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La personnalité arabe entre le passé et le présent

Publié le par S. Sellami

L'un des plus grands textes de la pensée nationaliste arabe, et une authentique source d'inspiration pour les 15 prochaines années                                                                                                                                                                                                        Discours prononcé dans l'amphithéâtre de l'Université de Damas, en Syrie, le 5 avril 1943.

                     A la Mémoire du Prophète arabe, par Michel Aflaq                                                                                                                                                                                                         L’image contient peut-être : une personne ou plus et gros plan                                                                                                                                                                                                       

A l'occasion de pareilles cérémonies, il me vient toujours à l'esprit la question suivante: quelle est la valeur du langage ? Jamais tout au long de notre histoire nous n'avons connu une période où le langage fut aussi abondant et puissant. Pourtant notre époque est la moins dynamique et la moins productive de toutes. Est-ce à dire que le langage est un facteur paralysant et stérilisant au lieu d'être stimulation et fertilisation de l'esprit ? Il y a une différence essentielle entre le discours qui s'harmonise avec son auteur, qui exprime la substance d'une personnalité vivante et sa position globale face à la vie et celui qui n'a aucun lien avec la personnalité, qui ne représente qu'un divertissement de l'intellect et une gymnastique de la langue. Jadis, les mots influaient grandement sur les Arabes parce qu'ils correspondaient à des vérités palpitantes de vie. C'était le cœur qui les percevait et non l'oreille, la personnalité tout entière qui y répondait et non uniquement la langue. C'est pourquoi le mot avait un caractère sacré et valeur d'engagement, il engageait la vie - celle de l'individu comme celle de la collectivité - et en disposait. Or ce mot qui, à l'image du papier monnaie, avait une parité or, est devenu aujourd'hui une simple coupure de papier sans aucune couverture.
Aussi voyons-nous un esprit pauvre, jusqu'à la nullité, parvenir à noyer tout ce qui l'entoure dans un flot de paroles, sans que personne n'exige de caution. Il n'est donc pas étonnant de voir la confiance disparaître, la confusion régner, les fraudes et les spéculations se multiplier, et partant, les faillites et les scandales.
Nous nous trouvons actuellement devant une cassure, voire une contradiction, entre notre passé glorieux et un présent honteux. Jadis, la personnalité arabe était un tout unifié, sans dissonance aucune entre l'âme et la pensée, l'acte et la parole, la morale individuelle et l'éthique collective. La vie arabe était au faîte de la plénitude, et la pensée, l'action, tous les instincts puissants s'y conjuguaient harmonieusement. Aujourd'hui, nous ne connaissons qu'une personnalité divisée et morcelée, qu'une vie pauvre et partielle. Lorsque l'esprit domine, l'âme est absente et lorsque les sentiments foisonnent, la pensée est vide: tantôt intellectuelle et stérile, tantôt active et irréfléchie, cette vie est constamment privée de certaines forces essentielles. Il est grand temps d'éliminer cette contradiction afin de rendre à la personnalité arabe son unité et à la vie arabe sa plénitude. Il faut joindre la prière à l'esprit éclairé et à la force du bras afin, qu'ensemble, ils aboutissent à l'action spontanée et libre, riche, puissante et judicieuse.
Jusqu'ici les liens de parenté qui nous unissent à nos ancêtres héroïques ont toujours été ceux d'une filiation officielle, sans plus, et la relation entre notre histoire contemporaine et notre passé glorieux une relation parasite non organique. A présent, il nous incombe de ranimer nos vertus naturelles et d'entreprendre les actions qui sont de nature à valider notre filiation officielle, et à en faire une réalité légitime. Il nous faut lever, autant que possible, les obstacles nés de la stagnation et la décadence afin qu'un sang noble et glorieux coule à nouveau dans nos veines. Il faut enfin purifier notre terre et notre ciel pour que l'âme de nos héroïques aïeux ne soit plus effarouchée, qu'elle descende sur nous et se plaise à nous envelopper.
Nous avons longtemps vécu dans une atmosphère lourde et étouffante parce que fallacieuse: il y avait un divorce entre la pensée et les actes, entre la langue et le cœur. Chaque mot prononcé résonnait comme dans un récipient vide et creusait une cavité dans l'oreille et dans l'âme parce qu'il était dépouillé de toute signification. Chaque mot lu faisait frémir nos yeux de douleur parce qu'il avait l'apparence d'un fantôme et d'une ombre, qu'il évoquait une époque révolue et qu'il nous attristait comme la vue des traces d'un campement abandonné. Il faut donc que nous rendions aux mots leur signification et leur force, leur place et leur caractère sacré.                        Il faut désormais que chaque parole relate un acte accompli, au lieu de se borner à évoquer ce que nous avons été incapables de faire. Il faut enfin que nous ne parlions que de ce que nous pouvons concrétiser jusqu'au jour où nous serons à même de réaliser tout ce que nous dirons.

L'Islam, une expérience et une prédisposition constante
Messieurs, l'Islam, incarné dans la vie du prophète, n'est pas aux yeux des Arabes un simple événement historique qu'on expliquerait en terme, de temps et d'espace, de causes et d'effets. C'est un mouvement si profond, si impétueux et si vaste qu'il est directement lié à la vie intrinsèque des Arabes prise dans l'absolu. Autrement dit, c'est une image fidèle et un symbole complet et éternel de la nature, des riches possibilités et de l'orientation authentique de l'âme arabe. C'est pourquoi, nous pouvons considérer qu'il est constamment apte à se renouveler, non pas dans sa forme et dans sa lettre, mais dans son essence. L'Islam est l'élan vital qui actionne les forces latentes de la Nation arabe et qui fait que s'y déchaîne la vie ardente qui emporte les barrages du traditionalisme et les entraves du conventionnalisme et rétablit le lien avec les notions profondes de l'univers. Prise de saisissement et d'enthousiasme, elle traduit ses sentiments en concepts nouveaux et en actions glorieuses.
Puis, emportée par son exaltation au-delà de ses propres limites, elle déborde sur les autres nations tant sur le plan de la pensée que sur celui de l'action et atteint à la globalité. Grâce à cette expérience éthique cruciale, les Arabes surent s'insurger contre leur réalité et se diviser à dessein de la dépasser et de réaliser une unité suprême, et ils s'en imprégnèrent afin de découvrir ses possibilités et de consolider ses vertus. En outre, si l'Islam a engendré par la suite nombre de conquêtes et de civilisations, il les contenait en germe durant les vingt premières années de sa mission. Avant de conquérir la terre, les Arabes ont conquis leur âme, exploré ses profondeurs et étudié sa nature intrinsèque; et avant de gouverner les nations, ils se sont gouvernés eux-mêmes, ont dominé leurs passions et maîtrisé leur volonté. S'ils ont institué des sciences, excellé dans les arts et érigé une civilisation, ce ne fut que la concrétisation matérielle, partielle et mineure d'un rêve puissant et total qu'ils vécurent en ces années-là de tout leur être. Ce ne fut qu'un écho assourdi de cette voix céleste qu'ils entendirent, qu'une ombre pâle de cette vision fascinante qu'ils entrevirent au temps où les anges guerroyaient à leurs côtés et que le paradis scintillait entre les lames de leurs épées.
Cette expérience représente non pas un fait historique que l'on évoque dans le but d'en tirer enseignement et fierté, mais d'une prédisposition constante de la nation arabe -pour autant que l'Islam soit compris dans sa vérité - à se soulever et à se diviser chaque fois que la matière dominera l'esprit et l'apparence l'essence, afin d'accéder à l'unité suprême et à une saine cohésion. En outre, cette expérience sert à raffermir sa morale chaque fois qu'elle se relâche et à approfondir son âme chaque fois qu'elle tend à la superficialité. Enfin, c'est en elle que se répète l'héroïque épopée de l'Islam dans toutes ses étapes: de la révélation à l'oppression, de l'exil à la guerre, en passant par la victoire et l'échec jusqu'au dénouement final, dans le triomphe de la vérité et de la foi.

La vie du prophète, quintessence de la vie arabe
La vie du prophète, qui incarne l'âme arabe dans sa vérité absolue, ne peut être appréhendée par l'intellect. Pour la connaître, il faut en faire l'expérience vivante. C'est pourquoi, il est impossible que cette connaissance soit un point de départ. Elle constitue un aboutissement. Depuis que leur vitalité s'est émoussée, c'est-à-dire depuis des siècles, les Arabes lisent la biographie de Mohammed et se plaisent à la chanter sans la comprendre. Car cette compréhension exige un degré extrême de bouillonnement de l'âme, une profondeur et une sincérité de sentiments qu'ils ne possèdent pas encore, et une attitude existentielle plaçant l'homme face à son destin. Or, ils sont on ne peut plus loin de cet état.
L'âme de nos héros nous a déserté depuis bien longtemps car l'héroïsme ne figure plus parmi les qualités courantes des Arabes. Il est à craindre que la glorification populaire du grand prophète ne soit l'expression de l'impéritie et de l'incapacité plutôt qu'une juste appréciation de la grandeur. Nous avons perdu la notion d'héroïsme, si bien que nous le considérons aujourd'hui avec effroi et ahurissement comme s'il appartenait à un autre monde. Or, la véritable glorification de l'héroïsme doit découler d'une participation effective et d'une juste appréciation résultant de l'expérience et de la souffrance. Seul celui qui aura été capable dans sa vie, ne fût-ce que d'un grain d'héroïsme, pourra apprécier le héros.
Jusqu'ici, nous avons toujours observé la vie du prophète de l'extérieur, comme on observerait une image merveilleuse destinée à l'admiration et à la sanctification. Mais nous devons commencer par la contempler de l'intérieur, afin de la revivre. Chaque Arabe aujourd'hui est capable de revivre la vie du prophète, ne fût-ce que dans la proportion d'un caillou par rapport à la montagne, d'une goutte d'eau par rapport à l'océan. Il est tout à fait normal qu'un homme, aussi grand soit-il, s'avère incapable d'accomplir une œuvre comparable à celle du prophète. Cependant, il n'est pas moins normal qu'une personne, aussi limitées que soient ses capacités, puisse être un modèle infiniment réduit de Mohammed, dès lors qu'elle appartient à une nation qui a rassemblé toutes ses forces pour produire Mohammed ou plus exactement puisqu'il appartient à la nation que Mohammed a rassemblé toutes ses forces pour l'engendrer. Jadis, la vie d'un seul homme a résumé la vie de toute sa nation; il faut qu'aujourd'hui toute la vie de cette nation, dans sa renaissance nouvelle, soit le déploiement de la vie de son grand homme. Autrefois, Mohammed a personnifié tous les Arabes; aujourd'hui tous les Arabes doivent incarner Mohammed.
 

L'Islam, renouvellement et plénitude de l'arabisme
Un Arabe reçut un jour un message céleste et se mit à le prêcher à l'humanité qui, autour de lui, se composait d'Arabes. Un petit nombre d'entre eux répondit à son appel, mais la majorité y résista. Il émigra donc avec les croyants et fut combattu par les polythéistes, jusqu'au jour où la vérité triompha et que tout le monde y crut. L'épopée de l'Islam ne peut être dissociée de son cadre naturel, la terre arabe, ni de ses héros et de ses artisans, c'est-à-dire tous les Arabes. Les polythéistes de Qoreich furent aussi nécessaires à l'instauration de l'Islam que les croyants; et ceux qui combattirent le prophète contribuèrent au triomphe de l'Islam autant que ceux qui l'appuyèrent. Dieu aurait pu révéler le Coran à son prophète en un seul jour, mais la révélation nécessita, plus de vingt années. Il aurait pu faire triompher sa religion et en éclairer le monde en un seul jour, mais cela ne s'accomplit pas en moins de vingt années. Il aurait pu faire apparaître l'Islam des siècles avant son apparition et dans n'importe laquelle des nations qu'il créa, mais il lui donna le jour, à une époque déterminée et en son temps, et choisit la nation arabe et son héros le prophète. Il y a une sagesse en cela. En effet, il est une vérité éclatante que seuls les obstinés arrogants peuvent nier: les Arabes furent choisis pour transmettre le message islamique en raison de qualités et de vertus qui leur sont inhérentes; et l'époque qui a vu naître l'Islam fut choisie parce que les Arabes avaient atteint la maturité et la plénitude nécessaire pour recevoir un tel message et pour le transmettre à l'humanité; enfin, si le triomphe de l'Islam fut retardé aussi longtemps, ce fut pour que les Arabes parvinssent à la vérité par leurs propres efforts, leur expérience d'eux-mêmes et du monde, à travers les tribulations et la souffrance, le désespoir et l'espérance, l'échec et le triomphe. Autrement dit, il fallait que la foi jaillît du plus profond de leur âme pour être une foi authentique, forgée dans l'expérience et intimement liée à la vie. L'Islam fut donc un mouvement arabe qui avait pour signification le renouvellement et la plénitude de l'arabisme. La langue dans laquelle il fut révélé était la langue arabe, sa compréhension des choses s'inscrivait dans la perspective de l'esprit arabe, les vertus qu'il affermit étaient des vertus arabes, fussent-elles apparentes ou cachées, enfin les défauts qu'il combattit étaient également des défauts arabes en voie de disparition. Quant au musulman d'alors, il n'était autre que l'Arabe, mais l'Arabe nouveau, évolué et mûr. Et de même que nous désignons aujourd'hui par "patriote" ou "nationaliste" une certaine catégorie d'hommes qui ont cru dans la cause de leur pays parce qu'ils ont réuni les conditions et les vertus indispensables à une prise de conscience de leur étroite appartenance à leur nation et pour assumer la responsabilité de cette appartenance - alors que l'ensemble de la nation est censé être nationaliste -, de même le musulman fut l'Arabe qui crut dans la religion nouvelle parce qu'il réunit les conditions et les vertus qui lui étaient nécessaires pour comprendre que cette religion symbolise l'élan de l'arabisme vers l'unité, la force et le progrès.
 

L'humanisme de l'Islam
Cependant, cela signifie-t-il que l'Islam a été destiné aux Arabes exclusivement ? Une telle assertion s'éloigne de la vérité et contredit la réalité. Toutes les nations sont grandes; toutes sont profondément liées aux notions immuables de l'univers, et aspirent de par leur nature aux valeurs éternelles et universelles. L'Islam qui traduit au mieux la quête d'éternité et d'universalité de notre nation, est arabe de fait et humaniste d'aspiration. Sa mission n'est autre que la création d'un humanisme arabe.
Les Arabes se distinguent des autres peuples par cette particularité: leur éveil national s'accompagna d'un message religieux ou plutôt ce message fut le révélateur de leur éveil. Ils ne s'étendirent pas pour le plaisir de s'étendre et ne conquirent ni ne gouvernèrent des pays sur la base d'un pur besoin économique, d'un prétexte racial ou d'une volonté de domination et d'asservissement. Ils entendaient remplir un devoir religieux fait de vérité, d'exhortation au bien, de miséricorde, de justice et de générosité. Ils y souscrirent spontanément, glorifiant le nom d'Allah et pour lui versèrent leur sang. Dès lors, tant que la corrélation demeurera étroite entre l'arabisme et l'Islam, tant que nous considérerons l'arabisme comme un corps dont l'âme est l'Islam il n'y a pas lieu de craindre que les Arabes outrepassent les limites de leur nationalisme qui n'atteindra jamais l'esprit d'injustice et d'impérialisme.
Certes, les Arabes ne peuvent remplir ce devoir que s'ils forment une nation forte et ascendante. Car l'Islam ne saurait prendre corps que dans la nation arabe, dans ses vertus, ses principes et ses talents. Par conséquent, la première obligation imposée par l'humanisme de l'Islam est que les Arabes soient forts et maîtres dans leurs pays.
L'Islam est un être vivant aux traits et aux contours bien distincts. Or l'être vivant qui occupe une place élevée dans l'échelle de la vie ne peut être deux choses à la fois, ni avoir deux significations à la fois. L'Islam est universel et éternel mais son universalité ne va pas jusqu'à englober à la fois toutes les significations et toutes les orientations; elle signifie qu'à chaque phase cruciale de l'histoire, qu'à chaque étape déterminante de l'évolution, il révèle une des significations infinies qu'il recèle dès l'origine.
Il ne faut pas entendre par immortalité de l'Islam qu'il est figé, réfractaire à tout changement ou mutation et que la vie le survole sans le toucher, mais que tout en se dépouillant continuellement des formes dont il s'est enveloppé, il conserve les mêmes racines et la même et invariable aptitude à se développer, engendrer et innover. Déterminé par un temps et un lieu précis, il possède à l'intérieur de ses limites spatio-temporelles un sens et une portée absolus.
Je me demande si tous les zélés qui veulent faire de l'Islam un sac propre à contenir tout et n'importe quoi, une usine à même de produire toutes sortes de composés chimiques et médicamenteux se rendent compte qu'au lieu de confirmer la force de l'Islam et de préserver sa pensée de tout changement contingent, ils anéantissent par là son âme et sa personnalité, le dépouillent de ses caractéristiques vivantes et de son indépendance. Ils permettent par ailleurs aux instigateurs de l'injustice et aux détenteurs du pouvoir oppressif d'y puiser les armes qui leur serviront à discréditer sa substance même: la nation arabe.
Ainsi donc, la signification apportée par l'Islam en cette période historique cruciale, à ce stade déterminant de notre évolution, est la nécessité d'orienter tous les efforts vers le renforcement et la "régénération" des Arabes, et de les concentrer dans le nationalisme arabe.

Les Arabes et l'Occident
Ce fut Bonaparte qui, il y a un siècle et demi, rétablit le contact de l'Occident avec les Arabes par sa campagne contre l'Egypte. Ce vieux renard exprima symboliquement ce lien en faisant accrocher des tablettes sur lesquelles figuraient côte à côte les versets du Coran et les Droits de l'homme. Depuis lors, les Arabes (ou les chefs d'Etat étrangers à l'arabisme) n'ont cessé de pousser leur renaissance contemporaine dans cette voie torse. Ils se sont donnés beaucoup de mal et ont éreinté le texte de leur histoire et du Coran pour démontrer que les principes de leur civilisation et de leur doctrine ne diffèrent pas de ceux de la civilisation occidentale et qu'ils ont devancé les occidentaux dans la proclamation et l'application de ces principes. Cela ne signifie qu'une seule chose; les Arabes se placent face à l'Occident dans la position de l'accusé et reconnaissent la justesse et la supériorité de ses valeurs. Il est un fait indéniable: la civilisation occidentale a envahi l'esprit arabe au moment où celui-ci, tari, était devenu un contenant sans contenu, permettant ainsi à cette civilisation de remplir par ses concepts et ses notions le vide existant. Du reste, les Arabes n'ont pas tardé à se rendre compte que leur opposition aux Européens était alimentée par ce que ces derniers eux-mêmes préconisaient et que s'il y avait une différence entre eux, elle était d'ordre quantitatif, comme celle qui va de l'infiniment petit à l'infiniment grand, de l'archaïsme au progrès. Bientôt, ils aboutiront à la conclusion logique de cette orientation, à savoir que la civilisation européenne peut très bien les dispenser de la leur. La ruse du colonialisme européen a consisté non pas à orienter la mentalité arabe vers la reconnaissance des principes et des concepts éternels puisque cette mentalité les reconnaît et repose sur eux depuis sa naissance, mais à tirer parti l'immobilisme de l'esprit arabe et de son incapacité de créer pour le contraindre à adopter le contenu proprement européen de ces concepts. Ce n'est pas sur le principe même de la liberté que nous différons avec les européens, mais sur leur conception de la liberté.
Aujourd'hui comme hier, l'Europe redoute l'Islam. Cependant, elle sait qu'à présent la force de cette religion qui symbolisa jadis la puissance des Arabes est régénérée et qu'elle a revêtu un nouvel aspect: le nationalisme arabe. C'est pourquoi elle dirige contre cette nouvelle force toutes ses armes pendant qu'elle fraternise et coopère avec la forme archaïque de l'Islam. En effet, l'Islam cosmopolite qui se limite à l'adoration superficielle de Dieu et aux généralités ternes est en train de s'occidentaliser. Un jour viendra où les nationalistes se retrouveront seuls à défendre l'Islam et se verront contraints d'y insuffler une signification particulière afin de permettre à la nation arabe de garder une raison d'être valable.

L'honneur d'être 

L'honneur d'être arabe
Parmi ces concepts européens qui ont envahi l'esprit contemporain, il y a deux idées relatives au nationalisme et à l'humanisme qui sont erronées et extrêmement dangereuses. Il est logique que le nationalisme abstrait de l'Occident dissocie nationalisme et religion. En effet, la religion leur étant parvenue de l'extérieur, elle est étrangère à la nature et à l'histoire de l'Europe. Quintessence de la doctrine supraterrestre et de l'éthique, elle ne fut pas révélée dans les langues nationales de l'Europe, elle n'exprima pas le besoin propre à son environnement et ne se confondit pas avec son histoire. Quant à l'Islam, il ne représente pas pour les Arabes une doctrine supraterrestre unique. Il n'est pas non plus une éthique pure mais la manifestation la plus claire de leur conscience de l'univers et de leur vision de la vie, l'expression la plus forte de l'unité de leur personnalité dans laquelle la parole fusionne avec le cœur et l'esprit, la méditation avec l'action, l'âme avec le destin. Bien plus encore, l'Islam est la plus belle illustration de leur langue et de leur littérature, le chapitre le plus volumineux de leur histoire nationale. Il n'est donc pas possible de célébrer un de nos héros immortels en tant qu'Arabe et de l'ignorer ou de la rejeter en tant que musulman. Notre nationalisme est un organisme vivant aux membres emmêlés: toute dissection de ce corps et toute dissociation de ses organes lui est fatale.
En conséquence, le lien qui unit l'Islam à l'arabisme n'a aucune similitude avec celui qui existe entre d'autres religions et d'autres nationalismes. Un jour, lorsque leur nationalisme sera pleinement épanoui et qu'ils renoueront avec leur caractère original, les Arabes chrétiens sauront que l'Islam représente pour eux une culture nationale dont ils devront s'imprégner afin de la comprendre, de l'aimer et de la protéger en tant qu'aspect le plus précieux de leur arabisme. Et si la réalité est encore loin de ce vœu, il incombe à la nouvelle génération d'Arabes chrétiens d'œuvrer avec courage et abnégation pour le réaliser, sacrifiant à cette fin leur orgueil et leurs intérêts. En vérité, il n'est rien de tel pour eux que l'arabisme et l'honneur d'y appartenir.
 

L'humanisme abstrait
Quant au deuxième danger il réside dans l'humanisme abstrait à l'européenne dont la conséquence profonde est de considérer les peuples comme des conglomérats humains figés et monolithiques, sans racines avec la terre et réfractaires au temps et qu'il est, partant possible d'appliquer à l'un d'eux les réformes et les changements issus des besoins et des prédispositions d'un autre.
Cela dit, les théoriciens des révolutions économiques et sociales se figurent-ils qu'en accrochant des fruits de cire sur un bois mort ils lui insuffleront la vie et en feront un arbre vivant ? Il ne suffit pas que les théories et les réformes soient plausibles en elles-mêmes. Elles doivent être les rameaux vivaces d'une vie plus générale qui les engendre et les nourrit. D'aucuns pensent aujourd'hui qu'il suffit de greffer diverses réformes sur la situation des Arabes pour ressusciter la nation. Pour notre part, nous estimons que ce phénomène est l'une des manifestations de la décadence, car il procède d'un renversement d'optique; c'est prendre la partie pour le tout et l'effet pour la cause. En réalité, ces réformes qui ne sont que des conséquences, doivent émaner d'une cause première, comme la fleur de l'arbre. Et cette cause est avant tout psychologique: c'est la foi de la nation en son message, la foi de ses fils en elle. Dans l'Islam, la cause première fut la foi en un seul Dieu qui engendra toutes les réformes à l'origine de la mutation de la société arabe. Les premiers Musulmans étaient loin de se douter que leur adhésion à la croyance en un seul Dieu et en un jour dernier les amènerait à approuver par la suite toute la législation élaborée par l'Islam. Néanmoins, nous les voyons appliquer les lois islamiques spontanément, volontairement et logiquement parce que leur approbation seconde était virtuellement contenue dans l'adhésion première à la foi en un seul Dieu: tout ce que ce Dieu ordonne est juste et bon.
Quoique l'on dise de l'intervention des facteurs politiques et économiques dans la résistance de Qoreich à l'Islam, il demeure que le facteur principal fut religieux, c'est-à-dire intellectuel. Et ceux qui, de nos jours, adoptent cette manière déformée d'envisager la religion, dans une perspective matérialiste, contredisent la réalité historique et la nature humaine d'une part, et dénient aux Arabes de l'autre, leur trait de caractère le plus précieux: l'idéalisme. Car si Qoreich s'est vue contrainte, pour des raisons matérielles, de conclure avec le prophète la trêve d'Al-Hudaïbia, elle s'est obstinée à lui dénier sa révélation et sa religion nouvelle.

Tout cela met en évidence les raisons qui nous poussent à accorder une importance primordiale au sentiment national profond et lucide en tant que cause première. Car lui seul peut garantir des réformes sociales, dynamiques, effectives et audacieuses, conformes à l'esprit du peuple et à ses besoins, réalisables parce que souhaitées par lui.

La nouvelle génération arabe
Messieurs, nous célébrons aujourd'hui la mémoire du héros de l'arabisme et de l'Islam. Mais qu'est-ce que l'Islam sinon l'enfant de la douleur, la douleur de l'arabisme! Cette douleur est revenue sur notre terre avec une intensité et une profondeur inconnues des Arabes de la Jahiliya. Que ne fait-elle jaillir une révolution épurée et rectifiée, pareille à celle dont l'Islam a levé l'étendard. Seule la nouvelle génération arabe est capable de la mener et d'apprécier sa nécessité car les souffrances du présent l'ont préparée à brandir son drapeau et l'amour de sa terre et de son histoire lui a permis de discerner son essence et son orientation.
Nous, la génération arabe nouvelle, nous sommes porteurs d'un message et non d'une politique, d'une foi et d'une doctrine et non pas de théories et de paroles. Nous ne craignons pas cette clique anti-arabe, soutenue par les armes de l'étranger et mue par une haine raciste envers l'arabisme, car Dieu, la nature et l'histoire sont avec nous. Elle ne nous comprend pas car elle nous est étrangère, étrangère à la sincérité, à la profondeur et à l'héroïsme, fausse, artificielle, servile.
Seuls les éprouvés nous comprennent ainsi que ceux qui ont compris la vie de Mohammed de l'intérieur, en tant qu'expérience morale et destin historique. Seuls les esprits sincères nous comprennent, ceux qui, à chaque pas, se heurtent au mensonge et à l'hypocrisie, à la délation et à la calomnie, et qui poursuivent néanmoins leur chemin, redoublant d'ardeur. Seuls les affligés nous comprennent, eux qui ont forgé dans l'amertume de leur labeur et le sang de leurs blessures l'image de la vie arabe future que nous souhaitons heureuse et sereine, intense et ascendante, éblouissante de limpidité. Seuls les croyants nous comprennent, eux qui ont foi en Dieu. On ne nous verra peut-être pas prier avec les orants ou jeûner avec les abstinents; néanmoins, nous croyons en Dieu car nous avons un besoin pressant de lui. Notre tâche est lourde, notre chemin est difficile et notre objectif est loin d'être atteint. Cette foi ne fut pas notre point de départ mais notre aboutissement. Nous l'avons acquise par la souffrance et les peines. Nous ne l'avons point héritée et elle ne nous a pas été léguée par la tradition. Ainsi est-elle pour nous un trésor précieux car elle nous appartient et est le fruit de nos labeurs. Je ne crois pas qu'un jeune arabe qui se rend compte vraiment des maux qui démangent le cœur de sa nation, et qui est conscient des dangers qui l'entourent, extérieurs mais aussi et surtout intérieurs, qui menacent l'avenir de l'arabité, qui croit que la nation arabe doit continuer à vivre, qu'elle est investie d'une mission qu'elle n'a pas encore accomplie et qu'elle jouit de possibilités qu'elle n'a pas encore intégralement exploitées; que les arabes n'ont pas encore dit leurs derniers mots, et qu'ils n'ont pas encore exploité toutes leurs forces.. je ne crois vraiment pas qu'un jeune homme comme celui là pourrait se permettre de ne pas avoir la foi en Dieu, c'est à dire la foi en la vérité et la foi dans le triomphe de la vérité et la nécessité de faire tout pour que triomphe la vérité
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                     SOURCE  : https://www.facebook.com/mohamed.futuwwa/
 
 
 
 
 
 
 
 
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Citations de Farid Gabteni

Publié le par S. Sellami

                                                            _                                                                              Farid Gabteni____

"“(…) ٱلۡيَوۡمَ أَكۡمَلۡتُ لَكُمۡ دِينَكُمۡ وَأَتۡمَمۡتُ عَلَيۡكُمۡ نِعۡمَتِي وَرَضِيتُ لَكُمُ ٱلۡإِسۡلَٰمَ دِينٗاۚ (…)“ (سورة المائدة ، الآية 3). إن هذه الآية هي آخر ما أوحي إلى الرسول ﷺ ، إنها ختمة الوحي ليكون الإسلام من حينها آخر دين سماوي ارتضاه الله سبحانه لخلقه. فكل ما أضيف في الإسلام بعد هذه الآية إنما هو وليد الظروف التاريخية والإفرازات الاجتماعية للمسلمين ولا يمكن بأية حال من الأحوال اعتبارها من صلب الإسلام. إدعاء غير ذلك هو الإقرار بأن الدين من بعد ما أنزلت هذه الآية بقي فيه قصور يستدعي الإضافة ، وهو ما يخالف ما تقرُّ به الآية الكريمة وتؤكده". فريد قبطاني                                      « "(…) Ce jour J’ai Complémenté pour vous votre créance (religion) et J’ai Parfait sur vous Ma Grâce, et J’ai Agréé pour vous la Pacification (l’Islâm), créancier (religiosité) (…)" (Qorân/Chapitre 5, verset 3). Ce verset est le dernier à avoir été révélé, le point final de la Révélation. L’Islâm, dernière religion révélée, était entier et agréé comme tel à partir de ce jour. Tout ajout postérieur à cette révélation relève des multiples circonstances de l’histoire des musulmans, et ne peut être considéré comme faisant partie du canon de l’Islâm. Dire le contraire, c’est énoncer que la Religion n’a pas été complémentée à la révélation de ce verset, contrairement à ce qu’il affirme ». Farid Gabteni www.scdofg.com

علمت القرآن الكريم والحديث والسنة ، السيرة والفقه وعلم الكلام ، كل أصول الدين من خلال تعليم ورؤية كبار العلماء ، هم مراجع في الميدان التقليدي. وبالتالي، لفترة ، أصبحت أنا أيضا من التقليديين (المعتدلين ان جاز التعبير). ولكن حينما تخصصت ودرست بما في ذلك علم التأريخ ، تناولت القرآن بالبحث مع اتباع نهج متعدد التخصصات العلمية ؛ فكانت دهشتي كبيرة لما اكتشفت أن رسالة الإسلام الأصلية المنصوص عليها في كتاب الله تعارض محدثات الأمور التي تناقلها ودوّنها القدامى في كتبهم والتي صارت أساس الإيديولوجية التقليدية". فريد قبطاني                                                     « J’ai appris le Qorân, le ḥadîth, la sunnah/sîrah, la théologie et la jurisprudence via l’enseignement et la vision de grands docteurs (ΣUlamâ), références en matière de traditionalisme. Par conséquent, je suis moi-même devenu traditionaliste (modéré؟) pendant quelque temps. Cependant, lorsque je me suis spécialisé et que j'ai étudié entre autres l'historiographie, j’ai alors rouvert le Qorân avec une approche scientifique pluridisciplinaire ; quel ne fut mon étonnement de découvrir que le Message originel de l’Islâm énoncé dans le Corpus fait sérieusement objection à beaucoup d’assertions incluses dans les écrits multiples de la tradition, alors que ceux-ci constituent la base de l’idéologie traditionaliste ». Farid Gabteni www.scdofg.com  

لإسلام دين العمل الصالح والإحسان والوسط والاعتدال ، إنه دين العلم ومعرفة الله من خلال خلقه. فمن بين ميزات القرآن ، وهي ليست بالهينة ، التي تميّزه عن الكتب التي أنزلت من قبله هي تأكيده على مفاهيم العلم والمعرفة. ألم يكن أول ما أوحي إلى محمد ﷺ هو قوله تعالى : ” ٱقۡرَأۡ بِٱسۡمِ رَبِّكَ ٱلَّذِي خَلَقَ ١ خَلَقَ ٱلۡإِنسَٰنَ مِنۡ عَلَقٍ ٢ ٱقۡرَأۡ وَرَبُّكَ ٱلۡأَكۡرَمُ ٣ ٱلَّذِي عَلَّمَ بِٱلۡقَلَمِ ٤ عَلَّمَ ٱلۡإِنسَٰنَ مَا لَمۡ يَعۡلَمۡ ٥“ (سورة العلق)". فريد قبطاني                                                                                             Religion de la bonne et belle œuvre, du juste milieu, de la modération, l’Islâm est la religion de la science, de la connaissance de Dieu par Sa Céation. L’un des éléments, et non des moindres, qui distingue le Qorân des révélations antérieures est son insistance sur les notions de science et de connaissance. D’ailleurs, le premier mot de la Révélation à Mohammed fut : "Iqra’ ! (Lis !)".» Farid Gabteni www.scdofg.com   

"مفهوم أصل كلمة الإسلام في اللغة العربية هو المسالمة ، والمفهوم في الدّين هو الانقياد لطاعة الله والقبول لأمره. وهذه المسالمة تجعل المرء في حالة من السلم والأمان وتمنحه السكينة والاطمئنان فيُسْلم وجهه لله في سلام. فالإسلام هو تفعيلٌ للسلام والسكينة وإحكامٌ وتحكُّمٌ في اضطراب وهيجان النفس إلى  أن يصبح المرء مسلما سليما ومسالما للخلق كله فيأتي ربه بقلب سليم                                               “Étymologiquement, en langue arabe, l’Islâm (الإسلام) signifie la Pacification : l’action de pacifier, d’établir, de rétablir et de maintenir la paix ; la soumission par la paix à Dieu. L’Islâm est l’activation de la paix (al-silm, al-salâm,السّلم السّلام ) : celui qui se soumet à Dieu se pacifie (yuslim, يسلم), fait cesser les troubles de son esprit, les mouvements de révolte en lui et autour de lui ; il est pacifié, musulman (muslim, مسلم), et pacifiste (mussâlim, مسالم) : il aspire à la quiétude, à la sûreté et à la tranquillité, il n’est pas pour, ou dans, le trouble et la révolte ; en conséquence, il acquiert un cœur paisible (salîm, سليم), sain et saint, en paix avec Dieu et Sa Création”. Farid Gabteni 

 

علمت القرآن الكريم والحديث والسنة ، السيرة والفقه وعلم الكلام ، كل أصول الدين من خلال تعليم ورؤية كبار العلماء ، هم مراجع في الميدان التقليدي. وبالتالي، لفترة ، أصبحت أنا أيضا من التقليديين (المعتدلين ان جاز التعبير). ولكن حينما تخصصت ودرست بما في ذلك علم التأريخ ، تناولت القرآن بالبحث مع اتباع نهج متعدد التخصصات العلمية ؛ فكانت دهشتي كبيرة لما اكتشفت أن رسالة الإسلام الأصلية المنصوص عليها في كتاب الله تعارض محدثات الأمور التي تناقلها ودوّنها القدامى في كتبهم والتي صارت أساس الإيديولوجية التقليدية". فريد قبطاني www.scdofg.info                                                                                                                                                         

 

 

ي اللغة العربية، الكلمتان "تأمين" و"إيمان" لهما نفس الأصل ، أ م ن : تأمين وأمن وأمان، وفي لغة القرآن يكتسب الإيمان بالمعرفة ، بالأمن والتأمين؛ إنه أكثر من إيمان تقريبي ونسبي. الله حق مبين ومن الناحية العقلانية لا يسعنا سوى أن نشهد بذلك؛ ويجب أن نشهد بذلك عن معرفة بالسبب وعن علم تام    وإدراك تام. المؤمن يأمن بتعلم صنع الله وبذلك يصبح آمنا ومؤمنا". فريد قبطاني                                      « En langue arabe, les mots “assurance”, “foi” et “croyance” (îmân, إیمان) ont la même racine (A-M-N, أ م ن) : assurance, sûreté, sécurité. Dans le langage coranique, la foi s’acquiert par le savoir, en s’assurant et en assurant ; il s’agit bien plus que d’une croyance vague et relative. Dieu Est Évident, rationnellement, on ne peut qu’en témoigner ; et le témoignage doit se faire en connaissance de cause, en toute science et conscience. Le croyant, que je traduis par l’assurant, s’assure et se sécurise, en s’instruisant du Fait de Dieu ; c’est ainsi qu’il devient sécurisé et sécurisant, assuré et assurant (mu’min, مؤمن). »

                                                                                                                                      « En langue arabe, les mots "monde" et "savant" (Σâlam et Σâlim) ont la même racine (Σ-L-M, ع ل م) : science, savoir, connaissance. Le monde est intimement lié au savoir, à la connaissance objective que l’on a de lui ; il n’existe qu’à travers cette information primordiale. Le monde réel ne peut être perçu qu’au moyen de la connaissance scientifique, toute échappatoire est subjective ; en résultent les mythes et les légendes, synonymes de fétichisme et de superstition. C’est ainsi que les anciens, sauf exceptions, ont conçu des mondes fabuleux et imaginaires de manière spéculative, sans véritables fondements scientifiques. Néanmoins, et à leur crédit, ils avaient cette conscience, spécifiquement intelligente, que le monde a un sens et une raison d’être. C’est cet état de fait qui est à l’origine de la recherche scientifique et de ses résultats que nous constatons de nos jours et tous les jours ». Farid Gabteni www.scdofg.com                                                                                                                                                                                                                        "في اللغة العربية تشترك كلمتي العالَم والعلم في نفس الجذر )ع - ل – م(. فالعالَم مرتبط ارتباطا وثيق  بالمعرفة ، معرفتنا الموضوعية به ، إذ لا وجود له إلا من خلال هذه المعرفة الأساس ؛ لا يمكن سبر حقيقة العالم إلا من خلال المعرفة العلمية ، وكل ما عدا ذلك ما هو إلا مجرد انطباعات ونزعات ذاتية لا تمت للموضوعية بصلة فهي تنتج الخرافات والأساطير والفهم الوهمي للواقع. كذلك فعل الأقدمون باستثناء قلة قليلة. كانوا يفسرون الظواهر الطبيعية تفسيرا أسطوريا ، دون أساس علمي حقيقي. على الرغم من بدائية تفكيرهم إلا أنه لابد من الاعتراف بأنه كان لديهم وعي ، وتحديدا إدراك بأن العالم له معنى وهدف مما دفع الإنسان للسعي الدءوب لإدراك كنه العالم والتحري والتقصي عن حقيقة الأشياء من حوله والبحث الذي أثمر في عصرنا الاكتشافات العلمية التي نشهدها كل يوم".

 

"إن كان الدخول في الإسلام يقتضي شهادة أن لا إله إلا الله ، إلا أن حقيقة الشهادة لا تكون إلا بتحصيل العلم ومعرفة الحقائق. متى كُسِبت هذه المعرفة يسكن الإيمان صميم العقل والوجدان ويُكْسِب صاحبه التواضع ليعيش في سلام وفي حب الله سبحانه وتعالى ؛ إذ يعرف المرء من أين أتى وإلى أين هو ماض فيعمل الصالحات ويميز بين الخير والشر والحق والباطل. ” وَلِيَعۡلَمَ ٱلَّذِينَ أُوتُواْ ٱلۡعِلۡمَ أَنَّهُ ٱلۡحَقُّ مِن رَّبِّكَ فَيُؤۡمِنُواْ بِهِۦ فَتُخۡبِتَ لَهُۥ قُلُوبُهُمۡۗ وَإِنَّ ٱللَّهَ لَهَادِ ٱلَّذِينَ ءَامَنُوٓاْ إِلَىٰ صِرَٰطٖ مُّسۡتَقِيمٖ" (سورة الحج ، الآية 54)"                                                                                                          « Pour être Musulman, il faut témoigner qu’il n’y a de dieu que Dieu. Et pour être un véritable témoin, pour pouvoir attester de la vérité, de la réalité, il faut un savoir, une connaissance des faits et des choses. Ce savoir acquis, on accède alors à la foi par la raison et le cœur, on devient humble dans la paix et l’amour de Dieu, on sait d’où l’on vient et où l’on va, on agit avec bienveillance et bienfaisance, on distingue le bien du mal, le vrai du faux ». Farid Gabteni www.scdofg.com

 

"لا يزال الفساد والشر مستشرّين بمسميات جديدة كالفساد والتدليس والتلاعب بالجماهير والظلامية والبؤس والمجازر وجميع أنواع الأزمات والتجارة المغشوشة وتدهور البيئة وانقراض الأنواع والتلوّث وتغير المناخ … ” ظَهَرَ ٱلۡفَسَادُ فِي ٱلۡبَرِّ وَٱلۡبَحۡرِ بِمَا كَسَبَتۡ أَيۡدِي ٱلنَّاسِ لِيُذِيقَهُم بَعۡضَ ٱلَّذِي عَمِلُواْ لَعَلَّهُمۡ يَرۡجِعُونَ“ (سورة الروم ، الآية 41)".                                                                                                    « La corruption et le mal prédominent encore, ils ont pour noms : injustice, manipulation des masses, obscurantisme, misère, guerres, massacres, crises et trafics en tout genre, dégradation de l’environnement, extinction des espèces, pollution, changement climatique… "La corruption s’est manifestée en le sol et l’océan par ce qu’ont acquis les mains des gens, pour qu’Il leur fasse Goûter une partie de ce qu’ils ont œuvré ; peut-être reviendront-ils !" (Qorân/Chapitre 30, verset 41) ». Farid Gabteni www.scdofg.com   

"بدا الآن الله نوره بالعلم والمعرفة ويزهق الباطل وتندحر قوى الظلام والشر". فريد قبطاني أن ظهور الدجّال والشعوذة في العالم أصبح أمرا واقعيا ؛ ومن مميزاتهما التظاهر بالفضيلة وبالتقوى. أتباعهما كثير إلى أن يتم                                                                                                                                  « Simultanément, l’apparition du charlatan et du charlatanisme est désormais effective dans le monde ; ils ont pour caractéristique de se présenter par de faux-semblants de vertu et de piété. Nombreux sont ceux qui y croient, jusqu’à ce que la lumière de la connaissance, irrévocablement, se manifeste et permette de confondre ces forces obscures et malfaisantes ». Farid Gabteni www.scdofg.com                                                                                                                                                                                                                                                                                     https://web.facebook.com/faridabbesraja.gabteni

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La Française Audrey Azoulay élue directrice générale de l’Unesco

Publié le par S. Sellami

L’ex-ministre française de la Culture Audrey Azoulay à Paris, le 13 octobre 2017 / © AFP / Thomas Samson

 

Audrey Azoulay, ancienne ministre française de la Culture, a été élue vendredi soir directrice générale de l’Unesco face au Qatari Hamad Al-Kawari, au terme d’une élection marquée par de multiples rebondissements, dont le retrait des Etats-Unis et d’Israël de cette agence internationale.

« Félicitations à Audrey Azoulay ! La France continuera à se battre pour la science, l’éducation et la culture dans le monde », a tweeté le président Emmanuel Macron.

Lors de l’ultime tour d’un scrutin très serré entamé lundi, les 58 membres du Conseil exécutif de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, ont préféré la candidate Française au représentant qatari, par 30 voix contre 28.

Audrey Azoulay a reçu le soutien de l’Egypte, dont la candidate avait été éliminée sur la dernière ligne droite.

Mais Le Caire a néanmoins demandé à l’Unesco, dont le siège se trouve dans la capitale française, « la vérification des violations détectées tout au long du processus électoral », selon un porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères.

Le candidat du Qatar, qui faisait la course en tête depuis le début malgré la résurgence de vieux soupçons d’antisémitisme relayés par le Centre Simon Wiesenthal Europe, ne faisait pas l’unanimité des pays arabes en délicatesse avec Doha.

En juin, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte ont en effet rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar, l’accusant de soutenir des groupes extrémistes et de se rapprocher de l’Iran.

Ces quatre pays ont imposé un embargo au Qatar, qui a rejeté toutes les accusations à son encontre, y voyant une ingérence dans sa politique étrangère.

La bataille a cependant été âpre pour prendre le leadership d’une organisation déjà fragilisée par ses dissensions et ses difficultés économiques, et à laquelle les Etats-Unis et Israël avaient porté « un coup dur » avec l’annonce jeudi de leur départ, selon la directrice générale sortante de l’organisation, la Bulgare Irina Bokova.

Washington et Tel Aviv ont voulu ainsi exprimer leur exaspération face à une organisation qu’ils accusent d’être devenue anti-israélienne.

Les Etats-Unis avaient déjà suspendu leur contribution financière régulière il y a six ans.

– ‘Politisation’ –

C’est l’admission en 2011 de la Palestine au sein de l’Unesco qui avait entraîné cette interruption des versements de fonds, représentant près du quart du budget de l’agence, par Israël et les Etats-Unis.

Dès avant l’annonce de jeudi, François Chaubet, un professeur français d’histoire contemporaine, estimait d’ailleurs qu' »un des enjeux » de l’élection serait de « ramener les Etats-Unis dans les contributeurs ». Partis une première fois en 1984, ils étaient revenus en 2002.

« Pour honorer ses slogans nationalistes, Trump a choisi de faire le sacrifice de l’Unesco, c’était la décision qui coûtait le moins cher… », a commenté l’historien français Bertrand Badie.

« Si Donald Trump était partisan des institutions multilatérales, cela se saurait », a pour sa part relevé François Heisbourg, conseiller spécial de la Fondation de la recherche stratégique.

La décision américaine a néanmoins été une « triste nouvelle » ou un motif de « regret », voire de « déception », à Paris, à Moscou, dans les instances dirigeantes de l’ONU et de l’Unesco, mais aussi dans les milieux culturels et universitaires américains.

Pour Mme Bokova, « c’est l’universalité de l’organisation qui est en jeu ». Et le multilatéralisme dans l’ADN de l’organisation, ajoute-t-on de sources diplomatiques.

Vendredi, Berlin a appelé de ses voeux à « une Unesco forte ». Mais le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, Steffen Seibert, a également rappelé que le gouvernement allemand « critiquait aussi depuis quelque temps la politisation (du) travail très important » effectué par l’Unesco, « par certains membres ».

« Nous mettons tous nos espoirs dans le ou la futur(e) secrétaire général(e) et attendons que cette nouvelle personne à la tête mène les réformes de l’organisation », a-t-il ajouté.

A des journalistes vendredi après-midi, Mme Azoulay a affirmé que sa candidature visait notamment à « restaurer l’efficacité et la crédibilité » de l’agence qui « traverse une crise politique profonde ».

Romandie.com avec(©AFP / 13 octobre 2017 23h06)   

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Al Jazeera: Infiltration de journalistes d’investigation dans des organisations pro-israéliennes

Publié le par S. Sellami

La chaîne Al Jazeera, a admis le 9 octobre avoir infiltré clandestinement un journaliste d’investigation au sein d’organisations pro-israéliennes à Washington. Elle envisage de diffuser bientôt son reportage.

L’annonce a été faite par la chaîne qatari après que l’OFCOM, agence britannique de régulation des médias, ait rejeté les plaintes pour antisémitisme portées contre « The Lobby – 1, 2 et 3 », un documentaire diffusé début 2017. « Colin », journaliste infiltré par Al Jazeera, y piégeait – en caméra cachée – un diplomate israélien et des responsables d’organisations pro-israéliennes au Royaume-Uni.

Lors d’un repas avec Maria Strizzolo – assistante du secrétaire d’État à l’Education – Shai Masot, « conseiller politique » à l’ambassade d’Israël à Londres, traitait d’ « idiot » Boris Johnson – ministre des Affaires étrangères britannique – et insistait pour que Sir Alan Duncan – secrétaire d’État britannique à l’Europe et aux Amériques – soit « éliminé ». Ses critiques de la colonisation israélienne dans les Territoires occupés palestiniens indisposaient Israël…

Mazot avait également proposé à Maria Strizzolo de lui fournir une liste de parlementaires à « faire tomber ».

La vidéo reprise par The Guardian avait fait scandale au point que l’ambassade d’Israël avait dû présenter ses excuses et « licencier » Shai Mazot qui se préparait à créer une association travailliste pro-israélienne.

On attend maintenant la diffusion du reportage réalisé aux Etats-Unis. Ce ne sera pas triste…

Gilles Munier

Photo  : Londres: Shai Masot, « conseiller politique » israélien, pris en flagrant délit de manipulation

https://www.mondialisation.ca

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De la pauvreté mondiale à l’exclusion et à la détresse : allons à contre-courant de la guerre et de la mondialisation

Publié le par S. Sellami

« La sociologie de la justice », le thème bien d’actualité de la conférence nationale de la Philippine Sociological Society de 2017, tenue à la UP Cebu, doit être envisagée dans l’optique d’un nouvel ordre mondial qui détruit les pays souverains à coups de conflits armés et de « changements de régime ».

Des pans importants de la population mondiale s’appauvrissent aussi en se faisant imposer des réformes macroéconomiques meurtrières. Ce nouvel ordre mondial se nourrit de la misère humaine et de la destruction de l’environnement, créée un apartheid social, encourage le racisme et les conflits ethniques et mine les droits des femmes.

Le 7 octobre 2017 marque le 16e anniversaire de l’invasion illégale de l’Afghanistan par les USA et l’OTAN. Michel Chossudovsky, University of the Philippines, Cebu, 7 octobre 2017

***

Nous sommes parvenus au seuil de la crise la plus grave de l’histoire moderne.

À la suite des événements tragiques du 11 septembre 2001, lorsqu’ils ont déployé la plus grande puissance militaire depuis la Deuxième Guerre mondiale, les USA se sont engagés dans une aventure militaire qui menace l’avenir de l’humanité.

La guerre est présentée comme une entreprise favorisant la paix. La justification des guerres menées par les USA est la « responsabilité de protéger » (R2P), dans l’intention d’instaurer une « démocratie » occidentale (à la Trump) partout dans le monde.

Les conflits mondiaux font partie intégrante du programme néolibéral. Guerre et mondialisation sont étroitement liées.

Nous avons affaire à un projet impérialiste qui sert en gros des intérêts économiques et financiers mondiaux dont Wall Street, le complexe militaro-industriel, les géants du pétrole, les conglomérats biotechnologiques, les grandes sociétés pharmaceutiques, la narcoéconomie mondiale et les géants des médias et de l’information.

Le 11 septembre 2001, qui a été suivi de l’invasion de l’Afghanistan le 7 octobre 2001, marque aussi le lancement officiel de la soi-disant « guerre mondiale contre le terrorisme », qui a servi de prétexte aux guerres et aux interventions menées par les USA et l’OTAN au Moyen-Orient, en Afrique subsaharienne, en Asie centrale et en Asie du Sud-Est.

La guerre mondiale contre le terrorisme est une fausse guerre

Al-Qaeda et ses différentes filiales, dont le groupe armé État islamique-Daech, sont des créations des services secrets étasuniens, une réalité qui est abondamment confirmée.

Doctrine de l’utilisation préventive d’armes nucléaires

Simultanément, un revirement majeur de la doctrine nucléaire des USA s’est produit avec l’adoption de la doctrine de la guerre préventive, autrement dit, de la guerre comme mesure « d’autodéfense ». La doctrine de la guerre préventive s’applique aussi au recours aux armes nucléaires à des fins préventives. En 2002, l’administration étasunienne a fait valoir le concept de guerre nucléaire préventive, nommément l’utilisation d’armes nucléaires contre les ennemis des USA en tant que mesure d’autodéfense.

L’administration Trump menace ouvertement le monde d’une guerre nucléaire. Comment peut-on s’opposer à cette proposition diabolique et absurde lancée par l’administration étasunienne voulant que l’utilisation d’armes nucléaires contre l’Iran ou la Corée du Nord va « rendre le monde plus sûr »?

Recherché : le mouvement antiguerre  

Depuis l’invasion et l’occupation de l’Irak, le mouvement antiguerre est mort. C’est le militantisme parcellaire souvent financé par Wall Street qui domine, concentré uniquement sur des questions bien précises liées à l’environnement, au changement climatique, au racisme et aux droits civils. Invariablement, les guerres et les crimes de guerre de grande ampleur commis par les USA et l’OTAN dans le cadre d’un prétendu programme antiterrorisme, ne font l’objet d’aucune dissidence publique organisée. La devise est non sequitur : « nous sommes contre la guerre, mais nous soutenons la guerre contre le terrorisme. »

La propagande de guerre est généralement admise et donne un visage humain aux atrocités commises par les USA et l’OTAN et à leurs violations des droits de la personne. Par contre, les gouvernements des pays agressés par les USA sont accusés à la légère de tuer leurs propres ressortissants.

La désinformation des médias chamboule la réalité. La Corée du Nord ne constitue pas une menace à la sécurité mondiale. Avec ses 20 ogives nucléaires B61 déployées sous commandement national, la Belgique possède un arsenal plus important que la RPDC (qui aurait apparemment 4 bombes nucléaires).

Les bombes nucléaires B61 non déclarées se trouvant dans cinq pays européens (Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Italie Turquie) sont dirigées à la fois contre la Russie et le Moyen-Orient.

Les médias de masse évitent d’avertir l’opinion publique qu’une attaque nucléaire des USA contre la Corée du Nord ou l’Iran pourrait causer la Troisième Guerre mondiale qui, pour reprendre les mots d’Albert Einstein, serait « terminale », car elle entraînerait la destruction de l’humanité.

« Aujourd’hui, la menace de guerre est imminente en raison de l’utilisation de ce genre d’armes et je n’ai pas le moindre doute qu’une attaque des États-Unis et d’Israël contre la République islamique d’Iran se transformerait inévitablement en conflit nucléaire mondial.

Dans une guerre nucléaire, les “dommages collatéraux” toucheraient l’ensemble de l’humanité. Ayons le courage de proclamer que toutes les armes nucléaires ou conventionnelles, que tout ce qui est utilisé pour faire la guerre, doit disparaître! » (Fidel Castro Ruz, conversations avec Michel Chossudovsky, 12 au 15 octobre 2010).

« Je ne sais pas avec quelles armes sera menée la Troisième Guerre mondiale, mais je sais que la Quatrième le sera avec des bâtons et des pierres. » (Albert Einstein)

Le mouvement antiguerre est mort et la guerre nucléaire ne fait pas les manchettes.

Le prétexte de la longue guerre menée par les USA, c’est « de rendre le monde plus sûr ».

La guerre est présentée comme une entreprise humanitaire. La sécurité mondiale exige que l’on pourchasse Al-Qaeda dans le cadre d’une prétendue campagne antiterrorisme.

Les gens sont amenés à croire que le groupe armé État islamique et Al-Qaeda menacent le monde. En vérité, Al-Qaeda et ses nombreux groupes affiliés, ainsi que le groupe armé État islamique (Daech), sont sans exception des créations des services secrets des USA. Ce sont des actifs des services du renseignement.

Lorsqu’une guerre nucléaire patronnée par les USA devient un « instrument de paix », qu’elle est tolérée et acceptée par les institutions mondiales et les plus hautes instances, y compris les Nations Unies, il n’est plus possible de revenir en arrière : c’est qu’on a irrémédiablement précipité la société humaine dans la voie de l’autodestruction.

Du colonialisme au postcolonialisme

L’histoire postcoloniale est une continuation de l’histoire coloniale ayant donné naissance au programme impérialiste des USA, rendu possible en grande partie par le retrait et la défaite par les USA des anciennes puissances coloniales (ex. Espagne, France, Japon, Pays-Bas). Ce projet hégémonique des USA consiste pour une large part à transformer les pays souverains en territoires ouverts sous le contrôle des intérêts économiques et financiers dominants. Des instruments militaires, économiques et du renseignement sont utilisés pour mener à bien ce projet hégémonique.

La militarisation démontrée par les bases et les installations militaires des USA déployées partout dans le monde (il y en a plus de 700), dans le cadre de la structure de commandement au combat unifiée, soutient indéniablement un programme économique mondial.

De plus, ce déploiement miliaire reçoit tout l’appui de la politique macroéconomique des USA, qui impose des mesures d’austérité à toutes les catégories de dépenses civiles, en vue de dégager les fonds requis pour financer l’arsenal militaire étasunien et l’économie de guerre.

Les interventions militaires et les initiatives de changement de régime, y compris les coups d’État militaires parrainés par la CIA et les « révolutions de couleur », favorisent largement le programme politique néolibéral imposé aux pays en développement endettés partout dans le monde.

La mondialisation de la pauvreté 

La « mondialisation de la pauvreté » de l’ère postcoloniale découle directement de l’imposition de réformes macroéconomiques meurtrières sous la gouverne du FMI et de la Banque mondiale. Ces institutions issues des accords de Bretton Woods sont des instruments de Wall Street et de l’establishment corporatif.

Le profil temporel de ces réformes, qui a mené à un processus de restructuration économique d’envergure mondiale, a une importance capitale. Le début des années 1980 a été marqué par l’attaque en règle du programme d’ajustement structurel (PAS) sous la conduite du FMI et de la Banque mondiale. Les « conditionnalités par politique imposée », dirigées en grande partie contre des pays du tiers monde endettés, sont utilisées comme moyen d’intervention en vertu duquel les institutions financières internationales basées à Washington imposent un menu fixe composé de réformes de politique économique meurtrières comprenant des mesures d’austérité, la privatisation, l’élimination progressive des programmes sociaux, des réformes du commerce, une compression des salaires réels, etc.

Il convient de noter qu’un processus parallèle de réforme économique néolibérale, qui consistait essentiellement à privatiser et à démanteler progressivement l’État providence, a été mis en œuvre dans les années 1980 aux USA et en Grande-Bretagne, pendant ce qu’on a appelé l’ère Reagan-Thatcher.

Réformes de l’après-guerre froide

Une nouvelle phase de restructuration économique a commencé à la fin de la Guerre froide, avec les plans de réformes économiques draconiennes imposées aux pays d’Europe de l’Est, aux pays baltes, aux pays des Balkans et aux républiques constitutives de l’ancienne Union soviétique (ex. Ukraine, Géorgie, Azerbaïdjan).

Simultanément en Europe de l’Ouest, le traité de Maastricht, qui est entré en vigueur en 1993, a été imposé aux États membres de l’Union européenne. Ce qui a été convenu d’appeler les critères de Maastricht (ou critères de convergence), qui ont finalement conduit à la formation de la zone euro, consistaient dans une large mesure à imposer le programme politique néolibéral aux États membres de l’UE. Les critères de Maastricht ont aussi porté atteinte à la souveraineté de chaque État membre.

Maastricht est un programme d’ajustement structurel déguisé. Maastricht et la mise en place subséquente de la zone euro ont contribué à paralyser la politique monétaire nationale, en empêchant les opérations de gestion de la dette publique intérieure en tant qu’instrument de développement économique national. Les exigences de l’austérité budgétaire imposée en vertu des « critères de Maastricht » ont limité la capacité des États membres de l’UE à financer leurs programmes sociaux, ce qui a entraîné la disparition progressive de l’État providence de l’après-Deuxième Guerre mondiale. La dette publique a été reprise par la Banque centrale européenne (BCE) et des créanciers privés. Les conséquences à long terme en sont la montée en flèche des dettes extérieures ainsi que les conditionnalités de dette et le remboursement à partir des produits tirés d’un programme de privatisations massives.

Il faut préciser que cette phase de la restructuration coïncidait avec l’inauguration de l’Organisation mondiale du commerce (1995) et de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), qui a favorisé une transformation radicale du paysage économique nord-américain ayant mené à la débâcle des économies à l’échelle locale et régionale dans toute l’Amérique du Nord.

Les années 1990 coïncidaient aussi avec l’expansion et l’agrandissement de l’OTAN, ce qui a entraîné des dépenses massives consacrées à la « défense » qui n’étaient pas soumises aux mesures d’austérité néolibérales. Bien au contraire, le néolibéralisme nourrit le complexe militaro-industriel.

Ce qui est en jeu, c’est la « tiermondialisation » des pays dits développés, qui crée un chômage massif dans plusieurs pays de l’UE comme l’Espagne, le Portugal et la Grèce, dont les économies sont aujourd’hui soumises aux mêmes réformes selon le modèle du FMI que celles qui s’appliquent aux pays du tiers monde. Cela signifie que la mondialisation de la pauvreté a étendu son emprise, en appauvrissant non seulement les pays de l’ancien bloc de l’Est et des Balkans, mais aussi les pays dits à revenu élevé de l’Europe de l’Ouest.

De façon plus générale, les années 1990 ont coïncidé avec la guerre « humanitaire » de l’OTAN contre la Yougoslavie, qui a servi de tremplin à l’augmentation de la capacité militaire de l’OTAN et à sa mondialisation au-delà des frontières de l’Atlantique Nord datant de l’époque de la Guerre froide.

La crise asiatique de 1997-1998 constitue aussi un seuil important dans l’évolution du cadre économique néolibéral, car elle montrait qu’au moyen de manipulations spéculatives effectuées sur les transactions sur devises et le marché des produits de base, il est possible de déstabiliser l’économie nationale des pays visés. À cet égard, les spéculateurs institutionnels sont maintenant capables de faire augmenter artificiellement le prix des denrées de base, ou encore de faire monter et descendre le prix du pétrole brut.

Économie mondiale basée sur une main-d’œuvre bon marché

Le programme néolibéral, qui se démarque par l’imposition d’un « remède économique » énergique (mesures d’austérité, gel des salaires, privatisation, abandon des programmes sociaux), soutient depuis les 30 dernières années une délocalisation généralisée de l’industrie manufacturière vers des havres économiques dans des pays en développement où il y a une main-d’œuvre bon marché (faibles salaires). Cela contribue aussi à appauvrir à la fois les pays développés et les pays en développement.

« La pauvreté, c’est bon pour les affaires. » Elle permet d’approvisionner l’industrie et des secteurs de l’économie de services en biens fabriqués à bon marché partout dans le monde.

Ce processus de restructuration économique généralisé (qui a atteint de nouveaux sommets) repose sur la compression des salaires et du coût de la main-d’œuvre partout dans le monde, tout en réduisant le pouvoir d’achat de centaines de millions de gens. Cette compression de la demande des consommateurs finit par provoquer une récession et une hausse du chômage.

L’économie de faibles salaires va de pair avec des taux de chômage excessivement élevés qui, dans les pays en développement, découlent de la destruction de la production régionale et locale, sans oublier la déstabilisation de l’économie rurale. Cette « armée de réserve des sans-emploi » (Marx) contribue à maintenir les salaires au strict minimum.

La Chine constitue le plus important havre de main-d’œuvre bon marché au chapitre de l’assemblage industriel, avec ses 275 millions de travailleurs migrants (selon des sources chinoises officielles). Ironiquement, les anciennes colonies de l’Occident, tout comme les pays qui ont été victimes de l’agression militaire et des crimes de guerre des USA (ex. Vietnam, Cambodge, Indonésie), ont été transformés en havre de main-d’œuvre bon marché. Les conditions qui prévalaient au lendemain de la guerre du Vietnam ont pour une large part contribué à l’imposition d’un programme néolibéral à partir des années 1990.

Une main-d’œuvre bon marché est aussi importée de pays appauvris (Inde, Bangladesh, Philippines, Indonésie, etc.) et utilisée par l’industrie de la construction et l’économie de services.

Les taux de chômage élevés permettent de maintenir les salaires à des niveaux exagérément faibles.

Demande globale

Cette restructuration économique mondiale a entraîné une hausse spectaculaire de la pauvreté et du chômage. Bien que la pauvreté soit considérée comme un avantage côté offre, parce qu’elle favorise des niveaux de salaires faibles, l’économie mondiale basée sur une main-d’œuvre bon marché entraîne inévitablement un effondrement du pouvoir d’achat, qui à son tour fait monter les taux de chômage.

La main-d’œuvre bon marché et la compression du pouvoir d’achat sont des piliers du néolibéralisme. Les politiques keynésiennes orientées sur la demande des années 1970 ont fait place au programme macroéconomique néolibéral dans les années 1980. Le programme de politique économique néolibérale adopté partout dans le monde soutient l’économie mondiale basée sur une main-d’œuvre bon marché. Avec l’abandon des politiques orientées sur la demande, le néolibéralisme ressort comme le paradigme économique dominant.

Ajustement structurel dans les économies développées

L’effondrement généralisé des niveaux de vie, qui est la conséquence du programme macroéconomique, ne se limite plus aux soi-disant pays en développement. Aux États-Unis, le chômage est généralisé; dans plusieurs pays de l’UE, dont l’Espagne, le Portugal et la Grèce, les taux de chômage sont extrêmement élevés. Simultanément, les revenus de la classe moyenne sont comprimés, les programmes sociaux sont privatisés, les filets de sécurité sociale, y compris les prestations d’assurance-chômage et les programmes d’aide sociale, sont amoindris.

Sous-consommation

L’effondrement généralisé du pouvoir d’achat favorise une récession dans l’industrie des biens de consommation. La production de marchandises n’est plus destinée aux nécessités de subsistance (nourriture, logement, services sociaux, etc.) de la majorité de la population mondiale. Il y a une dichotomie entre « ceux qui travaillent » dans l’économie basée sur une main-d’œuvre bon marché et « ceux qui consomment ».

L’injustice fondamentale de ce système économique mondial, c’est que « ceux qui travaillent » ne peuvent se payer les biens qu’ils produisent. Autrement dit, le néolibéralisme ne favorise pas la consommation de masse, bien au contraire : le développement d’inégalités sociales extrêmes à l’intérieur des pays et entre les pays finit par causer une récession dans la production des biens et services essentiels (y compris la nourriture, les logements sociaux, la santé publique et l’éducation).

L’absence de pouvoir d’achat par « ceux qui travaillent » (sans oublier ceux qui sont sans emploi) entraîne une chute de la demande globale. Mais on assiste en même temps à une hausse de la « consommation de luxe » (au sens large) par les couches de la société aux revenus élevés.

Armes et produits de luxe : deux secteurs dynamiques de l’économie mondiale

Pour l’essentiel, pendant que la pauvreté mondiale contribue à une sous-consommation par la majorité de la population mondiale, la force motrice de la croissance économique se retrouve dans les marchés destinés aux mieux nantis (produits de luxe griffés, voyages et loisirs, voitures de luxe, appareils électroniques, écoles et cliniques privées, etc.).

L’économie mondiale basée sur une main-d’œuvre bon marché entraîne la pauvreté et une sous-consommation des biens et services indispensables.

Les deux secteurs dynamiques de l’économie mondiale sont :

  1. la production destinée aux couches de la société aux revenus élevés.
  2. la production et l’utilisation d’armes par le complexe militaro-industriel.

La politique néolibérale favorise le développement d’une économie mondiale basée sur une main-d’œuvre bon marché qui entraîne une baisse de la production des biens de consommation indispensables (Marx, sous-section IIa).

La faible demande de biens et services indispensables cause à son tour un vide dans le développement des infrastructures et des investissements sociaux (écoles, hôpitaux, transport public, santé publique, etc.) qui soutiennent le niveau de vie de la grande majorité de la population mondiale.

L’économie mondiale basée sur une main-d’œuvre bon marché, de pair avec la restructuration des mécanismes financiers mondiaux, créent une concentration des revenus et de la richesse sans précédent, qui favorise un développement dynamique de l’économie fondée sur les produits de luxe (au sens large) (Marx, sous-section IIb).

La section III dans l’économie mondiale contemporaine, c’est la production d’armes, qui sont vendues partout dans le monde, principalement aux gouvernements. Ce secteur de production aux USA est dominé par une poignée de grandes sociétés, dont Lockheed Martin, Raytheon, Northrop Grumman, British Aerospace, Boeing, et ainsi de suite.

Bien que les politiques néolibérales exigent l’imposition de mesures d’austérité draconiennes, ces dernières s’appliquent uniquement aux dépenses gouvernementales dans les secteurs civils. Le financement de systèmes d’armement perfectionnés par l’État n’est pas soumis aux contraintes budgétaires.

En fait, les mesures d’austérité imposées entre autres sur la santé, l’éducation et l’infrastructure publique visent à faciliter le financement de l’économie de guerre, y compris le complexe militaro-industriel, la structure de commandement régional et ses 700 installations militaires étasuniennes de par le monde, les services de renseignement et de sécurité, sans oublier la mise au point d’une nouvelle génération d’armes nucléaires, pour laquelle le Trésor étasunien prévoit verser une allocation de mille milliards de dollars au département de la Défense. Cet argent finira par aboutir dans les mains des soi-disant entreprises de la défense, qui forment un lobby politique puissant.

La reproduction de ce système économique mondial repose sur la croissance et le développement de deux grands secteurs : le complexe militaro-industriel ainsi que la production destinée à la consommation de luxe par les couches de la société aux revenus élevés.

La consommation de luxe par les couches de la société aux revenus élevés se fait en parallèle avec le développement dynamique de l’industrie de l’armement et de l’économie de guerre. C’est cette dualité qui mène à l’exclusion et au désespoir.

La seule façon de l’enrayer, c’est en criminalisant la guerre, en stoppant l’industrie de l’armement et en enlevant la gamme d’instruments politiques néolibéraux générateurs de pauvreté et d’inégalité sociale.

Comment aller à contre-courant de la guerre et de la mondialisation

Le mouvement populaire a été détourné. Le mouvement antiguerre est mort. Les organisations de la société civile, qui semblent de prime abord « progressistes », sont devenues des créatures du système. Financées par des organismes caritatifs du secteur privé liés à Wall Street, elles font partie d’une « opposition » politiquement correcte qui se comporte comme « la porte-parole de la société civile ».

Mais qui ces organisations représentent-elles? Bien des « ONG partenaires » et des groupes de lobbyistes, qui se mêlent souvent aux bureaucrates et aux politiciens, ont peu de contacts avec les mouvements sociaux de la base et les organisations populaires. Pour le moment, elles servent à empêcher l’émergence de « véritables » mouvements sociaux opposés au nouvel ordre mondial. Bien que le paradigme néolibéral retienne leur attention, des enjeux fondamentaux comme la guerre et les changements de régime sont rarement abordés.

Les programmes de bien des ONG et mouvements populaires dépendent beaucoup du financement public et de fondations privées comme celles des Ford, Rockefeller et McCarthy de ce monde.

Le mouvement antimondialisation s’oppose à Wall Street et aux géants pétroliers du Texas contrôlés par Rockefeller et al. Pourtant, les fondations et les organismes de bienfaisance de Rockefeller et alfinancent généreusement les réseaux anticapitalistes progressistes et les groupes environnementalistes (opposés aux géants du pétrole), afin de pouvoir les surveiller et orienter leurs diverses activités.

Les mécanismes de la « fabrication de la dissidence » nécessitent un milieu propice à la manipulation, aux pressions directes et à une cooptation subtile de membres d’organisations progressistes, dont les coalitions antiguerre, les groupes environnementalistes et le mouvement antimondialisation.

L’objectif des élites du monde des affaires consiste à fragmenter le mouvement populaire en une immense mosaïque « à bricoler ». La guerre et la mondialisation ne sont plus à l’avant-plan du militantisme de la société civile. Le militantisme devient parcellaire. Il n’y a pas de mouvement antimondialisation et antiguerre intégré. La crise économique n’est pas perçue comme ayant un lien avec la guerre menée par les USA.

La dissidence est cloisonnée. Les mouvements de contestation à la pièce « axés sur une question en particulier » (ex. environnement, antimondialisation, paix, droits des femmes, changement climatique) sont encouragés et financés généreusement, au détriment d’un mouvement de masse unifié. Cette mosaïque était déjà bien présente lors des contre-sommets du G7 et du Forum social mondial.

Création d’un réseau communautaire élargi

Ce qu’il faudrait, c’est parvenir à briser « l’opposition contrôlée » en créant un réseau communautaire élargi qui chercherait à enrayer les modèles d’autorité et de prise de décision liés à la guerre et au programme politique néolibéral. Il est entendu que les déploiements militaires des USA (y compris d’armes nucléaires) sont en définitive utilisés pour soutenir de puissants intérêts économiques.

Ce réseau serait établi à tous les niveaux dans la société, les villes et les villages, les lieux de travail et les paroisses, à l’échelle nationale et internationale. Les syndicats, les associations d’agriculteurs, les associations professionnelles et commerciales, les associations étudiantes, les associations d’anciens combattants et les groupes confessionnels seraient invités à s’intégrer à la structure organisationnelle antiguerre. Ce mouvement devrait aussi s’étendre aux forces armées, qui est d’une importance capitale comme moyen de briser la légitimité de la guerre parmi les militaires.

La première tâche consisterait à neutraliser la propagande de guerre au moyen d’une campagne efficace contre la désinformation des médias. Les médias institutionnels seraient directement visés, ce qui mènerait au boycottage des principaux organes de presse, qui sont responsables de transmettre la désinformation dans la chaîne médiatique. Cet effort nécessiterait en parallèle la mise en place à la base d’un processus de sensibilisation de nos concitoyens à la nature de la guerre et de la crise économique mondiale, qui permettrait aussi de « faire passer le mot » de manière efficace par une mise en réseau avancée, au moyen des organes de la presse alternative sur Internet, etc.

La création d’un tel mouvement, qui remettrait fortement en cause la légitimité des structures du pouvoir politique, n’est pas une tâche facile. Pour ce faire, il faudra une solidarité, une unité et un engagement sans précédent dans l’histoire du monde. Il faudra aussi lever les obstacles politiques et idéologiques dans la société et parler d’une seule voix. Enfin, il faudra éventuellement déloger les criminels de guerre et les inculper de crimes de guerre.

Michel Chossudovsky

 

Texte de l’allocution liminaire de Michel Chossudovsky lors de la conférence nationale de la Philippine Sociological Society (PSS), University of the Philippines, Cebu, 7 octobre 2017. 

Article original en anglais :

From Global Poverty to Exclusion and Despair: Reversing the Tide of War and Globalization, publié le 6 octobre 2017.

Traduit par Daniel pour Mondialisation.ca

 

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De la pauvreté mondiale à l’exclusion et à la détresse : allons à contre-courant de la guerre et de la mondialisation

Publié le par S. Sellami

« La sociologie de la justice », le thème bien d’actualité de la conférence nationale de la Philippine Sociological Society de 2017, tenue à la UP Cebu, doit être envisagée dans l’optique d’un nouvel ordre mondial qui détruit les pays souverains à coups de conflits armés et de « changements de régime ».

Des pans importants de la population mondiale s’appauvrissent aussi en se faisant imposer des réformes macroéconomiques meurtrières. Ce nouvel ordre mondial se nourrit de la misère humaine et de la destruction de l’environnement, créée un apartheid social, encourage le racisme et les conflits ethniques et mine les droits des femmes.

Le 7 octobre 2017 marque le 16e anniversaire de l’invasion illégale de l’Afghanistan par les USA et l’OTAN. Michel Chossudovsky, University of the Philippines, Cebu, 7 octobre 2017

***

Nous sommes parvenus au seuil de la crise la plus grave de l’histoire moderne.

À la suite des événements tragiques du 11 septembre 2001, lorsqu’ils ont déployé la plus grande puissance militaire depuis la Deuxième Guerre mondiale, les USA se sont engagés dans une aventure militaire qui menace l’avenir de l’humanité.

La guerre est présentée comme une entreprise favorisant la paix. La justification des guerres menées par les USA est la « responsabilité de protéger » (R2P), dans l’intention d’instaurer une « démocratie » occidentale (à la Trump) partout dans le monde.

Les conflits mondiaux font partie intégrante du programme néolibéral. Guerre et mondialisation sont étroitement liées.

Nous avons affaire à un projet impérialiste qui sert en gros des intérêts économiques et financiers mondiaux dont Wall Street, le complexe militaro-industriel, les géants du pétrole, les conglomérats biotechnologiques, les grandes sociétés pharmaceutiques, la narcoéconomie mondiale et les géants des médias et de l’information.

Le 11 septembre 2001, qui a été suivi de l’invasion de l’Afghanistan le 7 octobre 2001, marque aussi le lancement officiel de la soi-disant « guerre mondiale contre le terrorisme », qui a servi de prétexte aux guerres et aux interventions menées par les USA et l’OTAN au Moyen-Orient, en Afrique subsaharienne, en Asie centrale et en Asie du Sud-Est.

La guerre mondiale contre le terrorisme est une fausse guerre

Al-Qaeda et ses différentes filiales, dont le groupe armé État islamique-Daech, sont des créations des services secrets étasuniens, une réalité qui est abondamment confirmée.

Doctrine de l’utilisation préventive d’armes nucléaires

Simultanément, un revirement majeur de la doctrine nucléaire des USA s’est produit avec l’adoption de la doctrine de la guerre préventive, autrement dit, de la guerre comme mesure « d’autodéfense ». La doctrine de la guerre préventive s’applique aussi au recours aux armes nucléaires à des fins préventives. En 2002, l’administration étasunienne a fait valoir le concept de guerre nucléaire préventive, nommément l’utilisation d’armes nucléaires contre les ennemis des USA en tant que mesure d’autodéfense.

L’administration Trump menace ouvertement le monde d’une guerre nucléaire. Comment peut-on s’opposer à cette proposition diabolique et absurde lancée par l’administration étasunienne voulant que l’utilisation d’armes nucléaires contre l’Iran ou la Corée du Nord va « rendre le monde plus sûr »?

Recherché : le mouvement antiguerre  

Depuis l’invasion et l’occupation de l’Irak, le mouvement antiguerre est mort. C’est le militantisme parcellaire souvent financé par Wall Street qui domine, concentré uniquement sur des questions bien précises liées à l’environnement, au changement climatique, au racisme et aux droits civils. Invariablement, les guerres et les crimes de guerre de grande ampleur commis par les USA et l’OTAN dans le cadre d’un prétendu programme antiterrorisme, ne font l’objet d’aucune dissidence publique organisée. La devise est non sequitur : « nous sommes contre la guerre, mais nous soutenons la guerre contre le terrorisme. »

La propagande de guerre est généralement admise et donne un visage humain aux atrocités commises par les USA et l’OTAN et à leurs violations des droits de la personne. Par contre, les gouvernements des pays agressés par les USA sont accusés à la légère de tuer leurs propres ressortissants.

La désinformation des médias chamboule la réalité. La Corée du Nord ne constitue pas une menace à la sécurité mondiale. Avec ses 20 ogives nucléaires B61 déployées sous commandement national, la Belgique possède un arsenal plus important que la RPDC (qui aurait apparemment 4 bombes nucléaires).

Les bombes nucléaires B61 non déclarées se trouvant dans cinq pays européens (Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Italie Turquie) sont dirigées à la fois contre la Russie et le Moyen-Orient.

Les médias de masse évitent d’avertir l’opinion publique qu’une attaque nucléaire des USA contre la Corée du Nord ou l’Iran pourrait causer la Troisième Guerre mondiale qui, pour reprendre les mots d’Albert Einstein, serait « terminale », car elle entraînerait la destruction de l’humanité.

« Aujourd’hui, la menace de guerre est imminente en raison de l’utilisation de ce genre d’armes et je n’ai pas le moindre doute qu’une attaque des États-Unis et d’Israël contre la République islamique d’Iran se transformerait inévitablement en conflit nucléaire mondial.

Dans une guerre nucléaire, les “dommages collatéraux” toucheraient l’ensemble de l’humanité. Ayons le courage de proclamer que toutes les armes nucléaires ou conventionnelles, que tout ce qui est utilisé pour faire la guerre, doit disparaître! » (Fidel Castro Ruz, conversations avec Michel Chossudovsky, 12 au 15 octobre 2010).

« Je ne sais pas avec quelles armes sera menée la Troisième Guerre mondiale, mais je sais que la Quatrième le sera avec des bâtons et des pierres. » (Albert Einstein)

Le mouvement antiguerre est mort et la guerre nucléaire ne fait pas les manchettes.

Le prétexte de la longue guerre menée par les USA, c’est « de rendre le monde plus sûr ».

La guerre est présentée comme une entreprise humanitaire. La sécurité mondiale exige que l’on pourchasse Al-Qaeda dans le cadre d’une prétendue campagne antiterrorisme.

Les gens sont amenés à croire que le groupe armé État islamique et Al-Qaeda menacent le monde. En vérité, Al-Qaeda et ses nombreux groupes affiliés, ainsi que le groupe armé État islamique (Daech), sont sans exception des créations des services secrets des USA. Ce sont des actifs des services du renseignement.

Lorsqu’une guerre nucléaire patronnée par les USA devient un « instrument de paix », qu’elle est tolérée et acceptée par les institutions mondiales et les plus hautes instances, y compris les Nations Unies, il n’est plus possible de revenir en arrière : c’est qu’on a irrémédiablement précipité la société humaine dans la voie de l’autodestruction.

Du colonialisme au postcolonialisme

L’histoire postcoloniale est une continuation de l’histoire coloniale ayant donné naissance au programme impérialiste des USA, rendu possible en grande partie par le retrait et la défaite par les USA des anciennes puissances coloniales (ex. Espagne, France, Japon, Pays-Bas). Ce projet hégémonique des USA consiste pour une large part à transformer les pays souverains en territoires ouverts sous le contrôle des intérêts économiques et financiers dominants. Des instruments militaires, économiques et du renseignement sont utilisés pour mener à bien ce projet hégémonique.

La militarisation démontrée par les bases et les installations militaires des USA déployées partout dans le monde (il y en a plus de 700), dans le cadre de la structure de commandement au combat unifiée, soutient indéniablement un programme économique mondial.

De plus, ce déploiement miliaire reçoit tout l’appui de la politique macroéconomique des USA, qui impose des mesures d’austérité à toutes les catégories de dépenses civiles, en vue de dégager les fonds requis pour financer l’arsenal militaire étasunien et l’économie de guerre.

Les interventions militaires et les initiatives de changement de régime, y compris les coups d’État militaires parrainés par la CIA et les « révolutions de couleur », favorisent largement le programme politique néolibéral imposé aux pays en développement endettés partout dans le monde.

La mondialisation de la pauvreté 

La « mondialisation de la pauvreté » de l’ère postcoloniale découle directement de l’imposition de réformes macroéconomiques meurtrières sous la gouverne du FMI et de la Banque mondiale. Ces institutions issues des accords de Bretton Woods sont des instruments de Wall Street et de l’establishment corporatif.

Le profil temporel de ces réformes, qui a mené à un processus de restructuration économique d’envergure mondiale, a une importance capitale. Le début des années 1980 a été marqué par l’attaque en règle du programme d’ajustement structurel (PAS) sous la conduite du FMI et de la Banque mondiale. Les « conditionnalités par politique imposée », dirigées en grande partie contre des pays du tiers monde endettés, sont utilisées comme moyen d’intervention en vertu duquel les institutions financières internationales basées à Washington imposent un menu fixe composé de réformes de politique économique meurtrières comprenant des mesures d’austérité, la privatisation, l’élimination progressive des programmes sociaux, des réformes du commerce, une compression des salaires réels, etc.

Il convient de noter qu’un processus parallèle de réforme économique néolibérale, qui consistait essentiellement à privatiser et à démanteler progressivement l’État providence, a été mis en œuvre dans les années 1980 aux USA et en Grande-Bretagne, pendant ce qu’on a appelé l’ère Reagan-Thatcher.

Réformes de l’après-guerre froide

Une nouvelle phase de restructuration économique a commencé à la fin de la Guerre froide, avec les plans de réformes économiques draconiennes imposées aux pays d’Europe de l’Est, aux pays baltes, aux pays des Balkans et aux républiques constitutives de l’ancienne Union soviétique (ex. Ukraine, Géorgie, Azerbaïdjan).

Simultanément en Europe de l’Ouest, le traité de Maastricht, qui est entré en vigueur en 1993, a été imposé aux États membres de l’Union européenne. Ce qui a été convenu d’appeler les critères de Maastricht (ou critères de convergence), qui ont finalement conduit à la formation de la zone euro, consistaient dans une large mesure à imposer le programme politique néolibéral aux États membres de l’UE. Les critères de Maastricht ont aussi porté atteinte à la souveraineté de chaque État membre.

Maastricht est un programme d’ajustement structurel déguisé. Maastricht et la mise en place subséquente de la zone euro ont contribué à paralyser la politique monétaire nationale, en empêchant les opérations de gestion de la dette publique intérieure en tant qu’instrument de développement économique national. Les exigences de l’austérité budgétaire imposée en vertu des « critères de Maastricht » ont limité la capacité des États membres de l’UE à financer leurs programmes sociaux, ce qui a entraîné la disparition progressive de l’État providence de l’après-Deuxième Guerre mondiale. La dette publique a été reprise par la Banque centrale européenne (BCE) et des créanciers privés. Les conséquences à long terme en sont la montée en flèche des dettes extérieures ainsi que les conditionnalités de dette et le remboursement à partir des produits tirés d’un programme de privatisations massives.

Il faut préciser que cette phase de la restructuration coïncidait avec l’inauguration de l’Organisation mondiale du commerce (1995) et de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), qui a favorisé une transformation radicale du paysage économique nord-américain ayant mené à la débâcle des économies à l’échelle locale et régionale dans toute l’Amérique du Nord.

Les années 1990 coïncidaient aussi avec l’expansion et l’agrandissement de l’OTAN, ce qui a entraîné des dépenses massives consacrées à la « défense » qui n’étaient pas soumises aux mesures d’austérité néolibérales. Bien au contraire, le néolibéralisme nourrit le complexe militaro-industriel.

Ce qui est en jeu, c’est la « tiermondialisation » des pays dits développés, qui crée un chômage massif dans plusieurs pays de l’UE comme l’Espagne, le Portugal et la Grèce, dont les économies sont aujourd’hui soumises aux mêmes réformes selon le modèle du FMI que celles qui s’appliquent aux pays du tiers monde. Cela signifie que la mondialisation de la pauvreté a étendu son emprise, en appauvrissant non seulement les pays de l’ancien bloc de l’Est et des Balkans, mais aussi les pays dits à revenu élevé de l’Europe de l’Ouest.

De façon plus générale, les années 1990 ont coïncidé avec la guerre « humanitaire » de l’OTAN contre la Yougoslavie, qui a servi de tremplin à l’augmentation de la capacité militaire de l’OTAN et à sa mondialisation au-delà des frontières de l’Atlantique Nord datant de l’époque de la Guerre froide.

La crise asiatique de 1997-1998 constitue aussi un seuil important dans l’évolution du cadre économique néolibéral, car elle montrait qu’au moyen de manipulations spéculatives effectuées sur les transactions sur devises et le marché des produits de base, il est possible de déstabiliser l’économie nationale des pays visés. À cet égard, les spéculateurs institutionnels sont maintenant capables de faire augmenter artificiellement le prix des denrées de base, ou encore de faire monter et descendre le prix du pétrole brut.

Économie mondiale basée sur une main-d’œuvre bon marché

Le programme néolibéral, qui se démarque par l’imposition d’un « remède économique » énergique (mesures d’austérité, gel des salaires, privatisation, abandon des programmes sociaux), soutient depuis les 30 dernières années une délocalisation généralisée de l’industrie manufacturière vers des havres économiques dans des pays en développement où il y a une main-d’œuvre bon marché (faibles salaires). Cela contribue aussi à appauvrir à la fois les pays développés et les pays en développement.

« La pauvreté, c’est bon pour les affaires. » Elle permet d’approvisionner l’industrie et des secteurs de l’économie de services en biens fabriqués à bon marché partout dans le monde.

Ce processus de restructuration économique généralisé (qui a atteint de nouveaux sommets) repose sur la compression des salaires et du coût de la main-d’œuvre partout dans le monde, tout en réduisant le pouvoir d’achat de centaines de millions de gens. Cette compression de la demande des consommateurs finit par provoquer une récession et une hausse du chômage.

L’économie de faibles salaires va de pair avec des taux de chômage excessivement élevés qui, dans les pays en développement, découlent de la destruction de la production régionale et locale, sans oublier la déstabilisation de l’économie rurale. Cette « armée de réserve des sans-emploi » (Marx) contribue à maintenir les salaires au strict minimum.

La Chine constitue le plus important havre de main-d’œuvre bon marché au chapitre de l’assemblage industriel, avec ses 275 millions de travailleurs migrants (selon des sources chinoises officielles). Ironiquement, les anciennes colonies de l’Occident, tout comme les pays qui ont été victimes de l’agression militaire et des crimes de guerre des USA (ex. Vietnam, Cambodge, Indonésie), ont été transformés en havre de main-d’œuvre bon marché. Les conditions qui prévalaient au lendemain de la guerre du Vietnam ont pour une large part contribué à l’imposition d’un programme néolibéral à partir des années 1990.

Une main-d’œuvre bon marché est aussi importée de pays appauvris (Inde, Bangladesh, Philippines, Indonésie, etc.) et utilisée par l’industrie de la construction et l’économie de services.

Les taux de chômage élevés permettent de maintenir les salaires à des niveaux exagérément faibles.

Demande globale

Cette restructuration économique mondiale a entraîné une hausse spectaculaire de la pauvreté et du chômage. Bien que la pauvreté soit considérée comme un avantage côté offre, parce qu’elle favorise des niveaux de salaires faibles, l’économie mondiale basée sur une main-d’œuvre bon marché entraîne inévitablement un effondrement du pouvoir d’achat, qui à son tour fait monter les taux de chômage.

La main-d’œuvre bon marché et la compression du pouvoir d’achat sont des piliers du néolibéralisme. Les politiques keynésiennes orientées sur la demande des années 1970 ont fait place au programme macroéconomique néolibéral dans les années 1980. Le programme de politique économique néolibérale adopté partout dans le monde soutient l’économie mondiale basée sur une main-d’œuvre bon marché. Avec l’abandon des politiques orientées sur la demande, le néolibéralisme ressort comme le paradigme économique dominant.

Ajustement structurel dans les économies développées

L’effondrement généralisé des niveaux de vie, qui est la conséquence du programme macroéconomique, ne se limite plus aux soi-disant pays en développement. Aux États-Unis, le chômage est généralisé; dans plusieurs pays de l’UE, dont l’Espagne, le Portugal et la Grèce, les taux de chômage sont extrêmement élevés. Simultanément, les revenus de la classe moyenne sont comprimés, les programmes sociaux sont privatisés, les filets de sécurité sociale, y compris les prestations d’assurance-chômage et les programmes d’aide sociale, sont amoindris.

Sous-consommation

L’effondrement généralisé du pouvoir d’achat favorise une récession dans l’industrie des biens de consommation. La production de marchandises n’est plus destinée aux nécessités de subsistance (nourriture, logement, services sociaux, etc.) de la majorité de la population mondiale. Il y a une dichotomie entre « ceux qui travaillent » dans l’économie basée sur une main-d’œuvre bon marché et « ceux qui consomment ».

L’injustice fondamentale de ce système économique mondial, c’est que « ceux qui travaillent » ne peuvent se payer les biens qu’ils produisent. Autrement dit, le néolibéralisme ne favorise pas la consommation de masse, bien au contraire : le développement d’inégalités sociales extrêmes à l’intérieur des pays et entre les pays finit par causer une récession dans la production des biens et services essentiels (y compris la nourriture, les logements sociaux, la santé publique et l’éducation).

L’absence de pouvoir d’achat par « ceux qui travaillent » (sans oublier ceux qui sont sans emploi) entraîne une chute de la demande globale. Mais on assiste en même temps à une hausse de la « consommation de luxe » (au sens large) par les couches de la société aux revenus élevés.

Armes et produits de luxe : deux secteurs dynamiques de l’économie mondiale

Pour l’essentiel, pendant que la pauvreté mondiale contribue à une sous-consommation par la majorité de la population mondiale, la force motrice de la croissance économique se retrouve dans les marchés destinés aux mieux nantis (produits de luxe griffés, voyages et loisirs, voitures de luxe, appareils électroniques, écoles et cliniques privées, etc.).

L’économie mondiale basée sur une main-d’œuvre bon marché entraîne la pauvreté et une sous-consommation des biens et services indispensables.

Les deux secteurs dynamiques de l’économie mondiale sont :

  1. la production destinée aux couches de la société aux revenus élevés.
  2. la production et l’utilisation d’armes par le complexe militaro-industriel.

La politique néolibérale favorise le développement d’une économie mondiale basée sur une main-d’œuvre bon marché qui entraîne une baisse de la production des biens de consommation indispensables (Marx, sous-section IIa).

La faible demande de biens et services indispensables cause à son tour un vide dans le développement des infrastructures et des investissements sociaux (écoles, hôpitaux, transport public, santé publique, etc.) qui soutiennent le niveau de vie de la grande majorité de la population mondiale.

L’économie mondiale basée sur une main-d’œuvre bon marché, de pair avec la restructuration des mécanismes financiers mondiaux, créent une concentration des revenus et de la richesse sans précédent, qui favorise un développement dynamique de l’économie fondée sur les produits de luxe (au sens large) (Marx, sous-section IIb).

La section III dans l’économie mondiale contemporaine, c’est la production d’armes, qui sont vendues partout dans le monde, principalement aux gouvernements. Ce secteur de production aux USA est dominé par une poignée de grandes sociétés, dont Lockheed Martin, Raytheon, Northrop Grumman, British Aerospace, Boeing, et ainsi de suite.

Bien que les politiques néolibérales exigent l’imposition de mesures d’austérité draconiennes, ces dernières s’appliquent uniquement aux dépenses gouvernementales dans les secteurs civils. Le financement de systèmes d’armement perfectionnés par l’État n’est pas soumis aux contraintes budgétaires.

En fait, les mesures d’austérité imposées entre autres sur la santé, l’éducation et l’infrastructure publique visent à faciliter le financement de l’économie de guerre, y compris le complexe militaro-industriel, la structure de commandement régional et ses 700 installations militaires étasuniennes de par le monde, les services de renseignement et de sécurité, sans oublier la mise au point d’une nouvelle génération d’armes nucléaires, pour laquelle le Trésor étasunien prévoit verser une allocation de mille milliards de dollars au département de la Défense. Cet argent finira par aboutir dans les mains des soi-disant entreprises de la défense, qui forment un lobby politique puissant.

La reproduction de ce système économique mondial repose sur la croissance et le développement de deux grands secteurs : le complexe militaro-industriel ainsi que la production destinée à la consommation de luxe par les couches de la société aux revenus élevés.

La consommation de luxe par les couches de la société aux revenus élevés se fait en parallèle avec le développement dynamique de l’industrie de l’armement et de l’économie de guerre. C’est cette dualité qui mène à l’exclusion et au désespoir.

La seule façon de l’enrayer, c’est en criminalisant la guerre, en stoppant l’industrie de l’armement et en enlevant la gamme d’instruments politiques néolibéraux générateurs de pauvreté et d’inégalité sociale.

Comment aller à contre-courant de la guerre et de la mondialisation

Le mouvement populaire a été détourné. Le mouvement antiguerre est mort. Les organisations de la société civile, qui semblent de prime abord « progressistes », sont devenues des créatures du système. Financées par des organismes caritatifs du secteur privé liés à Wall Street, elles font partie d’une « opposition » politiquement correcte qui se comporte comme « la porte-parole de la société civile ».

Mais qui ces organisations représentent-elles? Bien des « ONG partenaires » et des groupes de lobbyistes, qui se mêlent souvent aux bureaucrates et aux politiciens, ont peu de contacts avec les mouvements sociaux de la base et les organisations populaires. Pour le moment, elles servent à empêcher l’émergence de « véritables » mouvements sociaux opposés au nouvel ordre mondial. Bien que le paradigme néolibéral retienne leur attention, des enjeux fondamentaux comme la guerre et les changements de régime sont rarement abordés.

Les programmes de bien des ONG et mouvements populaires dépendent beaucoup du financement public et de fondations privées comme celles des Ford, Rockefeller et McCarthy de ce monde.

Le mouvement antimondialisation s’oppose à Wall Street et aux géants pétroliers du Texas contrôlés par Rockefeller et al. Pourtant, les fondations et les organismes de bienfaisance de Rockefeller et alfinancent généreusement les réseaux anticapitalistes progressistes et les groupes environnementalistes (opposés aux géants du pétrole), afin de pouvoir les surveiller et orienter leurs diverses activités.

Les mécanismes de la « fabrication de la dissidence » nécessitent un milieu propice à la manipulation, aux pressions directes et à une cooptation subtile de membres d’organisations progressistes, dont les coalitions antiguerre, les groupes environnementalistes et le mouvement antimondialisation.

L’objectif des élites du monde des affaires consiste à fragmenter le mouvement populaire en une immense mosaïque « à bricoler ». La guerre et la mondialisation ne sont plus à l’avant-plan du militantisme de la société civile. Le militantisme devient parcellaire. Il n’y a pas de mouvement antimondialisation et antiguerre intégré. La crise économique n’est pas perçue comme ayant un lien avec la guerre menée par les USA.

La dissidence est cloisonnée. Les mouvements de contestation à la pièce « axés sur une question en particulier » (ex. environnement, antimondialisation, paix, droits des femmes, changement climatique) sont encouragés et financés généreusement, au détriment d’un mouvement de masse unifié. Cette mosaïque était déjà bien présente lors des contre-sommets du G7 et du Forum social mondial.

Création d’un réseau communautaire élargi

Ce qu’il faudrait, c’est parvenir à briser « l’opposition contrôlée » en créant un réseau communautaire élargi qui chercherait à enrayer les modèles d’autorité et de prise de décision liés à la guerre et au programme politique néolibéral. Il est entendu que les déploiements militaires des USA (y compris d’armes nucléaires) sont en définitive utilisés pour soutenir de puissants intérêts économiques.

Ce réseau serait établi à tous les niveaux dans la société, les villes et les villages, les lieux de travail et les paroisses, à l’échelle nationale et internationale. Les syndicats, les associations d’agriculteurs, les associations professionnelles et commerciales, les associations étudiantes, les associations d’anciens combattants et les groupes confessionnels seraient invités à s’intégrer à la structure organisationnelle antiguerre. Ce mouvement devrait aussi s’étendre aux forces armées, qui est d’une importance capitale comme moyen de briser la légitimité de la guerre parmi les militaires.

La première tâche consisterait à neutraliser la propagande de guerre au moyen d’une campagne efficace contre la désinformation des médias. Les médias institutionnels seraient directement visés, ce qui mènerait au boycottage des principaux organes de presse, qui sont responsables de transmettre la désinformation dans la chaîne médiatique. Cet effort nécessiterait en parallèle la mise en place à la base d’un processus de sensibilisation de nos concitoyens à la nature de la guerre et de la crise économique mondiale, qui permettrait aussi de « faire passer le mot » de manière efficace par une mise en réseau avancée, au moyen des organes de la presse alternative sur Internet, etc.

La création d’un tel mouvement, qui remettrait fortement en cause la légitimité des structures du pouvoir politique, n’est pas une tâche facile. Pour ce faire, il faudra une solidarité, une unité et un engagement sans précédent dans l’histoire du monde. Il faudra aussi lever les obstacles politiques et idéologiques dans la société et parler d’une seule voix. Enfin, il faudra éventuellement déloger les criminels de guerre et les inculper de crimes de guerre.

Michel Chossudovsky

 

Texte de l’allocution liminaire de Michel Chossudovsky lors de la conférence nationale de la Philippine Sociological Society (PSS), University of the Philippines, Cebu, 7 octobre 2017. 

Article original en anglais :

From Global Poverty to Exclusion and Despair: Reversing the Tide of War and Globalization, publié le 6 octobre 2017.

Traduit par Daniel pour Mondialisation.ca

 

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Le syndrome séparatiste

Publié le par S. Sellami

Carles Puigdemont vient de proclamer “le droit de la Catalogne à l’indépendance” sous les applaudissements des élus régionaux. L’expérience historique enseigne pourtant que ce genre d’aventure se termine rarement dans l’allégresse. Arraché à la Serbie à coups de B52, le Kosovo a proclamé son indépendance en 2009. Sous perfusion de l’UE et de l’OTAN, cet Etat-fantoche a été livré par l’émissaire onusien Bernard Kouchner à une clique mafieuse, l’UCK, qui doit son impunité à cette rente géopolitique. En attendant, la Serbie a été bombardée et dépecée. Quant à la population du Kosovo, elle ne tire aucun avantage d’une indépendance qui a fait de nombreuses victimes.

Voilà pour l’Europe. Mais en Afrique, c’est pire. La sécession du Sud-Soudan parrainée par Washington a provoqué un désastre sans précédent. D’une pauvreté inouïe, dévasté par la guerre civile, ce nouvel Etat n’a plus que ses yeux pour pleurer. Les multinationales convoitaient ses richesses minières et pétrolières, le Département d’Etat voulait affaiblir le gouvernement de Khartoum, les dirigeants des ethnies méridionales rêvaient d’indépendance, c’était l’équation gagnante ! Hélas le rêve est devenu cauchemar, et les morts se comptent par dizaines de milliers. Kosovo, Sud-Soudan : décidément le séparatisme, lorsqu’il parvient à ses fins, peine à offrir des lendemains qui chantent.

On répliquera sans doute que l’indépendance du Kurdistan irakien pourrait faire la démonstration inverse. Ce peuple sans Etat, floué par l’inique traité de Lausanne (1923), prendrait alors une revanche historique ! C’est bien le projet du PDK dirigé par le clan Barzani, mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Ni l’Irak, ni l’Iran, ni la Turquie n’accepteront ce démembrement d’un Etat souverain, fût-il appuyé en sous-main par le puissant protecteur US. Quant à l’alliance avec Israël, on se demande si les Kurdes réalisent que Tel Aviv les soutient comme la corde soutient le pendu. Prudents, les Kurdes syriens dialoguent de leur côté avec Damas, qui s’est dit prêt à négocier une fois scellé le sort de Daech.

Véritable cas d’école, la situation des Kurdes syriens illustre l’impasse du séparatisme. Car si d’aventure ils décidaient de proclamer leur indépendance, ils ouvriraient les portes de l’enfer. Pris en tenailles entre les forces turques et syriennes, cet Etat non viable d’1,5 million de Kurdes serait rapidement rayé de la carte. Sans doute ont-ils fini par comprendre que l’autonomie kurde n’est négociable qu’à condition de renoncer au séparatisme et que leur avenir est d’appartenir à une Syrie souveraine et réconciliée. Mais comme au Kosovo et au Sud-Soudan, les velléités séparatistes sont manipulées par des puissances qui ont intérêt à déstabiliser les Etats souverains. Le sort des Kurdes dans la région est entre leurs mains, et ils auraient tort de le confier à leurs faux amis impérialistes.

Le séparatisme, au fond, est un syndrome qui atteint des populations blessées par l’histoire à qui de faux médecins inoculent de faux remèdes. Les Catalans qui rêvent d’indépendance ont sans doute de bonnes raisons d’en vouloir au gouvernement central espagnol. Ils ont légitimement conservé la mémoire des années noires de la répression franquiste. Mais l’Espagne de 2017 n’est pas franquiste, et la sécession de la Catalogne la déstabiliserait, la blesserait. Violer la loi de l’Etat espagnol, qui est un Etat souverain, n’est pas un acte anodin. Le séparatisme catalan porterait un coup redoutable à la souveraineté nationale en Europe du Sud, et ce sont les “peuples d’Espagne” qui en feraient indistinctement les frais.

Région développée qui pèse 19% du PIB espagnol, la Catalogne n’est pas le Kosovo. Nourri par la mémoire historique et l’irrédentisme culturel, son séparatisme ne manque pas de panache. Mais il ne faut pas se raconter d’histoires, c’est aussi un égoïsme de riches. Les dirigeants de la Catalogne s’imaginent que sa puissance économique irriguera sa souveraineté politique. Une fois libéré du fardeau espagnol, soulagé du poids de la solidarité nationale, le dynamisme catalan fera des prodiges ! C’est un secret de polichinelle, que même l’extrême-gauche ne peut ignorer : la bourgeoisie locale entend tirer profit de l’indépendance pour instaurer un modèle néo-libéral. Il n’est pas sûr que les jeunes et les ouvriers partagent ce projet, et on compte sans doute sur l’illusion lyrique du 10 octobre pour résoudre toutes ces contradictions.

Mais ce n’est pas tout. Les dirigeants de Barcelone veulent quitter l’Espagne sans quitter l’UE, ils veulent fonder une “nouvelle nation en Europe”, mais ce projet n’a aucun sens. Car si l’UE acceptait l’adhésion d’un Etat sécessionniste, elle signerait son arrêt de mort. Il est vrai que les européistes ont plus d’un tour dans leur sac, et que certains rêvent d’un démembrement des Etats-nations au profit des Euro-régions. Mais ce serait faire l’aveu que l’UE est une machine à broyer les Etats souverains, tandis qu’elle survit péniblement en accréditant la fiction inverse. Le jour où une région sécessionniste est admise dans l’UE, qui pourra encore nier que l’UE sert à évider la souveraineté nationale par le haut tout en la faisant imploser par le bas ? Le syndrome séparatiste, en frappant l’Europe, aura-t-il pour vertu de faire tomber les masques ?

Bruno Guigue

Illustration : Rodrigo Acevedo Musto

Source : infobae.com

 

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La Turquie se débarrasse de l’OTAN à Idleb

Publié le par S. Sellami

La Turquie se débarrasse de l’OTAN à Idleb

 En pénétrant dans le gouvernorat d’Idleb, la Turquie cimente l’avenir de l’alliance entre Russie, Iran et Turquie.

Accompagnée de groupes de rebelles syriens, l’armée turque s’avance dans la province de Idleb, au nord-ouest de la Syrie, où elle va lancer l’opération d’élimination des diverses factions en cheville avec à Al-Qaïda qui s’y retrouvent.

On pourrait y voir là une agression – la Turquie profitant de la situation pour annexer d’autres territoires de son vieil adversaire Bashar el-Assad –, mais à mon avis, ce serait mal interpréter les événements.

Ces dernières semaines, le Président russe Vladimir Poutine a dit clairement que l’opération militaire russe en Syrie a pour but de restaurer l’intégrité territoriale du pays. Après s’être engagé à plusieurs reprises dans le processus de paix d’Astana, Erdogan serait le plus illustre benêt de la planète s’il pensait pouvoir se sortir d’une trahison de ce tonneau.

Mais, compte tenu de l’ancienne alliance entre les Turcs et de nombreux groupes sur le terrain de Idleb, la Turquie est le bras qu’il faut pour les éliminer. Comme le fait régulièrement remarquer The Saker, l’armée russe ne dispose pas sur place de la puissance de projection permettant d’atteindre cet objectif. Et, occupée à libérer la région à l’est de l’Euphrate, l’armée arabe syrienne ne l’a pas non plus.

En menant cette opération en ce moment, la Turquie fait en sorte d’accélérer le règlement de la guerre en Syrie. Erdogan obtiendra-t-il une énorme récompense de Poutine grâce à cela, et abandonnera-t-il ses rêves néo-ottomans ? Oui. Est-ce que la Turquie reçoit des systèmes de missiles défensifs S-400 russes ? Oui.

Je suis certain que les accords entre Poutine et Erdogan vont bien au-delà de cela, d’autant plus que la Turquie est maintenant en plein démêlé diplomatique avec son partenaire otanien, les États-Unis.

Le non-choix de la Turquie

En choisissant de contenir les Kurdes, plutôt que de rester fidèles à l’OTAN et favoriser ainsi l’indépendance kurde, la Turquie a fait le choix de soutenir la Russie et la stratégie iranienne en Syrie. Dès que ce choix a été fait, au début de l’année dernière, tout a découlé de cette décision.

Erdogan sait à présent que la Turquie n’a plus d’avenir en tant que membre de l’OTAN, et il ne tente même plus de sauver les apparences. Les États-Unis ayant dans son esprit soutenu contre lui la tentative de coup d’État de juillet 2016, pour lui, ils ont perdu toute crédibilité et autorité. Tout ce qu’il reste aux Étasuniens, c’est de se faire sortir à coups de pied de la base aérienne d’Incerlik.

Je suis sûr que les armes nucléaires ont été déménagées depuis belle lurette.

Mais, ce faisant, cela veut dire que les intenses pressions diplomatique et financière étasunienne vont s’abattre sur la Turquie. Hier, suite à la nouvelle de la suspension des visas par les États-Unis, la livre turque a chuté dès l’ouverture des marchés. L’économie turque est déjà affaiblie.

Les États-Unis vont appuyer là-dessus de toutes leurs forces. Il faut s’attendre à ce que les agences de notation fassent le nécessaire pour déprécier la qualité de la dette, pendant que les spéculateurs commencent à attaquer non seulement les marchés des changes, mais aussi les marchés boursiers et obligataires.

Tant que la Turquie ne sera pas expulsée sommairement de l’OTAN, il est probable que les États-Unis ne la sanctionneront pas. Mais, le nouveau régime de sanctions, visant les individus plutôt que le pays, viendra par la suite.

Mais, croyez-moi, Poutine et Erdogan savent tout cela. Si vous pensez que Poutine n’a pas préparé Erdogan à cette éventualité, vous êtes bien naïf. Il suffit de dire que la Turquie recevra tout le soutien russe, chinois et iranien contre toute tentative visant à mettre en faillite son économie et à fomenter de nouveaux troubles civils pour évincer Erdogan.

On se souvient qu’en blanchissant son or, ce sont des banques turques qui ont permis aux Iraniens d’interagir avec le reste du monde, entre leur expulsion de SWIFT, au moment du régime de sanctions de 2012, et la signature du plan d’action global commun (JCPOA) l’an dernier.

C’était l’autre face des « brutales mesures de répression contre la dissidence » turque, la révocation des agents de la cinquième colonne se trouvant dans ses propres institutions, dans les médias et l’armée. Dans un monde en route vers une guerre de grande ampleur, tout le monde est l’agent de la puissance étrangère qu’il faut contrôler.

Cela ne décharge pas Erdogan de ses crimes, mais plutôt de la réalité à laquelle il fait face. L’éthique de la situation fera l’objet d’un autre débat.

Le moment de Trump sur la Turquie

À certains égards, l’insistance de Trump à vouloir dénoncer l’accord nucléaire iranien, est un autre moyen de faire pression sur les Turcs. Cela les mettra dans la situation d’aider à nouveau l’Iran croulant sous les sanctions, comme je l’ai mentionné ci-dessus.

La Turquie permet à ses banques d’utiliser l’or comme réserves d’échange, et c’est ainsi qu’elle a auparavant aidé à blanchir des milliards de dollars dans les ventes de pétrole iranien entre les deux pays.

Mais, le monde a bien changé ces dernières années. L’Iran a désormais bien plus d’amis, beaucoup étant en Europe occidentale. La Russie et la Chine ont les moyens de remplacer la messagerie SWIFT. Des milliards circulent chaque jour sur les marchés des cryptodevises digitales ; et anonymement !

Afin d’amoindrir les effets d’un autre régime d’exclusion du système SWIFT et d’isolement économique, il y a désormais là-bas littéralement des dizaines de moyens assurant la libre circulation des capitaux à travers les frontières.

Si personne ne se précipite pour expliquer cela à Donald Trump, ça aidera à stimuler la mise au point d’une encore plus grande kyrielle de systèmes de paiement internationaux et hâtera l’anéantissement de la capacité étasunienne à dicter sa politique au monde grâce à son pouvoir financier.

Si vous voulez savoir pourquoi l’establishment étasunien est si furax en ce moment, c’est qu’avec l’opération turque, son « échec (en Syrie) est complet », comme dit Dark Vador.

L’entrée de la Turquie à Idleb inaugure la prochaine phase de rééquilibrage géopolitique, et l’Arabie Saoudite faisant des courbettes à Moscou le week-end dernier, indique clairement que la nouvelle alliance entre Russie, Turquie et Iran échappe totalement à la domination étasunienne.

Russia Insider, Tom Luongo

Original : russia-insider.com/en/politics/turkey-liberate-western-syria-and-itself/ri21203
Traduction Petrus Lombard

http://reseauinternational.net
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Contrôles au faciès, l’institutionnalisation de l’Etat délinquant

Publié le par S. Sellami

Contrôles au faciès, l’institutionnalisation de l’Etat délinquant

« Pour la recherche et la prévention des infractions liées à la criminalité transfrontalière, les agents des douanes investis des fonctions de chef de poste ou les fonctionnaires désignés par eux titulaires du grade de contrôleur ou d’un grade supérieur peuvent, dans un rayon maximal de dix kilomètres autour des ports et aéroports constituant des points de passage frontaliers […] vérifier le respect, par les personnes dont la nationalité étrangère peut être déduite d’éléments objectifs extérieurs à la personne même de l’intéressé, des obligations de détention, de port et de présentation des pièces ou documents prévus à l’article L. 611-1 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile ».

Ces phrases sont issues de l’article 10 du projet de loi anti-terroriste dont j’ai déjà parlé la semaine dernière. Noyées dans la masse des mesures liberticides et autoritaires, elles n’ont pas fait beaucoup de bruit alors même qu’elles institutionnalisent, à mes yeux, le caractère délinquant de notre pays qui, vous l’aurez bien compris, semble se contrefoutre allègrement du principe d’égalité, ce même mot qu’il affiche sur le fronton de tous ses bâtiments. J’ai déjà dit tout le mal que je pensais de la globalité de cette loi et de pourquoi je considérais qu’il s’agissait là de la mort des libertés publiques mais il me semble qu’il est important de revenir sur cette disposition particulière tant elle est révélatrice d’une dérive au sommet de l’Etat.

La légalisation des contrôles au faciès

Le gouvernement a beau se débattre, dire que les dispositions en question ne sont là que pour lutter contre le terrorisme et ne constituent en aucun cas une institutionnalisation – et donc une normalisation – du contrôle au faciès, une étude rapide du texte démontre prestement le contraire. Que peuvent donc être ces « d’éléments objectifs extérieurs à la personne même de l’intéressé » ? Le ministre de l’Intérieur jure qu’il ne s’agit pas du faciès étant donné qu’est présente le mot « extérieurs » mais on peine à imaginer quel autre élément que la teint de la peau pourrait bien constituer un signe extérieur dont on peut déduire le caractère étranger d’une personne ou pas.

On se rappelle qu’il y a un peu plus d’un an, l’Etat s’était pourvu en cassation contre certaines personnes l’ayant assigné en justice – et ayant gagné leur procès face à lui – pour discriminations dans le cas de contrôle au faciès (nous y reviendrons). Aujourd’hui ce que nous voyons se mettre en place n’est ni plus ni moins que la légalisation de cette pratique abjecte et discriminatoire. Qu’il est loin le temps où François Hollande, alors candidat, s’engageait à mettre en place un récépissé de contrôle d’identité pour lutter contre le contrôle au faciès. Le landerneau politicien et identitaire aura eu raison de cette volonté en aboutissant même à l’odieuse tentative d’inscrire la déchéance de nationalité dans la Constitution. Si je parle de légalisation et de généralisation du contrôle au faciès permis par cette loi c’est bien parce que, loin de ce que peut laisser penser le texte, c’est l’ensemble du territoire ou presque (du moins les grandes villes) qui sont concernées. Toutes les gares de grandes villes sont le lieu d’arrivée de train en provenance de l’étranger. C’est donc sur l’ensemble du territoire ou presque que le contrôle au faciès est désormais autorisé.

Rupture ou continuité ?

A la lecture de cet article – a fortiori après l’adoption du projet de loi – d’aucuns se sont alarmés de voir que le contrôle au faciès allait être institutionnalisé en expliquant que celui-ci constituait une rupture fondamentale avec l’histoire de notre pays, qu’il nous ramenait aux heures les plus sombres de notre histoire (expression la plus partagée au monde je crois) et que rien ne serait désormais comme avant. A la vue de ces réactions, je dois avouer que je ris un peu jaune quand j’entends parler de rupture fondamentale, un peu comme si les contrôles au faciès n’existaient pas auparavant. Pour tout dire ces réactions m’ont un peu fait penser à ceux qui nous expliquaient que si Madame Le Pen était élue en mai dernier, le racisme ferait son apparition dans le pays, adoptant donc le présupposé que celui-ci n’existe pas à l’heure actuelle.

Finalement, cet article 10 semble avoir joué pour beaucoup le rôle de l’apocalypse, de la révélation. De la même manière que les violences policières lors des manifestations contre la loi El Khomri avaient servi de révélateur à une partie de la population qui semblait découvrir que les populations des quartiers populaires avaient été les rats de laboratoire de l’Etat policier, cet article 10 va peut-être permettre d’expliquer à ces mêmes belles âmes que la discrimination étatique est présente depuis bien longtemps dans notre pays, celui qui foule au pied les mots présents dans sa devise. Cela fait des années en effet que les contrôles au faciès ont lieu sur l’ensemble du territoire sans que cela ne semble émouvoir grand monde. Tout comme le mouvement Ultra dans les stades de foot avait alerté en vain la population sur les politiques liberticides qui s’annonçaient et dont il était le cobaye, les populations des quartiers populaires ont crié dans le désert pour dénoncer violences policières et arbitraire de l’Etat. Il est malheureux que la prise de conscience générale ne commence l’initiation de son début que maintenant.

Nous le voyons donc, avec le vote de ce projet de loi et de l’article 10 en particulier, c’est à l’institutionnalisation de l’Etat délinquant auquel nous avons assisté. Bien évidemment ledit Etat nous explique que c’est pour lutter contre le terrorisme qu’il faut en passer par là et que sacrifier quelques libertés pour la sécurité est un moindre mal. Je crois au contraire qu’agir de la sorte est la plus belle des victoires que l’on peut offrir aux terroristes tant cela montre à quel point notre système politique est faible et si peu démocratique qu’il est prêt à renier ses valeurs. Dans cette nuit si sombre qui semble parti pour durer très longtemps, il est grand temps de commencer à rallumer les étoiles selon le si beau vers d’Apollinaire.

https://marwen-belkaid.com
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Si Washington veut le pétrole syrien, il va devoir lutter pour cela

Publié le par S. Sellami

La Syrie se trouve sur la plus colossale plaque de réserve de gaz du monde, d'où la guerre ! - VIVE LA RÉVOLUTIONProfecía de la destrucción de damasco

Le SDF [kurde] soutenu par les États-Unis essaie de saisir des ressources cruciales pour la survie de la Syrie

Par Mike Whitney – Le 28 sept. 2017 – Source Russia Insider

« Depuis plus de six ans, les Syriens font de grands sacrifices pour défendre leur pays face à une guerre terroriste d’une brutalité sans précédent … Le peuple syrien a résisté à tous les aléas, car il savait qu’il s’agissait d’une guerre qui cherchait à éliminer son pays, et avec lui, sa propre existence. Il est un exemple à suivre par toute personne qui pourrait faire face, maintenant ou à l’avenir, à des tentatives semblables de casser sa volonté et de nier sa liberté et sa souveraineté. » – Walid Al-Moualem, Vice-Premier ministre de la Syrie, Déclaration à l’Assemblée générale des Nations Unies

Washington a retardé son projet de flanquer un rideau de fer le long des rives orientales de la rivière de l’Euphrate afin de déployer ses troupes de choc kurdes dans la province de Deir Ezzor. Les Forces de défense kurdes (SDF) ont foncé vers le sud pendant près d’une semaine pour devancer la progression régulière de l’armée arabe syrienne (SAA) et de ses forces d’élite, les Tigres.

Le triomphe étonnant de la SAA à Deir Ezzor a envoyé Washington dans les cordes, déclenchant toutes sortes de comportements erratiques y compris une attaque de roquettes et de mortiers sur les positions des troupes syriennes, une attaque furtive coordonnée par les États-Unis dans la province d’Idlib et de nombreuses autres provocations visant à détourner l’attention du principal objectif stratégique, les lucratifs champs pétrolifères de la vallée de l’Euphrate.

À l’heure actuelle, le SDF est dans la meilleure position pour libérer les champs de pétrole du contrôle d’ISIS. Il faut cependant se demander : pourquoi le SDF a  soudainement détourné son attention du siège de Raqqa et envoyé rapidement ses troupes au sud dans les champs de pétrole, si son intention n’était pas de revendiquer la propriété de ces champs et d’empêcher les forces du régime de les reprendre ? En fait, c’est la seule explication logique à son comportement.

De toute évidence, le SDF n’agit pas en son propre nom, mais simplement en suivant les ordres de Washington, se mettant ainsi en grand danger de bombardement aérien direct par l’armée de l’air russe, simplement pour satisfaire l’avidité insatiable de Washington pour le pétrole.

En voici plus de South Front :

« Les tensions augmentent rapidement entre les forces démocratiques syriennes soutenues par les États-Unis (SDF) et les forces gouvernementales syriennes dans la province de Deir Ezzor, au nord de la capitale provinciale.

La semaine dernière, le SDF a profité des combats intenses entre l’armée arabe syrienne (SAA) et l’ISIS pour saisir les champs de pétrole et de gaz d’Isba et Tabiyeh situés au nord du village de Khusham, sur la rive est de l’Euphrate. »

Les actions du SDF confirment que la milice soutenue par les États-Unis ne peut plus être considérée comme un allié syrien aidant à lutter contre ISIS. Le SDF est maintenant un autre groupe hostile et insurrectionnel qui met en œuvre l’agenda impérial de Washington.

La seule question est de savoir si l’armée syrienne et ses alliés traiteront le groupe aussi sévèrement qu’ISIS. Mais, bien sûr, la SAA n’a pas le choix en la matière, puisque le SDF essaie de saisir des ressources vitales essentielles à la survie de la Syrie.

En bref, les supplétifs, soutenus par les États-Unis, et les membres de la coalition soutenus par la Russie vont s’affronter militairement parce que Washington a éliminé toute autre option.

Voici plus de South Front :

« Lundi, les médias pro-SDF (principalement kurdes) ont directement accusé les forces aérospatiales russes d’avoir bombardé leurs positions près du gisement de gaz de Conico (…) Le commandement SDF a publié une déclaration accusant la Russie de soutenir ISIS contre SDF : ‘Les forces russes, et du régime, ont lancé une attaque contre nos combattants dans Conico Factory (…) avec des canons et des avions de guerre. Les bombardements ont martyrisé et blessé un certain nombre de combattants. Il convient de noter que nous progressons en coordination avec les Forces de la coalition mondiale (…)

Nous condamnons fermement les attaques agressives des Russes et de leurs alliés qui servent le terrorisme, nous ne resterons pas inactifs et nous utiliserons notre droit à nous défendre’. »

Les forces de la coalition mondiale sont une invention de Washington qui n’a jamais été invitée à se battre en Syrie et qui viole la souveraineté de celle-ci.

En outre, l’affirmation selon laquelle le SDF se « défendra légitimement » contre les forces du gouvernement souverain ne mérite aucun commentaire. Le SDF n’a pas le droit légal de mener des opérations militaires sur le territoire syrien.

De plus, de son propre aveu, le SDF tente de saisir la Conico Gas Factory. Et, lundi, il a continué sa poussée vers le sud en capturant les champs de pétrole d’Ibsah et de Taibah, en poussant plus loin vers les champs de Jafra.

Washington pense-t-il que Assad et Poutine sont trop aveugles pour voir ce qui se passe ?

Bien sûr que non. Washington est fasciné par le pétrole, et ses sbires font leur travail. C’est aussi clair que le nez au milieu du visage. Mais, il y a un problème : si Washington veut le pétrole de la Syrie, il devra se battre pour cela.

Carte de la bataille mise à jour montrant les troupes soutenues par les États-Unis face à face avec les forces de la coalition russe. Crédit : Southfront

Dimanche, le ministère russe de la Défense a publié des images aériennes montrant que les forces spéciales de l’armée américaine collaborent, ou ont obtenu un certain type d’arrangement, avec des unités ISIS dans la région de Deir Ezzor.

C’est une histoire intéressante, mais il est difficile de tirer des conclusions claires basées sur les photos. Ce qui est indéniable, cependant, c’est que les forces soutenues par les États-Unis semblent beaucoup plus axées sur le pétrole que sur ISIS. Il n’est pas surprenant qu’ISIS ait profité pleinement de la situation en lançant une attaque mortelle de décapitation sur le haut commandement russe.

Selon Moon of Alabama :

« ‘Hier soir, un général trois étoiles russe et deux colonels ont été tués dans une attaque de mortier alors qu’ils visitaient un quartier général de l’armée syrienne à Deir Ezzor : le lieutenant-général Valery Asapov, des forces armées russes, a été tué après avoir été bombardé par des militants islamiques (IS, anciennement ISIS / ISIL) près de Deir ez-Zor’, a annoncé le ministère russe de la Défense. Dans sa déclaration, le ministère a déclaré qu’Asapov était à l’avant-poste de commandement des troupes syriennes, aidant les commandants pour la libération de la ville de Deir ez-Zor. Le lieutenant-général Valéry Asapov est l’officier russe le plus élevé à être tué dans la campagne syrienne. Il était commandant de la 5e armée dans le district militaire oriental de la Russie.

Pendant trois ans, ISIS a assiégé les troupes syriennes dans la ville de Deir Ezzor et son aéroport. Il n’a jamais essayé d’attaquer le siège de l’état-major ou de tuer des officiers de haut rang. Maintenant, alors que les forces de l’armée américaine par procuration, conseillées par les forces spéciales des États-Unis, ont pris position au nord de Deir Ezzor, ISIS disposerait soudainement de capacités de renseignement et de mortiers de précision pour tuer un groupe d’officiers russes en visite ?

Cela n’est pas plausible. Personne à Damas, à Bagdad, à Téhéran ou à Moscou ne croira cela… »

Moscou a déjà tiré ses propres conclusions sur le rôle de Washington dans la mort du général. Il y aura des représailles, c’est certain. Plus important encore, le masque de l’implication des États-Unis est tombé, laissant les deux adversaires debout face à face. Les lignes de communication restent ouvertes, mais elles sont inutiles lorsque les deux parties sont déterminées à occuper le même terrain. Des conflits comme celui-ci sont généralement réglés sur le champ de bataille, et c’est ce qui se produit.

Mike Withney

Traduit par jj, relu par Cat pour le Saker francophone


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