient manifesté, ils m’ont transmis la géographie des rapports de pouvoir de l’époque, nous avons cheminé à nouveau, ensemble, le long des interstices où leurs résistances se sont engouffrées.

On croisait alors d’autres personnes qui amenaient d’autres témoignages. Cela a régulièrement créé des situations d’échanges entre toutes les générations réunies pour se mêler à nos conversations. C’est une « enquête populaire » aussi de ce point de vue, elle a été menée avec les sujets de l’histoire.

MEE : Comment avez-vous veillé à éviter une romantisation a posteriori de ces événements, voire un « messianisme » du peuple algérien (ce qui fut reproché à Frantz Fanon, comme vous le rappelez) ?

MR : Je crois que j’ai d’abord été fasciné par ces événements car ils sont fascinants. Il s’y enchevêtre une multiplicité d’histoires bouleversantes. Cela pouvait m’empêcher d’être critique à l’égard de certains témoignages ou de certaines mises en récit des événements. Mais je crois que personne n’est neutre face à son sujet de recherche, encore moins quand il s’agit de situations sociales et historiques.

J’ai tenté de croiser rigoureusement des sources pertinentes, crédibles et indépendantes. Je les ai analysées avec les outils du matérialisme critique, c’est-à-dire en observant les rapports de domination, les rapports de force et les rapports de pouvoir, en cartographiant des mécanismes et leurs dysfonctionnements, en interrogeant la place des personnes dans la société et dans l’histoire.

Des milliers d’Algériens armés de bâtons et brandissant le drapeau du FLN descendent vers les quartiers européens d’Alger le 11 décembre 1960 (AFP)

Des milliers d’Algériens armés de bâtons et brandissant le drapeau du FLN descendent vers les quartiers européens d’Alger le 11 décembre 1960 (AFP)

On voit alors émerger des cohérences et des contradictions, de la complexité. On est par exemple forcé de reconnaître à quel point la notion de peuple est inopérante car homogène, uniforme, aveugle aux contradictions internes et aux rapports de pouvoir.

Quant à ce « messianisme », c’est justement le contact du terrain, les témoignages des personnes, qui évitent d’y tomber. Si l’on veut bien prendre au sérieux leur analyse vécue de la situation, elles décrivent précisément la manière dont elles se sont politisées, la manière dont elles se sont organisées, elles racontent des façons d’agir spontanées et d’autres méticuleusement préparées, elles incarnent des sujets écrasés mais qui essaient, se trompent, persistent, apprennent, échangent et se transforment collectivement.

MEE : Vous qualifiez ce peuple de « prolétariat colonisé ». Pourquoi ces deux mots accolés et en quoi ils sont nécessaires pour comprendre ce soulèvement ? Qu’avait ce prolétariat de différent du prolétariat européen ?

MR : La figure du « peuple algérien » masque ainsi des contradictions profondes entre des personnes qui étaient pour ou contre l’indépendance, des attentistes, des opportunistes, des volontaristes... Dans le mouvement indépendantiste, d’autres partis ont existé, comme le PCA [Parti communiste algérien] et le MNA [Mouvement national algérien] et, à l’intérieur du FLN lui-même, se distinguaient des courants divers.

Le peuple n’est pas un concept opératoire, c’est une notion qui peut inclure les classes dominantes, c’est-à-dire mettre dans la même catégorie le patron et l’ouvrier, le riche et le pauvre, le gouvernant et le gouverné.

Il m’a fallu refaire aussi l’histoire de l’utilisation et du codage de cette notion de « peuple » et de ce slogan, « Un seul héros, le peuple » : comment ils ont été utilisés et instrumentalisés à différentes époques et selon différents enjeux.

Pour travailler sans ambiguïté, j’ai choisi ce terme de « prolétariat », mais pas au sens strictement marxiste ni dans son acception ouvrière, plutôt dans son sens le plus large, comme la classe de celles et ceux qui n’ont que leur bras et leurs enfants. Les classes populaires algériennes étaient alors majoritairement paysannes.

Ces mêmes festivités qui ont caractérisé l’indépendance s’amorcent dès 1960 avec une libération des corps et un renversement des rapports de force par la présence physique des Algériens dans les rues et villes interdites

À cette catégorie de prolétariat, j’ai ajouté le terme « colonisé » pour souligner que ce n’était pas la même situation d’exploitation et de domination que celle du prolétariat considéré comme blanc en métropole, même si ce dernier a pu subir lui aussi des régimes de férocité.

La condition coloniale est particulière, c’est une conjugaison de rapports de domination capitalistes, racistes et patriarcaux qui se traduit par un système de ségrégation et de privilèges par rapport aux classes populaires considérées comme « occidentales ».

La ligne de fracture coloniale oppose prolétaires blancs et indigènes dans tous les secteurs de la société impérialiste : dans le logement, la santé, l’éducation, la culture, l’accès aux droits, face à la police, à la justice, à la prison, à l’armée et aux administrations... Et c’est aussi sur cette ligne que s’opère l’explosion sociale et historique de décembre 1960.

MEE : Le soulèvement des Algériens semble se donner pour but de remplir l’espace public de leur présence, corps et voix. Pourquoi cette forme de résistance ?

MR : Cela dépend des endroits et des moments de cette séquence, qui se déploie sur trois semaines et vingt-cinq villes. Ces manifestations subissent avant tout une répression sanglante. Mais dans les témoignages, il y des multiplicités de moments décrits comme des paralysies de l’ordre colonial du fait que ces classes populaires tiennent la rue.

Les cortèges ont tant de puissance qu’ils prennent les rues interdites, parfois même celles entravées par des barrages militaires. Les colonisés investissent l’espace public, leur corps en avant, avec des drapeaux algériens qui pouvaient valoir à l’époque de se faire tuer. Les personnes décrivent un sentiment de libération intense et des performances festives : on chante, on danse, on émet des youyous.

Ces mêmes festivités qui ont caractérisé l’indépendance s’amorcent dès 1960 avec une libération des corps et un renversement des rapports de force par la présence physique des Algériens dans les rues et villes interdites, de décembre 1960 jusqu’à 1962. Les témoins parlent d’une joie intense, de délire ou de transe collective. Ils disent avoir senti appartenir à un corps commun. L’image de « fleuve » revient, avec l’idée de masse mais dotée d’une intelligence.

J’ai essayé d’aborder cela avec l’aide des travaux de Fanon qui, déjà à l’époque, interrogeait le corps en décrivant l’enkystement de la violence coloniale dans les muscles des colonisés. Une violence qui resurgissait alors au cœur des centres-villes coloniaux, comme les colonisés l’avaient rêvé.

En enquêtant auprès des témoins, on comprend comment cette libération collective a été préparée à travers diverses pratiques d’entraînement, dans les jeux des enfants, dans le scoutisme et jusque dans le football...

Les Algériens et les Algériennes font exploser la situation parce que le colonialisme avait condamné toute autre possibilité de libération. Mais les formes prises par ces surgissements collectifs des corps opprimés découlent aussi de l’histoire des communautés de quartiers qui s’y sont engouffrées et de l’histoire de leurs résistances quotidiennes.

MEE : Quel a été le rôle du FLN, des instances dirigeantes algériennes basées à Tunis ?

MR : Les instances dirigeantes du FLN n’ont pas appelé à ces soulèvements, elles ne les ont pas déclenchés et ne les ont pas organisés, même si quelques-uns ont tenté de le faire croire par la suite. Une dynamique de réorganisation d’une zone autonome FLN à Alger était certes à l’œuvre mais encore loin d’aboutir en décembre. Elle n’avait pas les moyens de déclencher un tel soulèvement. Elle a cependant tenté de les encadrer, selon les quartiers.

Les instances dirigeantes du FLN n’ont pas appelé à ces soulèvements, elles ne les ont pas déclenchés et ne les ont pas organisés, même si quelques-uns ont tenté de le faire croire par la suite

Dans d’autres villes où il y a eu aussi de grandes manifestations, le FLN était parfois complètement absent. Mais cela ne signifie pas que le FLN n’avait pas d’influence. À ce moment de la guerre de libération, le FLN est doté d’instances dirigeantes pour les commandes desquelles se battent déjà des fractions « politiques » et « militaires », « intérieures » et « extérieures ».

Mais c’est bien ce sigle et celui du Gouvernement provisoire de la République algérienne [GPRA] qui sont scandés et écrits sur les murs et les banderoles par les manifestants algériens.

En revanche, lorsque [le président du GPRA] Ferhat Abbas demande aux masses de rentrer chez elles et de laisser ce nouveau gouvernement algérien gérer l’indépendance, il n’est pas écouté. Partout, on continue à manifester. Dans différentes régions, on commence même à sortir après cet appel à rentrer.

Pour les habitants des villes, le FLN du quotidien représente souvent des militants de base complètement intégrés à la vie du quartier. Et de ce point de vue, le FLN a été une instance de formation de pratiques, d’idées et de militants indépendantistes. Il a eu une influence évidente dans l’engagement et la politisation des classes populaires.

Mais il n’était pas tout seul, d’autres organisations indépendantistes ont joué un rôle dans la politisation des classes populaires et dans la conquête de l’indépendance. Et cette enquête montre qu’il faut en plus considérer l’héritage d’idées et de pratiques accumulées par les résistances populaires à travers les époques ainsi qu’une dynamique autonome dans le devenir révolutionnaire du prolétariat colonisé.

MEE : Cela se passe trois ans après la « bataille d’Alger ». Les habitants d’Alger ont appris en 60 à contourner les méthodes contre-insurrectionnelles utilisées en 57 ?

MR : D’une certaine manière, oui. Les Algériens ont appris à survivre à la contre-insurrection durant cette prétendue « bataille d’Alger » et durant les autres campagnes de guerres policières menées partout en Algérie contre les classes populaires.

Des militaires patrouillent dans une ruelle de la Casbah alors que des milliers d’Algériens sont descendus vers les quartiers européens d’Alger aux cris de « Yahia [vive] de Gaulle », « Algérie algérienne » et « vive le FLN », le 11 décembre 1960, pendant la guerre d’Algérie (AFP)

Des militaires patrouillent dans la Casbah alors que des milliers d’Algériens sont descendus vers les quartiers européens d’Alger, le 11 décembre 1960 (AFP)

L’industrie militaire a mis en scène la « bataille d’Alger » comme le modèle d’une prétendue « excellence française en contre-insurrection ». Ce massacre est devenu un argument publicitaire sur les marchés « de la défense et de la sécurité ».

Mais les classes populaires algériennes ont été soumises tout au long de la colonisation à des formes de répression militarisées face auxquelles elles devaient s’organiser collectivement pour rester en vie. Toute l’histoire de la vie quotidienne des colonisés a consisté à développer des répertoires d’évitement, de ruse, et parfois de confrontation avec le pouvoir colonial.

MEE : Vous dites que décembre 60 contredit la mythologie de la contre-insurrection et son marché mondial. Pourriez-vous expliquer en quoi ?

MR : Cette mystification du récit sur la « bataille d’Alger » repose sur l’idée que l’armée française, avec ce modèle de contre-insurrection appelé « doctrine de la guerre contre-révolutionnaire », aurait réussi à éliminer définitivement les organisations politico-militaires (FLN et ALN) et toute résistance du côté algérien. Mais c’est faux. Les cellules politiques en ville et les unités de guérilla dans les maquis se recomposaient très vite.

L’industrie militaire a mis en scène la « bataille d’Alger » comme le modèle d’une prétendue « excellence française en contre-insurrection ». Ce massacre est devenu un argument publicitaire sur les marchés « de la défense et de la sécurité »

Et comme le montrent cette enquête ainsi que l’histoire des femmes dans la guerre d’Algérie, les résistances populaires n’ont jamais cessé. Elles ont réussi à se rendre insaisissables par la contre-insurrection et ont traversé toutes les opérations répressives, jusqu’à décembre 60 puis au-delà. Elles ont dû changer de forme après l’indépendance mais elles ont encore resurgi, sous la forme d’un peuple en marche en février 2019.

Décembre 1960 rompt ce mythe selon lequel la contre-insurrection aurait cette capacité à pacifier et à maintenir l’ordre alors qu’elle consiste en réalité à déployer une forme de guerre policière contre « des populations ».

La contre-insurrection a été saisie par les blocs de pouvoir et s’est répandue mondialement parce qu’elle engendre des formes de guerre dites « de basse intensité », longues et profitables pour tout un tissu d’industries et pour les classes dominantes en général.

MEE : Quelle a été la conséquence de cet événement en dehors de l’Algérie ? Le liez-vous à octobre 61 ?

MR : Le soulèvement d’Alger le 11 décembre 1960 a lieu devant des journalistes du monde entier. Les images qui en sortent ont une influence très forte sur les pays du tiers-monde et même du monde occidental. Cela permet d’imposer le droit à l’auto-détermination devant l’ONU. Comme la victoire magistrale de Dien Bien Phu [qui signe la défaite de l’armée française au Viêtnam face au Viêt-minh, le 7 mai 1954] quelques mois avant le déclenchement de la lutte armée en Algérie, c’est un symbole, un signe, un signal pour les peuples opprimés du monde.

Décembre 60 a eu d’autres postérités en matière de répression. Le général de Gaulle est alors en voyage en Algérie pour promouvoir le projet néocolonial. À son retour à Paris, il est accueilli, notamment, par le préfet de police [Maurice] Papon, lui-même ancien préfet extraordinaire en Algérie et formé à la contre-insurrection.

Le général de Gaulle s’adresse à la foule venue l’écouter à Akbou en Algérie lors d’un voyage officiel, le 12 décembre1960 (AFP)

Le général de Gaulle s’adresse à la foule venue l’écouter à Akbou en Algérie lors d’un voyage officiel, le 12 décembre1960 (AFP)

Ces événements marqueront Papon et influenceront toute sa doctrine. À l’École militaire, il tient des conférences dans lesquelles il brandit la menace d’une insurrection « nord-africaine » en plein Paris, prélude, selon lui, à une « invasion soviétique » sur le sol français.

Un protocole contre-insurrectionnel est conçu pour réprimer dès l’origine tout ce qui ressemblerait à une manifestation de masse « nord-africaine ». Le 17 octobre 1961, un quadrillage policier de Paris est déployé en quelques heures, avec des unités chargées de rafler et d’interner en masse, appuyées par des lieux d’internement.

La répression de décembre 1960 a préparé celle d’octobre 1961 et toutes deux s’inscrivent dans la longue histoire des crimes coloniaux.

MEE : Cette histoire est-elle connue en Algérie ? Et en France ?

MR : Cette histoire est quasiment inconnue en France car elle a été dissimulée, notamment à travers les lois d’amnistie qui ont permis à l’État français de s’autoamnistier et de faire disparaître la plupart de ces crimes.

Je recense au moins 250 morts algériens au cours de ces trois semaines, c’est un massacre d’État. Il faudrait s’interroger sur sa disparition des mémoires des luttes et de la culture populaire au même titre que le 17 octobre 1961 avait disparu avant que témoins, militants et chercheurs ne coopèrent pour le faire exister dans des mémoires collectives contemporaines. 

En Algérie, cette histoire est plus connue, mais principalement par les anciennes générations. La jeunesse, jusqu’en février 2019, la connaissait assez peu. Elle en entend parler brièvement à l’école et au travers de commémorations officielles qui emportent une méfiance générale. Mais il en persistait des traces vivantes, dans les corps des témoins.

MEE : Décelez-vous une continuité de cette même dynamique dans l’Algérie postindépendance ? La décelez-vous dans le hirak de 2019 ?

MR : Au début du hirak de 2019, j’ai eu l’impression de voir se reformer ce « corps commun » qui avait été démembré. Mais il faut écouter ce qu’en disent les Algériens et les Algériennes. Ils et elles ont ressorti le slogan « Un seul héros, le peuple » en le recodant à nouveau de diverses manières.

Les manifestants de 2019 ont commencé à construire une mémoire collective des soulèvements de décembre 60 qui tisse des liens entre générations révolutionnaires. 

MEE : Voyez-vous une continuité dans le traitement des quartiers populaires dans la France actuelle ?

MR : À Alger en décembre 1960, les Algériens des bidonvilles et des quartiers pauvres sortent, mais aussi ceux des nouveaux grands ensembles à peine construits et qui sont les prototypes de ceux qui seront construits en France dans les années suivantes.

On observe une continuité de pratiques et d’idées pour assurer la domination des quartiers « indigènes » dans les colonies et des quartiers populaires en métropole. […] c’est le fonctionnement d’une colonialité qui continue de structurer en profondeur les sociétés capitalistes occidentales

Les témoins décrivent des chasses policières aux Arabes à travers des halls et des coursives similaires à celles d’aujourd’hui dans les cités de l’Hexagone. Les habitants d’hier profitent comme ceux d’aujourd’hui de leur connaissance du terrain pour tenter d’échapper aux violences des forces de l’ordre ou se défendre. Certains se font abattre, d’autres tabasser ou torturer.

Avant même l’indépendance, les policiers revenaient en métropole avec ces expériences, ces répertoires d’idées et de pratiques pour y faire la police vis-à-vis des travailleurs immigrés. Ce sont eux qui vont encadrer les jeunes recrues et les premières brigades chargées, au début des années 70, de « faire la guerre au crime » dans les quartiers populaires français. C’est la naissance des BAC [Brigades anti-criminalité].

Décembre 1960 est aussi l’une des premières scènes de l’emploi de nouvelles grenades lacrymogènes et offensives sur des manifestations civiles. Il y a des mutilés par membres arrachés et des évanouissements par asphyxies qui rappellent des contextes contemporains.

On observe une continuité de pratiques et d’idées pour assurer la domination des quartiers « indigènes » dans les colonies et des quartiers populaires en métropole. Mais avec des évolutions constantes.

Ce ne sont pas les traces persistantes d’une époque dépassée, c’est le fonctionnement d’une colonialité qui continue de structurer en profondeur les sociétés capitalistes occidentales.

                                                                                                                             

https://www.middleeasteye.net/fr/entretiens/algerie-france-independance-1960-crimes-coloniaux-rigouste

Partager cet article
Repost0

commentaires

Vingt ans après le retrait inconditionnel d’Israël du Liban, où en sommes-nous? 1/3

Publié le par S. Sellami

« Nous avons formé le Hezbollah. C’est une organisation qui apprend vite. Le Hezbollah que nous avons connu à notre arrivée (1982) était différent de celui que nous avons laissé derrière nous en 2000. » Ce sont les mots de l’ancien chef de cabinet et ministre des Affaires étrangères Gabi Ashkenazi, vingt ans après le retrait inconditionnel d’Israël du Liban.

« C’était notre premier affrontement avec une armée non conventionnelle, qui était aussi une organisation idéologique animée d’une foi profonde, une foi qui a triomphé de nous. Nous étions plus puissants, plus avancés technologiquement et mieux armés, mais nous n’étions pas animés du même esprit combatif (…) Ils étaient plus forts que nous. » Ce sont les propos du général Effi Eitam, commandant de la 91e division antiguérilla au Sud Liban.

Alon Ben-David, correspondant principal en matière de défense et de questions militaires de la chaîne israélienne 13, a déclaré sans ambages : « Le Hezbollah s’est tenu debout et a vaincu la puissante armée israélienne ».

L’ancien premier ministre Ehud Barak, l’architecte du retrait israélien du Liban, a reconnu que « le retrait ne s’est pas déroulé comme prévu. La force de dissuasion et la capacité au combat du Hezbollah s’étaient accrues considérablement. Nous sommes sortis d’un cauchemar ». Barak signifiait qu’il avait prévu laisser derrière lui une zone tampon sous le contrôle des mandataires israéliens dirigés par Antoine Lahad, le commandant de l’Armée du Liban Sud (ALS). Sauf que ses plans ont été démontés par la résistance qui a forcé les hommes de Lahad à se précipiter vers la frontière, libérant ainsi la zone tampon occupée. En quittant le Liban, les soldats israéliens ont déclaré : « Dieu merci, nous partons; personne en Israël ne veut revenir. »

Une femme se moquant d’un char israélien abandonné lors du retrait du sud du Liban en l’an 2000, utilisant son canon comme cintre pour sécher les vêtements. Photo de @YounesZaatari

En 1982, Israël a cru que le moment était venu d’envahir le Liban et de le forcer à signer un accord de paix après avoir éliminé les différentes organisations palestiniennes. Ces groupes avaient dévié de la cause palestinienne et étaient impliqués dans un conflit sectaire contre les phalangistes libanais, estimant que « la route vers Jérusalem passait par Jounieh » (le fief maronite sur le mont Liban, au nord-ouest de Beyrouth, le slogan étant employé par Abou Iyad). Israël voulait porter son conflit palestinien en terre libanaise. Il n’a cependant pas réalisé que ce faisant, il laissait le génie chiite sortir de sa bouteille. Les signes de son apparition ont commencé à être perçus après l’arrivée de Sayyed Moussa al-Sadr au Liban et le retour dans leur pays d’origine des étudiants de Sayyed Mohammad Bakr al-Sadr à Nadjaf, qui se sont installés dans la Bekaa libanaise. Israël n’a pas non plus tenu compte de la victoire de l’imam Khomeini et de la « Révolution islamique » en Iran en 1979 et des conséquences potentielles de ces événements pour les chiites libanais.

L’invasion israélienne de 1982 a suscité l’émergence de la « Résistance islamique au Liban », connue plus tard sous le nom de « Hezbollah », qui a par la suite forcé Israël à quitter le Liban sans condition en 2000. Le Liban est devenu ainsi le premier pays à humilier l’armée israélienne. Après leurs victoires sur les Arabes en 1949, 1956, 1967 et 1973, les responsables israéliens en étaient venus à croire qu’ils pouvaient occuper n’importe quel pays arabe « avec une fanfare ».

Les soldats israéliens sont sortis par la « Porte de Fatima » (à la frontière libanaise, appelée aussi Passage du bon mur, HaGader HaTova), sous le regard attentif de Suzanne Goldenberg de l’autre côté de la frontière, qui a rapporté ces faits :

 « Après deux décennies et la perte de plus de 1 000 hommes, le retrait israélien chaotique du Sud-Liban laisse son flanc nord dangereusement exposé, la guérilla du Hezbollah s’étant positionnée directement à sa frontière. L’ampleur du fiasco israélien commençait à se faire sentir (…) Après le retrait israélien de Bint Jbeil au beau milieu de la nuit, leurs alliés de l’ALS, déjà en pleine débâcle au centre de la bande, ont tout laissé tomber. Étiquetés collaborateurs, ils se sont exilés avec leurs familles. Ils ont laissé derrière des chars et d’autres équipements lourds donnés par leurs commanditaires. Shlomo Hayun, un agriculteur israélien qui vit à la ferme Shaar Yeshuv, a déclaré à propos du retrait : “C’est la première fois que j’ai honte d’être Israélien. C’était chaotique et désorganisé” ».

Qu’ont accompli Israël et ses alliés au Moyen-Orient?

Les soldats israéliens sont heureux de quitter le Liban en l’an 2000.

En 1978, Israël occupait une partie du Sud-Liban et en 1982, il occupait pour une première fois une capitale arabe, Beyrouth. Pendant sa présence en tant que force d’occupation, Israël a été responsable de plusieurs massacres assimilables à des crimes de guerre. En 1992, Israël a cru qu’il pouvait porter un coup fatal au Hezbollah en assassinant son chef, Sayyed Abbas Moussaoui. C’est son étudiant qui l’a remplacé, le leader charismatique Sayyed Hassan Nasrallah. Nasrallah s’est avéré être plus honnête que les dirigeants israéliens, donc capable d’affecter le public israélien par ses discours, comme l’a constaté le colonel israélien Ronen, chef des services du renseignement du commandement central de l’Armée de défense d’Israël (Tsahal).

Le nouveau leader du Hezbollah a démontré sa capacité à tenir tête à Israël et à l’affronter dans ses apparitions télévisées. Il a maîtrisé les aspects psychologiques de la guerre, tout comme il a maîtrisé l’art de la guérilla. Il dirige une armée de militants non conventionnelle mais organisée « plus forte que plusieurs armées du Moyen-Orient », selon le lieutenant général Gadi Eisenkot, l’ancien chef d’état-major israélien.

La doctrine israélienne repose sur le principe de la frappe préventive contre ce qui est perçu comme une menace, afin de juguler tout risque possible. Israël a d’abord annexé Jérusalem en déclarant en 1980 que la ville faisait partie intégrante de la soi-disant « capitale de l’État d’Israël ». En juin 1981, il a attaqué et détruit un réacteur nucléaire irakien que la France avait contribué à construire. En 2007, Israël a frappé un bâtiment en construction à Deir Ezzor, en Syrie, en prétendant que le gouvernement construisait un réacteur nucléaire.

Six ans après son retrait, Israël a déclaré la guerre au Liban en 2006, dans le but d’éradiquer le Hezbollah du sud et de détruire sa capacité militaire. Avi Kober, du département d’études politiques de l’université Bar Ilan et qui est aussi chercheur au centre israélien BESA, a relaté ce qui suit :

« La guerre a été menée dans des conditions plus favorables que jamais – consensus interne, large soutien international (y compris le soutien tacite des pays arabes modérés) et sentiment de disposer d’un temps presque illimité pour atteindre les objectifs de la guerre. Les performances de Tsahal durant cette guerre ont été décevantes, elles ont mis en relief des conceptions militaires erronées, un manque de professionnalisme et une piètre capacité de commandement. Non seulement Tsahal n’est pas parvenu à un résultat décisif sur le champ de bataille contre le Hezbollah, soit nier la capacité de l’ennemi à poursuivre le combat, mais tout au long de la guerre, malgré quelques succès tactiques, il a fait le jeu du Hezbollah. »

“Bientôt, nous prierons à Jérusalem” (Sayyed Hassan Nasrallah).

Israël s’est retiré de la bataille sans avoir atteint ses objectifs, l’équipement militaire et les capacités de combat du Hezbollah l’ayant pris par surprise. Le Hezbollah avait réussi à soustraire ses armes perfectionnées du regard des services du renseignement d’Israël et de ses alliés, qui sont présents dans tous les pays, y compris le Liban. Résultat : 121 soldats israéliens tués, 2 000 blessés et la fierté de l’armée et de l’industrie israéliennes mise à mal au cimetière des chars Merkava, au sud du Liban, là où la poussée israélienne vers le Wadi al-Hujayr a été contrecarrée.

Le Hezbollah a également touché une corvette Spear de classe Saar-5 de la marine de guerre israélienne au large des côtes libanaises. Au cours des 72 dernières heures de la guerre, Israël a lancé 2,7 millions de bombes à sous-munitions, afin de causer des souffrances à long terme à la population libanaise soit en empêchant son retour, soit en nuisant aux cultures et aux récoltes après son retour. « Un degré de vengeance injustifié conjugué à une volonté de punir la population dans son ensemble », disait le rapport de la commission d’enquête de l’ONU établie en novembre 2006 (Arkin M. William. Divining Victory : Airpower in the 2006 Israel-Hezbollah War, pp 67-71, Air University Press, Alabama, 2007).

Une fois la bataille terminée, Israël s’est de nouveau retiré, a fermé les portes derrière son armée, a érigé une barrière à la frontière libanaise et a installé des appareils électroniques et des caméras pour empêcher le Hezbollah de se frayer un passage en Palestine.

Lorsque le chef d’état-major d’Israël, Gabi Ashkenazi, a déclaré qu’« Israël a enseigné au Hezbollah l’art de la guerre », il avait raison. Le Hezbollah a tiré les leçons des guerres qu’Israël a menées au fil des ans. À chaque guerre, le Hezbollah a vu la nécessité de perfectionner ses armes et son entraînement pour égaler et surpasser l’armée israélienne (en infériorité numérique), qui bénéficie du soutien tacite des régimes du Moyen-Orient et des pays occidentaux les plus puissants. Le Hezbollah a poussé l’entraînement de ses forces spéciales et s’est armé de missiles de précision pour imposer de nouvelles règles d’engagement, devenant ainsi une réelle menace à la poursuite des violations permanentes de la souveraineté du Liban par Israël.

 

Lorsque le chef d’état-major d’Israël, Gabi Ashkenazi, a déclaré qu’« Israël a enseigné au Hezbollah l’art de la guerre », il avait raison. Le Hezbollah a tiré les leçons des guerres qu’Israël a menées au fil des ans. À chaque guerre, le Hezbollah a vu la nécessité de perfectionner ses armes et son entraînement pour égaler et surpasser l’armée israélienne (en infériorité numérique), qui bénéficie du soutien tacite des régimes du Moyen-Orient et des pays occidentaux les plus puissants. Le Hezbollah a poussé l’entraînement de ses forces spéciales et s’est armé de missiles de précision pour imposer de nouvelles règles d’engagement, devenant ainsi une réelle menace à la poursuite des violations permanentes de la souveraineté du Liban par Israël.

Aujourd’hui, le Hezbollah dispose d’armes perfectionnées, y compris des drones armés qu’il a utilisés en Syrie dans sa guerre contre les takfiris, ainsi que des missiles de précision qui peuvent atteindre toutes les régions, villes et aéroports d’Israël. Il possède des missiles antinavires pour neutraliser la marine israélienne en cas d’attaque ou de guerre à venir contre le Liban et pour frapper tout port ou plateforme pétrolière. Il est également équipé de missiles qui empêchent les hélicoptères de s’impliquer dans toute bataille possible. L’équilibre de la dissuasion a été atteint. Le Hezbollah peut ramener Israël à l’âge de pierre tout aussi facilement qu’Israël peut ramener le Liban à l’âge de pierre, comme il le prétend.

Le Hezbollah est le pire cauchemar d’Israël, qui est dû en grande partie à la tentative israélienne de renverser le régime en place au Liban, d’occuper ce pays et d’imposer un accord qu’Israël aurait pu ensuite modeler à son gré. Mais il y a eu un revirement de situation : une très petite force est apparue au Liban pour devenir une puissance régionale dont le soutien imposant s’est par la suite déplacé aux pays voisins que sont la Syrie et l’Irak. Le chemin vers la récolte a commencé.

Elijah J. Magnier

 

Traduit de l’anglais par Daniel G.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Autopsie d’un massacre nommé coronavirus

Publié le par S. Sellami

« L’aristocratie stato-financière » acculée et mise face à son indifférence à se préoccuper des intérêts du bien commun, et dans ces conditions, à ses incohérences et contradictions inévitables, comme à ses trahisons, ne pouvait que s’enfoncer dans l’escalade d’un autoritarisme étatique liberticide, les violences juridiques et policières, au point qu’il n’était plus possible d’aller plus loin dans la répression acharnée des insurgés du samedi et des protestataires de la semaine. Un massacre était devenu nécessaire dans ce contexte. Ce scénario « fondé », menaçait réellement les classes populaires qui manifestaient, comme nous l’avons analysé dans d’autres articles.

Il n’est pas inutile de rappeler que les annexes de la Constitution Européenne, Traité de Lisbonne qui nous a été imposé en 2008 par Sarkozy (refusé à une très large majorité par les Français au Referendum de mai 2005), permettaient cette éventualité légitimée par notre adhésion aux règles de l’UE (Cf., Le traité de Lisbonne 152 pages, contenant plus de 350 dispositions de droit primaire, auxquelles s’ajoutent 13 protocoles et 59 déclarations, et complexifié à l’extrême. Voir : article 2-2 du protocole N°6 annexé à la Convention Européenne des Droits de l’Homme : « Un État peut prévoir dans sa législation la peine de mort dans certaines situations (l’usage des armes à feu par la police) comme celle de « réprimer, conformément à la loi, une émeute ou une insurrection… ») 

L’arrivée « inopinée » du coronavirus allait être une aubaine pour la réalisation massive du massacre devenu nécessaire dans le contexte insurrectionnel installé en France et essaimant dans beaucoup de pays sur tous les continents. L’aristocratie stato-financière au pouvoir, trouvait l’occasion d’instrumentaliser cette aubaine de la « pandémie » pour réaliser son rêve à l’échelle planétaire et opérer un massacre spectaculaire comme elle n’aurait jamais pu le rêver sans le secours de la pandémie. C’est un fait que nous allons examiner maintenant.

Le médical

Le confinement généralisé des populations a été décrété par les pays Occidentaux dans leur ensemble et pourtant c’était la plus mauvaise option dans un contexte de pandémie !

Un « Conseil scientifique » guidait les décisions chaotiques (ou complaisantes) du Gouvernement français qui naviguait à vue ou du moins qui donnait cette impression… Des « scientifiques » technocrates installés depuis des années devant leurs ordinateurs nous démontraient tous les jours qu’ils étaient hors sujet, parce que hors de la réalité du terrain depuis trop longtemps.

En revanche, d’autres experts y compris des médecins, en contact réel avec les problèmes de santé publique ou avec les malades, se sont exprimés abondamment sur le sujet, il suffit de les relire (Cf., par exemple – la liste n’est pas exhaustive – Jean Dominique Michel, Genevois, anthropologue spécialiste de la santé; le Professeur Christian Perronne, virologue, APHP de Garches ; le Docteur Nicole Delépine, chef de service en cancérologie pédiatrique, APHP  – Assistance Publique des Hôpitaux de Paris – ; le Professeur Didier Raoult, virologue et infectiologue de l’IHU Méditerranée à Marseille et CHU Timone; le Professeur Éric Caumes, chef de service infectiologie, Pitié Salpêtrière…etc…. Voir également la liste des collectifs de médecins qui ont désobéi aux directives du ministère de la santé et qui se sont portés « Partie Civile » pour les poursuites judiciaires lancées contre les membres du Gouvernement et Emmanuel Macron…)

Les essais « Discovery », européens, dirigés par l’INSERM, les protocoles de Caen, de Nantes, d’Anger, de Montpellier, n’ont rien apporté de spécialement concluant et « Discovery » a même été clairement un échec retentissant. De plus, le décret Véran a interdit le seul traitement qui a donné des résultats en Chine, en Italie, en Espagne (Barcelona, Madrid, Valencia), aux USA, en Afrique, au Brésil et au CHU Timone à Marseille, comme dans les Unités hospitalières de Garches et de la Salpêtrière à Paris… le protocole du Pr Raoult : une bithérapie qui utilise l’hydroxychloroquine et l’azithromycine dans la phase 2 de la maladie, correspondant au moment de la charge virale, avec une surveillance cardiologique appropriée.

Le ministère des armées a déjà fait son stock d’hydroxychloroquine et azithromycine commandées à un laboratoire français délocalisé en Chine, afin de pouvoir soigner les soldats en cas de besoin, comme cela a été révélé dans les médias qui se sont émus d’apprendre cette décision des autorités militaires allant à l’encontre de la directive Véran ! Des Unités hospitalières, comme nous l’avons déjà signalé dans un autre article, ont passé outre la directive du ministère de la santé et ont également utilisé le protocole Raoult.

Le Brésil vient de publier une étude démontrant l’impact de cette bithérapie dès le début des symptômes. Le taux d’hospitalisation est divisé par 5 quand le traitement est précoce. Ce sont également les résultats signalés par l’Italie et l’Espagne.  

Les médecins libéraux, la sidération passée, la transgression de la médecine étatisée réalisée, ont retrouvé le chemin de la médecine de terrain mais ils se heurtent désormais à leur Conseil de l’Ordre qui défend la position des prédateurs au pouvoir. Rappelons que la Cour des Comptes s’occupe en ce moment de l’Ordre des Médecins qui s’est montré trop complaisant avec les lobbies pharmaceutiques et leurs magouilles financières, comme c’est le cas dans tous les pays sous la domination idéologique de l’ultra libéralisme qui est un fascisme (Cf., article sur le sujet « ultra libéralisme un fascisme », dans mondialisation.ca du 18 mai 2017)

Nous avons les témoignages de deux Lorrains et d’un médecin du Nord de la France: Denis Gastaldi, Jean-Jacques Erbstein médecins généralistes à Morhange, Créhange et Olivia Vansteenberghe, médecin généraliste à Wormhout. Ils ont appliqué un protocole proche de celui du Pr Raoult, sans avoir le droit d’utiliser l’hydroxychloroquine interdite !

Il faut aussi revenir sur le docteur Sabine Paliard-Franco qui est un médecin de l’Isère ayant quant à elle publié deux rapports. Elle donne à ses patients ayant les symptômes du Covid 19 des antibiotiques de la famille des macrolides (Azithromycine) associés ou non à une C3G. Elle soigne ses patients avec un taux de réussite de 100 %. 

La majorité des généralistes, prescrit les macrolides (Azithromycine …) avec le même succès. Ils y associent d’autres molécules, souvent le zinc. 

Il y a 2 mois, au moment du décret plaçant la population entière en « assignation à résidence » (confinement), l’équipe au pouvoir nous disait que les masques n’étaient pas nécessaires, ils étaient même non recommandés, d’ailleurs la porte-parole du Gouvernement affirmait qu’elle ne savait même pas comment utiliser un masque ! Puis peu à peu, alors qu’on découvrait qu’ils n’étaient « pas recommandés » parce qu’il n’y en avait pas, l’administration au même moment faisait brûler quant à elle, 600 millions de masques, « inutilisables par le personnel soignant » puisque « périmés », mais qui ne l’étaient pas forcément pour la population qui aurait pu les utiliser en moyen barrière permettant d’éviter les projections de salive contaminée dans les espaces confinés comme les transports. Le Gouvernement promettait donc des masques qui allaient venir et aujourd’hui il allait même nous dire que ces masques étaient « obligatoires » ! Les pharmaciens n’avaient pas le droit de vendre des masques aux médecins généralistes. Nous avons des témoignages qui nous informent que des médecins de ville sont morts du coronavirus faute de n’avoir pas pu se protéger, du fait du décret Véran d’interdiction aux pharmacies de vendre des masques. (Cf., le Dr Jérôme Marty, président du Syndicat des médecins l’UFML, dans Le Direct Ferrari, CNEWS du 23 avril 2020)

Aujourd’hui les grandes surfaces vendent des millions de masques maintenant que la « pandémie » est passée et les pharmaciens sont en colère contre le ministre Véran ! Il y a vraiment de quoi!

On doit évoquer aussi l’affaire des respirateurs comme des lits supplémentaires. Des milliers de respirateurs se sont avérés inadaptés aux systèmes hospitaliers et donc inutilisables : un fiasco retentissant et une pagaille sans nom avec à la clé des dépenses publiques démentes par le gaspillage inconsidéré, dépenses qui ont été engagées par des responsables de cet étatisme consternant s’étant copieusement montré incapable de veiller sur l’intérêt du bien commun ! Nous n’avons pas besoin d’un Etat qui fait de l’étatisme.

Le ministre de la Santé déclarait, peu de jours avant le « confinement » que cette mesure était inutile ! Plus tard, il déclarait que c’était grâce à ce « confinement » que les morts, encore trop nombreux, « diminuaient ». Bien entendu, on nous cachait le nombre de morts dans les Ehpad, prétextant que cela était dû à un problème technique, puis on finissait par les découvrir, catastrophiques ! Il fallait éviter d’hospitaliser les vieux pour laisser la place aux plus jeunes dans les places de réanimation surchargées et prescrire pour les EHPAD le Rivotril qui est utilisé dans les soins palliatifs et qui a fait polémique, comme on peut le comprendre.

Le « Wall Street Journal » apportait à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. Dans un article publié le jeudi 16 avril 2020, le quotidien économique américain expliquait que

« les autorités chinoises de Wuhan, premier épicentre de la pandémie de coronavirus, avaient commencé la recherche d’anticorps chez des milliers de personnes reparties travailler et chez ceux qui n’avaient développé aucun symptôme. La bonne nouvelle étant que la proportion de personnes ayant des anticorps était considérablement plus élevée que celle des cas confirmés ».

Cela voulait dire que de nombreuses personnes ont été infectées sans le savoir, ont développé des symptômes légers ou inexistants, et pourraient maintenant être immunisées. 

Ces travaux portent sur 77 paires de patients infecteurs/infectés admis à l’hôpital de Guangzhou entre le 21 janvier et le 14 février derniers. Ils montrent que la production de virus peut être plus forte au début de l’infection, avant que le système immunitaire n’intervienne pour éliminer les virus et produire des symptômes. Ainsi un individu devient contagieux 2,3 jours avant l’apparition des symptômes. Et sa contagiosité culmine à 0,7 jour, toujours avant l’apparition des symptômes. 

Les conclusions que l’on peut tirer de ces observations, c’est que la mortalité des pays sans mesure contraignantes ont les résultats suivants: 

Les pays qui ont seulement fait appel à la responsabilité individuelle souffrent d’une mortalité Covid19, par million d’habitants, dans la moyenne européenne : 314 en Suède (3175 morts pour10,1millions d’habitants), 313 aux Pays-Bas (5359morts). 

La mortalité des pays en confinement aveugle et policier :

Ceux qui ont confiné policièrement leurs populations souffrent des mortalités les plus élevées du monde de 50% à 100% plus élevées que les précédents : par million d’habitants 735 en Belgique (8521 décès), 562 en Espagne (26.251 morts), 499 en Italie (30.201 victimes), 421 en France (26.188 décès). 

La mortalité des pays en endiguement traditionnel : 

Les gouvernements qui ont opté pour l’approche médicale traditionnelle historique de lutte contre les pandémies, mettant en quarantaine les seuls infectés ont le mieux protégé leurs populations avec les mortalités les plus basses : par million d’habitants 88 en Allemagne (7369 morts). 

Le confinement de masse, aveugle et policier, adopté en France, Italie, Espagne et Belgique constitue donc la stratégie sanitaire qui protège le moins bien la population. Si nous avions adopté la politique sanitaire de l’Allemagne, nous aurions déploré 20.000 morts de Covid-19 en moins. 

Du point de vue médical, le « plan blanc » a entraîné l’arrêt des traitements des maladies chroniques (hypertension, diabète, cancers). Les chances de survie de ces patients ont chutées drastiquement et le prochain bilan chiffré sera certainement très lourd. Le programme sanitaire a également bloqué le diagnostic et le traitement de nouvelles pathologies infectieuses comme cancéreuses qui se seront révélées pendant le confinement radicalisé et seront restées évolutives en l’absence de diagnostic et donc de traitement. 

LE BLOC et autres représentants des chirurgiens de France alertaient les plus hautes autorités de l’Etat :

« Nous constatons chaque jour et de plus en plus l’aggravation des morbidités et de la mortalité des malades non COVID. Les patients présentent des états aggravés avec des retards diagnostics et thérapeutiques lourds de conséquences. Toutes les spécialités médicales sont concernées ». 

Réalisé pour lutter contre le risque COVID19, le « plan blanc » a maintenant des effets délétères pour la santé publique, alors même que l’épidémie est presque terminée sur une grande partie du territoire. 

Son rapport bénéfice/risque est devenu catastrophique. (Le Bloc, union syndicale AAL- SYNGOF-UCD appelle solennellement le Premier ministre et le Ministre des Solidarités et de la Santé à stopper le « plan blanc » élargi. Communiqué du 7 mai 2020)

Enfin, soulignons que la mise en quarantaine peut entraîner une « détresse psychologique » sous forme de SSPT (syndrome de stress posttraumatique) et des symptômes dépressifs majeurs. Les médecins spécialisés dans les maladies infectieuses, les psychiatres et les psychologues sont les premiers à sonner l’alerte sur ces problèmes qui arrivent.

Le politique

Les politiques auraient dû tout naturellement laisser la vie réelle exercer sa puissance de décision et son savoir-faire, son inventivité, sa capacité à gérer les situations d’urgence ! La logique quantitative qui a été appliquée dans la décision du « confinement », ne pouvait qu’ignorer les conditions concrètes de son exécution. A l’occasion d’une telle situation, on a pu vérifier à quel point l’Etat est inutile, voire nuisible.

La décision du confinement a été prise sur la base de critères abstraits et non pas sur la réalité du terrain.

La vie biologique n’était pas le seul critère à prendre en compte. La vie complexe d’une société entière, faite d’êtres humains, n’est pas qu’une entité biologique, mais elle est aussi faite de personnes qui aiment, qui ont des émotions, une raison, qui souffrent, qui vivent une vie difficile, une conscience parfois éteinte et parfois éveillée, des relations sociales, une liberté fondamentale de mouvement, une relation avec les libertés publiques, une façon spécifique de vivre leur liberté individuelle … etc.

Les cas de détresse psychologique, les dépressions majeures, les troubles obsessionnels compulsifs, les défenses psychotiques exaspérées, les nombreux malades qui ont cessé leurs traitements à cause de la polarisation coronavirus et qui se retrouvent avec des aggravations de l’étiologie de leur maladie, vont exploser les jours qui viennent.

De plus, l’infantilisation d’un confinement radical répressif, avec cette aberration de « l’ausweis » style 1940, de rigueur, imposé aux citoyens responsables de ce pays, ne va pas manquer d’avoir des effets délétères sur les personnes.

Les suicides ont déjà considérablement augmenté ; les « burn out » sont présents à tous les étages de la société Française. Les violences domestiques, n’en parlons pas, tellement la situation est infernale pour le grand nombre des personnes qui sont obligées de vivre à plusieurs dans des petits appartements de 40 m2, voire encore moins, qu’ils louent des fortunes! Les enfants sont les premières victimes de ces violences ainsi que les femmes et cet épisode tragique laissera des traces profondes dans la population.

Il faut bien regarder en face le carnage social qui va se poursuivre dans quelque temps. Les détresses existentielles sont déjà là chez bon nombre de personnes mises sous pression intenable. Le travail précaire va être remplacé par une radicale précarité et au moins un million de Français de plus seront à la rue ! Les conséquences sur la santé physique et mentale sont incalculables. Les mourants vont aujourd’hui jusqu’à mourir absolument seuls, sans humanité, sans leurs proches, sans affection, sans les rituels sacrés de la vie qui caractérisent la conscience de l’homme et sa place dans cet univers… Il y a là, une violence inouïe, faite à la conscience humaine priée de disparaître avec la vie elle-même ! Les visites sont interdites dans les hôpitaux, elles sont aussi interdites à domicile. Les personnes âgées ont un besoin impératif du lien social avec leurs proches. Ce confinement a été synonyme de barbarie ou de pathologie boboïste de l’isolement social, ne pouvant avoir été ordonné que par une « aristocratie stato-financière » toute puissante et loin de la réalité des gens « ordinaires » du petit peuple.

Nous devons impérativement considérer que les pervers, les calculateurs, les égocentriques, les dominants, les prédateurs doivent être mis en situation qui les empêchera de nuire. Le « vivre bien » n’est pas compatible avec l’étatisme qui n’est concevable que dans et par la perversion de ceux qui exercent un pouvoir sur les autres. Il est impératif de comprendre que la démocratie, c’est un peuple qui commande et un Etat qui obéit. En dehors de ces conditions, tout État est illégitime, inutile, nuisible, pervers et tyran.

Les populations et les instances locales auraient largement pu gérer cette crise sans avoir à « confiner » drastiquement les personnes réduites au silence et à l’immobilité économique totale. Nous savons que les États voulaient montrer à quel point ils sont « la providence » indispensable au service des « intérêts du bien commun », mais là, en l’occurrence, c’est plutôt le contraire qu’ils ont démontré. L’étatisme jacobin est inutile, un problème permanent pour le peuple, un poids, une chaîne qui l’empêche de vivre bien. Il est une menace pour les libertés publiques comme privées. Depuis deux jours, nous avons cette loi supplémentaire dite « Avia » qui tombe là maintenant, sous prétexte de combattre l’expression de la haine sur les réseaux sociaux. Elle ne fait que supprimer la liberté d’expression sur Internet avec le cortège inévitable des conséquences multiples de ce nouvel interdit imposé par l’inquisition d’un étatisme jacobin, ringard et infantilisant. 

Ceux qui veulent entrer aujourd’hui dans la résistance à ce totalitarisme « orwellien » doivent le faire contre un pouvoir qui est descendu dans l’invisibilité des structures comme on l’expliquait dans un article précédent. 

Il y aura des centaines de plaintes contre le Gouvernement et l’État, vu qu’à peu près 80% de la population française ont été mis en danger, à des degrés divers, par un Gouvernement qui a parfaitement bien géré le massacre. On parle aussi de procès pour «privation de liberté» du fait d’un confinement dont des avocats contestent la légalité. (Cf., Dominique Muselet Mondialisation.ca, du 25 avril 2020)

Ce confinement de masse a été une catastrophe sur le plan humain comme sur le plan économique et par conséquent social. Tous les pays qui ont pratiqué le confinement de masse sont allés au grand galop vers la récession. De plus, le confinement étant reconnu comme n’ayant pas eu d’efficacité sanitaire réelle, a également ruiné l’économie et conduit des centaines de milliers d’activités à l’abattoir. Les artisans sont sur la sellette ; les professions libérales ont été sabordées par la durée du confinement ; les petits commerçant pris dans l’étau des multiples charges fixes (loyers, salaires, charges sociales, remboursements de prêts, frais courants) seront massivement contraints de déposer le bilan du fait de la trop longue durée sans activité.

Le chiffre du chômage a déjà explosé et les chômeurs partiels ne retrouveront pas tous leur travail à la sortie de cette crise qui est un authentique massacre social. Les populations sont terrifiées. Les incompréhensions sont pléthores ; la menace des « brigades » pèse également sur les foyers qui vont voir débarquer chez eux des inquisiteurs patentés en infantilisation. La discrimination est partout ; les problèmes financiers des gens normaux sont infernaux ; le vent de la rébellion souffle fort plus que jamais. Qu’on se le dise : les mises en quarantaine imposées éventuellement par les « brigades » sanitaires, vont entraîner des réactions violentes et des problèmes d’ordre psychologique, émotionnel, financier pour un grand nombre de familles.

L’écologique

Toutes les limites ont été dépassées dans cette pandémie. Les matières premières elles-mêmes sont épuisées. Les pollutions ont dépassé toute possibilité de revenir en arrière. La biodiversité est en ruine. La Terre ne peut plus reconstituer ce que nous lui prenons : l’équilibre est rompu. Il y a un épuisement de la vie qui s’est emballé sur la Planète. Nous devons inventer impérativement une nouvelle manière de répartir le travail et d’organiser la production orientée pour le « vivre bien » et non pas pour le profit. Nous devons opérer une rupture claire et nette avec le capitalisme sous sa forme ultra libérale actuelle. Nous devons créer des espaces émancipés du capitalisme. Les « communaux collaboratifs » devront s’organiser en archipel pour rester connecter au reste du monde. Nous renvoyons le lecteur aux articles traitant de ces questions postées sur mondialisation.ca.

L’économique

Frédéric Lordon écrivait :

« … l’économie au sens de la nécessité générale ne tombe pas entièrement sous l’emprise de l’économie au sens particulier de la valeur d’échange : pour que la reproduction matérielle collective s’organise sous d’autres rapports sociaux que ceux de la valeur capitaliste. » (Frédéric Lordon, in Les Crises du 15 mai 2020)

Il poursuivait en disant :

« On voit réapparaître la division du travail comme fait macrosocial. C’est-à-dire comme nécessité et comme problème. Pas seulement, donc, le problème d’en déterminer politiquement l’extension et la profondeur : celui, également, d’en organiser les rapports à l’échelle correspondante — celle de la formation sociale entière. Non plus les rapports capitalistes — ceux du salariat et de l’orientation du processus général par la seule valeur (d’échange). D’autres rapports. Alors lesquels ? » (Idem. F. Lordon)

On voit bien qu’il va falloir réfléchir à la suite, et prendre des décisions conséquentes, car il est difficile d’imaginer s’en sortir en continuant sur la même lancée qui s’impose au monde depuis au moins 1976 (Accords de la Jamaïque). Le revenu universel est à l’ordre du jour, comme on l’a explicité dans un article posté sur mondialisation.ca du 17 avril 2020.

Un chiffre de la Banque mondiale dit clairement où nous en sommes : l’année dernière, les 500 plus grandes sociétés multinationales privées, tous secteurs confondus, ont contrôlé 52,8% de toutes les richesses produites sur la planète. Les plus riches dictent leurs lois aux États les plus puissants, qui dépendent d’eux entièrement. Inutile d’insister pour dire que le principe de la maximalisation du profit se révèle comme étant un principe meurtrier. Tous les pays doivent relocaliser leur production et établir des réseaux de solidarité. 

Le deuxième pays le plus pauvre au monde selon l’ONU, c’est le Niger. Pourtant, le Niger est le deuxième producteur d’uranium au monde. Ce pays est ravagé par la faim, notamment à cause de l’épuisement des sols. Mais le Niger n’a pas le moindre financement pour construire un système d’irrigation au profit de ses terres agricoles. Pourquoi ? Parce que sa ressource première, l’uranium, est exploitée puis exportée par la société Areva qui est une société française, dans des conditions qui sont celles du piratage ou du pillage digne du grand banditisme. Ce genre de situation doit cesser.

25% de la production alimentaire mondiale sont détruits tous les jours et jetés dans les poubelles des pays riches. Les aliments de base, le maïs, le blé et le riz couvrent à peu près 75% de la consommation mondiale et pourtant, ils font l’objet d’une spéculation boursière ! 

A Chicago, on spécule couramment sur des certificats de riz, de blé et de maïs… Les spéculateurs font des profits astronomiques tous les ans sur ces aliments. Pourtant, dans les bidonvilles du monde, comme à Lima, les familles ont très peu d’argent pour acheter de la nourriture à leurs enfants. Quand les prix flambent, elles ne peuvent plus subvenir à leurs besoins. Beaucoup d’enfants meurent de faim à cause de la spéculation boursière sur l’alimentation, spéculation qui se répercute sur le prix local des aliments. 

L’Assemblée nationale française ou le Congrès américain pourraient introduire un article dans la loi sur les bourses « interdisant la spéculation financière sur les aliments de base qui sont le riz, le blé et le maïs. » En un mois, des millions d’êtres humains seraient sauvés de la faim. Actuellement, la loi du capital décide qui va vivre et qui va mourir sur la planète en appuyant simplement sur des boutons. La Bourse est criminelle et tue des enfants tous les jours. Cela doit impérativement cesser.

Le PIB va baisser d’au-moins 12%, voire 13% en 2020. C’est un choc considérable, comparable à celui de la crise de 1929. Il va falloir soutenir l’ensemble de l’économie par des subventions directes et indirectes aux entreprises comme aux ménages. 

Des secteurs sont placés radicalement à l’arrêt, comme la restauration ou le tourisme, et d’autres fonctionnent au ralenti. Une partie de l’industrie est également à l’arrêt et une autre « fonctionne » symboliquement. Un certain nombre de ces activités économiques ne se relèvera pas du massacre coronavirus.

Les déficits pour les États de la zone euro devraient représenter, à la fin de l’année 2020, entre 1150 et 1800 milliards d’euros, alors que les mécanismes regroupés dans le Mécanisme Européen de Stabilité ne couvrent que 550 milliards d’euros ! Par ailleurs, il faut s’attendre à un déficit à l’échelle de la zone euro d’environ 450 à 500 milliards pour l’année 2021 du fait du massacre coronavirus. Les besoins de financement des États ne sont donc pas compatibles avec ce qu’ont prévu les institutions européennes. 

Le problème du financement se pose de manière particulièrement grave pour l’Italie, l’Espagne et la France, si l’on reste dans ce schéma capitaliste. 

Le Mécanisme Européen de Stabilité est inadéquat pour traiter le problème. Il impose des conditions qui n’ont plus de raison d’être dans les circonstances actuelles. Il faut le dire ici avec vigueur aux européistes béats : si nous n’avions pas eu la BCE et l’UE avec les règles du Traité de Maastricht sur le dos, les Banques nationales auraient prêté directement à leurs États à taux zéro ! 

Les européistes béats doivent faire un petit effort d’honnêteté intellectuelle pour comprendre que l’euro va tripler sa pénalisation des pays du sud de l’Europe : une première fois, parce qu’il est impossible de procéder à une péréquation des dettes, l’Allemagne et les Pays-Bas ayant refusé les fameux «coronabonds» ; une deuxième fois, parce que l’euro nous empêche de recourir au financement monétaire, qui serait pourtant la manière la plus logique de faire face à cette crise ; une troisième fois, parce que l’euro  aboutit à sous-évaluer la monnaie de l’Allemagne et à surévaluer celle de l’Italie, de la France et de l’Espagne. (Cf., rapports External Sector Reports du FMI)

La différence entre les deux mouvements, de 25% à 43% en faveur de l’Allemagne, explique à la fois l’anachronique santé de ce pays seul à profiter réellement de l’UE, mais aussi pourquoi la France, l’Italie et l’Espagne ayant déjà tant de problèmes avant cette crise ne pourront pas la surmonter en restant dans l’euro. 

La France, comme l’Italie et l’Espagne vont devoir s’émanciper de nombreuses règles et directives de l’UE, retrouver leur souveraineté monétaire, c’est-à-dire sortir de la zone euro. Après cette nécessité, il serait bien prudent de repenser tout le système économique et social, en remettant en cause le capitalisme sous sa forme actuelle d’ultra libéralisme et l’UE qui le représente et le défend si farouchement.

Jean-Yves Jézéquel

Partager cet article
Repost0

commentaires

L’Open Society de Soros profite de la crise du coronavirus pour demander l’abolition de la famille

Publié le par S. Sellami

Tout est bon pour les apprentis-sorciers de la révolution arc-en-ciel pour combattre ce dont ils ont horreur : la famille traditionnelle et la loi naturelle.

Dans cette guerre que mène l’utopie lgbtqi+ contre le réel, le milliardaire mondialiste « philantrope » Georges Soros, à travers ses créations et ses créatures, joue évidemment sa partition. Et se sert de la crise du coronavirus et du confinement généralisé pour attaquer frontalement et violemment l’institution familiale.

Un article paru le 25 mars dernier sur le site de son Open Society, opendemocracy.net, porte un titre éloquent  : La crise des coronavirus montre qu’il est temps d’abolir la famille. Et dévoile un tout autant révélateur sous-titre : Que nous apprend la pandémie sur la famille nucléaire et le ménage privé ?

L’objectif de cette tribune : inciter les décideurs à repartir après la crise du Covid-19 avec une société encore plus individualiste et moins familiale. Et démontrer que le confinement manifestera combien la famille traditionnelle est un lieu de souffrance. Donc à abolir !

Ainsi, tandis que la culture de mort avance à pas de géant en encourageant toujours plus d’avortements même tardifs et en promouvant l’euthanasie des personnes âgées, la culture arc-en-ciel, une autre des tentacules du nihilisme post-moderne, s’attaque à la famille en inculquant l’idée que rester à la maison avec sa famille est terriblement dangereux, donc qu’il vaut mieux abolir la famille en tant que telle et rapidement.

Morceaux choisis de cette charge anti-familiale :

« Les familles nucléaires et rester à la maison…  est ce qui devrait évidemment nous garder en forme. Mais cela pose plusieurs problèmes… la mystification de la forme du couple; la romantisation de la parenté; et l’assainissement de l’espace fondamentalement dangereux qu’est une propriété privée… la violence domestique… les personnes queer et féminisées, en particulier les très vieilles et les très jeunes, ne sont certainement pas en sécurité là : leur épanouissement dans la maison capitaliste est l’exception, non la règle… Une quarantaine est, en effet, le rêve d’un abuseur – une situation qui donne un pouvoir presque infini à ceux qui ont le dessus dans une maison. »

« Bref, la pandémie n’est pas le moment d’oublier l’abolition de la famille. Selon les mots de la théoricienne féministe et mère Madeline Lane-McKinley : ‘’Les familles sont des cocotte-minutes du capitalisme. Cette crise verra une augmentation des tâches ménagères : nettoyage, cuisine, soins, mais aussi maltraitance des enfants, violences sexuelles, viol entre partenaires intimes, torture psychologique, etc.’’ Loin d’être un moment pour accepter l’idéologie des ‘valeurs familiales’, la pandémie est donc un moment extrêmement important pour approvisionner, évacuer et généralement autonomiser les survivants – et les réfugiés – de la famille nucléaire. »

« Et même lorsque la famille nucléaire privée ne représente pas une menace physique ou mentale directe pour sa propre personne – pas de violence conjugale, pas de viol d’enfant et pas de ‘queer-bashing’ – le mode de reproduction sociale de la famille privée est encore franchement nul… Il gendérise, nationalise et racialise. »

« Nous méritons mieux que la famille. Et le temps du Corona est un excellent moment pour pratiquer son abolition… »

Francesca de Villasmundo

Partager cet article
Repost0

commentaires

LA RECRÉATION DES CANCRES A TROP DURÉ

Publié le par S. Sellami

Aucune description de photo disponible.

L’affaire Ghrib (refus de faire monter son équipe sur la tribune d'honneur suite à sa défaite) est symptomatique de notre chute libre dans les abysses de la médiocratie…
Ghrib c’est qui ? Ghrib c’est quoi ? Ghrib, c’est un spécimen de ces parvenus qui, ont squatté l’espace public alors que leur dimension réelle ne devait pas déborder d’un pâté de maisons dans le quartier où ils jouent des mécaniques ou… aux dominos.
Le pays qui a enfanté Boudiaf et Benmhidi, Djamila Bouazza et Louizette Ighilahriz est tombé bien bas en laissant s’imposer ces Belhadj , Ghrib, Meriane et autre Fayçal …
Les dignes oiseaux s’étant envolés, le triste hibou est resté à tournoyer dit à peu près un des proverbes blasés de notre terroir malmené…
Ainsi en ce pays devenu celui des miracles à rebours après avoir été celui de l’abnégation, de l’héroïsme et du sacrifice,, on doit se faire aux métamorphoses les plus incroyables, aux mutations les plus saugrenues et voir notre quotidien pollué par les portraits de « fatcha » des parvenus qui n’ont qu’un seul mérite : celui de ne pas s’embarrasser de gêne…
Dans mon village, à la campagne, on dit de ces gens là qu’ils se sont lavés le visage à l’urine… et un bon mot arabe affirme avec raison que si tu n’as pas honte tu peux faire ce que tu veux…
Sortis du néant, ces messieurs-dames se sont faits des noms propres alors qu’ils étaient moins que communs et ont réussi à se doter d’une popularité qu’envieraient des hommes de la trempe de Lalmas, M’Hamed Yazid, Chaou Abdelkader ou Abderrahmane El Djilali… sur les pages indigentes d’une presse qui sait s’abaisser bien bas pour cueillir les dividendes de ses impérities et qui cultive la médiocratie et le populisme jusqu’au nihilisme, on n’arrête pas de se retrouver en face de leurs portraits en une et en gros plans, de leurs dérives discursives et de leurs coups de gueule qu’ils administrent au pays comme des coups de crocs de loups enragés ou, pour dire plus vrai, des coups d’incisives ou des horions d’ânes laissés sans attaches…
N’ayant aucun faire valoir physique, intellectuel, patriotique, sportif ou culturel ; ces gens qui étaient destinés à occuper des places communes sur les trottoirs ou les bancs publics se sont hissés à la tribune d’honneur, non pas en servant ce pays et son peuple ou en développant quelque méritoire et original projet mais seulement en usant de fronde, d’incivisme, de refus de se plier aux règles communes et en manipulant des affidés, prédisposés à enfourcher tout canasson susceptible de les mener sur les champs de bataille religieux, sportifs ou syndicaux où ils pourraient libérer leur violence potentielle et leurs pulsions destructrices.
Ils ont appris à parler si fort qu’ils ont réussi à éclipser toutes les voix de la raison… ils ont appris à gesticuler si furieusement qu’on ne voit plus derrière eux battre les enclumes de l’effort méritoire, se déployer le geste auguste du semeur ou se crisper sur la crosse du fusil la main de la sentinelle…
Mobilisant leur verve langagière ou les attraits des liasses d’argent sale de la contrebande ; des passe-droits, de la corruption, du racket, de la spéculation, de la contrefaçon, ils ont réussi à envoyer sur tous les fronts de tous les combats douteux, les grandes gueules et les gros bras qui leur font place nette en excluant les gens de mérite, pour leur ériger des statuts de leader dans des associations qu’ils transforment en chasse gardées dont ils se font les parrains.
Pris à leur propre jeu, ces hommes et femmes prolifèrent comme des poux quand la République, prise dans des tourbillons autrement plus décisifs oublie de s’ébrouer pour se débarrasser de ses parasites…
Se croyant parvenus, il n’hésitent pas alors à défier l’Ordre républicain, à s’opposer frontalement à ses représentants, à faire la nique aux institutions quitte à mettre en péril la cohésion sociale et à générer des antécédents qui ouvrent la voie aux aventures les plus tragiques…
Il est temps que ces aventuriers de bas étage quittent les tribunes d’honneur et remettent les clés usurpées à ceux parmi nos hommes d’honneur qui méritent de les avoir en main… la récréation des cancres n’a que trop duré !

Mohamed Adjou                                                                                                   
https://comment-taire10.blogspot.com/2020/05/la-recreation-des-cancres-trop-dure.html

Partager cet article
Repost0

commentaires

SINISTROSE

Publié le par S. Sellami

L’image contient peut-être : nourriture, texte qui dit ’Rahoum igoulou c'est la fin des haricots Winou el mouchkil ? Naklou el djelbana!..’

La sinistrose revient en leitmotiv dans tous les médias au point que certains journaux sont, de la Une à la der exempts du moindre encadré suscitant l'espoir... Bouteflika et les conséquences de sa maladie, le pétrole en voie de disparition, le gaz bientôt en crise... Kh'lat ! Tahett Kolea ! c'est la fin du monde et des haricots !... c'est l'apocalypse now !
Et après ?

Bouteflika peut mourir, être jugé inapte, démissionner... si un président porte sur ses épaules un pays comme Atlas porte le monde, Allah la iroud ce pays !...

Quand nous l'avons élu ou qu'il nous a été imposé, nous savions qu'il était mortel... nous savions aussi les limites de ses prérogatives... ce pays s'appelle l'Algérie; il a existé avant Bouteflika et il continuera à exister après lui... alors qu'on cesse un peu de jouer aux alarmistes devant cette situation et, au lieu de la présenter comme un risque mortel pour le pays, relativisons un peu et cantonnons là au drame que vit un homme...

Le pétrole va manquer !!! oumba3d ?... Il y'a bien des pays qui vivent sans pétrole non ? et puis, n'avez vous pas toujours affirmé que c'est ce produit qui nous a "invertebrés", nous réduisant à l'état de limaces et qui a suscité toutes les convoitises sur notre pays?... la fin du pétrole ne signifie t'elle pas notre résurrection et la fin des adversités ?

Le gaz de schiste menace notre gaz !!! et après ?... Ouin rah el problème ? Qui d'entre nous était naïf au point de croire que nos réserves d'hydrocarbures étaient inépuisables ?

Pourquoi ne pas dire qu'une poignée de 40 Millions de personnes qui a à sa disposition un pays continent n'a rien à craindre pour sa survie ?

Pourquoi ne pas insuffler un vent d'espoir en disant que cette masse juvénile est capable en cas de besoin de déplacer les montagnes ?


Pourquoi ne pas montrer qu'avec ses atouts: 1200 km de côtes, un désert splendide, des paysages d'une grande diversité et d'une incommensurable richesse, ce pays est capable de supporter aussi bien la disparition d'un président, la fin des énergies fossiles que la chute d'une météorite sur sa capitale , comme il a su s'extraire d'une colonisation de peuplement de 130 années, résister à une déferlante terroriste de 20 ans, supporter un parti unique durant 40 ans, s'éviter un printemps arabe qui a irrémédiablement renvoyé vers le moyen âge des pays limitrophes en moins de temps qu'il n'en faut à El Kardhaoui pour diffuser une fatwa perfide?.

Mohamed Adjou                                                                                                                           https://comment-taire10.blogspot.com/2020/05/sinistrose.html
Partager cet article
Repost0

commentaires

COUP DE GUEULE D'N AUTRE TEMPS

Publié le par S. Sellami

L’image contient peut-être : une personne ou plus

Où il est question de Ghoul et de Rebrab, cinq ans avant qu'Ennahar n'élise l'un au Panthéon et ne voue l'autre aux gémonies...

L'enfer des "Gorges de Palestro" continue malgré l'ouverture du tronçon d'autoroute de Bouzegza... Pire qu'avant, les automobilistes venant de l'Algérois, trouvant en face d'eux le vide n'ont qu'une seule idée: le combler; car l'automobiliste algérien, comme tout le monde le sait, a horreur du vide... même quand il s'agit de distance de sécurité !

Et on comblant le vide, il empêche le peu de véhicules qui viennent d'en face d'avancer et ça crée un bouchon inévitable qui commence du virage "surprise", juste en face de la pompe à essence de Beni Amrane et se termine 15 km plus loin, près de l'autre pompe à essence de l'évitement de Lakhdaria...

Et c'est comme ça chaque jour ou plutôt chaque soir, sans qu'on n'ait trouvé la solution...

Puisque nous sommes incapables de trouver une bonne parade à ce problème qui ira grandissant car pour chaque km de route que réalise Ghoul, il y'a 1000 véhicules qu'importe Rebrab, faisons donc appel à Bison Futé comme on a pensé faire appel à la Lyonnaise des Eaux pour colmater nos fuites et distribuer notre eau...

Il y' a quelque chose de malsain dans cette gabegie car on a la nette impression qu'elle est entretenue volontairement... et moi, si j'étais l'Président d'la République, j'aurais donné un ultimatum pour que ce problème soit réglé sinon je menacerai de faire comme le valeureux Zeroual...

A l'issue de l'ultimatum si le problème n'est pas réglé... je...démissionnerai !

30 Novembre 2011

Partager cet article
Repost0

commentaires

Sept ans d’agressions paramilitaires contre le Venezuela : la liste de tous les plans démantelés (Mision Verdad)

Publié le par S. Sellami

Huit paramilitaires capturés par les forces armées bolivariennes lors de l’Opération Negro Primero à Petaquirito, La Guaira, lors de l’incursion armée au Venezuela en mai 2020. Photo : Twitter

Après le décès du Président Hugo Chavez et l’élection en 2013 de Nicolás Maduro à la présidence du Venezuela, dans un contexte de chute mondiale des prix du pétrole, les Etats-Unis ont cru l’heure venue d’anéantir la révolution bolivarienne et d’effacer son influence en Amérique Latine. S’est ouverte une ère de déstabilisation violente sans précédent dont l’objectif reste le changement de “régime” à travers l’assassinat du gouvernement élu et de ses sympathisants, dans un scénario de terreur à la colombienne. On se rappelle comment les insurrections d’extrême droite ont été transformées par les médias internationaux en “révoltes populaires” et la réaction des forces de sécurité en “répression par la dictature. De nombreux courants et militants de gauche sont tombés dans le piège de cette propagande. C’est l’époque où est apparu le slogan “ni Trump, ni Maduro”.

Cacher les causes, les remplacer par les effets : pour discréditer une expérience de gauche participative et souveraine, avec record d’élections et processus communaux, les grands médias occidentaux font porter au gouvernement bolivarien la responsabilité essentielle de la guerre économique décrétée par Barack Obama et renforcée par Donald Trump. La complicité médiatique consiste à occulter les conséquences des plus de 300 “sanctions” états-uniennes – mesures de coercition unilatérales, violant le Droit International – telles les menaces sur les banques du monde entier pour qu’elles gèlent 30 milliards de dollars que le pays ne peut plus utiliser pour acheter des aliments ou du matériel médical. Mais aussi à occulter, mettre en doute ou se moquer des nombreuses agressions – sabotages des infrastructures, attentats terroristes et incursions armées, le tout financé à hauteur de centaines de millions de dollars depuis les Etats-Unis et depuis le territoire de leur principal fournisseur de drogue, la Colombie paramilitaire. 


Voici par ordre chronologique les nombreux épisodes de cette guerre de basse intensité visant à renverser un gouvernement de gauche, légitimement élu (Jimmy Carter, le Conseil des Juristes Latino-américainsRodriguez ZapateroLula, ou Rafael Correa, parmi tant d’observateurs internationaux et de médiateurs entre gouvernement et opposition démocratique, ont insisté sur la transparence, sur la légitimité, et sur le nombre record d’élections).

10 juin 2013

Neuf paramilitaires ont été capturés à Coloncito (Táchira) et Guanare (Portuguesa), membres de Los Rastrojos, liés au chef paramilitaire colombien José María Barrera, alias « Chepe Barrera », armés de fusils d’assaut, de grenades et de pistolets. Les autorités ont trouvé une boîte noire prête à être utilisée pour un faux positif dans un accident d’avion. Les paramilitaires capturés auraient dit qu’un troisième groupe se trouvait déjà dans la capitale avec des armes de sniper. Ils avaient prévu de se rendre dans la capitale de l’État, où ils se verraient confier une mission à accomplir à Caracas : assassiner le président Maduro.

25 mars 2014

Un groupe de généraux de l’aviation militaire a été capturé, qui possédaient des liens directs avec les secteurs de la droite. Ils ont eux-mêmes déclaré que « cette semaine était décisive ». Ils préparaient un plan de soulèvement militaire, dénoncé par des officiers de rang inférieur. Il s’agissait du général de brigade (Av) José Daniel Machillanda Díaz, du général de division (AV) Oswaldo Hernández Sánchez et du général de brigade Carlos Alberto Millán Yaguaracuto. Le capitaine (r) Juan Carlos Nieto Quintero (qui réapparaît avec Jordan Goudreau dans une vidéo le dimanche 5/3/2020, lors de l’ »Opération Gédeon »), de la Garde Nationale Bolivarienne, a été capturé début avril.

12 février 2015

Les autorités vénézuéliennes démantèlent une tentative de coup d’État, baptisée « Coup d’Etat bleu » ou « Opération Jéricho ». Le plan consistait à doter d’artillerie un avion Tucano et à attaquer le palais de Miraflores, ou tout autre lieu où le président participerait aux « Journées de la jeunesse ». Ce projet avait été planifié par un groupe de responsables vénézuéliens de l’aviation militaire et du gouvernement états-unien.

 

Avion Tucano de l’aviation militaire vénézuélienne. Photo : Forces Armées Bolivariennes

12 et 13 février 2016

Un plan a été démantelé dans lequel cinq militaires et trois civils étaient impliqués opérationnellement : José Gregorio Delgado, Ruperto Chiquinquirá Sánchez, Juan Carlos Nieto Quintero, César Orta Santamaría, Víctor José Ascanio, Nery Adolfo Córdoba, Andrés Thompson Martínez, Laided Salazar et José Acacio Moreno, respectivement. L’idée était d’attaquer les points stratégiques des institutions de l’État par voie aérienne ; cela comprenait aussi des opérations contre les civils. Une tentative de coup d’Etat militaire basé sur la doctrine du choc. La capture d’Antonio Ledezma a été dérivée de ce plan, grâce au suivi des renseignements militaires.

Premier trimestre 2017

L’opération « Epée de Dieu » avait pour principaux membres Angel Vivas et Raul Baduel, respectivement ancien général de brigade et ancien général des Forces Armées Bolivariennes, qui avaient recruté des officiers subalternes afin de perpétrer un assassinat contre le président Maduro. L’État a réussi à capturer différents membres appartenant à cette opération, tous accusés de subversion ; cependant, à la fin de cette année-là, certains d’entre eux se sont échappés de la prison de Ramo Verde (Miranda). Le suivi réalisé par un agent infiltré a été la clé du démantèlement du plan.

Avril 2017

Opération Bouclier de Zamora. Eduardo Ventacourt et Johan Peña, anciens responsables de la DISIP (renseignements), ainsi que le colonel (r) Zomacal Hernández, devaient exécuter « l’opération Bouclier de Zamora« . Ce dernier s’est vu confisquer 32 kilogrammes d’explosifs C4 et d’autres armes qui seraient utilisés dans un plan de coup d’État. Parmi les planificateurs figuraient les hommes politiques Roberto Enriquez, Oswaldo Alvarez Paz (tous deux de COPEI, démocratie chrétienne) et Julio Borges (Primero Justicia, extrême-droite), directement impliqués dans l’insurrection de certains responsables des Forces Armées.

27 juin 2017

L’ancien policier Oscar Perez – du Corps scientifique d’enquêtes criminelles et pénalistes (CICPC) – a détourné un hélicoptère, survolé plusieurs sites à Caracas, mitraillé et tenté d’attaquer différentes institutions de l’État vénézuélien, dont le bâtiment de la Cour Suprême de Justice. Ce fanatique de l’Ordre Nouveau, se déclarant « envoyé de Dieu », a tenté d’attenter à la vie des personnes se trouvant dans les bâtiments des institutions sur lesquelles il a tiré, y compris des enfants, avant de prendre la fuite.

Óscar Pérez le paramilitaire autoproclamé « envoyé de Dieu », transformé en « héros » par les médias. Photo : Christian Veron / Reuters

6 août 2017

Ce jour-là, une escarmouche militaire a eu lieu au Fort Paramacay (Carabobo) : la soi-disant « Opération David », dans laquelle il y a eu un vol d’armes et des appels à l’insurrection avec d’autres opérateurs non militaires, dirigée par Juan Caguaripano de la 41e Brigade blindée de Valence. Il a été neutralisé par les Forces Armées qui a capturé la plupart des membres. Les quelques personnes impliquées dans la tentative et qui ont réussi à s’échapper ont emporté les armes suivantes : 500 fusils AK-103 et 500 chargeurs de ce type de fusil ; 50 lance-grenades multiples de 40 mm ; 140 grenades de 40 mm ; 80 baïonnettes, 60 pistolets. Ce matériel de guerre a été placé dans un véhicule Toyota portant des plaques militaires et volé dans l’installation militaire correspondante.

18 décembre 2017

Pendant l’opération « Genesis », un groupe de mercenaires, de paramilitaires et d’anciens fonctionnaires de la sécurité de l’État, dirigé par Oscar Perez, a attaqué un poste de la Garde Nationale Bolivarienne à Laguneta de la Montaña (Miranda), où ils ont volé 26 fusils d’assaut et des munitions. Dans une vidéo, Perez apparaît lors de l’opération au cours de laquelle une poignée de sujets habillés en contre-espionnage militaire (DGCIM) ont attaqué le poste de la GNB. Lors de l’opération, les faux agents de la DGCIM ont également dérobé 26 fusils AK-103 de marque Kalachnikov ; 3 pistolets de 9 mm ; 108 chargeurs AK-103 ; 3 chargeurs de pistolets ; 3 240 munitions de fusil AK-103 et 67 munitions de 9 mm, selon les rapports de presse.

15 janvier 2018

La DGCIM (renseignements) a retracé la localisation de la cellule terroriste d’Oscar Pérez à El Junquito (Caracas). Après le travail du corps de sécurité et de renseignement, avec le déploiement de plusieurs brigades et de fonctionnaires du CONAS, du SEBIN, de la DGCIM, de la GNB, de la FAES de la PNB et de Policaracas, l’« Opération Gedeon » a été mise en œuvre, du nom des institutions policières-militaires, où plusieurs membres de l’ »Opération Genesis » ont été tués, parmi lesquels le très médiatisé « héros » Oscar Perez.

Oswaldo García Palomo a coordonné plusieurs tentatives de coup d’Etat depuis le territoire colombien. Photo : Bloomberg

Mars 2018

Depuis le début de ce mois, un plan de coup d’État a été détecté au sein des FANB, appelé « Mouvement de transition vers la dignité du peuple« , dans lequel l’ancien général Miguel Rodríguez Torres était impliqué. Parmi ses membres figuraient le lieutenant colonel Iver Marín Chaparro, le lieutenant colonel Henry Medina Gutiérrez, le lieutenant colonel Deivis Mota Marrero, le lieutenant colonel Eric Peña Romero, le lieutenant colonel Victoriano Soto Méndez, le lieutenant colonel Juan Carlos Peña Palmatieri, le premier lieutenant Yeiber Ariza, le sergent Julio Carlos Gutiérrez et le sergent Yuleima Medina. Au milieu du mois, il a été démantelé par la DGCIM (renseignements).

Avril 2018

L’opération « Gédeon II » des autorités de l’État, rapportée par le ministre Néstor Reverol le 18 avril, a réussi à démanteler une cellule terroriste impliquée dans des actes déstabilisateurs destinés à provoquer l’anxiété de la population et à empêcher les élections du 20 mai. L’opération était la continuation d’une enquête exhaustive qui a conduit au démantèlement de la cellule terroriste d’Oscar Pérez. Dix personnes ont été arrêtés, dont Alonso José Mora, Erick Anderson Villaba et Stephanie Madelein, membres actifs d’un groupe d’affrontement armé qui a participé aux insurrections de l’extrême droite de 2017. Dans la cellule se trouvait également Carlos Miguel Aristimuño, qui appartenait au DISIP et était pilote d’hélicoptère, engagé pour la formation des instructeurs.

Mai 2018

Nouvelle tentative de coup d’État menée par le général (r) Oswaldo Garcia Palomo de Colombie, dans le cadre des élections présidentielles, appelé « Opération Constitution« . Les services de renseignement et de contre-espionnage de l’État ont mis ce plan en échec et démantelé le groupe. Garcia Palomo a également été impliqué dans un autre plan de coup d’État au début de 2019. Il a été appréhendé fin janvier 2019 par les autorités vénézuéliennes. 

Mai 2018

En même temps que l’ »Opération Constitution », l’ »Opération Armageddon » était menée par du personnel militaire et civil et dirigée par le capitaine Luis Humberto de la Sotta Quiroga. Neuf membres de l’armée ont été accusés de trahison envers le pays, d’incitation à la rébellion militaire, d’instigation à la mutinerie. Cette fois, la tentative de coup d’État militaire visait à contrecarrer les élections présidentielles. L’opération était en cours depuis 2017 et consistait à reprendre la base aérienne de La Carlota (Caracas) et même d’assassiner le président Maduro. Le plan a été démantelé par la DGCIM (renseignements). L’enquête a montré que des militaires, Oswaldo Alvarez Paz (du parti COPEI) et des financements des États-Unis et de la Colombie étaient impliqués.

4 août 2018

Ce jour-là, une tentative d’assassinat a eu lieu contre le président (« Opération David contre Goliath« ), certains ministres et membres du haut commandement militaire à Caracas lors d’un événement marquant le 81e anniversaire de la GNB. Là, des explosifs ont été déclenchés, dirigés par des drones, pour assassiner le président Maduro. Le travail des civils, des militaires et des forces de police dans leur ensemble a fait échouer l’opération.

Les autorités ont arrêté Argenis Ruiz, le pilote du drone, et Juan Carlos Monasterio, coordinateur de l’attaque et ancien de la GNB. Plus tard, en janvier 2019, le général (r) Oswaldo García Palomo a admis que le lieutenant-colonel Ovidio Carrasco, qui faisait partie de la garde d’honneur présidentielle, avait été capté par Julio Borges en 2013 et avait participé à la planification de l’assassinat. Outre Julio Borges, d’autres hommes politiques vénézuéliens étaient également impliqués : Fernando Albán et le député d’extrême droite Juan Requesens.

30 avril 2019

La « phase finale » de l’« opération Liberté » a eu lieu avec Juan Guaidó, Leopoldo López, Cristopher Figuera et des militaires, dont Ilich Sánchez et Juvenal Sequea.

Le mouvement cherche à faire quitter le pouvoir au président Nicolas Maduro, en commençant par la prise de contrôle de la base aérienne de La Carlota, qui n’a jamais été prise. L’opération n’a duré que quelques heures le matin et a été démantelée par la DGCIM.

Les leaders d’extrême droite Juan Guaidó, Leopoldo López et des déserteurs militaires ont mis au point l’opération « Libertad », tentative de coup d’Etat qui a échoué en avril 2019. Photo : Archives MV

Juin 2019

Après 14 mois de contre-espionnage par la DGCIM, l’opération « Vuelvan caras » a été démantelée. Parmi ses membres figuraient le général à la retraite Ramón Lozada Saavedra, le général Miguel Sisco Mora, le colonel Miguel Castillo Cedeño, le major à la retraite Pedro Caraballo, le premier lieutenant Carlos Eduardo Lozada Saavedra et les commissaires José Valladares Mejías et Miguel Ibarreto.

C’est un coup d’État militaire qui visait à assassiner le président et à prendre le palais de Miraflores, la base aérienne de La Carlota et la Banque centrale du Venezuela, dans lesquels Josnars Adolfo Baduel, fils de Raúl Baduel, était également impliqué.

Août 2019

L’opération terroriste « Force et liberté » était une tentative d’attaque du siège de la FAES (police) à Propatria, du bloc 40 de la paroisse 23 de Enero et du Palais de Justice (Caracas). Il a été démantelé par la DGCIM (renseignements). Il s’agissait d’une action militaire pour tenter un coup d’Etat et un assassinat impliquant l’huissier du Palais de Justice, Ronnel Guevara, et Luis Ricardo Gómez Peñaranda, un citoyen colombo-vénézuélien qui a été arrêté alors qu’il transportait des explosifs.

A l’époque, le ministre Jorge Rodríguez avait dénoncé que Clíver Alcalá était en Colombie pour coordonner la formation de plus de 200 terroristes dans trois camps : à Maicao, Santa Marta et Riohacha.

Décembre 2019

Le matin du dimanche 29 décembre, une vidéo a été diffusée dans laquelle un groupe de militaires se soulevait, appelant à la rébellion, à un coup d’État et à un assassinat. Ils ont revendiqué le vol d’armes lors de l’attaque d’un détachement de la GNB le 22 décembre dernier dans la municipalité de Gran Sabana (Bolivar), dans le cadre de ce qu’ils ont appelé « l’opération Aurora ».

Il s’agit du lieutenant Josué Abraham Hidalgo Azuaje, du tireur d’élite José Angel Rodríguez Araña et du sergent-major Darwin Balaguera Rivas.

Directement impliqué dans l’ »Opération Aurora », Gilber Caro, arrêté lors de l’agression du 22 décembre, a bénéficié du soutien public de l’ex-policier Ivan Simonovis, un membre de l’équipe de Juan Guaidó des États-Unis et proche de Donald Trump (photos ci-dessous). En janvier 2020, le ministère public a inculpé 18 personnes qui ont participé à l’opération.


Photo : le policier spécialiste de la contre-insurrection, Ivan Simonovis, impliqué dans le coup d’Etat d’avril 2002 contre le président Chavez, fut vite adopté par les grands médias et des organisations de droits humains comme un “prisonnier politique, un homme très malade, à sortir d’urgence avant qu’il meure dans les geôles du Venezuela, etc…”. Dès sa libération, sa santé subitement retrouvée lui a permis de travailler étroitement avec la CIA et de remplacer aujourd’hui auprès de Donald Trump un certain Juan Guaido décrédibilisé par les affaires de corruption, pour poursuivre les opérations de déstabilisation du Venezuela.

Mai 2020

Une incursion de mercenaires armés (« Opération Gedeon« ) à Macuto (La Guaira) et dans d’autres régions de la côte vénézuélienne a été neutralisée par l‘union civile-militaire (« Opération Negro Primero ») depuis le dimanche 3 mai. La DGCIM a traité les données relatives à l’opération, notamment la localisation des camps en Colombie où se déroulait la formation et la coordination dirigée par Clíver Alcalá.

Juan Guaidó, J.J. Rendón, Sergio Vergara et l’avocat Manuel Retureta avaient signé un contrat avec la société mercenaire américaine Silvercorp, appartenant à Jordan Goudreau, pour effectuer une incursion armée, exécuter un plan de capture et d’assassinat du président Maduro, et à l’aide d’un armement très sophistiqué déclencher une intervention visant à éliminer les dirigeants chavistes, les sympathisants des bases populaires et abroger la Constitution de facto de la République Bolivarienne.

Comme on peut le lire dans le contrat mis en ligne par le Washington Post, la réalisation de « l’objectif premier » était de « capturer/détenir/éliminer Nicolás Maduro, éliminer le “régime” actuel et installer le président fantoche Juan Guaidó. Venait ensuite la participation de Silvercorp à une période de 450 jours -prolongée- de « rétablissement de la stabilité dans le pays ».

La « stabilisation du pays » signifiait que le contractant militaire participerait à l’attaque et à la persécution des « éléments non militaires du commandement et du contrôle du régime précédent », aux répressions, aux détentions, à l’application des couvre-feux, aux contrôles aux frontières, avec l’autorisation de « recourir à la force, jusqu’à et y compris la force mortelle, pour éliminer la menace ».

Tout est écrit dans une annexe de 41 pages avec des détails sur, par exemple, quand et comment utiliser les mines antipersonnel M18A1 claymore, les chaînes de commandement, les formes de paiement, où, en cas d’ »insolvabilité monétaire », Silvercorp facturerait « en barils de pétrole ».

Source : Mision Verdad, https://medium.com/@misionverdad2012/siete-a%C3%B1os-de-operaciones-me...

Traduction : Thierry Deronne

»» https://venezuelainfos.wordpress.com/2020/05/17/sept-ans-dagressions-p...                                                                                                                                                                             URL de cet article 36146

Partager cet article
Repost0

commentaires

"Les amis américains" : de nouveaux documents révèlent l’étendue de l’opération d’espionnage sur Julian Assange. (The Grayzone)

Publié le par S. Sellami

Vous aimez les romans d’espionnage ? Vous allez être servis (NdR)                                                                                                                                            

Une enquête exclusive de The Grayzone révèle de nouveaux détails sur le rôle clé joué par (le milliardaire) Sheldon Adelson à Las Vegas dans une opération d’espionnage de la CIA visant Julian Assange.

"J’étais le directeur de la CIA. On a menti, on a triché, on a volé." - Mike Pompeo, College Station, TX, 15 avril 2019

En tant que co-fondateur d’une petite société de conseil en sécurité appelée UC Global, David Morales a passé des années à sillonner les ligues mineures du monde des mercenaires privés. Ancien officier des forces spéciales espagnoles, Morales aspirait à devenir le prochain Erik Prince, le fondateur de Blackwater qui a su mettre son armée à contribution pour établir des relations politiques de haut niveau à travers le monde. Mais en 2016, il n’avait obtenu qu’un seul contrat important, celui de garder les enfants du président équatorien de l’époque, Rafael Correa, et de l’ambassade de son pays au Royaume-Uni.

Le contrat de l’ambassade de Londres s’est toutefois révélé particulièrement précieux pour M. Morales. A l’intérieur du complexe diplomatique, ses hommes gardaient le fondateur de Wikileaks, Julian Assange, une cible de choix du gouvernement américain qui vivait dans le bâtiment depuis que Correa lui avait accordé l’asile en 2012.

Il n’a pas fallu longtemps à Morales pour réaliser qu’il avait une occasion en or.

En 2016, Morales s’est précipité seul à une foire de la sécurité à Las Vegas, espérant trouver de nouveaux contrats lucratifs en vantant son rôle de gardien d’Assange. Quelques jours plus tard, il est revenu au siège de sa société à Jerez de Frontera, en Espagne, avec une nouvelle passionnante.

   David Morales (à gauche), PDG de UC Global, lors d’un salon de la sécurité à Las Vegas en 2016.

"A partir de maintenant, nous allons jouer en première division" a annoncé M. Morales à ses employés. Lorsqu’un copropriétaire d’UC Global lui a demandé ce que Morales voulait dire, il a répondu qu’il s’était tourné vers le "côté obscur" - une référence apparente aux services de renseignements américains. "Les Américains nous trouveront des contrats partout dans le monde", a assuré M. Morales à son partenaire commercial.

Morales venait de signer un contrat pour garder le Queen Miri, le yacht de 70 millions de dollars appartenant à l’un des magnats des casinos les plus en vue de Vegas : le milliardaire ultra-sioniste et méga-donateur républicain Sheldon Adelson. Étant donné qu’Adelson avait déjà une équipe de sécurité importante chargée de le surveiller à tout moment, lui et sa famille, le contrat entre UC Global et le Las Vegas Sands d’Adelson était clairement la couverture d’une campagne d’espionnage apparemment supervisée par la CIA.

Malheureusement pour Morales, le consultant espagnol en sécurité chargé de diriger l’opération d’espionnage, ce qui s’est passé à Vegas a fini par sortir. [référence à un dicton américain "Ce qui se passe à Las Vegas, ne sort pas de las Vegas" - NdT]

Après l’emprisonnement d’Assange, plusieurs anciens employés mécontents ont finalement contacté l’équipe juridique d’Assange pour les informer de la mauvaise conduite et des activités sans doute illégales auxquelles ils avaient participé à UC Global. Un ancien partenaire commercial a déclaré qu’ils se sont manifestés après avoir réalisé que "David Morales a décidé de vendre toutes les informations à l’ennemi, les États-Unis". Une plainte pénale a été déposée devant un tribunal espagnol et une opération secrète qui a abouti à l’arrestation de Morales a été mise en route par le juge.

Morales a été accusé par un tribunal espagnol en octobre 2019 de violation de la vie privée d’Assange, d’abus des privilèges avocat-client de l’éditeur, ainsi que de blanchiment d’argent et de corruption. Les documents révélés au tribunal, qui étaient principalement des sauvegardes des ordinateurs de l’entreprise, ont révélé la réalité inquiétante de ses activités du "côté obscur".

Obtenus par des médias comme The Grayzone, les dossiers d’UC Global détaillent une opération de surveillance américaine élaborée et apparemment illégale dans laquelle la société de sécurité a espionné Assange, son équipe juridique, ses amis américains, des journalistes américains et un membre du Congrès américain qui aurait été envoyé à l’ambassade équatorienne par le président Donald Trump. Même les diplomates équatoriens que UC Global avait été engagé pour protéger ont été ciblés par le réseau d’espionnage.

L’enquête en cours a détaillé des opérations au noir allant de l’espionnage des conversations privées du fondateur de Wikileaks à la récupération d’une couche dans une poubelle de l’ambassade afin de déterminer si les excréments qu’elle contenait appartenaient à son fils. Selon les déclarations de témoins obtenues par The Grayzone, quelques semaines après que Morales ait proposé d’entrer par effraction dans le bureau de l’avocat principal d’Assange, le bureau a été cambriolé. Les témoins ont également détaillé une proposition d’enlèvement ou d’empoisonnement d’Assange. Une descente de police au domicile de Morales a permis de récupérer deux armes de poing dont les numéros de série avait été effacés, ainsi que des liasses d’argent.

Une source proche de l’enquête a déclaré à The Grayzone qu’un fonctionnaire équatorien avait été volé sous la menace d’une arme alors qu’il était porteur d’informations privées concernant un plan visant à obtenir l’immunité diplomatique pour Assange.

Tout au long de la campagne d’opérations au noir, les services de renseignement américains semblent avoir travaillé par l’intermédiaire de la société Las Vegas Sands d’Adelson, qui avait déjà servi de couverture à une opération de chantage de la CIA quelques années auparavant. Les opérations ont officiellement débuté lorsque le candidat à la présidence d’Adelson, Donald Trump, est entré à la Maison Blanche en janvier 2017.

Dans sa couverture de la relation présumée entre la CIA, UC Global et Adelson, le New York Times a déclaré qu’il n’était "pas clair si ce sont les Américains qui ont été à l’origine de l’écoute de l’ambassade". Bien qu’il ait décrit le travail d’un "client américain" dans des e-mails de la société, Morales a insisté devant un juge espagnol sur le fait que l’espionnage qu’il a mené à l’ambassade a été effectué entièrement au nom des services de sécurité équatoriens du SENAIN. Il a même affirmé à CNN Español qu’il cherchait simplement à motiver ses employés lorsqu’il s’est vanté de "jouer en première division" au retour de son voyage fatidique à Las Vegas.

Cette enquête permettra d’établir le rôle du gouvernement américain dans l’orientation de la campagne d’espionnage d’UC Global, de jeter un nouvel éclairage sur la relation apparente entre la CIA et Adelson, et de révéler comment UC Global a trompé le gouvernement équatorien au nom du client que Morales appelait les "amis américains". Grâce aux nouvelles révélations de la cour, The Grayzone est également en mesure de révéler l’identité du personnel de sécurité de Sands qui a vraisemblablement assuré la liaison entre Morales, la société d’Adelson et les services de renseignement américains.

Selon les documents du tribunal et le témoignage d’un ancien associé et employé de Morales, c’est le garde du corps principal d’Adelson, un Israélien-Américain nommé Zohar Lahav, qui a personnellement recruté Morales, puis a géré la relation au quotidien entre l’entreprise de sécurité espagnole et Sands. Après leur première rencontre à Vegas, les deux professionnels de la sécurité sont devenus des amis proches, se rendant mutuellement visite à l’étranger et se parlant fréquemment.

Pendant l’opération d’espionnage, Lahav a travaillé directement sous les ordres de Brian Nagel, le directeur de la sécurité globale de Las Vegas Sands. Ancien directeur associé des services secrets américains et expert en cyber-sécurité, M. Nagel a été officiellement recommandé par la CIA à la suite de collaborations fructueuses avec les services fédéraux de police et de renseignement. Chez Sands, il semblait être un intermédiaire idéal entre la société et l’État américain de sécurité nationale, ainsi qu’un guide potentiel pour les tâches de surveillance complexes confiées à Morales.

Lorsque le candidat favori d’Adelson, Donald Trump, est entré dans le Bureau ovale, la CIA est passée sous le contrôle de Mike Pompeo, un autre allié d’Adelson qui semblait apprécier la possibilité de mener des actions illégales, notamment l’espionnage de citoyens américains, au nom de la sécurité nationale.

Pompeo décrit l’attaque d’Assange

Le premier discours public de Pompeo en tant que directeur de la CIA, prononcé le 13 avril 2017 au centre de réflexion Center for Strategic and International Studies, basé à Washington DC, a été l’un des discours les plus paranoïaques et les plus aigus jamais prononcés par un chef d’agence.

L’ancien membre républicain du Congrès du Kansas a commencé son discours par une longue tirade contre les "Philip Agees dans le monde", faisant référence au lanceur d’alerte de la CIA qui a remis des milliers de documents classifiés à des éditeurs de gauche qui ont révélé des détails choquants sur les changements illégaux de régime aux États-Unis et les complots d’assassinat dans le monde.

Faisant allusion aux "âmes sœurs" contemporaines d’Agee, Pompeo a déclaré :
"La seule chose qu’ils ne partagent pas avec Agee, c’est le besoin d’un éditeur. Tout ce dont ils ont besoin maintenant, c’est d’un téléphone intelligent et d’un accès à Internet. Dans l’environnement numérique actuel, ils peuvent diffuser instantanément des secrets américains volés dans le monde entier à des terroristes, des dictateurs, des pirates informatiques et à toute autre personne cherchant à nous faire du mal".

Le directeur de la CIA n’a pas caché l’identité de sa cible : "Il est temps d’appeler WikiLeaks pour ce qu’elle est réellement : un service de renseignement hostile non étatique souvent soutenu par des acteurs étatiques comme la Russie" a-t-il déclaré.

Pendant les minutes qui ont suivi, Pompeo s’est opposé à Assange, le qualifiant de "narcissique", "d’escroc", "de lâche". Le républicain de droite a même cité la critique de l’éditeur Wikileaks par Sam Biddle de The Intercept.

Ensuite, Pompeo a promis une campagne de contre-mesures "à long terme" contre Wikileaks. "Nous devons reconnaître que nous ne pouvons plus laisser à Assange et à ses collègues la latitude d’utiliser les valeurs de la liberté d’expression contre nous. Leur donner l’espace nécessaire pour nous écraser avec des secrets détournés est une perversion de ce que représente notre grande Constitution. Cela s’arrête maintenant", a-t-il juré.

Bien que Pompeo ait déclaré reconnaître que "la CIA a l’interdiction légale d’espionner les gens par le biais de la surveillance électronique aux États-Unis", il semble avoir déjà mis en place un programme agressif pour espionner non seulement Assange, mais aussi ses amis américains, ses avocats et pratiquement tout le monde dans son voisinage immédiat. Menée par UC Global, la campagne consistait à enregistrer des conversations privées de cibles américaines, à ouvrir leurs téléphones, à photographier leurs informations personnelles et même à voler les mots de passe de leurs courriels.

L’attaque apparente de la CIA sur Assange avait été activée des semaines auparavant, lorsque Wikileaks avait annoncé la publication des fichiers de la CIA, appelée Vault7. Il ne faudra pas longtemps avant que l’équipe de sécurité d’Adelson commence à préparer la place pour accueillir Morales à Las Vegas.

Voyage vers "le côté obscur"

Le 26 février 2017, Wikileaks a annoncé la publication prochaine d’une importante tranche de dossiers de la CIA révélant des détails sur les outils de piratage et de surveillance électronique de l’agence. Une de ces applications d’espionnage appelée "Marble" permettait aux espions de l’agence d’implanter un code qui occulte leur identité sur les ordinateurs piratés. D’autres fichiers contenaient des preuves de programmes qui permettaient aux pirates de pénétrer dans des applications de messagerie cryptée comme Signal et Telegram, et de transformer les Smart TV de Samsung en appareils d’écoute.

Deux jours après l’annonce initiale de Wikileaks, le 28 février, Morales fut transporté d’Espagne vers un hôtel à Alexandria, en Virginie - à deux pas du siège de la CIA à Langley. Bien qu’UC Global n’ait eu aucun contrat connu du public avec une quelconque société en Virginie, des documents judiciaires obtenus par The Grayzone établissent que Morales a envoyé des courriels cryptés à partir d’une adresse IP située en Alexandrie et a payé les factures d’un hôtel local pendant les huit jours suivants.

À partir de ce moment, il a fait des allers-retours presque chaque mois entre l’Espagne, la région de Washington, New York, Chicago ou la base d’opérations d’Adelson à Las Vegas.
Lorsqu’il était à Washington DC, Morales envoyait des courriels à partir d’une adresse IP statique située au Grand Hyatt Hotel, à quatre blocs de la Maison Blanche.

Les messages Instagram de la femme de Morales et de sa compagne de voyage, Noelia Páez, soulignaient la fréquence de ses voyages :

Posts l’Instagram par la femme de Morales, Noelia Páez, à Las Vegas le 20 janvier 2017

Les autres dirigeants d’UC Global ont commencé à se méfier de Morales et de ses transactions secrètes aux États-Unis. D’après leurs témoignages, il parlait constamment de ses relations de travail avec les Américains. Pourtant, UC Global avait été engagé par l’agence de renseignement équatorienne SENAIN pour assurer la sécurité de l’ambassade du pays à Londres - et non pour espionner ses occupants.

Il était de plus en plus évident pour eux que Morales trompait son client à Quito pour servir une force plus puissante à Washington.

"Je me souviens que David Morales a demandé à une personne de la société de préparer un téléphone sécurisé, avec des applications sécurisées, comme un ordinateur crypté pour communiquer avec "les amis américains", afin de sortir sa relation avec les États-Unis de la portée de la société", se souvient un ancien employé d’UC Global.

Un ancien partenaire commercial d’UC Global a déclaré dans son témoignage :

"Parfois, lorsque je lui demandais avec insistance qui étaient ses "amis américains", David Morales répondait qu’ils étaient "les services secrets américains". Cependant, lorsque je lui ai demandé de me communiquer le nom d’une personne des services de renseignement qu’il rencontrait pour lui donner des informations, M. Morales a coupé la conversation et a souligné que le sujet était exclusivement géré par lui, en dehors de la société".

L’ex-partenaire soupçonnait que M. Morales recevait des paiements des services de renseignement américains par le biais d’un compte bancaire géré par sa femme, Páez. "A une occasion," ont-ils témoigné, "j’ai entendu une conversation concernant des paiements sur ce compte dont M. Morales ne voulait pas informer le reste des membres de la société."

Les soupçons se sont transformés en rage lorsque l’ancien partenaire d’UC Global a reconnu toute l’étendue du subterfuge de M. Morales. J’ai commencé à le frapper ouvertement lors de discussions violentes au cours desquelles je lui ai répété qu’une société comme la nôtre est basée sur la "création de la confiance" et qu’il ne peut pas "donner d’informations à la partie adverse", a rappelé l’ex-associé. À la fin de plusieurs de ces discussions, il a déclaré que Morales avait ouvert sa chemise, s’était gonflé la poitrine et s’était exclamé : "Je suis un mercenaire, un vrai !"

Une caméra pour l’Équateur, une autre pour "le client américain"

Deux anciens employés de UC Global et l’ancien partenaire commercial ont déclaré que M. Morales avait commencé à mettre en place une opération d’espionnage sophistiquée à l’ambassade de Londres en juin 2017. Son témoignage a été corroboré par les courriels que Morales a envoyés aux employés qui ont supervisé la surveillance.

Avant cela, les caméras à l’intérieur et autour de l’ambassade de l’Equateur à Londres étaient des unités CCTV standard. Leur seule fonction était de détecter les intrus. Mais surtout, elles n’enregistraient pas le son.

Pour transformer les caméras d’instruments de sécurité en armes d’intrusion, Morales a envoyé un e-mail à un ami, "Carlos C.D. (espion)", qui possédait une société d’équipement de surveillance appelée Espiamos, ou "Nous Espions". Il a informé Carlos que "notre client" avait demandé que de nouvelles caméras soient placées dans l’ambassade, équipées de microphones indétectables.

Le 27 du même mois, Morales a écrit au même employé : "le client veut avoir le contrôle des caméras en streaming, ce contrôle devra être effectué depuis deux endroits différents." Il a demandé un serveur de stockage séparé qui pourrait être exploité "depuis l’enceinte où se trouve l’enregistreur".

En modifiant les caméras pour qu’elles puissent être contrôlées de l’extérieur, et en les équipant de micros cachés, Morales a mis en place le mécanisme permettant d’espionner les conversations intimes d’Assange avec ses amis et ses avocats. Il a également pris des mesures pour transmettre les images à un serveur de stockage extérieur séparé, gardant ainsi l’opération cachée du SENAIN équatorien. Ses ordres de marche provenaient d’une organisation qu’il décrivait simplement comme "le client américain".

Tous les 15 jours environ, Morales envoyait un des employés à l’ambassade pour recueillir les enregistrements DVR des images de surveillance et les apporter au siège de la société à Jerez, en Espagne. Certains clips importants étaient téléchargés sur un serveur appelé "Operation Hotel", qui a ensuite été transformé en un système basé sur un site web. Lorsque la taille du fichier vidéo était trop importante pour être téléchargée, M. Morales le remettait personnellement à son "client" aux États-Unis.

En décembre 2017, Morales fut convoqué à Las Vegas Sands pour une session spéciale avec "les amis américains". Le 10 de ce mois-là, il a envoyé une série de courriels à son équipe d’espionnage à partir d’une adresse IP statique à l’hôtel Venetian apparetnant à Adelson. Les messages contenaient une nouvelle série d’instructions.

Pour limiter encore plus l’accès du gouvernement équatorien au système de surveillance installé à l’ambassade, il a donné des instructions à ses employés : "Nous ne pouvons pas leur donner accès à certains services du programme, donc ils ne savent pas qui a le plus de connexions ou qui est en ligne dans le système... [mais] tout doit donner l’impression qu’ils y ont accès."

Morales a envoyé à son équipe une présentation powerpoint contenant les instructions pour le nouveau système. Le but de ces instructions était de créer deux utilisateurs distincts : un administrateur pour le client équatorien qui n’aurait pas accès à la connexion afin de ne pas remarquer le second utilisateur ; et une connexion de sécurité distincte pour les Américains, qui auraient le contrôle total des fonctions de surveillance du système.

Obtenues par The Grayzone, le document était rédigé dans un anglais parfait par un locuteur qui n’était manifestement pas Morales :

"David Morales n’avait manifestement pas les connaissances techniques", a dit un ancien spécialiste informatique d’UC Global qui a reçu les instructions, "le document a donc dû être envoyé par une autre personne. Comme il était en anglais, je pense qu’il a pu être créé par les services de renseignement américains".

L’auteur des instructions powerpoint était clairement un expert en cybersécurité ayant une expérience de la surveillance électronique et du piratage. Cette personne a démontré son savoir-faire en effaçant toutes les métadonnées du document, à l’exception du nom d’utilisateur "PlayerOne". Le powerpoint a été transmis en la présence physique apparente de Morales, qui a ensuite dit à ses employés : "Ces personnes m’ont donné les instructions suivantes, rédigées en anglais".

Dans l’entourage d’Adelson, il y avait au moins un expert en cybersécurité ayant une longue expérience de collaboration avec les services de police et de renseignement américains : Brian Nagel, vice-président senior et responsable mondial de la sécurité à Las Vegas Sands.

Du meilleur enquêteur américain en matière de cybercriminalité au chef de la sécurité d’Adelson.

Une des rares photos accessibles au public du directeur de la sécurité mondiale de Las Vegas Sands, Brian Nagel, tirées de son témoignage devant le Congrès en 2007

Au cours de sa longue carrière au sein des services secrets américains, M. Nagel a travaillé au carrefour de l’application de la loi fédérale et des renseignements américains. Dans les années 1990, Nagel a non seulement servi dans le cadre de la protection personnelle des présidents George H.W. Bush et Bill Clinton, mais il a également été chargé de "travailler avec deux services de protection étrangers après l’assassinat et la tentative d’assassinat de leurs chefs d’État respectifs", a-t-il déclaré lors d’un témoignage sous serment devant un tribunal de district américain en 2011. Nagel a également déclaré qu’il a ensuite protégé le directeur et le directeur adjoint d’une agence fédérale qu’il a omis de nommer.

Au cours du même témoignage, Nagel a déclaré avoir reçu le sceau de la communauté du renseignement de la CIA, un prix décerné aux personnes n’appartenant pas à la CIA "qui ont apporté une contribution significative aux efforts de l’Agence en matière de renseignement".

En tant que directeur adjoint des services secrets, il est apparu aux côtés du procureur général américain de l’époque, John Ashcroft, lors d’une conférence de presse sur la lutte contre la cybercriminalité en novembre 2003, et a témoigné devant la sous-commission de la sécurité intérieure de la Chambre des représentants en mars 2007. Outre ces deux événements publics, M. Nagel n’est pas apparu devant les caméras.

Alors que le public a tendance à associer les services secrets américains à des hommes costauds en costume sombre et aux teintes d’aviateur qui chuchotent dans leurs manches tout en filant les présidents, l’agence fonctionne également comme le principal organisme d’enquête sur la criminalité informatique du pays.

En novembre 2002, le Los Angeles Times a fait état du rôle de Nagel dans la création de la Los Angeles Electronic Crimes Task Force, une opération fédérale massive qui a occupé un étage entier d’un gratte-ciel du centre-ville de Los Angeles. Dédiée à la lutte contre la criminalité électronique et le cyberterrorisme, la task force comprenait le FBI, les forces de l’ordre locales, des entreprises de sécurité privées et les services secrets américains. L’initiative, a déclaré M. Nagel, "visait à renforcer nos partenariats actuels et à en créer de nouveaux".

En octobre 2004, M. Nagel a été crédité d’avoir fait tomber une importante organisation internationale de cybercriminalité appelée shadowcrew.com (sans aucun rapport avec l’organisation de pirates informatiques Shadow Brokers qui a divulgué des secrets de la NSA). Selon TechNewsWorld, sous la surveillance de Nagel, "les services secrets ont utilisé des écoutes téléphoniques, un informateur sous couverture et leurs propres pirates pour accéder aux parties privées du site [shadowcrew]".

Ces tactiques semblaient remarquablement similaires à celles déployées treize ans plus tard pour espionner Assange.

Avant de quitter la vie publique en 2008, M. Nagel a aidé le Département de la sécurité intérieure (DHS) à créer le National Computer Forensic Institute. Le directeur du DHS de l’époque, Michael Chertoff, a promis que l’institut "renverserait la situation pour les groupes criminels" en donnant aux forces de l’ordre le pouvoir d’utiliser "les mêmes technologies" que les pirates informatiques et les cybercriminels habituellement employés.

Deux ans plus tard, lorsque Wikileaks est apparu pour la première fois, les unités fédérales spéciales de cybersécurité que Nagel a contribué à créer étaient probablement en première ligne de la lutte américaine contre le centre d’échange d’informations en ligne d’Assange.

L’assistant personnel israélo-américain d’Adelson devient un intermédiaire espion.

Lorsque Nagel a rejoint Las Vegas Sands en tant que directeur de la sécurité globale, il a été chargé de sécuriser un empire financier et politique international qui s’étendait des États-Unis à Israël et à Macao en République populaire de Chine. Le président de Sands, Sheldon Adelson, possédait une fortune évaluée à environ 30 milliards de dollars qui le plaçait régulièrement dans le top 10 de la liste des Américains les plus riches établie par Forbes.

Les activités politiques d’Adelson étaient guidées par deux facteurs : son désir d’étendre ses opérations de jeu dans le monde entier et son sionisme fanatique. Il était tellement engagé en faveur de l’État juif autoproclamé qu’il s’est un jour plaint d’avoir servi dans l’armée américaine alors qu’il était jeune plutôt que dans l’armée israélienne.

En tant qu’ami personnel et bienfaiteur financier du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, Adelson a investi son argent dans une tentative avortée d’empêcher la réélection du président Barack Obama et la signature de l’accord nucléaire iranien. En 2016, il est devenu l’un des principaux donateurs de la campagne présidentielle de M. Trump, contribuant à la mise en place de l’administration la plus favorable au Likoud de l’histoire des États-Unis.

Pour assurer sa protection personnelle, Adelson a réuni une collection d’anciens soldats israéliens et d’agents de renseignement comme gardes du corps. A la tête de son service de sécurité se trouvait Zohar Lahav, un citoyen israélien qui a été vice-président de la protection des cadres à Las Vegas Sands.

Adelson avec un garde du corps principal.

Naturalisé aux États-Unis, Lahav a travaillé pendant un certain temps dans les années 1990 comme administrateur au consulat israélien de Miami. Il a fait l’objet d’une petite controverse en 1996 lorsque le Miami New Times a rapporté que la ville de Miami l’avait engagé comme sergent d’armes, lui confiant la protection du maire ainsi qu’un ensemble de rôles indéfinis, dont celui d’assistant personnel.

Lahav s’est de nouveau retrouvé dans l’actualité en 2011 lorsque neuf membres de l’équipe de direction d’Adelson ont poursuivi son employeur à Las Vegas Sands pour avoir refusé de leur payer des heures supplémentaires. Trois des membres de l’équipe ont modifié la poursuite en alléguant qu’on leur avait refusé des promotions parce qu’ils étaient afro-américains.

"L’équipe de protection des cadres, pendant ses 14 années d’existence, a été gérée et contrôlée par une équipe de direction composée exclusivement d’anciens citoyens israéliens à la peau blanche", s’est plaint leur avocat. (En plus de Lahav, la plainte a désigné Adi Barshishat comme un Israélien qui a aidé à diriger l’équipe de sécurité d’Adelson. Dans son profil sur Linkedin, Barshishat énumère une surveillance intensive de l’entraînement par une "agence gouvernementale israélienne" non nommée).

Dans leur plainte contre Sands, les plaignants ont allégué que Lahav racontait régulièrement des blagues à caractère raciste. L’un d’entre eux a accusé Lahav de forcer les membres de l’équipe à "transporter des armes à feu en violation de la loi de l’État" et de leur faire utiliser une machine à rayons X non enregistrée qui mettait leur santé en danger. Deux des gardes de sécurité ont ensuite poursuivi Adelson pour les avoir fait "subir des blessures, y compris la stérilisation" en les obligeant à passer aux rayons X chaque pièce du courrier du milliardaire. Lahav a également été accusé d’avoir ordonné au personnel de sécurité de ne communiquer avec Nagel sous aucun prétexte.

Sands a rapidement exercé des représailles contre les gardes de sécurité mécontents, les réaffectant à des rôles humiliants de flics de centre commercial. Ensuite, l’avocat d’Adelson a accusé l’avocat adverse d’antisémitisme, affirmant qu’il avait harcelé Lahav avec des "questions insultantes sur la race, sa religion" et la famille d’Adelson. Enfin, Brian Nagel a fait pression pour empêcher que les audiences soient filmées, insistant devant un juge de district sur le fait que la couverture télévisée "créerait du matériel destiné à une utilisation virale sur Internet par des groupes haineux extrémistes et des terroristes" qui pourrait nuire à la sécurité personnelle d’Adelson.

Il s’agissait d’une affirmation ironique d’un agent de sécurité dont la société semblait avoir participé à une opération d’espionnage très intrusive et peut-être illégale contre Assange et de nombreux avocats, journalistes, politiciens, citoyens américains et diplomates équatoriens.

Une façade de la CIA sur le sol chinois ?

Au moment du procès, la société d’Adelson semblait avoir travaillé en étroite collaboration avec la CIA. Un rapport confidentiel de 2010 d’un enquêteur privé engagé par l’industrie du jeu a pointé du doigt le casino d’Adelson à Macao comme étant une façade pour les opérations de l’Agence contre la Chine.

"Une source fiable a rapporté que les responsables du gouvernement central chinois croient fermement que Sands a permis à des agents de la CIA/FBI d’opérer depuis ses installations. Ces agents "surveillent apparemment les fonctionnaires du gouvernement continental" qui jouent dans les casinos", a-t-il déclaré.

Précédemment détaillé par le Guardian en 2015 et consulté par The Grayzone en mai dernier, le rapport confidentiel citait des preuves provenant de sources officielles chinoises selon lesquelles "des agents américains opérant à partir de Sands, "attirent" et piègent des fonctionnaires du gouvernement continental, impliqués dans les jeux, pour les forcer à coopérer avec les intérêts du gouvernement américain".

Un porte-parole d’Adelson’s Sands a publié un démenti ambigue du rapport, déclarant qu’il s’agissait simplement d’"une idée pour un scénario de film". Peu de temps après, une autre collaboration entre Adelson et Langley semblait se dessiner, et elle contenait elle aussi tous les éléments d’un thriller d’espionnage à grand succès.

"Je sens que cette personne lui a proposé de collaborer avec les services de renseignement américains"

Le salon de l’industrie de la sécurité de 2016 à Las Vegas, à la Sands Expo, a été l’occasion pour la société d’Adelson - et probablement la CIA - d’engager David Morales. Son recruteur personnel, selon les témoignages, était Lahav.

Lorsque Morales est rentré de Las Vegas pour rejoindre sa base en Espagne, il a divulgué les détails de l’accord à son partenaire commercial de l’époque.

"J’ai déduit des conversations avec David Morales, où il a avoué en détail les accords conclus lors de son voyage aux États-Unis", a déclaré plus tard l’ex-partenaire devant un tribunal espagnol, "le chef de la sécurité de Las Vegas Sands, un juif du nom de Zohar Lahav, a pris contact avec M. Morales, devenant ainsi un bon ami à la foire de la sécurité de Las Vegas. Je sens que cette personne lui a proposé de collaborer avec les services de renseignements américains pour lui envoyer des informations sur M. Assange".

M. Morales a confirmé son amitié étroite avec Lahav lors d’un entretien au tribunal espagnol mené en février dernier par Aitor Martinez, un avocat espagnol représentant M. Assange dans cette affaire. Lors d’une précédente comparution devant le tribunal, le procureur espagnol avait interrogé directement Morales sur le lien entre Lahav et les services de renseignement américains ; Morales avait affirmé qu’il n’en avait aucune idée.

Un ancien partenaire commercial de Morales s’est souvenu d’un incident "lorsque Zohar [Lahav] est venu en Espagne et a séjourné dans la maison habituelle de Morales pendant une semaine".

Une autre preuve de la relation entre Lahav et Morales se trouve dans une lettre de recommandation non datée que Lahav a écrite pour son ami. Rédigée sur du papier à en-tête de Sands, Lahav a déclaré qu’il avait "travaillé avec M. David Morales, PDG d’UC Global S.L. pendant 3 ans", le félicitant pour sa "loyauté et sa constance" :

Fin 2017, la prétendue collaboration entre Morales et Sands avait atteint sa pleine maturité, la CIA lui ayant apparemment donné un coup de main. Ensemble, ces entités ont intensifié leur surveillance des associés d’Assange et ont déjoué son plan de quitter l’ambassade sous la protection de l’inviolabilité diplomatique.

Espionnage, vol de couches et plans de cambriolage.

Stefania Maurizi, une journaliste italienne qui visitait régulièrement Assange à l’ambassade à Londres, se souvient des rencontres détendues avec un minimum de sécurité et des interactions amicales avec le personnel de l’ambassade pendant les cinq premières années du séjour du fondateur de Wikileaks. C’est en décembre 2017 que tout a changé.

Lors d’une visite pour interviewer Assange ce mois-là, les gardes de sécurité espagnols d’UC Global ont exigé que Maurizi leur remette son sac à dos et toutes ses affaires à l’intérieur pour la première fois. Elle a protesté contre cette nouvelle procédure apparemment arbitraire, mais en vain.

"Ils ont tout saisi", a déclaré Maurizi au Grayzone. "Ils ont pris mes deux téléphones, dont un était crypté, mon iPod et de nombreuses clés USB. Il n’y avait aucun moyen de récupérer mon sac à dos. Le garde m’a dit : "Ne vous inquiétez pas, tout ira bien, personne ne pourra accéder à votre matériel ou ouvrir votre sac à dos". J’étais très méfiante. Je n’avais même pas le droit d’apporter un stylo à l’intérieur pour prendre des notes".

Il s’est avéré que les employés d’UC Global ont photographié le numéro international unique d’identification des équipements mobiles et le numéro de la carte SIM à l’intérieur du téléphone de Maurizi et de nombreux autres visiteurs. Sur l’une des photos obtenues par The Grayzone, les prestataires de services de sécurité ont retiré la carte SIM pour obtenir une image claire des codes. Il semblait que c’était l’information dont ils avaient besoin pour pirater les téléphones.

Photo du téléphone portable de la journaliste Stefania Maurizi, prise par UC Global

A l’époque, Maurizi ne savait rien des relations actuellement en cours d’enquête entre la CIA et l’équipe de sécurité de l’ambassade. Elle savait seulement que Correa, le président équatorien de gauche qui a défendu Assange, avait été remplacé quelques mois plus tôt, en mai 2017, par Lénin Moreno, son ancien vice-président qu’il a qualifié de cheval de Troie des intérêts américains.

La nouvelle administration a pris une soudaine tournure pro-américaine qui a rendu obligatoire l’hostilité envers Assange et son organisation. Alors que le FMI faisait miroiter un prêt massif à son gouvernement à court d’argent, Moreno a dénigré Assange en le qualifiant de "hacker" et lui a coupé l’accès à Internet ainsi que les visites de l’extérieur pendant une période prolongée.

Assange, pour sa part, était dorénavant convaincu que la sécurité de l’ambassade l’espionnait. Fin 2017, il utilisait une machine à bruit blanc dans la salle de conférence principale pour sécuriser ses conversations avec les avocats, et tenait les réunions les plus sensibles avec ses avocats dans les toilettes des femmes, ouvrant les robinets pour noyer le son de leurs conversations. UC Global a contrecarré cette pratique en plaçant un microphone magnétique au fond d’un extincteur, ce qui leur a permis de fouiner dans le bruit blanc. Un second microphone a été installé dans les toilettes des femmes.

D’autres plans exposés dans les e-mails de la société UC Global prévoyaient de planter un micro capable d’écouter à travers les murs, et de le placer secrètement dans le bureau de l’ambassadeur, qui était désigné dans les e-mails comme "Directeur de l’hôtel".

Morales a également proposé d’installer des dispositifs d’écoute dans la chambre d’Assange, et même de mettre en place un programme pour remplacer tous les extincteurs par de nouveaux, avec des micros cachés. Le micro de la salle de conférence principale a enregistré la majeure partie des conversations, et est actuellement en possession du juge espagnol qui supervise l’affaire.

"Julian était extrêmement inquiet. Il a dit que les gardes travaillaient pour les services secrets", s’est rappelé son avocat, Martinez. "Je lui ai dit qu’ils étaient juste des gars de la classe ouvrière du sud de l’Espagne, d’où je viens. Mais maintenant je me rends compte qu’il avait totalement raison."

Le 12 décembre, deux jours après avoir reçu les instructions à Las Vegas Sands sur la création de flux séparés pour les caméras de surveillance, Morales a envoyé un e-mail à l’équipe d’espionnage de son ambassade, identifiant des cibles individuelles spécifiques. Selon un ancien employé d’UC Global, la liste a été créée par "les Américains".

Parmi les premiers sur lesquels il leur a ordonné de se concentrer, on trouve "Fix", un expert allemand de la cyber-sécurité, et "MULLER", une référence à Andrew Müller-Maguhn, un hacker allemand et un activiste des droits de l’Internet qui était un ami proche d’Assange. Lors d’une visite à l’ambassade, UC Global Security a photographié le contenu du sac à dos de Müller-Maguhn et les numéros de contact de son téléphone portable.

Morales a également exigé la surveillance d’Ola Bini, un développeur de logiciels suédois qui a rendu visite à Assange, et de Felicity Ruby, une collègue de Bini dans l’entreprise Thought Works, que Morales a décrite comme "une équipe de pirates informatiques".

Dans un bulletin de septembre 2017, Morales a publié une liste de dix cibles individuelles pour l’enquête, exigeant des profils actualisés sur les avocats d’Assange tels que Renata Avila, Jennifer Robinson, Carlos Poveda et le juge espagnol Baltasar Garzon.

Il a demandé une "attention particulière" à Stella Moris, un membre de l’équipe juridique qui a récemment révélé qu’elle avait entamé une relation avec Assange et qu’elle avait eu deux enfants avec lui pendant son séjour à l’ambassade... Après avoir proposé "une personne entièrement dévouée à l’activité" d’espionnage de Moris, Morales a finalement demandé à un employé de voler une couche-culotte à l’un des fils de Moris afin d’extraire l’ADN qui pourrait prouver qu’elle était la mère des enfants d’Assange. "À l’époque", a déclaré l’employée, "Morales a délibérément indiqué que "les Américains" ont insisté pour confirmer [les résultats de l’ADN]".

Bouleversée par cette étrange mission, l’employée d’UC Global a fini par intercepter Moris à l’extérieur de l’ambassade pour l’informer du vol de couches prévu et pour la mettre en garde contre le fait d’emmener l’enfant à l’intérieur de l’ambassade.

"Ils étaient obsédés par les visiteurs américains, tous, des avocats aux journalistes en passant par les amis. Ils se concentraient beaucoup sur Glenn Greenwald, allant même jusqu’à ouvrir son passeport, prendre des photos de son visa pour la Russie et les envoyer à leur siège", a déclaré M. Martinez, en référence au journaliste américain basé au Brésil qui avait visité Assange. (Le Grayzone a vu la photo du visa d’entrée de UC Global dans le passeport de Greenwald).

Le courriel du 12 décembre de M. Morales appelait également à l’attention sur tout "citoyen russe" visitant Assange. La directive semblait refléter l’obsession américaine croissante de connecter Wikileaks aux services de renseignement russes et le prétendu piratage des serveurs de messagerie du Comité national démocrate en 2016.

Les images d’espionnage de l’humoriste et activiste Randy Credico en visite à Julian Assange en novembre 2017.

Suite à cette surveillance accrue, Garzon, le juge espagnol qui dirigeait l’équipe juridique d’Assange, a été suivi par les espions d’UC Global lorsqu’il a récupéré l’ancien président équatorien Correa à l’aéroport de Barajas à Madrid, en Espagne. Les deux ont été photographiés alors qu’ils se trouvaient au domicile de Garzon. Morales a ensuite envoyé par e-mail un rapport et des photos de la rencontre.

Un ancien employé d’UC Global a témoigné qu’en novembre 2017, Morales a proposé de s’introduire dans le bureau de Garzon à Madrid afin "d’obtenir des informations pertinentes sur M. Assange et de les donner [aux Américains]". L’ancien employé a noté que deux semaines plus tard, le bureau de Garzon a été cambriolé et qu’aucun argent ou objet de valeur n’a été pris. Le quotidien espagnol El Pais a rapporté que trois hommes cagoulés et habillés en noir ont fait irruption dans le bureau de Garzon le 18 décembre 2017, n’ont pas pris d’argent, mais ont "fouillé dans les documents".

Toutes les demandes de surveillance, de suivi et de communication sur Baltasar Garzón, selon ce qu’a déclaré David Morales, "provenaient des Américains", a témoigné l’ancien employé.

Morales a également envoyé des rapports sur une réunion que Correa a tenue à Bruxelles, avec des détails sur les numéros de série de ses appareils, des informations intimes sur les personnes qu’il a rencontrées, et le contenu de ces conversations. Curieusement, le rapport a été rédigé par Morales en anglais et envoyé à son équipe afin d’être partagé sur le serveur spécial créé pour le "client américain". Il a affirmé de manière peu plausible que le rapport était destiné au SENAIN équatorien.

Pourtant, lorsque le procureur et Martinez, l’avocat d’Assange, lui ont demandé pourquoi il avait rédigé en anglais un courriel destiné aux fonctionnaires équatoriens hispanophones, Morales s’est débattu pour trouver une excuse. "Parfois, j’aime écrire en anglais", a-t-il déclaré.

Maurizi, pour sa part, a constaté que les appels, les courriels et les textes de ses rédacteurs, alors au quotidien italien La Repubblica, ne passaient pas. "Personne ne pouvait expliquer cette perturbation", a déclaré Maurizi. "Je me demande si cela a quelque chose à voir avec ces activités d’espionnage. Jusqu’à ce jour, je ne peux pas le dire".

Pendant ce temps, Pamela Anderson, l’actrice américaine qui est devenue une amie d’Assange, s’est fait voler les mots de passe de son courriel et de son téléphone portable par UC Global lors d’une visite. Le vol a eu lieu lorsque Anderson a écrit ses mots de passe sur un bloc-notes afin qu’Assange puisse vérifier la sécurité de ses comptes. Grâce au système de caméra qu’ils ont installé, les espions d’UC Global ont réussi à photographier le bloc-notes, leur permettant ainsi d’accéder à ses comptes.

Le réseau d’espionnage a pris au piège pratiquement tous ceux qui entraient dans l’ambassade, même Dana Rohrabacher, la représentante des États-Unis à l’époque. L’avocate d’Assange, Jennifer Robinson, a assisté à la réunion d’août 2017 avec Rohrabacher et a affirmé qu’il s’était annoncé comme émissaire officiel de Trump. Elle a déclaré que le membre du Congrès avait offert une grâce présidentielle à la condition que l’éditeur de Wikileaks puisse fournir des preuves concrètes que le gouvernement russe n’avait pas piraté le serveur de messagerie du DNC.

Rohrabacher a admis plus tard qu’il avait fait miroiter la possibilité d’une grâce, mais a maintenu que sa visite était une "mission d’enquête" personnelle sans rapport avec une quelconque initiative de Trump.

Un ancien employé d’UC Global a témoigné que "les Américains étaient très nerveux à propos de la visite" de Rohrabacher, et "ont personnellement demandé à Morales de contrôler et de surveiller absolument tout ce qui se rapportait à cette visite". Pendant la réunion, Rohrabacher a dû laisser son téléphone aux espions d’UC Global.

Saboter la stratégie de sortie d’Assange, les complots de vol et d’assassinat.

Tout au long de décembre 2017, M. Assange et ses avocats ont élaboré un plan de sortie de l’ambassade en vertu des protections accordées aux diplomates par la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques. Une proposition prévoyait de nommer Assange diplomate pour un gouvernement ami comme la Bolivie ou la Serbie, lui garantissant ainsi l’immunité diplomatique. Le dernier volet du plan reposait sur la coopération du chef du SENAIN équatorien, Rommy Vallejo, qui était techniquement le patron de Morales. Vallejo est arrivé à l’ambassade le 20 décembre 2017, cinq jours seulement avant qu’Assange n’ait prévu de quitter l’ambassade.

"C’était la dernière étape", a déclaré M. Martinez à propos de la visite du chef du SENAIN. " [Vallejo] allait parler avec Julian [Assange] des derniers détails pour quitter l’ambassade et organiser un véhicule diplomatique. Maintenant, après avoir vérifié tous les dossiers et les e-mails, nous avons découvert que lorsqu’il a rendu visite à Julian, Morales a dit [à son équipe d’espions] de tout enregistrer, d’ouvrir toutes les caméras et de prendre toutes les données de tous les téléphones portables".

En effet, dès la fin de la rencontre, Morales a demandé à ses employés de lui envoyer les enregistrements complets de la surveillance par Dropbox. L’équipe d’UC Global a procédé à l’ouverture des téléphones de Vallejo et a pris les codes de ses portables.

Le 21 décembre - le lendemain de la rencontre d’Assange avec le chef du SENAIN - les procureurs américains ont secrètement déposé des accusations contre Assange devant le tribunal fédéral d’Alexandrie, en Virginie.

Selon une source impliquée dans le projet d’accorder l’immunité diplomatique à Assange, l’ambassadeur américain en Équateur, Todd Chapman, a informé les autorités équatoriennes qu’il avait eu connaissance de cette initiative et les a mises en garde contre son exécution.

La source a également déclaré à The Grayzone que lorsque l’un des fonctionnaires équatoriens impliqués dans la conception de la stratégie de libération d’Assange de l’ambassade est rentré à Quito, son véhicule officiel du gouvernement a été arrêté sur une route par des hommes armés masqués sur une moto qui lui a volé son ordinateur portable. L’ordinateur contenait des informations détaillées sur le plan visant à permettre légalement à Assange de quitter l’ambassade.

Guillaume Long, le ministre des affaires étrangères de l’Équateur sous Correa, a déclaré à The Grayzone que l’opération d’espionnage coordonnée par les États-Unis visant Assange à l’ambassade équatorienne était "une violation majeure de la souveraineté, du droit international et des règles qui régissent la diplomatie internationale". Et c’est complètement illégal et je dirais même que cela sape les arguments des États-Unis en faveur de l’extradition de Julian Assange".

Le vol présumé d’un fonctionnaire équatorien à Quito était conforme à un autre plan violent divulgué par un ancien employé d’UC Global devant le tribunal espagnol.

L’ancien employé a rappelé que Morales avait mentionné que "les Américains étaient désespérés" de mettre fin à la présence d’Assange dans l’ambassade. Ainsi, ils "proposaient d’activer des mesures plus extrêmes contre lui", y compris "la possibilité de laisser la porte d’une mission diplomatique ouverte, en arguant que c’était une erreur accidentelle, pour permettre l’entrée et l’enlèvement du demandeur d’asile ; ou même la possibilité d’empoisonner M. Assange".

Les membres du personnel ont été choqués lorsqu’ils ont appris la proposition et ont protesté auprès de M. Morales que la direction qu’il prenait "commençait à devenir dangereuse".

Après une campagne d’espionnage, une poursuite pour espionnage.

Le 11 avril 2019, la police britannique a fait une descente à l’ambassade équatorienne à Londres et a traîné Assange dans une camionnette. C’était la première fois dans l’histoire qu’un gouvernement autorisait un service de police étranger à entrer sur son territoire souverain pour arrêter un de ses citoyens.

Le même jour, Ola Bini - le programmeur informatique suédois qualifié de "hacker" par Morales et placé sous une surveillance américaine apparente - a été arrêté en Équateur et détenu pendant des mois sans inculpation. Accusé de collaboration avec Assange et de divers cyber-crimes, Bini a été détenu dans la prison équatorienne d’El Inca, où les autorités américaines auraient demandé à l’interroger. Amnesty International a qualifié Bini de "défenseur du numérique" et a condamné "l’ingérence indue du gouvernement" ainsi que l’intimidation de son équipe de défense juridique.

Assange, un citoyen australien, a ensuite été emprisonné dans la prison de Belmarsh, où il attend maintenant une éventuelle extradition vers les États-Unis et un procès pour 18 chefs d’accusation, dont 17 sont liés à la violation de la loi sur l’espionnage. Ces accusations sont passibles d’une peine maximale de 175 ans de prison.

Lors de la première audience d’extradition, le 24 février dernier, Assange a été confiné dans un box en verre qui l’a empêché de s’entretenir directement avec ses avocats. Des observateurs, dont l’ancien diplomate britannique Craig Murray, ont déclaré avoir remarqué que des agents américains s’étaient entretenus avec des procureurs britanniques à l’extérieur de la salle d’audience.

Un témoin de l’audience d’extradition a fourni à The Grayzone des photographies de plusieurs participants qui, selon lui, étaient des fonctionnaires du ministère américain de la justice qui se sont assis directement derrière les procureurs britanniques tout au long de la procédure.

Les photos, ci-dessous, montrent les présumés fonctionnaires à l’extérieur de la salle d’audience :

Après le début de l’audience, selon l’avocat d’Assange, Martinez, une avocate britannique est arrivée et a demandé la permission d’observer. Elle représentait Las Vegas Sands, ce qui indique clairement qu’Adelson était très préoccupé par l’issue de la procédure.

Ayant été promu du poste de directeur de la CIA à celui de secrétaire d’État, Mike Pompeo aurait jeté les bases de sa candidature au Sénat américain du Kansas. La première étape de la campagne de Pompeo, selon une série d’articles, a consisté à contacter Sheldon Adelson pour "évaluer l’intérêt" du financement de la candidature au sénat.

Fin 2019, suite à la révélation des relations de Sands avec UC Global, d’anciens employés de Morales ont révélé une rumeur selon laquelle le garde du corps d’Adelson, Zohar Lahav, avait été licencié par Las Vegas Sands. Lorsqu’on a demandé à Morales, lors d’une comparution devant le tribunal espagnol en février dernier, si la rumeur était vraie, il l’a confirmée, déclarant que Lahav avait été licencié à cause du "désordre" qu’il avait contribué à créer.

Contacté par téléphone par The Grayzone le 12 mai, Lahav a immédiatement raccroché lorsqu’on lui a dit qu’il parlait avec un journaliste.

Max Blumenthal - 14 mai 2020

article d’origine :
https://thegrayzone.com/2020/05/14/american-sheldon-adelsons-us-spy-ju...

Traduction par Toute la France avec Assange, retouchée ici ou là par VD

»» https://www.facebook.com/notes/toute-la-avec-assange-french-action-4-a...

Partager cet article
Repost0

commentaires

Le manque d’eau menace le Maghreb

Publié le par S. Sellami

Les disponibilités en eau courante ont diminué de 60 % depuis quarante ans en Afrique du Nord. La modification de la pluviométrie liée au réchauffement climatique, le mauvais entretien du réseau et l’insuffisance d’infrastructures d’épuration sont en cause dans cette impasse inquiétante, qualifiée par les experts de stress hydrique. Dont les premières victimes sont les petits paysans de la région.

Juin 2019 : arbres morts à cause de la sécheresse dans le bassin de la Macta (nord-ouest de l’Algérie) .

En février 2020, Arezki Barraki, ministre des ressources en eau, assure que « L’Algérie n’est pas en situation d’alerte ou de stress hydrique ». Pourtant, ce pays et ses voisins n’atteignent plus le seuil de 1 000 m3/habitant/an au-dessous duquel la vie sociale et le développement économique sont difficiles selon le chercheur suédois Martin Falkenmark. Si bien que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)1 et le World Ressources Institute (WRI)2 ont, contrairement au ministre algérien, déclaré le Maghreb en état de stress hydrique élevé.

CONCENTRATION DES ÉPISODES PLUVIEUX                                                                                        Les stocks d’eau diminuent, car ils dépendent en grande partie de la pluviométrie. « La quantité de pluie qui tombe annuellement n’a pas baissé considérablement », tempère Jamila Tarhouni. Selon la directrice du laboratoire de Sciences et technologies de l’eau à l’Institut national agronomique de Tunis, « ce qui a changé, c’est la concentration des épisodes pluvieux. Alors que la pluie s’étalait dans le temps et profitait aux sols, la durée des précipitations actuelles est courte quand la quantité peut être grande. Cela provoque des inondations et des érosions, car nos surfaces sont altérées par la déforestation et l’urbanisation ».

« Les épisodes pluvieux, en plus d’être courts, sont immédiatement suivis d’un temps ensoleillé et sec, ajoute Malek Abdesselam, maître de conférences en hydrogéologie à Tizi-Ouzou. Dans ces conditions, l’eau s’évapore vite et la ponction des nappes souterraines s’intensifie : la pluie n’empêche plus le pompage des eaux par les agriculteurs. »

DES RÉSEAUX D’ÉPURATION INSUFFISANTS

Les pays du Maghreb augmentent leur capacité à stocker les eaux de surface. Le Maroc dispose ainsi de 144 barrages, chiffre dont l’Algérie veut se rapprocher d’ici 2030. La Tunisie a 34 unités, le double de la Libye qui en compte 16.

Ces pays s’intéressent aussi aux eaux non conventionnelles. Les usines de dessalement se multiplient sur les 7 000 km de littoral maghrébin. L’Algérie fait office de leader avec 21 usines réalisées en moins de 20 ans. Le Maroc a emprunté 130 millions d’euros pour la construction à Agadir de la deuxième plus grande station de la région après celle d’El Maqtaa à Oran. Tunis compte sur un prêt de 306 millions d’euros pour réaliser une usine à Sfax.

Le talon d’Achille de l’Afrique du Nord reste l’épuration des eaux usées, puisqu’elle lui dédie à peine 260 usines, dont 170 sont en Algérie. En comparaison, la France en a plus de 20 000. « Pourtant, dit Abdesselam consterné, 80 % de l’eau domestique va dans les égouts qui se déversent souvent dans la mer ».

Pour répondre à la demande du consommateur, des plans d’envergure sont lancés ici et là. Le Plan Maroc vert est suivi de Generation green 2020-2030 et Forêts du Maroc. La Tunisie veut planter 100 millions d’oliviers alors qu’en Libye, Mouammar Kadhafi avait réalisé le projet pharaonique de la Grande Rivière artificielle constituée de stations de pompage de l’eau des nappes sahariennes pour desservir la population en eau potable et développer une agriculture locale, transformant des pans entiers du désert en vergers sous serres.

Mais malgré ces efforts, « les disponibilités en eau douce par habitant dans les pays du Maghreb ont chuté de plus de 60 % au cours des 40 dernières années »3, notamment parce que les capacités de stockage de l’eau sont limitées en partie par le manque d’entretien.

Ainsi, la production des usines de dessalement n’est jamais à son maximum. La quantité d’eau gardée par les barrages régresse à cause de l’envasement. « Oued El Kebir, le premier barrage d’Afrique du Nord en service depuis 1928, est carrément à l’arrêt à cause de la sédimentation », se désole Tarhouni. « L’entretien des usines et des barrages fait défaut, ajoute Abdesselam. De même pour les raccordements. Malgré les recommandations de l’État, les entrepreneurs préfèrent les matériaux chinois qui sont moins chers que la production locale, pourtant de meilleure qualité. C’est pourquoi les fuites se multiplient très vite ».

Franck Galland le confirme : « Les pays du Maghreb augmentent l’offre en eau. Mais ils ne réparent pas assez les réseaux d’adduction et les conduites d’eau. Aussi, le niveau de fuite est élevé, surtout dans les réseaux urbains où les pertes s’élèvent à 30 à 40 % de l’eau déstockée ». Ce chercheur associé à la Fondation de la recherche stratégique (FRS) regrette aussi que « la guerre ait endommagé la Grande Rivière artificielle en Libye. Des infrastructures et des stations de pompage ont été bombardées ou sont prises en otage ».

L’INÉGALITÉ DE L’ACCÈS À L’EAU

Maitre de conférences en géographie à l’université de Poitiers, Mohamed Taabani estime que « les premières victimes du manque d’eau sont les petits agriculteurs, les paysans et les petits éleveurs ». Jamila Tarhouni le confirme : « J’ai observé en 2016 que les populations rurales se déplacent beaucoup en période de sécheresse. Elles abandonnent leurs biens pour louer en ville ou s’installer à la périphérie urbaine, ce qui induit des piquages sauvages pour s’approvisionner en eau ».

Les déplacements des populations révèlent l’inégalité de l’accès à l’eau. D’après l’Unicef, 36 % de la population rurale marocaine n’a pas un accès élémentaire à l’eau contre seulement 4 % en ville. Onze pour cent de la population rurale algérienne n’y accède pas contre 5 % de la population urbaine4.

Ces chiffres cachent une autre disparité : la fréquence de l’accès au précieux liquide. Ainsi, le barrage de Taksebt situé près de Tizi-Ouzou dessert essentiellement les grandes agglomérations, dont Alger. Quant aux villageois habitant à proximité du barrage et affectés par des maladies respiratoires liées à l’humidité de l’air, ils remplissent citernes, fûts, bassines, casseroles… une fois seulement par semaine ou par quinzaine.

En effet, les autorités favorisent les populations urbaines. « Ce sont les zones les plus denses en population. On ne veut donc pas les mécontenter », résume Abdesselam. Mais cela provoque d’autres frustrations : « Le sud tunisien voit l’eau de ses nappes souterraines extraite à destination des villes touristiques, témoigne Tarhouni. Les révoltes se multiplient comme à Sidi-Bouzid où la population demande des quotas que refusent les autorités sans explication. Alors les manifestants empêchent les projets de forage et entreprennent de casser les conduites d’eau ».

Si en Algérie et en Tunisie l’eau permet d’acheter la paix sociale, Kadhafi en a fait un moyen de pression politique. Selon Mohamed Larbi Bouguerra, « il y avait un avertissement et une menace on ne peut plus clairs : en cas de désobéissance au Chef, l’eau pourrait être coupée »5.

Et pour assombrir le tableau, les millions de touristes qui visitent la région chaque année gâchent de grandes quantités d’eau. « La consommation annuelle par touriste est de 2 à 5 fois celle des habitants, déclare Taabani. Les installations touristiques n’étant pas équipées de stations de traitement efficaces des eaux usées, le recyclage de celles-ci y est insignifiant ». La Tunisie a même fixé « un objectif de consommation de 300 litres par jour et par lit occupé »6, soit le double de l’usage local.

LA SÉCHERESSE ÉPROUVE LE TISSU SOCIAL

« Les autorités marocaines sont solidaires des agriculteurs oasiens », se réjouit Saïd Doumi. Le président de l’Association des oasis pour le développement intégré loue une politique d’acheminement de l’eau qui a limité l’exode oasien : « Dans les oasis, la sécheresse éprouve durement le tissu social et son économie. L’absence de pluie redouble l’ensablement des terres agricoles et le bayoud [maladie fongique] ravage les palmeraies. Alors, l’oasis perd de sa beauté, les solidarités disparaissent et les gens migrent. Depuis que le roi a construit des barrages pour irriguer nos champs, nous disposons de l’eau courante ».

Toutefois, le manque de pluie limite la capacité des barrages à satisfaire les besoins des agriculteurs. Ces derniers creusent donc des puits qui ponctionnent les nappes non renouvelables. « Ce sont des puits de 30 à 50 mètres. Mais ce sont les grands propriétaires qui se le permettent. Les autres restent dépendants des eaux de surface. Pour cette raison, je prévois de creuser un puits au milieu de l’oasis pour protéger définitivement la palmeraie de la sécheresse ».

Les problématiques rencontrées par les populations oasiennes sont symptomatiques de ce qui se passe dans tous les pays en voie de développement où « l’agriculture consomme jusqu’à 90 % des ressources renouvelables », selon Galland. Comme en Libye et en Tunisie, « les nappes souterraines sont surexploitées au Maroc, les prélèvements annuels sont supérieurs aux rechargements naturels, note Taabani. On estime à 1 milliard de m3/an la surexploitation, c’est-à-dire le déstockage non renouvelé ».

« Hier encore en Algérie, on tirait l’eau avec un seau dans la Mitidja, se souvient Malek Abdesselam. Aujourd’hui, la nappe a baissé de 30 à 50 mètres ». Jamila Tarhouni estime, pour sa part, que les nappes tunisiennes baissent d’une trentaine de mètres par décennie, à cause de « l’absence d’une stratégie politique qui combine l’intérêt pour les ressources en eau et la prise en compte des besoins agronomiques ».

Le témoignage de Saïd Doumi illustre la tendance politique impulsée par Mohamed VI pour faire émerger une classe moyenne d’agriculteurs. Une politique qui a ses limites. En même temps que « la sécurité alimentaire est une priorité au Maroc, les pouvoirs publics essaient de réduire le stress hydrique par le recours à l’irrigation via la mobilisation de l’eau et l’amélioration des techniques d’irrigation ou l’utilisation de variétés plus résistantes à la sécheresse, résume Taabani. Mais cela ne suffit pas à satisfaire toute la demande et pour — en partie — la paix sociale des populations rurales vivant de l’agriculture, les autorités acceptent la surexploitation des ressources en eaux souterraines ».

LES PETITS AGRICULTEURS LES PLUS PÉNALISÉS

« La situation n’est pas désespérée pour les pays volontaristes, commente Franck Galland. Il faut conscientiser la population et l’inciter à baisser sa consommation domestique et agricole tout en limitant la production non vivrière ». Mohammed Taabani abonde dans le même sens : « Les rapports du GIEC prévoient + 2 à + 4 °C et une baisse des précipitations de 10 à 30 % à l’horizon 2080-2099 pour le Maghreb. Logiquement, les apports aux barrages et aux nappes baisseront d’autant. Compte tenu des priorités en matière d’accès à l’eau, c’est l’agriculture qui est la variable d’ajustement en termes de réduction des dotations. Par conséquent, ce sont les petits agriculteurs irriguant hors périmètres qui risquent d’être les plus pénalisés par le manque d’eau potable ».

Le géographe prédit :« Les autorités vont jouer sur le tarif au m3 pour inciter à la modération. En milieu rural cependant, les difficultés d’accès à l’eau potable vont persister. C’est pourquoi le recours aux eaux non conventionnelles semble inéluctable. L’énergie photovoltaïque combinée à l’éolienne en appoint aux centrales thermiques peut permettre le développement de petites usines de dessalement et réduire les coûts de production, mais cela implique de maîtriser la technologie pour la maintenance de ces équipements ».

Partager cet article
Repost0

commentaires

<< < 1 2 3 4