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Chloroquine : ce sont les "anti-Raoult" qui mélangent science et politique

Publié le par S. Sellami

En interdisant toute prescription d’hydroxychloroquine non seulement aux médecins généralistes (interdiction datant de mars sous l’impulsion du Ministère de la Santé) mais aussi désormais aux hôpitaux (fin mai), Olivier Véran, ministre de la Santé, met un coup d’arrêt à l’une des polémiques scientifiques les plus intéressantes de ces dernières années et éclaire d’un jour nouveau ce qu’on a coutume d’appeler le « mélange des genres entre science et politique » (à la fois chez les complotistes qui relativisent à l’extrême la progression des connaissances scientifiques et chez les « scientistes » naïfs qui se croient à l’abri de tout parasitage politique en histoire des sciences).

Que l’hydroxychloroquine soit toxique ou au contraire bénéfique, cette interdiction n’a que peu d’intérêt du point de vue thérapeutique puisque la pandémie du COVID-19 est maintenant largement derrière nous. Elle a par contre l’intérêt, plus qu’urgent pour Véran et Macron, de stopper d’autorité toute recherche prospective sur ses effets... de siffler la « fin de partie » alors même que la tonitruante étude Discovery, qui devait tester sur le temps long l’effet du traitement « marseillais », piétine (et ne donnera sans doute, du coup, aucun résultat dans les prochains mois).

La prohibition du médicament en France trouverait sa justification dans les résultats jugés inquiétants d’une étude toute récente parue dans la prestigieuse revue scientifique The Lancet. Cette étude a fait l’effet d’une véritable bombe médiatique s’imposant à tous les contradicteurs qualifiés ou non sur la question, pour deux raisons aussi irrecevables l’une que l’autre.

La première est qu’elle est publiée par The Lancet. Elle compte effectivement parmi les revues scientifiques les plus reconnues et on s’accorde à dire que les conditions de publication y sont particulièrement drastiques. Pour autant, si l’on a accepté de taxer de charlatan du jour au lendemain l’un des plus grands sinon le plus grand virologue au monde, Didier Raoult, malgré le prestige indiscutable dont il bénéficiait jusqu’en février de cette année, pourquoi accepter aveuglément les conclusions de l’étude au seul motif qu’elle est publiée par une revue « reconnue internationalement » ? N’est-ce pas plutôt là ce qu’on appelle un « argument d’autorité » (c’est-à-dire tout le contraire d’une démarche scientifique justement) ?

The Lancet, argument d’autorité qui se prend les pieds dans le tapis

D’ailleurs la revue The Lancet est-elle si impartiale que cela sur le plan scientifique ? En tout cas son célèbre directeur Richard Horton clame depuis fort longtemps l’extrême « légèreté » des études médicales publiées dans les revues prestigieuses, en suggérant des conflits d’intérêt évidents avec les laboratoires pharmaceutiques (1). La revue a sans aucun doute défendu la bonne cause récemment en conduisant la fronde contre le gouvernement britannique sur la gestion de la crise sanitaire... mais cette lutte n’avait-elle pas justement, de fait, une dimension politique ? Dimension que les pourfendeurs anti-Raoult n’ont cessé de nier en proclamant contre les « vulgaires complotistes » que la science est invulnérable, étanche aux intérêts économiques et politiques du moment.

Sévère démenti d’Horton en personne : « Certaines des grandes avancées, comme le mouvement sanitaire du XIXe siècle et la naissance du NHS, n’étaient pas des réalisations techniques mais des luttes politiques. L’idée que vous pouvez retirer la politique de la médecine ou de la santé est historiquement ignorante. » (Horton, The Lancet, avril 2020). N’est-ce pas verser dans l’idéalisme le plus naïf que de croire The Lancet seul rempart, parmi toutes les revues scientifiques, contre de tels parasitages ? Ou qu’il est impossible justement qu’on ait utilisé le prestige justement de cette revue pour faire passer un argument d’autorité se substituant à toute contradiction réellement scientifique ?

La deuxième tient dans les termes mêmes de l’étude. Car après quelques jours de « sidération », vu le sursaut d’arrogance des médias contre l’IHU de Marseille après la publication du Lancet et la demande par Véran d’interdire purement et simplement le traitement, des voix de plus en plus nombreuses pointent maintenant l’incroyable partialité des arguments et la médiocrité de la méthode utilisée pour les formuler.

Nous n’entrerons pas dans les détails concernant la partialité des quatre auteurs de l’étude qui, faute d’être eux-mêmes infectiologues (ils sont cardiologues et n’ont présenté que des suites statistiques sans jamais avoir vu passer un seul patient concret), ont par ailleurs des conflits d’intérêts (2) plus qu’évidents avec les grandes firmes pharmaceutiques notamment étasuniennes (dont Gilead qui veut passer en force son Redemsivir contre la vieille hydroxychloroquine, médicament générique « repositionné » et sans intérêt financier). Une précision : Conflit d’intérêt ne veut pas dire complot... Même le directeur du Lancet le reconnaît !

96 000 patients, avec une disproportion hallucinante entre le groupe témoin gigantesque et le groupe ayant reçu l’hydroxychloroquine HCQ en biothérapie avec l’azithromycine (AZI), traitement préconisé à Marseille, addition de listes de patients sur plusieurs continents avec une hétérogénéité déconcertante pour une étude dite « sérieuse » et une obscurité plus que suspecte sur les causes précises de mortalité, les doses prescrites (fortes, faibles, modulées), etc. A ce jour (et ce n’est qu’un début), de nombreuses réactions se sont exprimées contre l’étude, à Marseille évidemment, mais aussi partout dans le monde. Le professeur Philippe Frogel, du CHU de Lille et l’Imperial College de Londres, voix reconnue dans le monde scientifique, indique : « J’ai d’abord beaucoup hésité à réagir parce que je ne veux pas qu’on dise que je suis pro-Raout. On ne peut rien dire : on est forcément soit pro, soit anti. Mais l’article du Lancet pose de gros problèmes. Les données sont trop bizarres, pas fiables. On ne sait même exactement d’où elles viennent comment ils se les sont procurées. Du coup, les conclusions ne peuvent pas être fiables. Le Guardian a bien vu tous ces problèmes. Cet article est une merde en grande partie fabriquée par une firme inconnue qui voulait se faire de la pub. » (France 3 Région Hauts de France, 28 mai 2020). Les chiffres fournis pour la seule partie des cas d’origine australienne sont effectivement faux : ce sont les médecins australiens ayant produit les cohortes en question qui le dénoncent à présent... C’est ce qu’on appelle un « fake » (un faux) (3)... et s’il avait été le fait de l’équipe Raoult, il aurait fait le tour de la planète médiatique en quelques minutes.

L’étude est également critiquée, chiffres à l’appui, par des médecins praticiens dans d’autres pays du monde, notamment au Maroc et en Algérie (4), deux des très nombreux pays qui, curieusement « recommandent » (plus qu’autorisent) comme la Chine, le traitement à la chloroquine. Evidemment, les amateurs de publications anglo-saxonnes le supposeront : dès lors que les critiques proviennent d’Afrique ou d’Asie, elles sont de « moindre qualité » ou ne sont tout simplement pas « sérieuses ».

Or nous pourrions avec plus de prudence juger, puisque tout est au final une affaire de confiance, sauf à jouer dans la cour des plus éminents virologues eux-mêmes, que moins le pays sert les intérêts économiques impérialistes (au premier rang desquels les colossaux intérêts des firmes pharmaceutiques privées), plus le point de vue de ses chercheurs sera tendanciellement impartial. Une telle confiance, hérétique de notre point de vue « occidental », pouvait encore être jugée abusive à l’époque où ces pays du « Sud » étaient « sous-développés » y compris sur le plan des techniques et de la recherche fondamentale... mais à l’heure où la Chine est désormais le leader mondial dans le domaine, et exporte dans l’hémisphère sud tant de savoir-faire, pourquoi persister dans un tel mépris, dans une telle arrogance post-coloniale... si ce n’est pour des raisons politiques, voire racistes ? D’ailleurs le professeur Raoult est le premier à reconnaître que l’élite de la recherche mondiale en épidémiologie est asiatique (Interview de mai 2020 sur LCI par David Pujadas) (5).

Qui a tué ? La chloroquine ou la pénurie de tout en Occident ?

Imaginons simplement que cette molécule anodine, l’hydroxychloroquine (dont les effets secondaires sont d’ailleurs moins importants que la chloroquine elle-même, soit dit en passant) ait un effet positif, comme l’affirment de nombreuses études (nous verrons plus loin quoi penser du débat sur les études contradictoires à ce sujet). Peut-on un instant imaginer que le gouvernement actuel, après les « crimes de haute trahison » que représentent le démantèlement de l’hôpital public, l’incapacité à gêner les pénuries de matériel médical, de masques, d’intubateurs, etc. dont ils sont assurément responsables, s’en tire à bon compte au dessus des milliers de morts français, lui qui a déclassé la chloroquine en février sans aucune explication claire, interdit sa prescription aux médecins généralistes en mars (contre la vague d’espoir suscitée en France par le traitement marseillais au plus fort de l’épidémie, au motif qu’on ne sait pas s’il agit positivement sur le COVID !) (6), puis interdit finalement aux hôpitaux eux-mêmes en mai (pour stopper toute étude ultérieure de long terme susceptible de démontrer son effet) ?

Silence gêné des « anti-Raoult »... Effectivement le caractère très politique de la campagne antiHCQ est enfin démasquée par la décision ultime de Véran lui-même, qui sonne comme un aveu de faiblesse au fond. Et on peut espérer qu’il se soit du même coup pris les pieds dans le tapis pour les prochains jours ou les prochains mois.

Mais la vraie question, aujourd’hui, pour quelqu’un qui s’intéresse de près à « l’affaire de la chloroquine » depuis plus de deux mois (et c’est, il faut le dire, une affaire passionnante sur le plan scientifique et intellectuel), c’est la raison pour laquelle l’interdiction pure et simple du médicament par décret en France, émanant du ministère, soit relativement passée dans l’opinion publique comme une lettre à la poste. Que les médias aient relayé sans lire ni comprendre les enjeux cette étude du Lancet puis la prohibition finale de Véran, c’est logique : ils sont fait pour cela et propagent sans surprise une propagande. Mais il a fallu longuement préparer cette opinion pour mettre un terme à un tel débat épineux.

Cette préparation psychologique est passée par plusieurs étapes : 1) la diffamation de plus en plus sévère contre Didier Raoult et ses « partisans » (avec des nuances comme toujours, liées à la popularité du personnage), 2) la propagande sur la toxicité de la chloroquine et l’occultation du contexte mondial, de la diversité de pratiques médicales : L’affaire Raoult cache jusqu’à un certain point une affaire « chinoise », qu’il faudra bien démasquer tôt ou tard. Il s’agit ici, nous le verrons plus loin, de la question du marché des nouvelles molécules contre celui du repositionning qui se pratique beaucoup au Sud et notamment en Chine et à Cuba, et pas seulement par manque de moyens.

La théorie du « charlatan » incompétent

1) Commençons donc par Didier Raoult et le pogrom dont il est actuellement la victime (consentante d’une certaine façon). Inutile de rappeler les innombrables titres qui font de lui, même ses détracteurs le reconnaissent, le virologue le plus récompensé, le plus reconnu de l’époque à l’échelle internationale. Se pourrait-il qu’un tel personnage puisse virer charlatan ? Oui, cela se pourrait en effet, ce n’est pas impossible : on a bien vu récemment le prix Nobel de médecine Luc Montagnier, découvreur du VIH, déclarer que le COVID-19 est un virus de synthèse sciemment fabriqué comme arme biologique par la Chine !

Mais le cas de Didier Raoult est sans doute tout à fait différent : il fait partie du sérail, et il a publié partout ces dernières années sans contestation sur le fond.

En réalité faut reprendre le fil de l’histoire des trois derniers mois pour saisir les raisons complexes pour lesquelles Raoult a fait l’objet d’un tel traitement médiatique et politique.

Ce n’est pas lui en effet, mais les laboratoires chinois, qui ont, au départ, proposé la chloroquine (parmi trois ou quatre autres molécules) comme traitement antiviral d’urgence au début de la pandémie, faute de vaccin. La chloroquine a en effet de très bons effets contre le COVID-19 sur des cellules in vitro. Evidemment d’une expérience in vitro à un véritable essai thérapeutique à grande échelle, il y a plus qu’un simple pas. Mais puisque Didier Raoult a commencé par traiter ses patients marseillais avec un traitement reformulé (7), sur la base de telles propositions, ses premiers résultats ont été rapidement prépubliés pour des raisons d’urgence que tout le monde peut comprendre. L’étude portait sur un très petit nombre de cas, forcément, mais comportait un groupe témoin non traité à l’HCQ. Plus tard, avec une cohorte plus nombreuse et des résultats visiblement positifs, l’IHU a porté à la connaissance des pairs une étude rétrospective... sans groupe témoin.

A partir de là, la polémique a commencé à s’enfler sur des questions de pure méthode. Nombre de contradicteurs (en général des personnes ayant un bagage scientifique mais pas dans le domaine médical où les expérimentations sont bien plus complexes que dans une simple expérience de SVT) sont venus accuser Didier Raoult et son équipe d’incompétence. Ce laboratoire ne saurait pas ce qu’est un groupe témoin ! Soit ces marseillais sont ignorants des rudiments de la science expérimentale, soit ce sont des charlatans qui veulent à tout prix vendre du plaquénil (nom du médicament contenant de l’HCQ) !

Dans « l’autre camp » il y a eu évidemment des réactions démesurées qui ont versé, consciemment ou non, dans le « populisme scientifique ». Quel cadeau pour les donneurs de leçons (de SVT) anti-Raoult ! Bien sur, derrière Raoult, on a stigmatisé pas mal de gens : des complotistes pensant que le virus a été créé volontairement, des internautes fascistes en mal de polémique « anti-système », des « gilets jaunes » avides de tout ce qui peut mettre Macron en difficulté (et on les comprend !), des supporters de l’OM anti-parigos, etc. etc. Du beau monde que les formalistes anti-Raoult ont tôt fait de démasquer comme des « ignorants » à qui on pouvait faire la leçon avec suffisance et mépris.

L’attitude de Didier Raoult lui-même n’a sans doute rien arrangé : Dès ses premières communications, pensant trouver un remède incontestable avec cette bithérapie peu coûteuse, il a montré à l’égard de ses pairs un mépris qui a braqué toute la profession. C’est évident, et c’était maladroit. S’en est suivie une rivalité entre élite parisienne et fronde marseillaise assez classique dans le débat franco-français, qui a servi de base à une lutte antichloroquine bien plus profonde et bien plus chargée d’enjeux, car nombre des chercheurs français (et anglo-saxons, en particulier américains, pays de Gilead promoteur du redemsivir) n’ont pas eu de mal à choisir leur « camp » dans ce conflit d’égos.

Mais ce sont là des travers assez normaux, qui peuvent rendre Raoult insupportable sur le plan humain, mais aucunement le disqualifier sur le plan scientifique.

On a dit de lui qu’il est réactionnaire, climato-sceptique, farfelu, imbu de lui-même. Tout cela est sans doute vrai... mais c’est précisément une raison pour montrer, quand on défend une certaine idée de la science, qu’on ne confond pas l’homme et le savant (pour reprendre une injonction récente pour un autre contexte !). Disqualifier Raoult parce qu’il parle à tort et à travers, c’est adopter précisément une position partiale et anti-scientifique. Le simple fait de taxer un savant de « néo-lyssenkisme » peut dans cette logique faire l’économie d’une démonstration rigoureuse pour ridiculiser sans effort un adversaire (et ce fut le cas de Raoult ! (8)). Si le célèbre Luc Montagnier a versé dans le complotisme (à qui on a d’ailleurs tendu le micro du coup, puisque c’était contre la Chine), est-ce pour autant une preuve que le VIH n’existe pas ?

Prendre à son compte les arguments anti-Raoult parce qu’il est « imbuvable » et qu’il parle à tort et à travers, ce n’est pas raisonner scientifiquement, c’est adopter une posture pseudo-scientifique facile, « du coté du manche », en pensant naïvement que la lutte entre erreur et vérité en histoire des sciences se résume à opposer des sages, des faux-prudents en blouse blanche et des méchants charlatans anti-science. C’est en terme classique ce qu’on appelle du scientisme ou du « positivisme » (la croyance en une science impénétrable et invulnérable, sans conflits d’intérêts, et disant toujours le vrai pour peu que la « méthode » soit bonne), et en terme plus « soviétique » ce qu’on appelait jadis du « formalisme » (cacher une position politique derrière de simples critiques formelles ou méthodologiques). En croyant fustiger les basses croyances, les gourous, le « populisme scientifique » qui voudrait qu’on vote les prescriptions à la majorité, les « remèdes miracles » et les charlatans, les « gardiens » de la science pure sont tombés dans le même panneau, mais, d’une certaine façon, pour eux qui pensent donner des leçons, c’est sans doute plus grave...

Le « formalisme » : cacher une position politique derrière une critique sur la méthode

2) L’absence de groupe témoin dans la deuxième étude marseillaise a fait clairement jaser. En effet ce fut l’heure de la confrontation entre « pratique de l’urgence » (et d’une certaine façon de l’éthique : faut-il risquer l’issue fatale pour une partie des patients alors que le traitement semble fonctionner ?), science empirique, tâtonnante, instinctive même peut être, et science rigoureuse, de long terme, indiscutable...

Comment les donneurs de leçons ont-ils pu imaginer un seul instant que l’absence d’un bras témoin dans l’étude marseillaise de mars pouvait relever d’une « incompétence », d’une ignorance ? Quelle arrogance ! Evidemment, de prime abord l’argument est entendable, mais l’humilité ne nous impose t-elle pas quelques doutes ? Peut-être ont-ils des raisons pour n’avoir pas fait de bras témoin, raisons qui peuvent m’échapper, puisque je ne suis ni médecin ni épidémiologiste ? Autre argument de la même trempe : pourquoi avoir retiré de la cohorte deux ou trois cas en cours de traitement ? N’est ce pas une façon de truquer les résultats ? Question épineuse : on peut tout de même soupçonner qu’un patient subissant les effets secondaires de l’HCQ pour des raisons ponctuelles a le droit de survivre au traitement par une modulation... qui le retire de fait de l’étude.

Où en est-on aujourd’hui ? C’est finalement assez simple : Sur la vingtaine d’études liées à la chloroquine réalisées dans le monde depuis trois mois, celle de Raoult n’est pas la seule à ne pas comporter de groupe témoin. Sept autres études n’en ont pas non plus (françaises, chinoises et brésilienne), et certaines d’entre elles ont été mises en avant parce que montrant une absence de résultats pour l’HCQ ! Sur cette même vingtaine d’études, quatre seulement ont été « randomisées » (et une seule en double aveugle) (9) ! Est-ce un complot mondial de l’incompétence ? Curieusement les formalistes n’en disent plus rien aujourd’hui, tant la question du temps s’impose désormais à tous : Il est tout simplement impossible de mener à terme une étude finalisée dans les délais imposés pour le traitement d’une telle pandémie. Et il a bien fallu, même en France pour les cas les plus graves en réanimation, des traitements pour les patients, et la chloroquine en faisait curieusement partie jusqu’à mai. Pour le reste du monde c’est encore plus clair : une moitié des pays étrangers, sans doute les plus incompétents nous dira t-on, a proposé la chloroquine parmi les traitements possibles contre le COVID-19 sur la base des premières pistes formulées par les labos chinois, et n’ont pas changé aujourd’hui...

Trois grands facteurs expliquent les difficultés méthodologiques extrêmes et les rebondissement innombrables de l’affaire depuis trois mois : 1) l’urgence se heurtant à la nécessité de connaître (à long terme) l’innocuité du traitement (la fameuse question du rapport bénéfice-risque bien connu des médecins), 2) la méthode la plus susceptible de « convaincre les politiques », 3) la question du « consensus par les pairs » et l’opposition entre les « élites » et les « praticiens ».

Personne n’attendait un « remède miracle »

1) La chloroquine est l’un des médicaments les plus classiques qui soient. C’est un antipaludéen, connu pour ses effets de modulation immunitaire (qui explique qu’on l’utilise également contre le lupus par exemple, maladie auto-immune qui n’a rien à voir avec le paludisme). Des effets secondaires et des contre-indications, ce médicament en a évidemment (comme le paracétamol et tous les autres) : c’est la raison pour laquelle, comme toute prescription, elle doit se faire par prescription médicale et jamais par automédication (mauvaise habitude des pays où l’on a détruit le système de santé publique). A Marseille, comme on peut l’imaginer partout ailleurs, tous les patients qui ont bénéficié du traitement ont subi un ECG pour éviter des contre-indications. Rien de tout cela n’est nouveau, et on a largement rappelé à quel point ce médicament a été prescrit à des milliards d’humains depuis un siècle (notamment parce que le paludisme est la maladie qui tue encore le plus à l’échelle de l’humanité). Qu’il y ait donc des problèmes de toxicité, ce n’est pas nouveau. De là à affirmer que la chloroquine tue, il y a un gouffre...

Les cas de toxicité voire de mortalité peuvent donc apparaître dans les études publiées, à plus forte raison dans les cas, trop nombreux, où ce n’est pas le traitement marseillais qui est testé (même si on le suggère à tort) mais l’administration à très hautes doses d’HCQ à des patients âgés et/ou en réanimation avec comorbidités possibles. Ce n’est pas par incompétence, ou par accointance avec le groupe privé Sanofi qui produit le plaquénil, que plusieurs pays recommandent la chloroquine : au mieux il est efficace, au pire, il fonctionnera comme un placebo, une fois soustraits les patients qui ne le supporteraient pas. C’est du moins ce qu’on pouvait supposer au départ (10).

Pourquoi croire de bonne foi à son efficacité ? D’une part, la Chine l’a recommandée sur la base de résultats in vitro, et a confirmé son efficacité par plusieurs études donnant des résultats prometteurs (sauf l’une qui donne une inefficacité et une certaine toxicité, mais pour une posologie forte sur patients gravement atteints). D’autre part, la revue The Lancet l’avait confirmé en 2003, ce qu’on a contesté pourtant ces derniers mois, l’hydroxychloroquine est un bon antiviral (11).

Pour mener une véritable étude, rien ne vaut une randomisation en double aveugle, mais il faut un échantillon « suffisant » pour une étude prospective (et non rétrospective), ce qui se heurte à un double écueil : trop tôt, l’échantillon n’est pas encore suffisant, trop tard, il n’y a plus assez de cas non plus pour tester (cause de la faillite annoncée de Discovery, faillite qui a peut être motivé aujourd’hui un « dernier mot » plus expéditif contre l’HCQ par prohibition pure et simple de la part du ministère). Dans une situation d’urgence, les choses ne se passent pas comme on le voudrait et la mise au point d’un groupe témoin (au-delà de la seule question éthique qu’on élude un peu rapidement) suppose une homogénéité entre les deux cohortes (si un patient est diabétique d’un coté, il en faut un de l’autre, il faut autant d’hommes que de femmes, de classes d’âge, etc.).

C’est tout bonnement l’ignorance du contexte inédit en mars dernier qui a permis de jeter hâtivement le discrédit sur Didier Raoult – avant que tous ses « pairs » ne fassent finalement pareil : aucun n’ayant réellement testé le protocole en question-. Dans le tableau en fin d’article, aucune étude ne peut se targuer de respecter le mode opératoire « classique ».

Cette « science de guerre », celle de l’urgence, a évidemment des précédents dans l’histoire. Dans la période d’après guerre en Union Soviétique, là où contrairement à ce qu’on pourrait penser à première vue, on ne mélangeait pas science et politique (sans pouvoir malgré tout faire l’économie du conflit entre les deux), des impératifs vitaux et immédiats guidaient les décisions politiques, concernant la production agricole : à l’époque les agronomes « généticiens » voulaient une expérimentation, patiente, implacable et conforme à la théorie « classique » pendant que des empiristes (par ailleurs très contestables sur le plan théorique, c’est vrai) donnaient des résultats immédiats pour augmenter la production agricole du pays et ainsi endiguer les famines chroniques, sur la base d’une relative « hérédité des caractères acquis » (théoriquement impossible à comprendre à l’époque puisqu’on y est parvenu au XXIe siècle seulement avec l’épigénétique). En Occident, on a effectivement disqualifié, avec beaucoup de moquerie (et d’anticommunisme), les « mitchouriniens » (qui avaient effectivement tort de rejeter dogmatiquement la génétique théorique, ne s’opposant qu’en apparence à ce qu’ils avaient mis au point) au prétexte que des expériences témoin manquaient ou que les résultats relevaient de la charlatanerie, des truquages de chiffres et finalement d’une opposition arbitraire entre « science prolétarienne et science bourgeoise ». Comme souvent, les attaques valaient également pour leurs auteurs occidentaux, mais de façon plus subtile puisqu’il a fallu attendre un demi-siècle avant de le démontrer (12).

Chercher ou simplifier pour convaincre les politiques ?

2) Finalement la randomisation en double aveugle pourrait être une méthode décisive de la recherche fondamentale sur le temps long, compromis entre les exigences d’objectivité, l’aspect juridique des prescriptions médicales pour des populations extrêmement hétérogènes (du point de vue de la réaction de chacun à tel médicament) et des médicaments à effets eux-mêmes complexes (contre-indications, posologies, etc.). On peut imaginer que pour lancer le dialogue entre pairs, entre initiés (autrement dit entre personnes largement débordés par la très large polémique qui a surgi ces derniers mois !), les préprint, études rétrospectives, observationnelles, soient des supports adaptés, rapides, pertinents à l’instant t. C’est la raison pour laquelle il est absurde de les critiquer comme s’il s’agissait de recherche fondamentale en prenant des postures de sachant donneur de leçon.

Par ailleurs il est clair que l’Evidence Based Practice (EBP, méthode impliquant la randomisation en double aveugle), mise au point assez récente, apparaît comme une forme d’argumentation claire destinée à convaincre du bien fondé d’une conclusion médicale en direction des preneurs de décisions politiques. Sur quelle autre base un politique qui ne comprend rien à la médecine pourrait-il décider de laisser un médicament entrer sur le « marché », de l’en retirer, d’autoriser ou non tel ou tel type de traitement ? Mais est-ce vraiment dans cette cour que jouait l’équipe du professeur Raoult au départ, avant le pic mortel de la pandémie ?

Dirons-nous par exemple qu’un Pasteur, qui inocula ses premiers vaccins à des garçons sans certitude du résultat, sans « EBP », qu’un Koch qui chercha à tout prix à répandre sa « tuberculine » qui fonctionnait sur les animaux mais malheureusement pas sur l’homme, sont des charlatans ou des ignorants ? Ce sont pourtant, malgré les aléas de leurs recherches, malgré leurs égos surdimentionnés, leurs idées parfois contestables (Pasteur était un nationaliste germanophobe, il s’opposait au darwinisme, etc.), ce qu’on appelle aujourd’hui des « génies » de la science, qui ont révolutionné leur discipline. Et on peut même dire qu’ils ont parfois forgé leur carrière malgré l’hostilité générale de leurs « pairs ». Evidemment Didier Raoult n’est pas Pasteur, mais il peut être utile de tenir compte de l’histoire des sciences pour juger des polémiques actuelles, souvent hâtivement simplifiées.

On comprend bien sûr l’importance d’une décision la plus objective possible dans un champ aussi complexe que la médecine. Mais dans ce cas, pourquoi Véran finit-il par fonder sa décision de prohiber totalement l’HCQ sur l’étude « foireuse » du Lancet qui ne respecte en rien l’EBP ? Car enfin, il faut être précis et regarder de près l’ensemble des études menées sur la chloroquine ces derniers mois dans le monde, quelque soient les critiques qu’on peut leur faire [voir le tableau en fin d’article] pour se forger une première opinion : C’est du moins ce qui a été fait à l’étranger.

Il est faux de dire que « la plupart des études menées jusque là » plaident pour une inefficacité (voire d’une toxicité !) du médicament. D’abord, très peu de ces études concernent réellement le traitement promu par l’IHU de Marseille (soit il s’agit de chloroquine et non d’hydroxychloroquine, soit il n’y a pas de bithérapie avec AZI, soit les doses sont extrêmes, soit les patients sont arrivés aux derniers stades de la maladie (quand il n’y a plus de charge virale et que l’antiviral devient inutile). A l’heure qu’il est, puisqu’il faut une base concrète pour réfléchir, sur le tableau en fin d’article (13), les cinq études (parmi les vingt disponibles) qui correspondent au traitement marseillais donnent des résultats encourageants. Parmi eux, une étude est chinoise et l’autre brésilienne. D’autres études plus éloignées du traitement marseillais sont également positives, remarquons-le également.

Le crime de Raoult : Faire du « repositioning » (repositionnement) comme en Chine, au Kerala, à Cuba...

3) Ce qu’on oublie plus volontiers dans cette pratique fondée sur l’expérience (« Evidence Based Practice ») (EBP) c’est la question de la validation par les pairs. Insistons : Evidemment, sans une telle précaution, tout est possible. Il suffit de publier une étude pour qu’elle jouisse immédiatement d’une reconnaissance, malgré les failles qu’elle comporte immanquablement. Il faut donc, bien sûr, une évaluation par les pairs. Mais dans le même temps, cette évaluation s’expose à des biais encore plus nombreux... surtout quand un croyance naïve et positiviste dans le progrès continu de la connaissance nous empêche d’imaginer à ce niveau des conflits d’intérêts entre savants (par hostilité humaine, par xénophobie, par financements ou pressions occultes).

Qui sont les « pairs » ? Des laboratoires de tous les pays du monde, des laboratoires financés par des intérêts économiques privés, ou par des Etats aux intérêts politiques potentiellement en contradiction les uns avec les autres (et donc pas forcément plus neutres que les firmes privées)... Bref, avec un recul, on comprend que la condition sine qua non d’une « objectivité » scientifique (la confirmation large des résultats d’une étude, sa reproductibilité, etc.) est dans le même temps la possibilité d’une subjectivité dès lors que les « pairs » s’opposent pour d’autres raisons que la « science pure » : des querelles d’égos d’abord (et celui de Didier Raoult est sans doute énorme, comme beaucoup de savants qui jouent leur réputation, leur carrière à ce petit jeu, d’où le suivisme de beaucoup), des contradictions économiques (entre groupes pharmaceutiques (14)) et politiques (en particulier entre la Chine, locomotive de l’économie mondiale aujourd’hui, et les EU et l’UE, impérialismes enragés par leur déclin).

Il y a clairement, depuis le début de cette affaire, au-delà des intérêts strictement économiques (que les complotistes résument à « Big Pharma »), mais aussi des intérêts stratégiques et politiques. C’est ce que ne cesse de répéter Didier Raoult concernant la Chine et les enjeux du marché pharmaceutique mondial : « Des phénomènes considérables sont en train de se mettre en place. Le premier, c’est le changement du centre de l’innovation et de la puissance technologique, qui est parti en extrême orient. C’est eux qui ont toute la manufacture... Il y a un basculement qui pour moi n’est comparable qu’avec ce qui s’est passé à la Renaissance en Europe. »

Le deuxième, qui est une chose extrêmement troublante et intéressante, c’est que depuis un siècle et demi, notre civilisation avance avec l’idée du progrès, que dans ce progrès il y a l’augmentation fantastique de l’espérance de vie qui a été multipliée par deux, et que cette époque est révolue. On va plafonner à 85 ans mais on ne vivra pas 120 ans. Quelque chose est extraordinaire : l’espérance de vie au Kerala [Etat communiste de la fédération indienne – ndla] est la même que celle dans le nord de la France, l’espérance de vie à Cuba est supérieure à celle des États-Unis, et la mortalité par le COVID a été plus importante dans les pays riches que dans les pays pauvres. Ce qui devrait nous interroger fortement.

Tous ces gens qui vivent sans aucun des médicaments que l’on a inventés depuis vingt ans et qui coûtent 80% du coût des médicaments, arrivent à une espérance de vie qui est la même que la nôtre. On peut se poser des questions sur le modèle que nous avons.

Tous nos protocoles thérapeutiques sont fait avec des médicaments génériques ici [à l’IHU de Marseille, sur ce modèle prévalant dans les pays du Sud – ndla]. Ça veut dire qu’ils ont tous plus de vingt ans. Donc il y a un changement de modèle de pensée. Nous avons un capital de molécules que nous devons utiliser au mieux et parfois dans des indications que nous n’avions pas avant. Cela nécessite un changement de modèle économique très profond, parce que notre système est un système de type libéral et capitaliste. Comment faire de l’argent avec des molécules qui ne sont plus protégées par les brevets ? » (Entretien sur LCI, mai 2020)

La pandémie actuelle vient de mettre à jour une contradiction mortelle entre l’axe des impérialismes en déclin, au centre duquel nous sommes, sévèrement blessé par les conséquences sanitaires dues à la destruction de nos services publics de santé par une bourgeoisie prédatrice assoiffée de profit... et l’axe multipolaire des pays porteurs d’un nouveau modèle, plus souverain, plus coopératif, inspiré par des politiques encore largement publiques et pilotées, planifiées par les Etats, et dont l’avant-garde est très clairement chinoise.

Dans ce contexte de « crise sanitaire dans la crise économique » mondiale (celle du capitalisme libéral en ce début de siècle) s’ajoute même une crise scientifique, dans laquelle, comme un épiphénomène, s’inscrit l’affaire Raoult.

Bien sur, personne n’a encore « prouvé » l’efficacité de l’HCQ/AZI, et, admettons-le, peut être n’existe-t-elle pas au final. Cependant les conflits, excommunications, disqualifications sur cette affaire n’ont pas été justifiées par une saine « prudence » (comme nous espérons l’avoir démontré plus haut) mais bien par des a priori anti-chinois et pro-américains ou pro-français, qu’on le veuille ou non. Beaucoup ont vu dans l’affaire Raoult l’opposition entre l’élite éclairée non partisane et un « ramassis de supporters chauvins » pro-Raoult. En réalité, le chauvinisme existe bel et bien... mais dans l’autre camp : Raoult n’étant qu’un élément du jeu dans l’immense puzzle des pays prescrivant la chloroquine, avec ou sans lui, tandis que la prohibition de l’HCQ est le fait d’un seul pays au monde : la France ! Prendre parti pour une telle interdiction venant d’en haut, décision incontestablement politique, c’est cela, le chauvinisme, le sentiment de « supériorité » tout occidental, mâtiné de sinophobie et de mépris semi-colonial (pour les pays du Maghreb et d’ailleurs qui le recommandent).

Le progrès scientifique grâce et non malgré les polémiques

Ne sortons pas d’une telle « affaire » avec un mauvais relativisme. Certes, il y a dans les polémiques qui peuvent surgir en science (c’est loin – on le sait – d’être la seule en histoire des sciences !) un parasitage très nuisible à la recherche scientifique, à la construction des connaissances humaines. Mais il faut regarder ces conflits de plus haut car, finalement, de tous les conflits antérieurs, aucun n’a vraiment réussi à « bloquer » la machine à connaître. Au contraire, on pourrait presque dire que les conflits en sont le principal moteur, en même temps que le frein potentiel. La possibilité d’une « hérédité des caractères acquis » par exemple, dans un autre domaine, qui était comme nous l’avons dit plus haut totalement proscrite en Occident pendant un demi-siècle pour des raisons d’ordre politique et idéologique, a resurgi des dernières années non pas grâce à des adorateurs posthumes de la science soviétique, mais bien par les généticiens eux-mêmes, une fois la contradiction Est-Ouest dépassée (malheureusement par la désintégration de l’URSS).

Mais au-delà de ces « mauvaises polémiques », pour caricaturer un peu, c’est sans doute la « confrontation des mauvaises fois » de part et d’autre de la barricade d’une vérité à percer, qui garantit le mieux sa validité, qui garantit qu’aucune zone d’ombre ne subsiste dans ce qu’on vient d’énoncer (puisqu’immédiatement pointée du doigt par ceux qui s’opposent à une « connaissance » nouvelle gênant le paradigme général, le « consensus par les pairs »).

Evidemment dans l’histoire du marxisme, on sait depuis Marx et Engels à quel point le mode de production peut freiner, conditionner, orienter la recherche scientifique pour garantir ses propres intérêts, et on pourrait facilement en conclure avec peu de foi dans le matérialisme (comme ce fut le cas d’un Bogdanov ou plus récemment d’un Lyssenko) qu’il existe une vérité pour les bourgeois et une autre pour les prolétaires, que la science se vote à main levé.

Mais il semble qu’au contraire, la grandeur de la science est de progresser « malgré » tous ces biais, sur le temps long, et parfois à cause même de ces biais, de ces contradictions entre chercheurs. Il faut de la saine polémique en science, et personne ne peut promouvoir une science faite de chercheurs paisibles ne croyant en rien, changeant d’idées indépendamment de leurs vies, de leurs sentiments, de leurs partis pris... car de cette polémique, de cette lutte entre paradigmes, les connaissances sortent toujours renforcées sur le long terme. C’est précisément sur ce point qu’on peut mesurer la capacité d’un scientifique à faire la part des choses entre ses a priori personnels et les positions matérielles, concrètes qui s’opposent devant nous.

Un matérialiste conséquent ne juge jamais les faits à l’aune de ce qu’en pensent leurs découvreurs. C’est ainsi que Lénine parlait dans Matérialisme et empiriocriticisme de « matérialisme spontané des savants ». Didier Raoult est sans doute climato-sceptique, arrogant, impulsif, voire « post-moderne » dans sa façon appréhender le réel. Il pourrait même émarger au RN, rien n’y ferait : son traitement n’en sera pas disqualifié pour autant.

1. « Le cas contre la science est simple : une grande partie de la littérature scientifique, peut-être la moitié, est tout simplement fausse. Contenant des études avec de petits échantillons, aux effets minimes, aux analyses exploratoires invalides, et avec des conflits d’intérêts évidents, avec l’obsession de suivre des tendances à la mode d’importance douteuse, la science a pris un virage vers l’obscurantisme. En pratique de mauvaises méthodes donnent des résultats. » Richard Horton, patron du prestigieux Lancet, avril 2015 (éditorial du Lancet).

2. Lire à ce sujet l’excellent article de Laurent Mucchielli dans Mediapart

3. « Ainsi que le quotidien anglais The Gardian le révélait le 28 mai (grâce à l’enquête de ses correspondants australiens), les données de l’article du Lancet concernant l’Australie sont tout simplement fausses. Les auteurs de l’article prétendent avoir analysé 609 dossiers de malades de la Covid dans les hôpitaux australiens et y avoir trouvé 73 décès au 21 avril. Or la base de données mondiale constituée par l’Université Johns Hopkinsdepuis le début de la crise n’en comptait que 67 à cette date. Pire : les instances sanitaires australiennes, tant fédérales que locales, ont indiqué aux journalistes qui les ont interrogés, qu’elles n’avaient pas communiqué de données aux auteurs de l’article du Lancet. Enfin, au grand hôpital Alfred Health de Melbourne, le Dr Allen Cheng, épidémiologiste et médecin spécialiste des maladies infectieuses, a déclaré aux journalistes n’avoir jamais entendu parler de la société Surgisphere censée avoir recueilli ces données hospitalières. » (L. Mucchielli)

4. « La première est le fait qu’ils ne peuvent associer la mortalité au traitement car ils n’ont pas d’autres informations sur les morbidités cardiovasculaires ou certains facteurs de risques. Et d’expliquer qu’en effet, lorsque certaines caractéristiques cliniques n’étaient pas informatisées [mais reportées] sur les registres [manuels], les auteurs ont considéré qu’elles étaient absentes chez le patient ! Ceci est une hypothèse qui de facto biaise dans une certaine mesure l’analyse pronostic » indique le professeur marocain Jaafar Heikel.

En Algérie, le docteur Mohamed Bekkat, membre du comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie de Covid-19, par ailleurs président du Conseil de l’ordre des médecins algériens, a confié à l’AFP : « Nous avons traité des milliers de cas avec ce médicament avec beaucoup de succès à ce jour. Et nous n’avons pas noté de réactions indésirables », ajoutant que « nous n’avons enregistré aucun décès lié à l’utilisation de la Chloroquine ».

5. Le professeur Raoult indiquait aussi lors d’une interview donnée à BFMTV : « J’ai été impressionné quand je suis allé en Chine en 2005 par l’organisation et la stratégie chinoise. J’ai eu le sentiment qu’à l’IHU de Marseille on était sous développé à coté de la Chine. L’IHU reprèsente à peu près 10% de l’hopital de Shanghaï, et moins bien équipé... que c’était en 2005 ! Donc on a beaucoup beaucoup beaucoup de retard par rapport à ce qui est en train de se passer en Extrême Orient ». (BFMTV, 30 avril 2020).

6. Une telle prohibition qui entrave la « liberté de prescription » des médecins sur la base du catalogue des médicaments mis sur le marché, est apparemment une première... situation inédite qui a suscité la lutte d’un très large collectif de médecins favorable à la prescription libre de l’HCQ en France, le collectif « Laissez les médecins prescrire ».

7. Le traitement préconisé par l’IHU de Marseille est une bithérapie : Hydroxychloroquine à faible dose (400/600 mg par jour) avec un antibiotique, l’azithromycine, pour des patients testés en phase précoce (la précision est importante).

8. On peut citer l’article de Yann Kindo dans Mediapart « Le populisme scientifique, de Mitchourine à la chloroquine ».

9. La randomisation en double aveugle est une méthode effectivement très rigoureuse mais aussi très contraignante et de longue haleine. Il s’agit de donner soit le traitement, soit un placébo, à chaque patient, par une « décision » informatique aléatoire (randomisation) et sans que ni le prescripteur ni le patient ne sache qui a pris quoi (double aveugle).

10. C’est l’objet d’un commentaire que j’ai enregistré pour une émission de radio en mars dernier (L’Heure de le Mettre, Radio Campus).

11. Publication de l’étude dans The Lancet, indépendamment du « charlatan » Raoult.

12. Pour les curieux, on peut en lire un aperçu avec ma sixième « chronique du Diamat ».

13. Ce tableau provient d’un site anti-Raoult qui a voulu démontrer que l’HCQ ne fonctionne pas, en cachant la proximité ou non des traitements testés avec celui de l’IHU (colonne que j’ai ajoutée à droite). Source du tableau.

14. Rappelons par exemple que le redemsivir est produit par l’étasunien Gilead et que le plaquénil (même s’il s’agit d’un générique sur lequel les bénéfices sont plus modestes) est produit par le français Sanofi (d’où peut être les tergiversations entre pro et anti-raoult dans la classe politique et à l’INSERM, dont le dirigeant est le mari de l’ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn).

»» https://germinallejournal.jimdofree.com/2020/05/30/chloroquine-ce-sont...
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Le pangolin est innocent et la Chine a le dos trop large.

Publié le par S. Sellami

Où il est dit que le coupable serait le vison

Dès le mois de février les mitrailleuses médiatiques ont haché en charpie le pangolin et la Chine faussement présentée comme sa "patrie". Depuis le malheureux petit animal écaillé, victime d'une erreur judiciaire, a disparu des écrans qui font l'histoire. Pour ce qui est de la Chine, rien ne montre que les descendants de Mao sont à l'origine du Covid 19... Aujourd'hui le doute vient bien plus du vison, celui qui est martyrisé en cages pour que les bourgeoises et les poules de luxes n'aient pas froid en hiver. Allons donc, le mal viendrait du capital !

Le pangolin n’y est pour rien et ça change tout. Ça change tout car la responsabilité du calvaire pandémique enduré sur les cinq continents pourrait bien se situer du côté du luxe, de la richesse ostentatoire, de l’imposition mondialisée d’une forme de réussite sociale évaluée à la seule aune de ce qu’on possède et porte sur le dos.

Le pangolin n’y est pour rien, mais la production industrielle de fourrure à destination d’acheteurs fortunés en revanche y est pour tout. Le vison serait l’animal intermédiaire du coronavirus légué par la chauve-souris à notre espèce.

Pas n’importe quel vison, le vison sauvage, élevé en batterie dans des cages. Le vison, né en captivité, élevé dans des usines, dépecé par dizaines de milliers dans chaque unité aussi bien de l’Eure-et-Loir que dans le Wisconsin, en Pologne, au Danemark et en Chine. Ou en Hollande, où plusieurs cas d’opérateurs malades du covid-19 ont été recensés. Selon l’OMS, il est très probable que les premières transmissions d’animal à humain ont eu lieu entre le vison et l’homme.

Le pangolin était pourtant le coupable idéal. Au cœur de l’hiver et de la propagation du coronavirus, l’Occident s’est précipité sur l’os que la Chine lui donnait à ronger : un marché d’animaux sauvages dans la lointaine Wuhan, quelques dizaines de malades (supposés les premiers) qui s’y seraient contaminés ... une enquête scientifique erronée, vite publiée, actant la compatibilité génétique à 99% du coronavirus qui nous affecte avec un coronavirus porté par le pangolin, des vidéos montrant des asiatiques à l’appétit insatiable et aux mœurs archaïques, qui en raison de traditions ancestrales et de superstitions absurdes, n’hésitent pas à dévorer avec gloutonnerie toutes sortes de viande que le monde moderne libre et éduqué considère, lui, comme autant de consommations impropres et monstrueuses. L’interprétation s’est propagée dans les éditos et les têtes des lecteurs avec plus de facilité que le virus lui-même : « Ah si les chinois avaient une meilleure hygiène. Ah si les chinois abdiquaient leurs coutumes arriérées ! » et les articles de la presse occidentale en rajoutant : « En Chine, on mange tout ce qui a quatre pattes sauf les tables, tout ce qui nage sauf les bateaux et tout ce qui vole sauf les avions ». Surtout, comble de l’horreur, des « animaux vivants ». Il allait presque comme une évidence, que le chinois mange cru, se délecte de chair qui bouge encore, on l’imagine bien sang poil et plume entre les dents à la manière des barbares du 1er millénaire, c’est à dire d’avant la civilisation. La solution de nos maux était alors toute trouvée : qu’on ferme ces marchés, résidus du passé, aussi mal fréquentés que mal aseptisés et le problème se résoudra de lui-même. Car tout est de la faute de la demande, tout est de la faute des ’’consommateurs’’ eux-mêmes ... à qui il faut faire renoncer à de très mauvaises habitudes, dangereuses pour toute l’humanité.

La vidéo de bouffeurs de chauves-souris frites qui a circulé sur les réseaux n’a, en vérité, pas été tournée à Wuhan mais en Indonésie. Une seconde enquête scientifique, attestée cette fois, montre que la compatibilité entre le coronavirus humain et celui du pangolin est de 90% et non 99%. Rien ne permet de prouver que du pangolin était en vente sur le marché aux poissons incriminé, (même « caché sous les étals », comme on l’a dit et écrit dans notre pays). Et pour cause, la carte du marché ne le mentionne pas. Les pangolins sont en voie d’extinction en Chine, leur commerce est prohibé dans ce pays au régime plus qu’autoritaire et passible d’une lourde peine de prison. Des milliers de laboratoires pharmaceutiques utilisent d’énormes quantités d’écailles de pangolin pour leurs préparations thérapeutiques. Ces écailles, issus d’un braconnage massif de pangolins africains, arrivent en contrebande par tonnes et conteneurs et se vendent à prix d’or – ou, pour être plus précis, à prix d’ivoire. Un tel commerce ne concerne pas le particulier, même gourmet, mais les triades (la mafia). En Chine, le pangolin vaut bien plus mort que vivant, pour ses écailles et non pour sa chair. Alors que Wuhan, cité de science et de haute technologie, est l’une des villes les plus vidéo-surveillées du monde, on n’a pas été en mesure de capter une seule image de ces animaux dans ses murs. Logique, à l’heure du Darknet, si l’on y vend du pangolin vivant, ce n’est vraisemblablement ni au détail, ni sur la place publique. Les saisies des douanes aux frontières le corroborent.

Ajoutons que la Chine a, depuis un an, arrêté les remboursements par sa sécurité sociale de médicaments à base de pangolin – probablement pour endiguer le trafic de cette espèce mondialement menacée et les remontrances de la communauté internationale à ce sujet. Autant d’éléments propres à réfuter la contribution du paisible fourmilier à la chaîne de la contamination, passés à peu près inaperçus. Tout se passe comme si le pangolin était l’arbre qui cache la forêt industrielle d’un système organisé de production de richesses autant que de virus.

Car les zoonoses naissent surtout et avant tout de l’élevage industriel. Les zoonoses représentent 60% des maladies infectieuses, 75% des maladies émergentes et les maladies infectieuses sont responsables de 16% des décès humains sur la planète. A mesure que cette industrie grossit, les zoonoses se multiplient. Focaliser l’attention sur le braconnage, le commerce illégal et les consommateurs supposés libres de leurs choix a permis de masquer la responsabilité des modalités industrielles contemporaines des animaux et de leurs produits.

Dans l’indifférence, la parole dominante véhicule la fable récurrente d’épidémies et d’autres fléaux induits par le comportement individuel de chasseurs isolés qui se seraient blessés aux confins perdus de pays sous-développés. Alors même que c’est ce prétendu ’’développement’’ qui est à la source de nos maux. Même en Chine, d’innombrables entreprises privées d’élevage d’animaux, autrefois sauvages, pullulent. On a aussi essayé, cette dernière décennie, d’élever des pangolins, mais ça ne marche pas. En liberté, ils vivent ; en cage ils succombent. Par contre, on élève des furets, des renards, des civettes, des visons. En Finlande, on gave des ’’renards monstres’’ pour leur fourrure. L’occident pratique l’élevage intensif, de poulets, d’oies, de bœufs et de porcs pour la consommation de viande. Qu’on pense à notre ferme des mille vaches, à nos élevages de souris de laboratoires, aux vaches à hublot pour comprendre qu’il est illusoire d’aller chercher au bout de territoires reculés l’origine des maladies. En triant les gènes, en concentrant les bêtes, en les gavant d’antibiotiques, on affaiblit les organismes des animaux, leurs protections naturelles ou immunitaires. On facilite ainsi les mutations virales, la transmission des agents pathogènes et leur mise en circulation.

Ces dernières semaines, en Allemagne comme aux États-Unis et en France, on a dénombré un nombre particulièrement élevé et tout-à-fait anormal de malades du Covid-19 parmi les employés des abattoirs. La filière ne s’est pas interrompue pour autant – Donald Trump a même interdit sa mise à l’arrêt. On a argué la difficulté de faire respecter la distanciation physique entre travailleurs sur ces lieux mais éludé, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, l’hypothèse d’une contamination de la viande. Le complexe agroalimentaire et ses supports de communication volontaires ou involontaires ont refoulé dans un quasi oubli l’ensemble des maladies du passé dont il a été le principal vecteur : grippe aviaire, grippe porcine, grippe bovine, etc.

Même les abeilles sont malades, transformées en ouvrières exploitées au service de la monoculture. Dans les champs d’amandiers de Californie, on amène les ruches par camion, on les trie génétiquement, on les abreuve de médicaments, on sélectionne leurs reines. Épuisées, standardisées, presque clonées, le premier virus qui passe les décimes bien avant l’âge. C’est Germinal chez les hyménoptères.

Le pangolin n’est sans doute pas l’hôte intermédiaire du coronavirus. C’est très probable que ce soit le vison. Des collectifs se battent depuis plusieurs années déjà pour dénoncer les conditions carcérales de ces petits mammifères. Emprisonnés dans des batteries interminables de cages, nourris en série, les visons tout mignons deviennent fous derrière les barreaux. Ils excrètent les uns sur les autres, leur nourriture est souillée, ils sont confinés parmi les dépouilles de leurs congénères qui pourrissent, de mort lente, en général sans qu’on les sépare. One Voice a tourné des images terribles des élevages industriels de ces mustélidés, notamment en France où leur fourrure est arrachée pour l’industrie du luxe. Le vison américain est le plus valorisé. On en trouve aussi en Chine dans des centres commerciaux qui ressemblent aux Wall-Mart étasuniens – la nouvelle classes aisée y débarque par cars entiers avec des étoiles dans les yeux. Là-bas, comme dans le reste du monde qui a promu modes et modèles, le port ostentatoire de ces manteaux de fourrure hors de prix revient à endosser un statut, à s’élever au-dessus des simples mortels. Le rêve de luxe a posé sa main froide sur l’épaule frêle de ce qui composait notre vibrante humanité. La richesse et ses tenues d’apparat ont corrompu le monde.

Non loin de Tangshan, on éviscère encore à mains nues tandis que sur un site de production rationalisé comme celui de l’Aojilisi Farm dans la province du Shandong, 40 000 animaux sont détenus quotidiennement et on en dépèce 3 000 unités par jours – bientôt ce sera 10 000 par les méthodes automatisées les plus « modernes ». Leurs peaux seront vendues à Harbin ou dans les luxueuses boutiques de Hongerpu qui ressemblent beaucoup à ce que l’Occident valorise si puissamment.

Mais le monde est aveuglé. Déjà on trouve dans des poèmes d’écolier l’empreinte d’un imaginaire qui s’est formé décorrélé de son sujet. L’innocence de celui qui suit m’a fait de la peine :

<< Le Pangolin
Toi, mon joli pangolin,
Tu n’as vraiment pas été malin.
Car maintenant à cause de toi
Je ne peux même plus sortir de chez moi
A cause de ton manque de réflexion
Nous voilà tous à la maison.
Tu as fini par avoir vent des projets humains
Et que beaucoup repoussaient les urgences à demain
Monsieur le pangolin nous te disons au revoir
En ce lundi 11 mai
Nous avons espoir
Maintenant du balai ! >>

J’ai aussi croisé la route de dessins, de créations, de peintures. Le pangolin, animal hybride et fascinant a marqué les esprits. Avec lui, l’histoire que la planète s’est raconté.

Voix étouffée, au commencement des débats sur l’origine du coronavirus, une scientifique américaine qualifiait le story-telling du wet market de Wuhan de ’’simple divertissement’’. Ce récit a néanmoins fourni une étonnante et paradoxale occasion à l’Occident de réaffirmer sa croyance dans ses valeurs techno-industrielles ... et nourrit jusqu’à la verve du ’’philosophe’’ Luc Ferry, lorsqu’il s’applique à défendre les vertus écologiques du capitalisme. Il faut le remercier pour cette ineffable synthèse de la pensée de sa classe et de son temps :

<< Faut-il rappeler que le Covid-19 est parfaitement naturel, que ce ne sont pas « nos modes de vies modernes » qui ont causé la pandémie mais des coutumes ancestrales et locales, préservées qui plus est par un système communiste tout sauf libéral ? Quiconque a visité un marché chinois est sidéré à la vue de ces chiens, chatons et poussins écorchés vifs, de rats, civettes, serpents, pangolins et chauves-souris qui attendent une mort atroce entassés dans des cages insalubres. Une vidéo circule sur la toile où l’on voit un groupe d’hommes qui déjeunent de petites souris vivantes. Les malheureuses se débattent dans une sauce noirâtre et les convives les mâchent à pleines dents encore toutes vives après les avoir trempées dans leur jus. Il est clair que ces pratiques sont si peu ’’les nôtres’’, qu’elles susciteraient plutôt une vague d’indignation dans nos contrées démocratico-libérales. En vérité, les voyages, qui existent depuis des siècles, ne font au pire qu’accélérer la diffusion des maladies. Dénoncer les « failles et les excès » de l’humanité « mondialisée » relève donc de sophismes anticapitalistes et d’amalgames apocalyptiques tout juste bons à faire peur aux petits enfants. Non seulement nos sociétés développées par l’économie de marché et la mondialisation sont aux antipodes des pratiques traditionnelles qui ont engendré la crise actuelle, mais sans la logique de l’innovation capitaliste qui nous émancipe peu à peu, sans doute pas assez vite mais quand même, d’un passé millénaire de mépris de la nature et de maltraitance animale, non seulement l’écologie politique n’aurait jamais vu le jour, mais les sciences et les techniques qui permettent d’envisager des solutions non plus. >> (Le Figaro, 21 mai 2020).

Ne dites pas à Luc Ferry, qu’un massacre en gants blancs est toujours un massacre. Qu’industriellement on tue plus massivement qu’avec des arcs et des flèches. Il s’en fiche pourvu qu’on tue sans voir. Colporter l’image de marchands chinois inconséquents vendant des pangolins à la sauvette à des gloutons rustiques, toujours impénitents va dans son sens. L’industrie de la viande, la consommation de masse, la concentration de richesses y sont parfaitement escamotées du tableau.

Cailloux de poil dans la chaussure capitaliste, les visons martyrisés des abattoirs rappellent que le luxe et l’envie sont au principe des causes plus profondes qui ravagent la planète. Ces visons martyrisés pour des manteaux vaniteux et inutiles, s’ils sont la source de la pandémie et si on veut bien la voir, adressent un message ensanglanté à ceux qui se croiraient civilisés : celui de renoncer en tout premier à leur incommensurable barbarie.

Yann Faure


Episodes précédents :
Pangolin express (15 avril) :
https://www.facebook.com/yann.de.la.XR/posts/1631215753747396
Pangolin, non, on ne sait rien (31 mars)
https://www.facebook.com/yann.de.la.XR/posts/1617536628448642


Quelques sources :

OMS-Visons, les premiers cas connus de transmission à l’homme :
https://www.sciencesetavenir.fr/sante/contamination-du-covid-par-des-v...

Les pandémies et l’élevage industriel
https://reporterre.net/Pour-eviter-les-pandemies-cessons-l-elevage-industriel

Les élevages de visons infectés aux Pays-Bas :
https://www.sudouest.fr/2020/04/26/coronavirus-des-visons-d-elevage-in...

One voice - ferme de l’horreur en Eure-et-Loir :
https://one-voice.fr/fr/blog/lagonie-des-visons-dans-un-elevage-de-leu...

Parole aux éleveurs de visons :
https://fourrure-info.fr/media/dp-cnif-030918.pdf

Chine, dans l’enfer des fourrures (reportage) :
https://www.vice.com/fr/article/pavqw9/chine-dans-lenfer-des-fermes-a-...

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Omar Sy, Zemmour Non !

Publié le par S. Sellami

Omar Sy, Zemmour Non !

une info scénario https://www.lejournaldepersonne.com/2... #OmarSy #Zemmour #Adamatraore #Floyd #racisme #police L’homme de couleur se moque de la couleur de l’homme

On ne peut pas ne pas prendre parti dans ce qui s’apparente à un conflit entre l’enfant de Trappes doué pour l’art et l’essai et l’essayiste dont tous les concepts ne sont que des farces et attrapes. Je voudrais parler, vous l’avez compris d’Omar Sy qui vient de lancer un appel aux français rebelles qui ne voudraient pas voir les racistes et les séparatistes de leur pays se faire la belle avec leur police et leur justice. Selon the Artist, la police ne fait plus le maintien de l’ordre mais le maintien du désordre. Pour lui, il n’y a plus de place pour la Concorde en France, mais pour la discorde ! Plus de devise républicaine mais une haine antirépublicaine du noir, de l’arabe et du musulman. Réveillez-vous ou surveillez-vous, c’est le moment dit Omar Sy qui ne fait pas de différence entre Floyd et Adama… les deux lui rappellent Zyed et Bouna. Posons tous un genou à terre pour ne pas devenir complice de cette justice délétère. Le docteur No, Éric Zemmour dit NON à tous ceux qui n’utilisent toujours pas son produit de lessive qui lave plus blanc que blanc et opère comme un détergent contre tout ce qui est musulman. Plus manichéen que lui tu meurs ! Pour lui c’est l’antiracisme qui est à l’origine de la montée du racisme, les noirs qui font le plus de mal aux noirs avec leur vocation de bagnards… ce sont les musulmans qui sont à l’origine de leurs tourments, en regardant derrière jamais devant et dont les prières ne les ont pas empêché d’avoir le plus grand nombre de délinquants. Blanc c’est blanc, noir ce n’est pas notre histoire. Le noir ne nous renvoie pas notre image. Pendant que le musulman, lui, nous renvoie à un autre âge… à la préhistoire. Adama et Floyd n’ont eu que ce qu’ils méritent : un sort qui correspond à leur ressort, un châtiment pour un crime qu’ils auraient fini par commettre. Ce ne sont pas deux enfants de chœur, mais deux voyous de couleur. Dans notre pays surenchérit Zemmour, ce n’est pas le vice mais la police qui souffre, surtout lorsqu’on lui demande de rendre des comptes à ceux qui s’évertuent de lui régler son compte ! Vous m’avez l’air un peu circonspects… on dirait que vous avez du mal à désigner le plus suspect… Lequel est pour la guerre ? Lequel est pour la paix ? L’homme de l’avenir ou l’homme du passé ? Alors êtes-vous pour la Fronde ou pour la France profonde ? Si Omar Sy s’est fait tout seul, je puis vous assurer que ce n’est pas Le cas d’Éric Zemmour, il y a toujours eu quelqu’un derrière… vous, peut-être ?

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France: Requiem en Ré mineur pour une liberté défunte. 4ème et dernière partie

Publié le par S. Sellami

C’est la raison pour laquelle nous avions toutes les « chances » de voir « fleurir », ou le terrorisme pratiqué par des terroristes, ou encore mieux : le terrorisme pratiqué par un « virus invisible », contre lequel nous devrions « partir en guerre ». Il fallait maintenir par la peur tous ceux qui voulaient s’opposer à ce vol de la souveraineté des peuples. Les Français comme l’ensemble des européens ont été sévèrement punis, « assignés à résidence ». Cette manipulation des peurs serait accentuée via les médias inféodés qui allaient gracieusement relayer le discours sur la mort de milliers de personnes. Le préfet de Paris du « camp » macronien, Lallement, irait même jusqu’à accuser une personne d’avoir occupé un lit de réanimation par négligence sur les règles policières de distanciation sociale ! Il a été obligé de faire des excuses publiques… Il est hors de question que le peuple puisse sortir de cet enfermement que le système a si bien construit au bénéfice exclusif de la caste de « l’aristocratie stato-financière » au pouvoir.

Les Européens étant là pour enrichir le monde des privilégiés, ce monde des privilégiés était tout à fait prêt à exterminer les récalcitrants, par une « pandémie » providentielle ! 

Pire que la grande dépression de 1929, le désastre économique planifié par le biais du « confinement policier », allait atteindre cet objectif avec une facilité déconcertante. Ce nouveau monde en construction était celui de l’idéologie fasciste d’un ultra libéralisme ne servant que les riches, les nantis, les privilégiés du système, grâce aux masses laborieuses dépouillées de toute volonté démocratique par l’abolition des Constitutions. 

Mais les peuples s’étant montrés résistants à ce projet de domination incontestée, il fallait passer à un niveau supérieur de la répression de masses, mondialisée. Une « pandémie » jouait parfaitement ce rôle, on ne peut le nier. L’instrumentalisation de la « pandémie » allait permettre de mettre en place le programme complet des suppressions de la liberté, pensé depuis le début, mais qui avait rencontré le refus des peuples, à travers les mouvements sociaux comme celui des Gilets jaunes.

Aujourd’hui, après avoir manipulé au maximum les populations, avec la peur de la maladie et de la mort, n’hésitant pas à déclencher des cabbales odieuses contre tous les opposants et empêcheurs de tourner en rond, voilà que le lobbying était férocement activé dans les entreprises ainsi que dans les médias inféodés, en faveur d’une propagande pour une vaccination de masse future.

Préparer un vaccin prend théoriquement beaucoup de temps et ce temps est ennemi du profit : « le temps c’est de l’argent » ! Il y avait donc des alternatives qui seraient aussitôt étudiées encore une fois pour des raisons de profit évident avant de penser à quoi que ce soit d’autre. 

Dans toutes les thérapies testées contre le SARS-CoV-2, l’une d’entre elles repose sur le transfert d’immunité passive. C’est le transfert de plasma convalescent. Ces recherches restent encore classées « secret ». Ce que l’on sait déjà c’est que ce traitement doit être impérativement injecté, pour éviter la dégradation de son contenu par les enzymes de l’estomac. Chaque injection valant des centaines d’euros, on imagine aisément quelles sont les motivations qui occupent l’industrie pharmaceutique en ce moment et pourquoi tout traitement « bon marché », se révèlant en réalité aussi efficace, lorsqu’il est pris au bon moment et dans le cadre du bon protocole, devait être discrédité avec leurs promoteurs, sans ménagement. 

Mais une vigoureuse réaction internationale contre la publication de « The Lancet », (puisque c’est de lui que tout le monde parle) condamnant le « protocole Raoult », démontre très largement la volonté toxique de cette publication et les conflits d’intérêts évidents qui se cachent derrière ce coup destiné à garantir les gains substantiels attendus. (Cf., intervention majeure de Philippe Parola dans « L’heure des pros » sur C-NEWS le vendredi 29 mai 2020 ; voir également       https://youtu.be/VGi_bG8-vVU        puis :       https://youtu.be/HAcstIBsd6c  L’ancien ministre de la santé Douste-Blazy, fait des révélations importantes qui démontrent pourquoi la falsification de « The Lancet » a pu être publiée, à voir sur BFMTV du 24 mai 2020. Voir également l’analyse qui est faite par le Dr V. Guérin sur BFMTV du 23 mai 2020 qui ne laisse aucun doute sur la falsification opérée par cette « étude »…

La question qui se présente actuellement est un nouvel enterrement de nos ultimes libertés. Le pouvoir annonce des tests qui vont être appliqués aux enfants renvoyés dans les écoles. Les fabricants eux-mêmes disent que les tests utilisés ne sont pas vraiment fiables.

« Les tests de diagnostic représentés surtout par la RT-PCR, technique d’amplification génique, sont loin d’avoir la fiabilité espérée, fiabilité pourtant cruciale dans une crise comme celle que nous traversons. » (Cf., l’excellent article du Dr Pascal Sacré du 28 mai 2020, dans mondialisation.ca) 

« Même positif, le test RT-PCR ne traduit que la mise en évidence d’un fragment ARN du coronavirus SRAS-CoV-2, pas la maladie COVID-19 elle-même. Pour dire cela, il faut un tableau clinique correspondant ! Il faut envisager toutes les autres pathologies du patient et s’il meurt, en tenir compte avant d’attribuer le décès au COVID-19 ! » (Idem)

« C’est effrayant quand on imagine les conséquences peut-être injustifiées résultant de décisions prises sur base de ces tests ! » (Idem)

Requiem en Ré mineur pour une liberté défunte  

Toute cette histoire nous a conduits à l’assignation de masse à résidence, au « confinement », puis aux mises en quarantaine, aux mesures liberticides inédites, à la ruine hospitalière ainsi que celle du système sanitaire dans son ensemble. Pire : des diagnostics graves pourront être réalisés à tort et infligés à des personnes arbitrairement terrorisées alors qu’elles seront souvent en bonne santé ! La doctrine de « distanciation sociale » ne peut qu’avoir des conséquences catastrophiques sur les rapports humains, détruits en profondeur. Le désastre économique est sans précédent et toutes les conséquences tragiques de son impact sont encore inconnues. Il y a un acharnement particulier et franchement injustifié contre toutes les activités sociales : loisirs, spectacles, restauration, bars, cafeterias, écoles… Nous sommes en « pénitence », punis pour avoir été insoumis et contestataires !

Enfin, cerise sur le gâteau : les projets de traçage et de contrôle acharné des peuples dans leur ensemble, par des moyens informatiques sophistiqués, sont désormais justifiés, lancés et approuvés par les politiques spécialisés en infantilisation…

Déjà, nous savons que les directeurs d’écoles pourront pratiquer le dépistage (controversé) sans la permission des parents. Or, si un enfant est dépisté « positif », c’est toute la famille, les proches et les contacts qui seront obligés de se faire dépister à leur tour. Ensuite, les « brigades » annoncées par Philippe, imposeront un « reconfinement » avant une vaccination ou un transfert d’immunité passive par injection coûteuse ! Si vous refusez le dépistage on pourrait bien vous enlever votre enfant, au nom de la sécurité sanitaire de tous, bien entendu ! « C’est effrayant quand on imagine…. ! » (Dr Pascal Sacré) Je dirais, quant à moi, qu’on va surtout vers des violences terribles inévitables et incontestables !

En résumé, si vous êtes dépisté « positif », vous serez donc « fiché nuisible », cela nous rappelle quelque chose du passé sous le Gouvernement de Vichy. Après 70 jours de « pandémie », le virus ne peut plus être contagieux, il est devenu inactif. Le dépistage, aujourd’hui, est devenu inutile et donc injustifié. Si ce dépistage est pratiqué maintenant, il sera d’emblée falsifié et hautement aléatoire, mais entraînera votre future vaccination soit par un procédé classique, soit par un transfert d’immunité passive, au bout du compte par un moyen qui va être extrêmement bénéfique pour l’industrie pharmaceutique impliquée dans cette campagne et cela sans jamais savoir ce que vont contenir exactement ces traitements qu’on vous injectera…Dans ce contexte d’opacité, et de lobbying forcené, quels sont les médecins qui accepteront de pratiquer ces injections à votre avis, à part bien sûr ceux qui, avec Véran, assassinent en ce moment le Pr Raoult ?

Pour ma part, je n’hésite pas à contester l’accusation arbitraire qui consiste à dire aux gens qu’ils seront une menace pour les autres, par leur refus de se soumettre à une dictature sanitaire. Nous devons faire front en nombre contre cette aberration et contre une telle soumission à un tel système pervers au service du profit capitaliste ultra libéral déguisé en hypocrite préoccupation sanitaire pour tous… 

Les « élites » au pouvoir n’en démordront pas, car c’est l’argent qui fait la loi. Nous devons être tous des résistants, dès à présent, et donc nous organiser pour que cette résistance puisse atteindre son objectif anti « monde orwellien ».

Après ce requiem en Ré mineur pour une liberté défunte, préparons ensemble une Grande Fugue en Si bémol majeur célébrant la prochaine résurrection de la libération.                                 

Jean-Yves Jézéquel

 

Première partie : France: Requiem en Ré mineur pour une liberté défunte

Deuxième partie : France: Requiem en Ré mineur pour une liberté défunte. 2ème Partie

Troisième partie :

France: Requiem en Ré mineur pour une liberté défunte. 3ème Partie

 

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Qui sont ces ténors autoproclamés du Hirak algérien?

Publié le par S. Sellami

Les bonnes feuilles

Sauver le Hirak de ses démons

Extrait de la préface de Majed Nehmé

[…] 

On ne peut soupçonner Ahmed Bensaada, l’auteur de ce livre-enquête, d’être hostile au Hirak, qu’il avait appelé de tous ses vœux. Il le dit sans ambages dès les premières lignes de son enquête : « Cet évènement majeur dans la vie politique de l’Algérie a bouleversé tous les codes du pays. Il a modifié la psychologie d’un peuple, a aiguisé son sens de la discipline, a soudé ses rangs dans un objectif commun contre le despotisme et la hogra et a réussi avec brio le déboulonnage d’un système prédateur et sa meute de serfs. Une vraie campagne de salubrité publique scandée de concert dans les rues de toutes les villes du pays avec la classe, la véhémence et le ton que requièrent ces moments historiques… »

Mais l’adhésion à un mouvement historique refondateur et salutaire ne peut se faire, pour un esprit critique et vigilant comme Ahmed Bensaada, en fermant les yeux devant les tentatives de certains agitateurs professionnels pour récupérer ce soulèvement populaire et patriotique en vue de le dévier de sa trajectoire et de le mettre au service d’un plan étranger inavoué car inavouable. Son adhésion au Hirak était mue uniquement par son attachement à son pays, son identité, son indépendance, sa souveraineté chèrement acquise sans laquelle aucune réforme structurelle ne saurait être engagée sérieusement et durablement. 

Vigilant, fin observateur des stratégies minutieusement et méthodiquement mises en place par les néoconservateurs américains en particulier et occidentaux en général, adeptes du « regime change » et du « chaos constructif », Ahmed Bensaada, avec le flair qu’on lui connaît, a très vite décelé, documents à l’appui, les tentatives de récupération de ce mouvement historique. Il avait, à vrai dire, observé les agissements de certains acteurs, qui se sont autoproclamés leaders de l’actuelle contestation depuis son premier livre d’investigation paru en 2011, « Arabesque$ – Enquête sur le rôle des États-Unis dans les révoltes arabes », et qui sera plusieurs fois réédité au Canada, en Belgique et en Algérie, traduit en arabe et bientôt en espagnol. On se rappelle comment, dans la foulée des mal nommés printemps arabes, une tentative de « printanisation » de l’Algérie avait eu lieu mais avait lamentablement échoué.

Il avait déjà pressenti le danger d’une telle récupération visant l’Algérie. Car la stratégie de déstabilisation était globale et visait en fait tous les pays « récalcitrants » dans le monde. De Cuba jusqu’au Liban, du Venezuela jusqu’au Yémen, en passant par Hong Kong, l’ancien espace post-soviétique, la Syrie, l’Iran, la Libye, la Tunisie, voire même l’Irak qui, bien qu’il ait été envahi en 2003 ― après un blocus barbare de 1990 à 2003 qui a fauché la vie à des centaines de milliers de civils ― continue de servir de laboratoire aux machinations déstabilisatrices des néoconservateurs américains. 

[…] L’enquête actuelle de Bensaada part d’une déclaration stupéfiante de Lahouari Addi, un activiste professionnel franco-algérien qui officie en France, professeur de sociologie à l’IEP de Lyon de son état, qui propose, sans autre forme de procès, ni consultation populaire démocratique quelconque, et sans même l’approbation des forces vives du Hirak, la prise du pouvoir par un triumvirat composé de Mustapha Bouchachi, Zoubida Assoul et Karim Tabbou. Rien d’un moins ! « Pourquoi le sociologue a-t-il proposé ces personnes en particulier et ce, très peu de temps après le début des manifestations ? Les connaissait-il personnellement ? Avait-il discuté avec elles et pris connaissance de leurs programmes respectifs ? Y avait-il une coalition sous-jacente au Hirak pour proposer une liste en particulier ? Quel était le fil conducteur qui reliait ces personnes au professeur lyonnais ? », se demande l’auteur.

En suivant le docteur Bensaada dans ses investigations, le lecteur ne sera pas déçu. Ils ont tous été liés, d’une façon ou d’une autre, à des organismes américains d’exportation de la démocratie ! En plus de ces liaisons coupables avec des puissances étrangères, nos trois hirakistes, relève Bensaada, ont en commun leur accointance avec la nébuleuse islamiste, survivance du FIS interdit, qui a du sang algérien sur les mains, ou leurs soutiens basés à l’étranger qui jouissent de la protection des puissances dites démocratiques et anti-terroristes. L’arrestation de Karim Tabbou pour « atteinte à l’unité nationale » aura d’ailleurs été l’occasion rêvée pour la nébuleuse islamiste soutenue par le Qatar pour courir à son secours et dénigrer l’Algérie !

[…]

L’enquête d’Ahmed Bensaada est une contribution majeure pour la compréhension des jeux et enjeux qui se cachent derrière les postures nihilistes des puissances étrangères vis-à-vis de l’Algérie par le biais de pantins locaux. Des puissances qui prêchent aux autres ce qu’elles ne font pas chez elles. C’est aussi un appel à un sursaut national pour sauver le Hirak de ses démons et de ses fossoyeurs. Sa conclusion ne supporte aucune ambiguïté sur ce point : « Le Hirak, conclut-il, qui a été un évènement unique et grandiose dans l’histoire de l’Algérie, se doit d’être intrinsèquement algéro-algérien et de ne permettre aucune collusion avec des intérêts étrangers. Ce sont ces conditions qui garantissent l’épanouissement de l’Algérie de demain, démocratique, prospère et juste… »

Féconde sera la démocratisation (Extrait)

Par Ahmed Bensaada

[…]

Suivant le cheminement de sa réflexion hirakiste, Addi mit de l’avant (lui aussi !) les noms de certaines « célébrités » du mouvement populaire, même si d’après lui, « Le Hirak n’a pas vocation à être structuré »7. 

Ainsi, le 14 mars 2019, soit moins d’un mois après le début du Hirak, il écrivit : 

« [] les décideurs doivent accepter le caractère public de l’autorité de l’Etat. Ils doivent demander à celui qui fait fonction de président aujourd’hui de démissionner et de nommer une instance de transition qui exerce les fonctions de chef d’Etat. Mustapha Bouchachi, Zoubida Assoul et Karim Tabbou devraient être sollicités pour exercer les prérogatives d’une présidence collégiale qui nommera un gouvernement provisoire qui gérera les affaires courantes et préparera les élections présidentielle et législative dans un délai de 6 à 12 mois. Les généraux doivent aider à la réalisation de ce scénario et se dire une fois pour toute que l’armée appartient au peuple et non l’inverse »8.

Pourquoi le sociologue a-t-il proposé ces personnes en particulier et ce, très peu de temps après le début des manifestations ? Les connaissait-il personnellement ? Avait-il discuté avec elles et pris connaissance de leurs programmes respectifs ? Y avait-il une coalition sous-jacente au Hirak pour proposer une liste en particulier ? Quel était le fil conducteur qui reliait ces personnes au professeur lyonnais ?

Tout le monde avait remarqué, bien entendu, que ces noms avaient émergé ― comme par enchantement― très tôt de la houle du Hirak. Mais que ces personnes en particulier soient « désignées » par Lahouari Addi, cela est loin d’être anodin. En effet, la recherche de dénominateurs communs exige aussi bien un retour vers le passé qu’une observation de l’actualité récente. 

[…]

Ainsi, dans les années 1990 – 2000, et ce durant plusieurs années, Lahouari Addi a fait partie de l’« International Forum for Democratic Studies Research Council » de la NED (en français : Conseil de recherche du Forum international d’études démocratiques)11.

[…]

Outre Addi, la liste des membres de ce conseil de recherche cite les noms de célébrités de la « démocratisation » américaine. Par exemple, dans le rapport annuel 2005 de la NED on trouve, entre autres, d’influents politologues américains comme Francis Fukuyama, Samuel P. Huntington ou Donald L. Horowitz. Le premier, néo-conservateur de la première heure, a déclaré : 

« J’ai travaillé pour l’ancien vice-ministre de la Défense Paul Wolfowitz à deux reprises, d’abord à l’Agence de contrôle des armements, puis au State Department ; […] J’ai par ailleurs travaillé avec son mentor, Albert Wohlstetter, au sein de la firme de consultants Pan Heuristics, et comme lui j’ai été [salarié] plusieurs années par la RAND Corporation »14. 

Rappelons que Paul Wolfowitz est un des néo-conservateurs américains les plus radicaux, qu’il a travaillé dans l’administration Bush fils en s’illustrant comme un fervent artisan et défenseur de l’invasion de l’Irak. D’autre part, la RAND Corporation est considérée comme le think tank le plus influent des États-Unis. Financée en majorité par le gouvernement américain (essentiellement par le secteur militaire), elle produit des rapports d’analyse politique et de renseignement pour l’armée et les décideurs américains.

De son côté, le professeur Samuel P. Huntington est mondialement connu pour sa ouvrage intitulé « Le choc des civilisations », alors que le professeur Donald L. Horowitz est spécialisé dans les « conflits ethniques ». Ce dernier a été nommé en 2006 par Condoleeza Rice au « Comité consultatif de la Secrétaire d’État pour la promotion de la démocratie » afin de la conseiller ainsi que l’administration de l’USAID (United States Agency for International Development, un autre organisme, comme la NED, spécialisé dans l’exportation de la démocratie)15.

Cette longue liste mentionne aussi quelques faucons néoconservateurs comme Joshua Muravchik qui avait demandé, en 2006, rien de moins que : « Bombardez l’Iran »16.

[…]

Robe noire et droit-de-l’hommisme (Extrait)

Par Ahmed Bensaada

La seconde Assemblée mondiale du WMD s’est tenue à São Paulo (Brésil) du 12 au 15 novembre 2000. Comme on doit s’en douter, les vedettes de cet évènement étaient, sans conteste, les activistes d’Otpor. D’ailleurs, deux de ses plus éminents membres étaient présents :  Slobodan Djinovic et Slobodan Homen36. Et leur contribution n’est pas passée inaperçue.

Dans une session organisée et modérée par l’IRI, Slobodan Homen présenta une communication intitulée : « Des élections décisives comme opportunités de promotion de la démocratie : quelles sont les meilleures stratégies ? ».

De son côté, Slobodan Djinovic anima un workshop modéré par le NDI, avec le titre évocateur suivant : « Comment les ONG peuvent-elles aider à surmonter les obstacles et à réduire les coûts humains dans les transitions difficiles ? ».

Et le plus intéressant dans cette histoire, c’est la mention accompagnant l’évènement : « Ce workshop est focalisé sur l’étude de quatre cas : la Serbie, l’Algérie, la Palestine et la Roumanie »37.

Un workshop animé par un leader d’Otpor, dans un évènement organisé par la NED et focalisé sur l’Algérie ? Et quand cela ? En 2000 ! Une décennie avant le printemps arabe, presque deux décennies avant le Hirak !

Mais quelle est la relation entre tout cela et maître Bouchachi, me dira-t-on ? La réponse est dans la liste des participants de la seconde Assemblée mondiale du WMD : Mostefa Bouchachi était présent38 en qualité d’« Avocat à la Cour agréé auprès de la Cour Suprême » en compagnie de Hakim Addad, fondateur du RAJ (Rassemblement Actions Jeunesse) en 199239.  Comme précisé dans plusieurs articles sur le sujet, le RAJ est une des organisations les plus financées par la NED40. De plus, en 2000, le RAJ était bien connu de la NED puisque cette dernière avait commencé à le subventionner en 199741. Alors que Mostefa Bouchachi n’était venu qu’en auditeur, Hakim Addad a coanimé un workshop portant un titre explicite : « Le réseautage des jeunes militants pour la démocratie »42. À noter que les rapporteurs de ce workshop étaient des représentants de la NED et de la Friedrich Ebert Stiftung (un organisme allemand de financement similaire à la NED, bien connu en Algérie). Faut-il rappeler que, comme le RAJ, la LADDH a été financée par la NED ?

[…]

Chronique d’une liaison annoncée (Extrait)

Par Ahmed Bensaada

[…]

L’analyse présentée dans ce qui précède montre un premier dénominateur commun entre Lahouari Addi et deux (à défaut de trois) des personnes dont il a suggéré les noms : leurs relations avec les États-Unis et leurs organismes d’« exportation » de la démocratie. Il est évident que Lahouari Addi, Mostefa Bouchachi et Zoubida Assoul ont tous eu des accointances avec des intérêts étasuniens. 

Passons maintenant au second trait commun qui caractérise ces « ténors » du Hirak. Lorsqu’en février dernier, le jour même de la célébration du premier anniversaire du Hirak, M. Bouchachi a rendu visite (avec d’autres hirakistes) à l’ex-numéro deux du FIS (Front islamique du Salut) en la personne de Ali Benhadj, ce fut un tollé général 113. Comment celui qui se considère comme le porte-drapeau du Hirak et de ses valeurs démocratiques pouvait-il frayer avec une personne qui déclarait, il n’y a pas si longtemps, qu’il n’était pas démocrate et que la démocratie était « Kofr » (impie) ?

[…]

En effet, ce n’était pas la première marque de sympathie de M. Bouchachi à l’égard des ex-membres du FIS. Lors du décès du numéro un de ce parti, Abbassi Madani, il s’était empressé de twitter ses condoléances en priant « qu’Allah l’accueille dans son vaste paradis ». Ce à quoi lui répondit une internaute : « Mon père, première victime civile de ce terroriste et ses acolytes, vous salut de sa tombe cher ‘‘démocrate’’. Vous avez perdu une occasion en or de vous taire…116 ».

La proximité de Maître Bouchachi avec la chaîne Al Magharibia, illustre bien cette affinité avec le mouvement islamiste. Ses fréquentes apparitions à l’écran et les marques de déférence dont il bénéficie de la part de cette chaîne et ce, des années avant le Hirak, trahissent une évidente sympathie à l’égard de celui qu’on surnommait, comme mentionné précédemment, « l’avocat du FIS » 117. 

[…]

En février dernier, lorsque Lahouari Addi arriva au lieu du débat organisé par « Rachad », il fut accueilli tout sourire par M. Zitout. Accolade et embrassade s’ensuivirent, témoignant d’une camaraderie difficilement dissimulable. Ce n’était visiblement pas la première fois qu’ils se rencontraient 122.

[…]

Lahouari Addi et Mourad Dhina sont aussi de vieilles connaissances, comme le montre le tableau ci-dessus. Cela est aussi évident à la familiarité expressive (tutoiement, utilisation des prénoms, etc.) clairement visible dans cette vidéo de Rachad TV datée du 21 octobre 2019 (en plein Hirak) et où le premier est l’invité du second 127. D’ailleurs, n’est-ce pas M. Addi qui avait déclaré : « Mourad Dhina est un Erdogan algérien, il défend un islam compatible avec les droits de l’homme et la démocratie. Mais pour le gouvernement algérien il n’y a rien de pire que des islamistes autonomes… 128 ».

À noter que ces propos ont été rapportés par Marie Verdier (La Croix) en 2012, des années avant le Hirak. 

En ce qui concerne Zoubida Assoul, ses interventions sur Al Magharibia ne sont plus à compter 129. En plus des émissions qui lui ont été consacrées, elle intervient régulièrement en direct sur cette chaîne pour analyser et critiquer la vie politique du pays. 

Selon Maghreb Intelligence, de nombreuses personnalités de l’opposition ont été invitées à Paris par Al Magharibia pour fêter l’anniversaire de la chaîne, en février 2019 (quelques jours avant le début du Hirak). Et la source de préciser :

« Les billets d’avion, les chambres d’hôtels, les locaux de la réunion, les dîners, les boissons, tout, absolument tout, a été pris en charge par la comptabilité de la chaîne islamiste Al Magharibia qui défend clairement et ouvertement les positions de l’ex-FIS et, surtout, les « bienfaits » du Qatar et de sa diplomatie sournoise »130.

Parmi les invités, les noms de Zoubida Assoul et de Karim Tabbou ont été cités. La présence à Paris, à cette période, de ces deux figures du Hirak a été confirmée par Naoufel Brahimi El-Mili dans son livre « Histoire secrète de la chute de Bouteflika » : « Par une étrange coïncidence, ce dimanche-là [17 février 2019] des personnalités algériennes, liées au mouvement ‘‘Mouwatana’’, se trouvent à Paris. Elles répondent présent. Parmi elles, Karim Tabou, Zoubida Assoul et Soufiane Djilali et un certain ‘‘Amir DZ’’, activiste sur la Toile et blogueur très suivi, qui prend le micro et galvanise la foule avec son parler ‘‘jeune’’…131 »

[…]

La bronca qui suivit la publication de la nouvelle fit vaciller quelques certitudes. Maître Bouchachi et Zoubida Assoul démentirent l’information. Les politiques à la mémoire courte comprennent à leurs dépens que certaines liaisons peuvent être dangereuses, très dangereuses. Commentant ces relations démocrato-islamistes, Lahouari Addi rédigea un article affublé d’un titre explicite : « Faut-il avoir peur des islamistes ? » 139. Il va sans dire que poser la question de cette façon, c’est y répondre par la négation. 

L’explication rudimentaire du sociologue est basée sur deux arguments aussi solides qu’un château de sable en plein ouragan : le respect de la diversité idéologique et le « qui-tue-quisme »140. M. Addi feint de ne pas comprendre que ce n’est pas l’islamisme en général qui a été visé par le tollé, mais l’alliance avec des personnes ayant un lourd passé qui prônent une idéologie qui a généré le chaos et la désolation durant la décennie noire. D’autre part, il y a une différence entre permettre la diversité idéologique et avoir des liens aussi étroits et des canaux de communication aussi bien huilés avec une mouvance particulière de l’islamisme dont l’histoire est douteuse. Quant au « qui-tue-quisme », ce n’est qu’un subterfuge simpliste pour absoudre les terroristes de leurs crimes.

En fait, Lahouari Addi remet au goût du jour sa fameuse théorie de la « régression féconde ». À ce propos, le journaliste Hassan Zenati précise que cette approche est celle d’un « groupe d’intellectuels algériens vivant en Europe, inspirés par la théorie du ‘‘chaos créateur’’ des néo-conservateurs américains qui soutenaient qu’un pouvoir islamiste ne serait au pire qu’une ‘‘régression féconde’’ sans lendemain, mais qui permettrait tôt ou tard de trouver les voies démocratiques ». Il ajouta que l’un des chefs de file de ce groupe est le sociologue Lahouari Addi141.

Ce qui nous ramène au tout début de cette analyse : la relation de Lahouari Addi avec la NED et les néoconservateurs américains. Mais aussi aux liens entre certains « ténors » du Hirak et les intérêts étasuniens. Cela n’est pas sans nous rappeler la volonté américaine de favoriser l’installation d’un pouvoir islamiste dans les pays arabes, comme ce fut le cas en Égypte, en Syrie, en Libye ou au Yémen. 

L’Algérie au cœur

Extrait de la postface de Richard Labévière 

[…]

Les ONG sont, sans doute, la trouvaille la plus machiavélique des pays occidentaux dits « démocratiques ». Elles ont été inventées dans les années 1950, en pleine Guerre froide pour affaiblir le bloc communiste de l’intérieur, utilisant différents paravents d’associations d’entraide humanitaire et sanitaire, d’alphabétisation et – bien-sûr – de médias dits « démocratiques » avec beaucoup de guillemets : Radio Free Americia, Free Europe, Free tout ce qu’on veut… Quelques-unes de ces ONG : National Endowment for Democracy (NED), National Democratic Institute (NDI), Freedom House, Open Society Institute et la fameuse Otpor – qui signifie en serbe cyrillique « résistance ». Cette dernière a été créée en 1998 avec le soutien du National Endowment for Democracy et du milliardaire d’origine hongroise George Soros. Après la casse de l’ex-Yougoslavie, Otpor est devenue le centre de formation pour « l’action non violente » et a produit de nombreux activistes « révolutionnaires » notamment en Géorgie, en Ukraine, en Biélorussie, aux Maldives, en Égypte et, dernièrement, au Venezuela.

[…]

Et la recette est tellement efficace qu’elle continue d’être consciencieusement appliquée dans les pays qui ont l’audace de ne pas se conformer aux injonctions de Washington, de Londres, des autres chancelleries européennes, de Tel-Aviv et des pays du Golfe, c’est-à-dire des principaux acteurs de la mondialisation ultralibérale actuelle.

[…]

Car c’est bien la question essentielle. Les révolutions française (1789), russe (1917), chinoise et cubaine (1949), algérienne (1954) et sandiniste (1979) ont provoqué de profonds basculements historiques, marquant un avant et un après décisifs de « substance », au sens hégélien du terme. Dans cette séquence contradictoire, qui fait progresser « la raison dans l’histoire », la révolution nationale algérienne tient une place tout à fait particulière parce qu’elle met fin à une occupation et une exploitation coloniale qui perdurait depuis 1830. 

Et aujourd’hui encore, la révolution algérienne demeure emblématique et centrale dans la vie et la mémoire des peuples, parce qu’elle incarne une victoire sans appel sur le fait colonial, renvoyant définitivement ce mode de gouvernance aux oubliettes de l’histoire. L’affirmation d’une Algérie nationale, souveraine et indépendante reste une menace et un défi pour les tenants et profiteurs des derniers colonialismes en acte et en puissance, au premier rang desquels l’entité sioniste, son « État juif » d’apartheid qui occupe, annexe, colonise et opprime les Territoires palestiniens.

[…]

Plus largement, l’existence d’une Algérie souveraine et indépendante gêne les protagonistes et les profiteurs de la mondialisation contemporaine : ultralibérale, anglo-saxonne, destructrice des ressources naturelles et de la liberté des peuples. L’obsession de cette machinerie morbide : casser les États-nations, les services publics et les politiques de redistribution sociale. 

L’Algérie gêne encore doublement les apprentis sorciers de la mondialisation : d’abord parce que c’est un grand pays pétrolier et gazier qui pèse au sein des organisations des pays producteurs et exportateurs. Et quelles que soient les variations du prix du baril, ces ressources algériennes – gérées nationalement – font obstacles aux intérêts des États-Unis et des pays du Golfe. 

[…]

L’autre défi algérien – insupportable à tous les nostalgiques du colonialisme – c’est, bien-sûr une diplomatie de non-ingérence et de médiation à l’usage de l’auto-détermination des peuples de Palestine et du Sahara Occidental en passant par de multiplies théâtres africains et asiatiques. La diplomatie algérienne demeure l’un des grands vecteurs d’émancipation et de libération des peuples, parce que sa vraie révolution nationale ne peut être assimilable, sinon récupérée par quiconque.

[…]

Encore plus largement, l’affirmation nationale d’une Algérie souveraine et indépendante reste une menace pour les actuels faiseurs de mondialisation, parce que l’État-nation constitue – toujours et encore – la « monade » au sens leibnizien du terme, la cellule indispensable d’une théodicée de la résistance. Le grand historien de la Méditerranée, Fernand Braudel, nous a enseigné que tout processus d’édification nationale s’inscrit dans une durée longue et contradictoire. Avant de connaître une relative stabilité constitutionnelle et institutionnelle, le pays de la Révolution française s’est étripé, des siècles durant, entre catholiques et protestants, entre monarchistes et républicains, entre laïcs et cléricaux, la séparation de l’Église et de l’État datant d’une loi de… 1905. Par conséquent, personne n’est en droit de faire la leçon à quelque pays que ce soit… et certainement pas à l’Algérie.

[…]

S’adressant à l’intelligence collective, Ahmed Bensaada l’écrit de manière limpide et saisissante : la question n’est pas d’être pour ou contre le Hirak ; la question n’est pas d’exagérer, de nier ou d’instrumentaliser les questions internes qui travaillent la société algérienne, comme toute société au monde. La vraie question est de rappeler qu’il s’agit de l’affaire des Algériens eux-mêmes, et que ces défis d’avenir ne peuvent être abandonnés à des officines étrangères, dissimulées derrières les masques d’ONG aux financements et feuilles de routes des plus opaques.

Ahmed Bensaada

Editions APIC, Alger 2020

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Adama ou la Justice hors la loi !

Publié le par S. Sellami

Adama ou la Justice hors la loi !

Selon toute vraisemblance, Adama n’a pas été jugé. Il a été condamné à mort et exécuté par des gendarmes qui se sont sentis les seuls maîtres à bord, détenteurs d’une légitime violence.
On feint de s’interroger sur les circonstances de cette Justice expéditive tout en sachant au fond de notre âme et conscience, qu’il s’agit d’un vice récurrent chez les gens de la police et qu’on appelle : l’injustice.
Assa, la sœur d’Adama ne cherche pas la vérité sur la mort de son frère, lors de son interrogatoire musclé il y a presque 4 ans…
Non, elle sait ce qui s’est passé, elle voudrait seulement voir la vérité éclater et mettre l’État de droit en face de ses responsabilités.
C’est l’Etat qui a armé le bras de celui qui n’a pas été digne de le représenter. Tout comme hier, dans les rues déconfinées de Paris, les manifestants n’ont pas exprimé autre chose que leur désir de Justice… Que la fin de cette vraie fausse enquête, que la vérité fasse place nette et que la justice soit faite !

Hier ADAMA, aujourd’hui GEORGE et demain, ce sera qui ?
Si ce n’est pas toi, ce sera ton fils, ton père ou ton frère… c’est ce qui explique et implique certains soulèvements populaires.
Quoi de plus juste que de dénoncer une justice qui fait preuve d’injustice… parce qu’elle est biaisée, instrumentalisée ou politisée ?
Qui ne souffrirait de voir un homme à terre, écrasé par tout un système qui dégénère ?
Nous redoutons tous cet abîme vécu par toutes les victimes de l’injustice… l’injustice des hommes que l’on oppose à la justice de Dieu… ou à l’idée, à l’idéal de justice.

Que nous dit Socrate en substance cinq siècles avant Jésus Christ ?
Que notre désir de vengeance n’a aucun intérêt, aucun sens… ça ne nous renvoie qu’à notre propre impuissance.
Socrate vous dirait s’il était là qu’il préfère être dans la peau de votre frère désarmé que dans celle du policier armé qui l’a achevé.
Parce que selon Socrate :
Il vaut mieux subir l’injustice que de la commettre.
Pourquoi ?
Parce que pour Socrate, la morale avant d’être un devoir vis-à-vis d’autrui, est un pouvoir sur soi. Et si je m’y réfère c’est parce que je préfère comme lui, l’estime de soi au mépris de soi. Estime de la victime, mépris du bourreau !
Lorsque je me regarde dans une glace, je ne voudrais pas rêver d’être roi mais me voir, me savoir roi c’est-à-dire maître de soi. Et cet accord avec soi-même est le plus bel accord qui soit !
une info scénario
#AdamaTraore #JusticePourAdama #Socrate
« Je préfère encore être en désaccord avec tout le monde que de l’être avec moi-même »

https://www.lejournaldepersonne.com/2...

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France: Requiem en Ré mineur pour une liberté défunte. 3ème Partie

Publié le par S. Sellami

 

3ème Partie

1 – Les politiques nationales étant déterminées par le cadre intérieur du Marché unique, de la monnaie unique et des règles uniques de l’UE, les Gouvernements de chaque pays formant l’UE, sont des exécutants dociles de ses règles, au mieux, des « fondés de pouvoir satisfaits de leur impuissance », écrivait Coralie Delaume, dans le FigaroVox du Mardi 26 Février 2019. 

L’Union européenne n’est pas une organisation intergouvernementale mais c’est une structure supranationale. Les juristes disent que la Cour de justice des communautés a « constitutionnalisé les traités » via deux jurisprudences de 1963 et 1964. Autrement dit, « la Cour de justice a fait naître un ordre juridique inédit et posé les bases d’un proto-fédéralisme sans que les peuples soient consultés – ni même avertis – de la venue au monde d’une quasi-Constitution, dès 1964, » disait encore Coralie Delaume. ( idem)

La fin du principe de l’unanimité au sein du Conseil européen allait encore aggraver davantage le problème. Le lien naturel qui aurait dû continuer à exister entre les Nations et le Conseil Européen était rompu pour de bon, faisant des élections nationales une mascarade pitoyable, le vote des citoyens étant absolument devenu inopérant. Quelle que puisse être son issue ou son alternance vers la gauche ou vers la droite, le vote des Français ne changerait plus rien aux directions prises par des acteurs politiques inconnus, hors de portée, anonymes et non élus de Bruxelles. 

Le faux Parlement de l’UE n’était pas le principal législateur du droit communautaire. Ce rôle revenait en réalité, selon le Traité, à la Cour de Luxembourg, laquelle émet de la norme en continu, « de manière jurisprudentielle » et sans en référer à personne. Enfin, le Parlement européen n’avait aucune possibilité actuelle de modifier les traités, même lorsque ceux-ci contiennent des éléments de politique économique. 

Les Gouvernements des pays membres ne peuvent plus pratiquer aucune politique industrielle volontariste, puisque les traités interdisent de «fausser la concurrence» par le biais d’interventions étatiques. Aucune politique protectionniste commerciale ne leur est possible puisque la politique commerciale est une «compétence exclusive» de l’Union Européenne. Aucune politique de change n’est possible puisque dans le cadre de la monnaie unique euro, les pays ne peuvent plus dévaluer. Aucune politique monétaire n’est possible puisque c’est la BCE qui la conduit. Aucune politique budgétaire n’est possible, puisque les pays qui ont adopté la monnaie unique sont soumis à des «critères de convergence», notamment la fameuse règle – arbitraire – des 3 % de déficit public. En outre, depuis 2010 (dans le cadre d’un calendrier appelé «Semestre européen»), la Commission Européenne pilote méticuleusement l’élaboration des budgets nationaux. Dans ces conditions, nos Gouvernants n’ont plus que deux outils à leur disposition: la fiscalité et le «coût du travail». 

Concernant la fiscalité, le capitalisme sauvage parasitaire financier pouvait exercer sur chaque État un odieux chantage en menaçant de se délocaliser vers les États voisins. Les pays membres de l’UE se livraient aussitôt à une concurrence fiscale déloyale, certains d’entre eux, comme le Luxembourg et l’Irlande, et aussi la Belgique, s’étant constitués comme des « paradis fiscaux » vivant grassement et se développant grâce à l’impôt détourné massivement par les multinationales invitées chez eux pour un traitement de faveur. Pendant toutes ces années, les autres peuples pillés légalement, grâce à cette organisation mafieuse de l’UE, allaient se débattre dans le chômage de masses et le dépeçage de toutes leurs richesses nationales. 

La France était la première concernée par ce chantage et la victime de la logique politique de l’UE qui protégeait, par ses règles, le renard dans le poulailler.

Concernant les revenus et le droit du travail, ceux-ci sont devenus les cibles privilégiées de l’échelon supranational. Les documents de cadrage incessant produits par la Commission européenne, le prouvent clairement. Ils donnent des «lignes directrices pour l’emploi», pour «l’examen annuel de croissance». Il y a aussi des «recommandations du Conseil» rédigées chaque année dans le cadre du « Semestre européen ». Toutes les réformes du droit du travail qui ont été mises en place dans les pays membres, comme la loi « El Khomri » en France, ont été prescrites de façon détaillée dans ces documents. 

Les services de santé ont été délabrés pour cette raison ultra libérale de rentabilité du capital et nous avons découvert à travers la crise du COVID-19, dans quel état pitoyable se trouvait l’hôpital et dans quelles conditions catastrophiques le personnel de santé devait travailler.

Les multinationales sont plus riches que les Etats. Le financement des politiques et de leurs acteurs se fait par les multinationales et le Pouvoir de la constellation bancaire. Ce financement doit être payé en retour par l’impôt prélevé sur les peuples. Les industriels européens (Table Ronde des Industriels européens) sont les vrais décideurs du programme du marché commun (CEE). Le financement de l’économie se fait habituellement par le vol des cotisations sociales placées en bourses. L’ISF a été aboli pour que les actionnaires (personnes morales en fiscalité) ne paient plus d’impôt sur la fortune et ne soient donc plus tentés, par la même occasion, de « fuir à l’étranger ». En cas de faillite, dégradation du triple A en zéro A, ce sont donc nos comptes en banques qui seraient saisis. La dette bancaire de 2008 était devenue une dette des Etats « pour sauver les banques » et puisqu’elle va fatalement se renouveler en 2020, cette nouvelle « crise » bancaire se transformera logiquement en dette, non plus des Etats, mais du peuple. Cette fois-ci, tout aura été volé de fond en combles. 

Voilà la situation de pillage programmé sur la sueur du travail des masses populaires et les avoirs des classes moyennes. Les Gilets-jaunes ne faisaient que révéler et manifester extérieurement la réalité d’une hémorragie qui était déjà là à l’œuvre dans l’obscurité du système dont nous étions devenues les victimes d’abord largement abusées avant de devenir conscientes de cet abus. 

2 – Dès octobre 2018, nous allions être des millions de Français à vouloir nous réapproprier la politique qui avait été prise en otage par le capitalisme sauvage représenté, lui, à son plus haut sommet, par les banques qui font élire les dirigeants, qui dictent les « constitutions » leur permettant ensuite de dicter les lois issues des « constitutions ». Nous avions enfin compris que les politiques ne rendent pas de comptes aux électeurs, ils rendent des comptes à ceux qui les ont financés, eux et leurs campagnes. Le peuple ne choisissait plus ceux qui le représentaient. Nous savions enfin clairement, grâce à Macron, que l’oligarchie financière choisit bel et bien ceux qui seront proposés au vote du peuple soit dans une liste de droite soit dans une liste de gauche. Toute liberté et toute responsabilité échappaient perpétuellement au peuple dépossédé de sa souveraineté. 

Brissot déclarait dans un discours du 8 août 1791 : « Un Pouvoir délégué sans un autre qui le surveille et le contrôle, tend naturellement à violer le principe de sa délégation, et à transformer cette délégation en souveraineté ! »

L’Union Européenne, comme la monarchie républicaine française actuelle, se comportent tous deux très justement de cette manière dénoncée par Brissot… 

Michel Onfray a proposé la création de parlements des idées, ouverts à tous, et organisés dans toutes les communes du pays ; il a également proposé de « décoloniser les Provinces » et aujourd’hui il a créé une revue de réflexion citoyenne nommée « Front populaire ». (Front Populaire, la revue de Michel Onfray et de tous les souverainistes. Réflexions et débats d’idées pour rebâtir notre monde et penser les « jours d’après ».)

La France insoumise a proposé les assemblées constituantes, partout sur le territoire national. Les Gilets jaunes avec l’aide de gens comme Etienne Chouard, allaient organiser de nombreux ateliers constituants à travers toute la France. Dans une saine démocratie, la loi n’est pas supérieure au peuple, elle est toujours relative au peuple qui commande à un Etat qui obéit. Dans le Traité européen qui nous sert de Constitution, l’insurrection est criminalisée et sévèrement condamnée. 

Nos libertés s’étaient peu à peu diluées. Il fallait tout recommencer : les luttes sociales allaient reprendre le collier mais risquaient d’entraîner la colère des dominants qui choisissent traditionnellement la solution facile de faire massacrer les dominés… En effet, les violences judiciaires et policières contre les Gilets-jaunes allaient éclater spectaculairement sur toute la France livrée à l’abus de pouvoir. 

Si le peuple accepte d’être gouverné par un Gouvernement, c’est dans la mesure où l’exercice de son service est encadré, limité, contrôlé par la Constitution que le peuple lui-même a rédigée et que lui seul peut modifier.

Dès qu’une représentation se permet de toucher ou de modifier, une Constitution, il n’est plus une représentation mais une usurpation, un délit de pouvoir, une forme de putschisme politique, un coup d’État juridique, illégal. 

Depuis la loi Gayssot du 13 juillet 1990, jusqu’aux dernières sur les « fake news » de Macron en novembre 2018, et maintenant la loi Avia de mai 2020, concernant la répression de la liberté d’expression sur les réseaux sociaux, cette liberté d’expression est devenue dérisoire en France. 

Les citoyens peuvent être sévèrement condamnés pour un oui ou pour un non, au nom d’un soi-disant «discours de haine » ou «d’incitations à la haine raciale» ou «d’antisémitisme», alors que la Constitution française garantit la liberté d’expression. Mais c’est le Traité Européen qui la domine en la rendant caduque ! Aujourd’hui, en France, il est interdit de plaisanter, de rire, de faire de l’humour, de pratiquer l’auto dérision traditionnelle ou même la satyre. 

Dans les « élites » politiques, il n’y a plus personne aujourd’hui en France qui pourrait prononcer cette parole attribuée traditionnellement à Voltaire : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire librement. » Cette liberté est devenue impensable en France ! Comment en est-on arrivé là ? 

Ce que constataient les Gilets-jaunes qui représentent une moyenne de 70% des Français, c’est qu’il y a des sens interdits de tous les côtés. Quelle que soit la direction dans laquelle les citoyens se tournent, toutes les routes, tous les chemins, toutes les voies, tous les sentiers sont barrés par des sens interdits européens. Les initiatives sont bloquées, les entreprises détruites, le travail est marchandisé, c’est-à-dire transformé en emploi, les humains sont « employés », utilisés comme des objets à vendre ; ils doivent d’ailleurs apprendre à bien se « vendre » sur le marché de l’emploi ! La loi du profit limite toute volonté de vivre décemment et librement. 

Depuis la crise du Covid-19, et le massacre du « confinement radicalisé policier », le désastre économique et le chômage de masse sont là. Les règles ont été perverties, la vie a été ouvertement interdite et seule la survie dans la terreur est restée une solution autorisée tout en étant inacceptable. 

Bruxelles continue d’imposer ses règles intransigeantes au bénéfice des grandes entreprises transnationales qui ont tous les droits. Les lobbies règnent en maîtres et imposent leur tyrannie, notamment le lobby pharmaceutique qui se cache derrière le lynchage médiatique actuel du Pr Raoult. Les citoyens comprennent clairement qu’ils doivent se soumettre et se taire : tout leur a été volé. Il s’agit maintenant pour eux de se réapproprier leur souveraineté et le politique. 

George Orwell écrit dans 1984 : «Pour que les grands gardent perpétuellement leurs places, la condition mentale dominante doit être la folie dirigée.» (P.307)

Philippe Séguin, avec la pensée et l’action duquel nous avions le droit de ne pas toujours être d’accord, disait le 05 mai 1992, dans son célèbre discours à l’Assemblée nationale française que:

« Aucune assemblée n’a compétence pour se dessaisir de son pouvoir législatif par une loi d’habilitation générale dépourvue de toute condition précise quant à sa durée et à sa finalité. À fortiori, aucune assemblée ne peut déléguer un pouvoir qu’elle n’exerce qu’au nom du peuple ».

«Tout traité contraire à la Constitution est nul», disait-il. 

Le problème qui est celui du peuple, c’est la dépossession du politique par des Constitutions qui n’en sont pas. Les marchands, les financiers, les spéculateurs se sont emparés du pouvoir en écrivant les lois à la place du peuple. Ils ont donc rédigés les lois en vertu de leurs intérêts marchands, contre ceux du peuple dépossédé de sa souveraineté constitutionnelle. De fausses constitutions ont remplacé la Constitution. 

Le principe du vote tel qu’il est imaginé actuellement dans tous les pays occidentaux, est foncièrement infantilisant: les citoyens sont, par le vote, tenus à l’écart de toute responsabilité. Le citoyen fait de l’élu, un homme de pouvoir ayant le droit de le tyranniser durant toute la période d’exercice de son mandat. C’est l’élu qui détient toute la responsabilité du politique pendant que le citoyen en est dépouillé. L’institution du vote telle qu’elle existe chez nous, infantilise le citoyen, le déresponsabilise, et donc le décourage de toute implication politique. 

Nous ne disposons plus d’aucune souveraineté politique à partir du moment où nous avons accepté de perdre la souveraineté monétaire. En France, cette capacité à fabriquer sa propre monnaie a été abandonnée le jour où l’Union Européenne a décidé de passer de la monnaie commune (l’écu) à la monnaie unique (l’euro) et de créer les fondations de la BCE. Le 1er juin 1998, la Banque centrale européenne prenait la place de l’Institut monétaire européen. Six mois plus tard, le 1er janvier 1999, onze États membres (sur les 15 qui composaient alors l’Union européenne) intégraient la troisième phase de ce projet de monnaie unique et acceptaient la fixation irrévocable des taux de conversion de leurs monnaies. La zone euro était en place et la souveraineté des peuples irrévocablement perdue. 

Ce qui anime les Gilets-jaunes encore aujourd’hui après le confinement, constitue une menace extrême pour ce pouvoir des dominants de l’oligarchie européenne. La revendication du RIC est pire que le FREXIT lui-même. Car c’est toute la mécanique souterraine de la fabrication de l’UE telle qu’elle est qui est fondamentalement remise en cause par cette volonté de réappropriation de la souveraineté du peuple et de la politique… Voilà le cauchemar absolu pour les prédateurs de l’UE au pouvoir partout en Europe. Mais Macron a été placé là où il se trouve par la volonté du capitalisme sauvage ultra libéral au pouvoir en Europe: il a donc des obligations vis-à-vis de ses parrains. Ce qui veut dire qu’il ne peut pas faire autrement que de pratiquer la répression à haute dose.

Auteur : Jean-Yves Jézéquel                                                                                                                                                                                                                                                                                                          à suivre                                                                                                                                                         Première partie : France: Requiem en Ré mineur pour une liberté défunte              Deuxième partie : France:

à suivre

Première partie : France: Requiem en Ré mineur pour une liberté défunte

Deuxième partie : France: Requiem en Ré mineur pour une liberté défunte


- Source : Mondialisation (Canada)

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Documentaire sur le Hirak Le Washington Times avait prédit la «riposte»

Publié le par S. Sellami

Cette thèse est d'autant plus fondée, que la campagne n'a pas été menée par des «novices». Mustapha Kessous n'était qu'un paravent.

Les attaques contre l’algérie etaient prévues
Les attaques contre l’algérie etaient prévues

Contrairement aux autres opérations politico-médiatiques contre l'Algérie lancées à partir de Paris, celle pilotée très récemment par des chaînes de télévision publiques françaises ne s'est pas déroulée dans le huis clos algéro-français. Les deux documentaires sur LCP et France 5, l'entretien accordé à TV5 par un pied-noir primitivement anti-Algérie étaient, cette fois, prévus. Et ce n'est pas une institution politique ou médiatique algérienne qui a sonné l'alerte, mais un quotidien américain, dont personne ne peut mettre en doute l'objectivité et l'impartialité. Le Washington Times, qui a consacré, il y a quelques jours, un article sur les réformes engagées par le président de la République, avait clairement noté la possibilité d'une «riposte» qui viendrait de milieux que les réformes entreprises dérangeraient.
C'est visiblement le cas avec ce tir de barrage de trois chaînes de télévision qui ont usé de procédés honteux, de «tripatouillage» d'une oeuvre télévisuelle, jusqu'à jouer de la bonne foi d'innocents jeunes Algériens, dont le message a été tronqué dans un documentaire où ils disent ne pas se reconnaître totalement. Il y a eu dans le travail de Mustapha Kessous et les débats qui ont suivi sa diffusion sur France 5 et LCP une volonté de monter la société algérienne contre ses propres jeunes. Et pour compléter le tableau d'un «pays qui va à vau-l'eau», TV5 plante la dague d'un pied-noir haineux et nostalgique d'une Algérie française.
Ce nouveau front ouvert par des milieux, visiblement amoindris par la victoire des Algériens à travers leur Hirak sur les forces de la haine tapies dans l'Hexagone, était donc prévisible par une analyse à froid faite par un observateur qui n'a aucun intérêt dans le différend historique algéro-français. Le journal américain, qui estimait objectivement que l'action politique et économique de l'Algérie était un modèle du genre, et soupesant la force de certains lobbys ainsi que leur énorme poids financier, voyait venir la «riposte». à partir de là, il sera difficile d'invoquer la «liberté de la presse» ou de pointer du doigt «les réactions hystériques» des Algériens et de leur gouvernement. Dire donc que les deux documentaires sur le Hirak en Algérie et les débats qui les ont appuyés avaient pour intention de montrer «des images réductrices et mal venues de la réalité algérienne dans l'objectif évident de discréditer les dirigeants du pays», ne relève pas d'une quelconque réaction «nombriliste», mais met en évidence les mauvaises intentions d'un lobby qui a le pouvoir d'orienter le contenu éditorial de chaînes de télévision publiques.
Cette thèse est d'autant plus fondée, que la campagne n'a pas été menée par des «novices». Ce sont des poids lourds de l'audiovisuel français qui étaient à la manoeuvre. En effet, selon le site d'information Dernières infos d'Algérie (DIA), Mustapha Kessous n'a pas été associé au montage. DIA révèle également que le documentaire en question est produit par une société très connue sur la place de Paris, dirigée par des professionnels du documentaire politique. Deux noms sont avancés: Paul Moreira et Luc Hermann. Ils ne sont plus à présenter dans les milieux audiovisuels, notamment Paul Moreira, qui a déjà réalisé plusieurs reportages très controversés à l'époque de la campagne du «qui-tue-qui». Le décor est ainsi planté et les prévisions du Washington Times n'ont pas été démenties, en ce sens qu'on assiste à une autre opération de dénigrement de l'Algérie.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                       

https://www.operanewsapp.com/dz/fr/main/documentaire-sur-le-hirak-le-washington-times-avait-pr%C3%A9dit-la-%C2%ABriposte%C2%BB?

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JE SUIS GEORGE_FLOYD

Publié le par S. Sellami

L’agent qui a appuyé de toutes ses forces avec son genou sur le cou de George Floyd a été inculpé d’homicide involontaire… Ce qui laisse entendre que la volonté de tuer n’a pas été retenue contre lui.
Je tombe des nues devant ce présumé innocent, qui va sans doute, plaider responsable mais non coupable ! En renvoyant dos à dos la Justice et la Police !

Comment peut-on qualifier d’involontaire l’acte le plus odieux sur terre ? Acte commis par un agent qui s’est senti le droit pour ne pas dire le devoir de le commettre… parce que dans l’air de son temps, il y a une idéologie qui fonde en raison l’empire de la passion…
Celle des racistes et des suprémacistes… passion systémique et systémiste qui oppose déjà depuis longtemps les affreux américains aux afro-américains…

Je pose à mon tour un genou à terre pour dénoncer cette justice délétère qui ne distingue plus le pouvoir de l’abus du pouvoir, qui favorise le blanc et pulvérise le noir… intronise les nantis et carbonise les démunis !

Ce que je relève dans ces états impunis d’Amérique, c’est ce que j’appelle : le syndrome de Peter Pan… qui refuse obstinément de grandir… il voudrait garder sa fée clochette et son capitaine crochet pour ne pas décrocher de son rêve d’enfant gâté par une belle histoire, par la quête d’un miroir et la conquête du pouvoir.
« Make America Great Again »… dit l’idiot utile américain qui a toujours refusé d’admettre qu’il y a d’autres que soi comme êtres.

Apres l’assassinat de George Floyd je ne surprendrai plus personne en affirmant :
Que la plus grande puissance du monde est foncièrement immature… Elle infantilise parce qu’elle est infantile.
Elle veut dominer parce qu’elle ne se domine pas.
Et elle sera pendue par la corde qu’elle a tendue pour séparer l’enfer retrouvé du paradis introuvable.

                                                                                                                                                                 « The officer who pressed his knee with all his strength on George Floyd's neck has only been charged with manslaughter which infers that he did not intend to kill him.
I fall from the clouds before this presumed innocent, who will no doubt, plead responsibility but not guilt! By putting Justice and Police against each other!

How can we describe the most heinous act on earth as involuntary? An act committed by an agent who felt the right, or even the duty to commit it. Because in the world he’s living in, there is an ideology which merges racists and supremacists. A systemic passion that has long pitted the horrible Americans against the African Americans...

I in turn put my knees on the ground to denounce this deleterious justice, which no longer distinguishes power from the abuses of power, which favors white, and sprays black; enthroning the wealthy and charring the poor!

What I notice most in these unpunished states of America is what I call the Peter Pan syndrome - who stubbornly refuses to grow up. He would like to keep his little tinker bell and his captain Hook so as not to fall from his child dream spoiled by a beautiful story, by the quest for a mirror and the conquest of power.
"Make America Great Again" ... says the useful American idiot who has always refused to admit that there are actually others beings around!

After the assassination of George Floyd, nobody will be surprised by me saying that the greatest power in the world is fundamentally immature. It infantilizes because it is infantile.
This nation wants to dominate because it does not dominate itself. And it will be hanged by the rope it has stretched to separate Hell from Paradise.”

une info scénario
#USAonFire #GeorgeFloyd #Floydgeorge #BlackLivesMatter
Enfer retrouvé et paradis introuvable pour tous les minables !
https://www.lejournaldepersonne.com/2...

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RACISM, MURDER, et ZEN: Ou, Quand le silence est-il assez?

Publié le par S. Sellami

Le zen est une perspective spirituelle et une pratique. Son objectif principal est une constellation de disciplines qui invitent au silence.

Et, alors, qu’en est-il en ce moment? Dans un moment comme celui-ci ? Maintenant, dans le sillage de ce qui à première vue, sur cette vidéo la plupart de l’Amérique a vu d’un policier assassiner George Floyd pour avoir prétendument écrit un mauvais chèque pour vingt dollars. Et avec cela l’éruption de rage refente, quatre cents ans de rage. Je dois ajouter tout cela attisé au cours des trois dernières années par des sifflets de chien et des ricanements et des manœuvres juridiques pour continuer la marginalisation des minorités, dès la Maison Blanche. Tout de suite. C’est maintenant.

Le silence est-il suffisant ?

Historiquement, le bouddhisme, et en particulier zen a été en grande partie apolitique. Il y a un certain nombre de raisons à cela.

L’un est théologique, spirituel. Le bouddhisme est un appel à voir notre complicité individuelle dans la souffrance du monde à travers nos pensées et nos actions, et l’engagement d’un chemin de non-engagement avec ces choses qui perpétuent les cycles de la souffrance. Ainsi, les pratiques impliquent démêler notre conscience de saisir qui autrement nous balayer le long dans toujours plus de mal. Présence. Intimité. Silence.

Il y a quelque chose de puissant dans ce silence.

L’autre est pratique. Pendant la majeure partie de son histoire, le bouddhisme zen a été ancré dans des cultures totalitaires où la critique de l’État peut impliquer de graves représailles, et souvent la mort. En outre, le bouddhisme a été une religion monastiquement motivée. Et, franchement, plus les monastères réussissent, plus leurs communautés et leurs dirigeants sont empêtrés avec le statu quo. Et donc des monastères, le silence.

Cela semble être un silence complètement différent. Le silence de la complicité.

Le bouddhisme est maintenant entré dans la modernité. Les personnes qui trouvent l’analyse de base du bouddhisme riche et convaincante ont également remarqué des contradictions internes. Le fait qu’en Occident et dans certaines parties de l’Asie de l’Est, nous vivons aujourd’hui dans des républiques oligarchiques bourgeoises avec divers degrés de liberté d’expression, avec cette liberté trouvent l’analyse même de qui nous sommes en tant qu’individus peut être appliquée à nos cultures, ainsi.

À l’interne, cela nous a permis de remettre en question des structures qui ont permis de transmettre les voies du cœur sage au fil des générations, mais qui ont également perpétué des structures qui marginalisent de nombreuses personnes et qui abritent des abus de toutes sortes. L’exemple le plus flagrant historiquement a été la façon dont les femmes ont été traitées.

La perspicacité de la grande façon, ce qui devient Zen peut être résumée comme "la forme est le vide, le vide est la forme." Ce que cela signifie, c’est notre libération, notre guérison du grand mal ne trouve pas d’autre endroit que cet endroit. Et, au-delà de ce que cela signifie pour nous en tant qu’individus, il peut aussi nous être appliqué en tant que communautés.

L’objectif de l’analyse bouddhiste de base mahayana est que rien n’est substantiel, que tout est en mouvement mutuellement la création et la décomposition. Cela inclut toutes les choses, y compris vous et moi. Et nous, les humains, faisons l’expérience de ce jeu de causes et d’effets comme un déséquilibre, comme blessé. Mais, et c’est le grand tournant pour nous, qu’il y a une vision libératrice qui guérit la douleur. C’est notre façon. C’est la façon zen.

 

Et. Et, comme je l’ai dit, nous avons vu que cela peut être appliqué à la fois aux individus et aux cultures. Une fois que nous, comme dans la communauté des praticiens remarqué cela, les portes ont commencé à s’ouvrir. Le lieu du sexe et du genre a suivi immédiatement. Ensuite, les questions de marginalisation des minorités, dans les Amériques en particulier autour de la race deviennent des maux évidents. Et, avec cela, une étape très rapide et facile pour contester les hypothèses de la façon dont nous faisons notre vie, en particulier les inégalités flagrantes du capitalisme sous-réglementé. Beaucoup à remarquer.

Et, je m’empresse d’ajouter, les gens raisonnables et de bon cœur peuvent et ne sont pas d’accord sur les meilleures façons d’aller de l’avant pour nous. Nous. Je pense ici, en particulier à ceux d’entre nous qui prétendent et sont revendiqués par le bouddhisme zen.

Voici quelques faits sur le terrain. George Floyd a été assassiné par un policier. Nous avons cette vidé o. D’autres officiers ont regardé et n’ont rien fait. Alors même que des témoins leur appelaient que M. Floyd était mourant. J’ai regardé le flux d’urine qui coulait à travers l’asphalte sous la voiture qui a partiellement obscurci ce qui se passait. Et, je savais, qu’il était mourant, si ce n’est à ce moment-là mort. Comme beaucoup disent que ce n’est pas quelque chose de nouveau. Ce qui est nouveau, c’est qu’il ya un million de téléphones avec intégré dans les caméras.

ainsi. Le silence est-il suffisant ?

Le silence est quelque chose de puissant et de vrai. Et, oui, c’est toujours suffisant. Dans un sens, au moins. C’est le grand vide. Et, en fait, je n’ai pas d’argument avec ceux qui se sont retournés vers l’intérieur et se sont enfuis vers les monastères. Qu’ils continuent comme bénédictions sur le monde. Mais, maintenant, notre façon zen est venu dans le monde, dans la vie householder, dans cet endroit désordonné.

Nous vivons dans un monde où le vide est également la forme. Formez notre terme un peu sans sang pour le monde et chaque chose bénie en elle. Le monde où un homme a été assassiné. Le monde où les gens ont éclaté de rage. Un monde où les gens font des choses qu’ils regretteront. Et le monde où nos voix doivent être élevées.

Ici, là où nous vivons, le silence ne suffit pas.

Ici, dans le jeu de la cause et de l’effet, nous devons posséder notre place. Nous devons nous rappeler que nous sommes tous liés dans le grand jeu de cause à effet, et que toute action ou s’abstenir d’agir a des conséquences.

Ici, dans cet endroit où la race compte. Où le simple fait d’être noir ou brun met votre vie en danger. Cet endroit où George Floyd est assassiné, le genou d’un policier à la gorge. Et cet endroit où ces quatre cents ans de rage a de nouveau éclaté.

Nous devons nous rappeler que nous sommes tous une seule famille, la grande famille des choses.

Nous devons rappeler le silence profond au cœur de toutes choses.

Et, de ce savoir, nous devons agir. Pour résister aux mauvaises actions. Appeler, tendre la main. Pour se tenir aux côtés de ceux qui ont été assassinés, les opprimés, les marginalisés, les pauvres, les blessés.

Avec ce corps connaissant le jeu de la vie et de la mort et l’unité omniprésente au cœur de celui-ci, nous devons posséder nos responsabilités. Pour entrer dans le monde. Et de se tenir aux côtés des opprimés, des marginalisés, des pauvres, des blessés.

Nous devons nous tenir aux côtés de ceux qui ont été ombragés par la terreur pendant trop longtemps.

Racisme, meurtre et Zen.

Quand le professeur Zen dit, juste ceci; c’est juste ça.

Debout avec les opprimés, les marginalisés, les pauvres, les blessés.

Ne pas nous séparer des assassinés. Rejoindre nos voix appelant à la justice. Une justice profonde.

C’est le grand silence qui se transforme en terre pure.

A chaque mot. A chaque action.

James Ismael Ford.                                                                                     https://www.patheos.com/blogs/monkeymind/2020/05/racism-murder-zen-or-when-is-silence-enough.html?

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