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Qui a fait tuer Sankara ? (Partie 3) A ouagadougou l’ombre d’une main étrangère.

Publié le par S. Sellami

À trop vouloir bousculer l’ordre établi, Thomas Sankara a fini par irriter. Et la révolution burkinabè par inquiéter des puissances étrangères.

Les Burkinabè qui ont été les collaborateurs et les amis de Sankara voient danser autour de sa mort de nombreuses ombres : celles du président ivoirien Félix Houphouët-Boigny, du « guide » libyen Mouammar Kadhafi, du chef de guerre libérien Charles Taylor, celles encore des services secrets français et américains. Au Burkina Faso, beaucoup pensent qu’une main extérieure est intervenue dans l’assassinat de Thomas Sankara. Enquête. 

Quand en août 1983, Thomas Sankara, Blaise Compaoré et leurs compagnons prennent le pouvoir, ils le doivent en partie au soutien libyen. « Ils n’avaient rien, se souvient encore Mousbila Sankara, qui fut ambassadeur à Tripoli de 1983 à 1987. Kadhafi a envoyé des armes, de l’argent, des cigarettes, tout pour la popote militaire aussi. Ça venait par le Ghana grâce à l’appui du président Jerry Rawlings. » 

 

« C’est un homme un peu dérangeant, le Président Sankara ! » échange entre Thomas Sankara et François Mitterrand, 17 novembre 1986

« Il a nommé les personnalités. Et il l’a refermé. Après il a improvisé… » Fidèle Kientega, ancien conseiller diplomatique de Sankara

« La révolution burkinabè inquiétait surtout à cause du risque de contagion. » Jean Marc Palm, ministre des Affaires étrangères après le 15 octobre
« Est-ce que c’est Thomas qu’on voulait assassiner, moi je ne peux pas le savoir. » Mousbila Sankara, ancien ambassadeur du Burkina à Tripoli
« Il [Charles Taylor] voulait installer des camps d’entraînement au Burkina », Mousbila Sankara, ancien ambassadeur du Burkina à Tripoli

Dans les premières années de la révolution, l’axe Ouagadougou-Tripoli est une réalité. Ouverture d’ambassade. Déplacements des responsables burkinabè dans la capitale libyenne. En décembre 1985, Mouammar Kadhafi est reçu en visite officielle à Ouagadougou. « C’était un engagement. Nous ne respections pas les consignes qui étaient données d’isoler Kadhafi », explique l’ambassadeur.

Le président du Ghana, Jerry John Rawlings (g) et Mouammar Kadhafi en 1987. © François Lochon/Gamma-Rapho via Getty Images

Thomas Sankara (g) et Jerry John Rawlings (d). © Ben Idriss Zoungrana dit Big Z

Mais à partir de 1986, les relations se détériorent. Il y a une différence d’appréciation tout d’abord sur le conflit tchadien. Alors que la France soutient à cette époque Hissène Habré tandis que la Libye appuie Goukouni Weddeye, Thomas Sankara prône le dialogue entre les différentes parties. « Kadhafi voulait que Sankara affiche son soutien lors d’un sommet de l’OUA, mais Thomas Sankara a refusé », se souvient Mousbila Sankara. « La Libye voulait qu’on s’aligne sur ses positions et ça, ce n’était pas simple. Ce n’était pas le genre de Thomas. S’il était convaincu, il le faisait, mais si cela ne lui plaisait pas, il disait non. »

La piste du Liberia

Autre motif de divergence : la question du soutien à Charles Taylor, qui voulait renverser le président libérien Samuel Doe et installer un régime révolutionnaire. Charles Taylor venait d’être expulsé du Ghana. Il bénéficiait de l’appui de Mouammar Kadhafi, qui cherchait notamment à étendre son influence en Afrique de l’Ouest. 

Charles Taylor est venu à Ouagadougou. « Je l’ai hébergé une nuit », se souvient Mousbila Sankara. Selon plusieurs acteurs burkinabè, Charles Taylor a en effet demandé à Thomas Sankara son appui. « Il voulait installer des camps d’entraînement au Burkina. Thomas Sankara lui a opposé une fin de non-recevoir », explique Fidèle Kientega. Le conseiller diplomatique de Thomas Sankara précise qu’il a rencontré Charles Taylor à Ouagadougou à deux ou trois reprises, qu’il n’a jamais assisté aux audiences, mais qu’il en a lu les comptes rendus. Fidèle Kientega en a également discuté avec le président burkinabè et celui-ci a affirmé que le Burkina Faso ne pouvait pas servir de base pour déstabiliser un pays.

« Sankara voulait bien accueillir Charles Taylor comme réfugié politique dans le cadre humanitaire, mais il n’était pas question qu’il mène des activités politiques. Il a été ferme », renchérit Mousbila Sankara.

Charles Taylor © Patrick Robert/Stgma via Getty Images

Et l’ambassadeur de rapporter les propos que Thomas Sankara aurait tenus : « S’il veut rester ici parce qu’il n’arrive pas à rester chez lui, c’est normal. S’il veut, il n’a qu’à prendre une table comme tous les autres pour vendre des lunettes ou n’importe quoi sur le bord de la route à Ouagadougou, d’accord. Mais pas question d’être ici pour faire une base arrière. La Libye voulait qu’on l’entretienne, on a dit non. »

Charles Taylor a-t-il rencontré Blaise Compaoré ? A-t-il trouvé une oreille plus compréhensive de côté ? Difficile de l’attester. En 2008, vingt et un ans après les faits, lors des travaux de la Commission Vérité et Réconciliation au Liberia, l’ancien chef de guerre libérien Prince Johnson a révélé avoir été sollicité, avec Charles Taylor, pour participer à l’élimination de Thomas Sankara. En octobre 2008 sur RFI, Prince Johnson a même affirmé que la mort de Sankara aurait été décidée par Blaise Compaoré, avec l’aval du président ivoirien Félix Houphouët-Boigny.
« Il fallait répondre positivement à la requête de Blaise, c’est-à-dire se débarrasser de Thomas Sankara. » Prince Johnson, RFI, 2008
 

Le 15 octobre, Charles Taylor se trouvait-il à Ouagadougou ? Des Libériens ont-ils participé à l’opération qui coûta la vie à Thomas Sankara ? Là encore, aucune de nos sources ne se déclare en mesure de le certifier. Certains ne le pensent pas, d’autres affirment qu’ils n’ont entendu parler de cette question que récemment, qu’ils n’étaient pas au courant à l’époque. La plupart des acteurs que nous avons rencontrés estiment que ceux qui ont tiré sur Thomas Sankara sont des soldats burkinabè de la garde présidentielle. 

Ce qui semble faire consensus en tout cas, c’est qu’à la suite du refus de Thomas Sankara d’accueillir favorablement la demande d’appui de Charles Taylor, les relations entre le « guide libyen » et le jeune capitaine se sont détériorées. « Tout cela a jeté un froid », reconnaît Mousbila Sankara. Fidèle Kientega ajoute : « Kadhafi, au regard de sa puissance d’argent, voulait des gens qui lui répondaient au doigt et à l’œil, et ce n’était pas le genre de Thomas. Qui que vous soyez, s’il avait quelque chose à dire, il le disait en face. »

Mouammar Kadhafi. © François Lochon/Gamma-Rapho via Getty Images

Signe qui en dit long : le 1er septembre 1987, ce n’est pas Thomas Sankara, mais Blaise Compaoré qui assiste à Tripoli aux cérémonies du 18e anniversaire de la prise de pouvoir par Mouammar Kadhafi. « J’étais là-bas, se souvient Mousbila Sankara. Kadhafi a insisté pour qu’il vienne. C’était un signe d’éloignement et ils l’ont accepté comme tel. » L’ambassadeur dément l’information selon laquelle Blaise Compaoré aurait prolongé sa visite à Tripoli et serait resté plus longtemps que prévu… Mais il assure que Blaise Compaoré a rencontré le guide libyen et l’un de ses puissants conseillers, Moussa Koussa, qui était selon son expression « le Foccart de Kadhafi  »

La piste de Kadhafi

En revanche, Mousbila Sankara ne peut s’empêcher de penser que quelque chose s’est tramé à ce moment-là à Tripoli. L’ambassadeur du Burkina en Libye affirme que Blaise Compaoré a obtenu par un canal non officiel des équipements, c’est-à-dire des armes. « Il y a eu un déplacement de matériel dont, par inadvertance, on m’a envoyé une copie. » Le contenu du bordereau est transmis à Ouagadougou. Où il provoque également l’étonnement. Mousbila Sankara explique que c’est après le 15 octobre qu’il a fait le lien. Ce serait, selon lui, pour éviter toute traçabilité que Blaise Compaoré aurait demandé à recevoir directement le matériel. Pour l’ambassadeur, cette manipulation n’a pas permis en l’occurrence d’obtenir plus d’armes – il en avait au Burkina -, mais de disposer d’un stock qu’il pouvait utiliser à sa guise sans que le matériel ne soit consigné par un magasinier, sans laisser la moindre trace.

« Le fait de ne pas passer par la voie normale, c’était suspect ! Maintenant, poursuit-il, est-ce que c’est Thomas qu’on voulait assassiner, moi je ne peux pas le savoir », insiste l’ambassadeur.

Mouammar Kadhafi a-t-il donné un feu vert à Blaise Compaoré en ce mois de septembre 1987 ? « Non, je ne pense pas qu’il l’ait fait », répond Mousbila Sankara, « mais il a favorisé. C’est-à-dire qu’il a permis à Blaise de s’équiper. Je ne pense pas qu’il lui ait donné d’instruction et ce n’est pas la même chose. » Il est possible que le guide libyen ait su ce que Blaise Compaoré projetait de faire, mais rien ne permet de l’attester véritablement. L’ambassadeur fait seulement remarquer qu’après le 15 octobre, le comportement de la Libye a été comme celui de la France : « Chacun a continué, comme si ce qui s’est passé, c’est normal, ce n’est pas grave. » Et de souligner, au passage, à propos de la France : « Pour moins que ça, je la vois réagir… mais ça, c’est juste un raisonnement. »

A son retour de Libye après le 15 octobre, Mousbila Sankara a été arrêté et emprisonné pendant quatre ans. Quant au document qui pourrait attester de cette livraison d’armes à Blaise Compaoré, il ne l’a plus : « Pendant les perquisitions, ils ont pris tout ce qu’il y avait chez moi. » Selon lui, ce bordereau a sans doute disparu. Les Libyens pourraient l’avoir encore ou le ministère burkinabè des Affaires étrangères. Moussa Koussa, que certains ont surnommé « la boîte noire du régime Khadafi », serait, lui, en exil dans le Golfe. Il avait fait défection en mars 2011, quelques mois avant la chute et la mort de Mouammar Kadhafi.

La piste de Houphouët

Entre le président Thomas Sankara et le président Félix Houphouët-Boigny de Côte d’Ivoire, les relations ont rapidement tourné au vinaigre. Tout séparait les deux hommes et ce n’était pas seulement une question de génération. Pour Thomas Sankara, le « Vieux » représentait la Françafrique et le néocolonialisme qu’il combattait. Pour Félix Houphouët-Boigny, le jeune capitaine n’était qu’un idéaliste.

Le président français, François Mitterrand et son homologue ivoirien Houphouët-Boigny le 21 mai 1982. © Philippe Bouchon/AFP

« Il y a eu, lors des sommets de la CEAO , des accrochages », se souvient Fidèle Kientega. « Le président Houphouët a traité le président Thomas Sankara de « bambin », qui lui a rétorqué qu’il était un « vieux gâteux ». » Le conseiller diplomatique reconnaît que, dans les slogans révolutionnaires, il arrivait que des métaphores soient utilisées comme « les vieux crocodiles » et les « hiboux au regard gluant », mais, ironise-t-il, « On n’avait pas dit que c’était Houphouët-Boigny. Peut-être que lui se sentait visé. » Pour ce proche de Thomas Sankara, le chef de l’État ivoirien avait « peur » d’un phénomène de contagion. « Sa façon de s’habiller, sa façon de parler, la jeunesse ivoirienne avait adopté ça ! Il le gênait à tout point de vue. Et pas seulement le président Houphouët-Boigny, je pense toute la Françafrique dans cette région, avec le président Eyadema, Moussa Traoré, etc. On se disait que le mouvement qui avait lieu au Burkina Faso pouvait faire tache d’huile. Il fallait l’éteindre. »

« Le président Houphouët a traité le président Thomas Sankara de « bambin », qui lui a rétorqué qu’il était un « vieux gâteux ». » Fidèle Kientega, ex-conseiller diplomatique
 

Membre du CNR (Conseil national de la Révolution) sous la révolution, Jean Marc Palm est devenu, après le 15 octobre, ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré. Il reconnaît que les relations entre les deux présidents étaient « tendues », que la révolution burkinabè inquiétait surtout à cause du risque de contagion. « Thomas avait du charisme et était écouté par les jeunes. Il faut dire qu’à un moment donné en Côte d’Ivoire, les jeunes officiers et les capitaines s’habillaient un peu comme Thomas le faisait. » Quand il a été question d’organiser la visite officielle de Thomas Sankara en Côte d’Ivoire, le président Houphouët-Boigny lui a proposé de venir à Yamoussoukro.

Houphouët-Boigny (g) et Thomas Sankara (d). © Getty Images

Jean Marc Palm raconte : « Thomas lui a dit : « Non, je veux aller à Abidjan tenir un meeting au port et à l’université ». Chose que Houphouët ne pouvait pas accepter ! C’était introduire lui-même la subversion, parce que les discours galvaniseurs de Thomas pouvaient créer une situation qu’il n’était pas sûr de pouvoir maîtriser. » Et quand, à Ouagadougou, on le traitait de « vieux crocodile », le diplomate rappelle cette boutade du chef de l’État ivoirien : « Les crocodiles aiment les capitaines[référence au poisson]. Le diplomate ajoute : « Les gens se sont saisis de ça pour voir une certaine implication de la Côte d’Ivoire, mais moi, je ne franchirai pas ce pas. En fait, Thomas ne s’entendait bien qu’avec le Ghana de Rawlings, un peu le Bénin et un peu le Niger. »

Pour Frédéric Korsaga , qui fut de 1983 à 1986 ambassadeur du Burkina Faso en Côte d’ Ivoire, il y avait entre les deux hommes un sentiment de méfiance. Le président ivoirien s’interrogeait sur les intentions de Thomas Sankara vis-à-vis de la Côte d’Ivoire. « Ne voulait-il pas faire traverser la révolution au-delà des frontières du Burkina ? Alors, ça a été mal perçu. C’est normal que certains soient méfiants », conclut Frédéric Korsaga. Toutefois, l’ex-ambassadeur à Abidjan tient à relativiser. Pour lui, les relations entre les deux pays n’étaient pas si mauvaises. Elles étaient bien meilleures en tout cas dans la réalité que les discours ne le laissaient penser : « Quand nous discutions, le président Houphouët me disait qu’il reconnaissait en Sankara certaines attitudes que lui-même avait eues pendant la colonisation. Donc quelque part, il admirait ce jeune qui voulait faire bouger les choses. » Le diplomate ajoute : « Houphouët m’a toujours dit de faire comprendre à son jeune frère que la Côte d’Ivoire n’a jamais eu et n’aura jamais l’intention de déstabiliser le Burkina. Et ça, je l’ai dit au président Sankara. »
« Quelque part, il [Houphouët-Boigny] admirait ce jeune qui voulait faire bouger les choses. » Frédéric Korsaga, ambassadeur du Burkina Faso en Côte d’Ivoire de 1983 à 1986

« Nous n’étions plus une sous-colonie de la Côte d’Ivoire », affirme avec une pointe de fierté l’ancien ministre des Affaires étrangères Basile Guissou. « Nous pouvions traiter d’égal à égal. C’est vrai que Houphouët le prenait très mal, mais nous nous sommes imposés à lui. » 

Des différences de vue sont également apparues sur la question libérienne, car Charles Taylor ne profitait pas de la seule bienveillance de Mouammar Kadhafi. Il bénéficiait également du soutien de Felix Houphouët-Boigny. Le président ivoirien n’avait pas pardonné à Samuel Doe, le président libérien, d’avoir assassiné son ami, l’ex-président William Tolbert, et d’avoir tué son fils, Adolphus Tolbert. Le jeune homme était marié à la filleule d’Houphouët-Boigny. Dans l’interview qu’il a donné à RFI en 2008, Prince Johnson, l’ancien chef rebelle libérien, a cité le nom de l’ancien président ivoirien, Félix Houphouët-Boigny : « Il voulait la chute de Sankara pour que nous puissions suivre notre formation et retourner au Liberia pour tuer Doe, parce que Doe a tué son beau-fils, William Tolbert junior. »

« Il voulait la chute de Sankara. » Prince Johnson, 2008, RFI
 

Avec Blaise Compaoré, les relations de Houphouët étaient-elles plus faciles qu’avec le bouillant capitaine Sankara ? « Je crois qu’il y a déjà les tempéraments qui sont différents », admet Jean-Marc Palm, l’ancien chef de la diplomatie sous Blaise Compaoré. « Thomas était fougueux, il n’hésitait pas à dire ce qu’il pensait. Blaise est beaucoup plus réservé. Il pouvait être beaucoup plus accommodant que Thomas ne l’était. Cela plaisait plus à Houphouët. »

« Blaise pouvait être beaucoup plus accommodant que Thomas ne l’était », Jean Marc Palm, ministre des Affaires étrangères après le 15 octobre 1987
 

Quant à Fidèle Kientega, il va plus loin, affirmant que Blaise Compaoré était le « ventre mou » : « Tant qu’il y avait la cohésion entre les deux [Blaise Compaoré et Thomas Sankara, NDLR], rien ne pouvait se passer de façon interne, mais il a fallu que l’on recherche le ventre mou et c’était Blaise Compaoré qui était apparemment sensible aux biens matériels, ça se sentait. »

« Il a fallu que l’on recherche le ventre mou », Fidèle Kientega, ancien conseiller diplomatique

Blaise Compaoré le « ventre mou » ? Est-ce à dire que le président Houphouët-Boigny a participé à un complot contre Thomas Sankara ? « C’est du cinéma. Il n’y pas eu d’implication extérieure », déclare Frédéric Korsaga, l’ambassadeur à Abidjan. « Toute révolution détruit ses propres enfants. La Côte d’Ivoire n’est pas mêlée, de près ou de loin, aux conflits internes qui se sont passés ici. Dire qu’après ce qui est arrivé, ils ont trouvé quelqu’un de commerce plus ffacile, là c’est autre chose. Que ceux qui parlent de ça disent exactement en quoi. »

 

Blaise Compaoré (g) et Félix Houphouët-Boigny à Yamoussoukro le 18 juillet 1992. © Issouf Sanogo/AFP

Si Frédéric Korsaga assure que la Côte d’Ivoire n’a jamais agi contre Thomas Sankara, d’autres acteurs à Ouagadougou sont convaincus du contraire. Les uns estiment que le président ivoirien a encouragé Blaise Compaoré, qu’il a donné un feu vert et que ce feu vert valait celui de la France. Ce qui aurait été déterminant à l’époque. D’autres vont même plus loin et affirment que les Ivoiriens ont participé à des préparatifs, qu’ils étaient à la manœuvre.

« La Côte d’Ivoire n’est pas mêlée, de près ou de loin. » Frédéric Korsaga, ambassadeur du Burkina Faso en Côte d’Ivoire de 1983 à 1986
 

Ainsi, Pierre Ouédraogo, le secrétaire général national des CDR (Comité de défense de la Révolution) affirme avoir eu des informations selon lesquelles la Côte d’Ivoire a « incité » Blaise Compaoré à agir contre le CNR (Conseil national de la Révolution). Pour lui, Blaise Compaoré ne serait jamais passé à l’action s’il n’avait pas disposé de soutiens extérieurs. « Nous avions été alertés du fait qu’au cours de ses séjours à Abidjan, il y avait des choses qui se passaient contre notre révolution, confie Pierre Ouédraogo. Thomas avait été informé du fait qu’il valait mieux ne pas le [Blaise Compaoré, NDLR]laisser aller souvent en Côte d’Ivoire […], qu’il était incité à aller de plus en plus contre Thomas Sankara. » La Côte d’Ivoire ? Un encouragement, rien de plus, selon Pierre Ouédraogo, mais un encouragement déterminant : « Il y avait déjà un terrain fertile de désaccord. L’encouragement suffisait d’autant plus que, du point de vue de l’organisation des coups d’État, Blaise était quand même assez expérimenté, comme nous tous. On savait très bien que, si on dispose d’un appui de la Côte d’Ivoire, ce qui sous-tend derrière un appui de la France, peut-être pas immédiat, mais même lointain, un coup d’État ne pouvait qu’être accueilli favorablement. C’est très, très important. Je ne pense pas que la France avait besoin spécialement de venir mettre ses mains. »

« Il y avait des choses qui se passaient contre notre révolution. » Pierre Ouédraogo, secrétaire général national des CDR

De son côté, le lieutenant Moussa Diallo, numéro 2 de la gendarmerie et membre du CNR, affirme que la Côte d’Ivoire a fait plus qu’encourager Blaise Compaoré. Abidjan a bel et bien, selon lui, cherché à déstabiliser Ouagadougou. Pour preuve, le soutien accordé à Jean-Claude Kambouélé. Lors de la prise de pouvoir par Thomas Sankara, Blaise Compaoré et leurs compagnons, c’est lui, Jean-Claude Kambouélé qui, à la tête du groupement blindé, a offert la plus forte résistance, avant de prendre la fuite vers la Côte d’Ivoire. 

De 1983 à 1987, Jean-Claude Kambouélé n’a jamais renoncé à son projet de renverser Thomas Sankara. « En fait, le chef de cette opposition en Côte d’Ivoire était Kambouélé Jean-Claude, se souvient Moussa Diallo. Il avait fui la révolution, était installé là-bas et recrutait des mercenaires. Il a eu des moyens énormes, parce qu’il s’est constitué une grosse fortune en Côte d’Ivoire… Cette fortune a été financée, selon nos informations, par la Côte d’Ivoire et les services de sécurité français. Et c’est lui qui est venu dire un jour à ses partisans, que nous avions infiltrés : « Houphouët nous dit de tout arrêter, ce n’est plus la peine qu’on agisse, il a trouvé quelqu’un qui va régler le cas de Sankara, c’est Blaise ». Et il s’est énervé, il a dit : « Houphouët est naïf ! Il ne sait pas que Blaise, c’est l’alter ego de Sankara, c’est son ami, c’est son frère ! Blaise ne fera jamais rien contre Sankara ! » C’était en 1987. » 

L’ancien aide de camp de Thomas Sankara n’a aucun doute : « La main de la Côte d’Ivoire, d’Houphouët en tout cas, était vraiment réelle dans cette affaire. »

« Il [Houphouët] a trouvé quelqu’un qui va régler le cas de Sankara. » Moussa Diallo, ex-commandant adjoint de la gendarmerie
 

Et Jean-Claude Kambouélé lui-même, qu’en dit-il ? Jusqu’à présent, l’homme qui voulait faire trembler la révolution sankariste depuis la Côte d’Ivoire ne s’était jamais exprimé dans les médias. RFI l’a retrouvé. Il se présente aujourd’hui comme un simple officier à la retraite. Dans un témoignage livré en exclusivité, il reconnaît avoir tenté de maintenir une opposition en activité depuis la Côte d’Ivoire, mais dément avoir eu connaissance de préparatifs d’assassinat contre Sankara.

« C’est vrai, j’ai bénéficié de la protection du président Houphouët-Boigny en Côte d’Ivoire. » Jean-Claude Kambouélé, ancien opposant à Sankara en exil en Côte d’Ivoire

« C’est eux qui m’ont donné le gîte et le couvert. Ils m’ont donné des hommes pour ma sécurité rapprochée. J’ai quitté le Burkina sous le feu, et donc je suis arrivé en Côte d’Ivoire dans cette dynamique de combat. Et donc j’avais avec moi des éléments venus du Burkina, des éléments que j’ai recrutés sur place. On s’est mis à l’entraînement dans l’espoir, dans le but éventuellement de retourner au Burkina. Nous étions vers le centre de la Côte d’Ivoire. C’est là-bas que je faisais mes entraînements. J’avais mes anciens qui étaient avec moi, plus quelques jeunes. Bon, on avait une poignée d’hommes, de la taille d’une section, qui pouvaient manœuvrer. Mais on comptait éventuellement sur la 5e colonne, les anciens de mon groupement blindé, qui étaient toujours restés au Burkina et qui sont restés toujours fidèles. Nous étions là en espérant que le président Houphouët-Boigny allait nous aider, puisqu’il avait les informations sur mon attitude, mes activités sur le terrain. Mais je n’ai jamais bénéficié d’un armement quelconque pour éventuellement revenir au Burkina. » 

Avait-il des liens avec Blaise Compaoré ? : « Surtout pas. Depuis que j’ai quitté le Burkina la nuit du 4 août 1983, je n’ai jamais eu un lien quelconque direct avec Blaise Compaoré. Ce que je peux vous affirmer, poursuit Jean-Claude Kambouélé, c’est que la Côte d’Ivoire suivait de très près l’évolution de la situation au Burkina Faso. Les Ivoiriens avaient toutes les informations au jour le jour de la tension qui montait entre les deux hommes. Je le savais, parce qu’il y avait un officier des renseignements qui me donnait ces informations au fur et à mesure. Des informations, ils en avaient, oui. Mais passer à l’action avec des moyens, je ne peux pas l’affirmer parce que je n’ai aucun élément de preuve. »

« Ce que je peux vous affirmer, c’est que la Côte d’Ivoire suivait de très près l’évolution de la situation au Burkina Faso. » Jean-Claude Kambouélé, ancien opposant à Sankara en exil en Côte d’Ivoire
 

 

La piste de la France

De la Côte d’Ivoire à la France, il n’y a qu’un pas que les acteurs burkinabè de l’époque franchissent facilement, d’autant que plusieurs épisodes révélateurs ont marqué les esprits. 

Quelques mois à peine après son arrivée au pouvoir, en octobre 1983, Thomas Sankara est invité au sommet France-Afrique de Vittel. C’est Guy Penne, le conseiller Afrique de François Mitterrand, qui vient l’accueillir à sa descente d’avion. Le jeune capitaine refuse de lui serrer la main et n’assiste pas le soir au dîner officiel pour protester contre le manque de considération à l’égard d’un chef d’État africain.

 

Thomas Sankara et François Mitterrand à l’Elysée, le 5 février 1986. © Patrick Aventurier/Gamma-Rapho 

 

Mais ce qui reste surtout gravé dans les mémoires, c’est la joute verbale qui a opposé les deux hommes, le 17 novembre 1986, devant les caméras, lors de la visite officielle du président français à Ouagadougou. Fidèle Kientega, ancien conseiller diplomatique, ne peut s’empêcher de sourire quand il pense à ce moment. Il se souvient que dans les jours qui ont précédé la visite, l’ambassadeur de France, Jacques Le Blanc, lui a demandé le discours du président Sankara afin de préparer la réponse de l’Élysée. Fidèle Kientega s’est alors rendu auprès de Thomas Sankara. Il raconte : « Thomas Sankara me dit : « Mais pourquoi vous ne lui faites pas un discours vous-même ? « . « Parce que vous ne les lisez pas, Monsieur le Président ! » « Non, ce n’est pas parce que je ne les lis pas que je ne m’en inspire pas. Faites-lui un discours. » Fidèle Kientega ajoute : « Je l’ai préparé. Il l’a amendé et je l’ai transmis à M. Le Blanc. Et lorsque Mitterrand est venu effectivement, sur l’esplanade, Thomas Sankara a ouvert la page de garde. »

Lors du dîner officiel, Thomas Sankara interpelle François Mitterrand, pour avoir déroulé le tapis rouge, notamment à Pieter Botha, président de l’Afrique du Sud pendant les années les plus dures du régime ségrégationniste de l’apartheid : « C’est dans ce contexte, Monsieur François Mitterrand, que nous n’avons pas compris comment des bandits comme Jonas Savimbi, des tueurs comme Pieter Botha, ont eu le droit de parcourir la France si belle et si propre. Ils l’ont tachée de leurs mains et de leurs pieds couverts de sang. Et tous ceux qui leur ont permis de poser ces actes en porteront l’entière responsabilité ici et ailleurs, aujourd’hui et toujours. » 

François Mitterrand improvise à son tour : « C’est un homme un peu dérangeant, le Président Sankara ! C’est vrai, il vous titille, il pose des questions… Avec lui, il n’est pas facile de dormir en paix : il ne vous laisse pas la conscience tranquille ! Moi, là-dessus, je suis comme lui. Il faut qu’il sache que je suis comme lui, avec 35 ans de plus. Il dit ce qu’il pense, je le dis aussi. Et je trouve que dans certains jugements, il a le tranchant d’une belle jeunesse et le mérite d’un chef d’État totalement dévoué à son peuple. J’admire ses qualités qui sont grandes, mais il tranche trop ; à mon avis, il va plus loin qu’il ne faut. Qu’il me permette de lui parler au nom de mon expérience. »

Par son impertinence, Thomas Sankara a-t-il ce jour-là signé son arrêt de mort ? Certains à Ouagadougou en sont convaincus, même s’ils n’ont aucun élément concret pour l’attester.

François Mitterrand (g) et Thomas Sankara (d) à Ouagadougou le 18 novembre 1986. © Patrick Aventurier/Gamma-Rapho via Getty Images

Pour l’ancien ministre burkinabè des Affaires étrangères Basile Guissou, ce qui est sûr, c’est que le président burkinabè n’était pas en odeur de sainteté : « Vous lisez Chirac, il le dit clairement : « Ce Monsieur nous emmerdait ». Vous lisez Mitterrand : « Jeune homme, faites attention, vous titillez trop. » C’est évident. Pas besoin de dessin pour ça », s’exclame Basile Guissou. « Nous gênions tout le monde. Moi j’ai eu à dire au ministre Nucci [le ministre français de la Coopération de 1982 à 1986]que nous, nous ne prendrons plus des ordres à Abidjan. Si la France veut parler au Burkina, elle nous parle directement, elle ne passe pas par Houphouët-Boigny ! Et ça, ça ne plaisait pas. » Et d’ajouter : « La Françafrique, ce n’est pas moi qui l’ai fabriquée ! On n’était pas sur la même longueur d’onde. C’est les intérêts français qu’ils défendaient et nous, on nous présentait comme des anti-Français alors que nous n’étions que des patriotes. Nous défendions nos intérêts. Mais cet état d’esprit-là, ce n’était pas la chose la mieux partagée dans les chancelleries et dans les cercles francophones d’Afrique. »

« Nous gênions tout le monde. » Basile Guissou, ancien ministre burkinabè des Affaires étrangères
 

Les thèmes de discorde ne manquaient pas. C’était encore l’époque de la guerre froide. Outre le risque de contagion de la révolution burkinabè en Afrique francophone, il y avait les liens avec Tripoli, Moscou et Cuba. La position du Burkina en faveur de l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Ou le discours sur l’annulation de la dette que Thomas Sankara prononça le 29 juillet 1987 à la tribune de l’OUA à Addis-Abeba.

Thomas Sankara à la tribune de l’Onu. © Onu

Basile Guissou, ex-chef de la diplomatie burkinabè, se souvient aussi de son échange aigre-doux avec l’ambassadeur américain : « On l’avait traité de cow-boy », se rappelle-t-il dans un sourire. « On a eu à expulser les volontaires du Corps de la Paix, les Peace Corps. Ça n’a pas plu aussi. Mais c’est la marque des États souverains. On a assumé. » 

« Nous gênions tout le monde », reconnaît l’ancien ministre des Affaires étrangères. « Thomas Sankara disait ce qu’il pensait, que ça plaise ou que ça ne plaise pas. Moi je l’ai vu, devant Andrei Gromyko à Moscou, demander à la délégation de ramasser les bagages, qu’on rentre à Ouagadougou, « parce que celui-là, il ne sait pas que je suis chef d’État, lui n’est que chef du gouvernement » […] C’est l’homme qui était comme ça. Maintenant, cela ne m’étonne pas que ce type de discours puisse vexer et choquer Kadhafi, Houphouët-Boigny ou Mitterrand. » 

Selon tous ces témoignages de proches de Thomas Sankara, ce qui s’est passé le 15 octobre n’est pas le fait de Blaise Compaoré. Fidèle Kientega est « sûr » que les services secrets français et américains étaient au courant de ce qui se tramait. « Toute la difficulté de ce genre de choses, souligne-t-il, c’est d’avoir des éléments concrets, des documents écrits ou des enregistrements de voix. Donc tout ce que vous pouvez dire, ce sont des sentiments diffus, qui peuvent friser l’affabulation ou les accusations gratuites. Mais lorsque vous regardez toute la trame qu’il y a eu depuis que nous étions là, vous savez que sa mise à mort a été un processus qui a été préparé et élaboré. »

« Thomas Sankara disait ce qu’il pensait, que ça plaise ou que ça ne plaise pas. » Fidèle Kientega, compagnon de la première heure de Sankara
 

Cette thèse du complot international, Nongma Ernest Ouédraogo, l’ex-ministre de l’Intérieur, un fidèle lui aussi de Thomas Sankara, la rejette : « Je ne peux pas étayer les allégations selon lesquelles des services étrangers étaient mêlés à cette histoire, parce que moi je pense qu’il s’agit d’un problème tout à fait interne au CNR, que c’est un conflit entre Blaise Compaoré et Thomas Sankara. Peut-être bien que certains ont eu accès à des informations différentes des miennes. Mais moi, en tant que ministre de la Sécurité, je n’ai jamais eu vent d’un quelconque complot. » 

Thomas Sankara s’est-il montré trop naïf, trop idéaliste ? Sans doute. Fidèle Kientega, le confident, a toujours eu l’impression que Thomas Sankara était conscient des risques qu’il prenait.

© Patrick Aventurier/Gamma-Rapho via Getty Images

« Il le disait lui-même, il faut qu’on aille vite parce qu’on n’a pas le temps. Et il faut comprendre ce que ça voulait dire : on n’a pas le temps. Il savait les oppositions, les antagonismes qu’il avait. Et il savait aussi, je crois, qu’il ne pouvait pas s’en sortir. Mais il pensait qu’il semait une graine qui allait nécessairement germer et que plus rien ne pourrait être comme avant. Il a fait l’erreur de croire que le processus qu’il avait engagé, personne ne pouvait l’arrêter. Or, Blaise Compaoré l’a arrêté. »

 

 

 

Par Carine FRENK – @CarineFrenk

RFI

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Qui a fait tuer Sankara? (Partie 2)

Publié le par S. Sellami

 

Thomas Sankara a été tué par des éléments de la sécurité présidentielle, dirigée à l’époque par Blaise Compaoré et Gilbert Diendéré. L’implication de Blaise Compaoré a été immédiatement posée. Il reste aujourd’hui encore considéré comme le suspect numéro 1. L’ancien président du Burkina et son adjoint affirment qu’ils n’ont donné aucune instruction.

30 ans plus tard, les témoignages se contredisent. 

Pourtant, Thomas Sankara et Blaise Compaoré étaient bien plus que de simples camarades. Fidèle Kientega, un compagnon de la première heure de Thomas Sankara, se souvient de leurs liens de fraternité et d’amitié : « Thomas lui faisait confiance de façon absolue. » Les parents de Thomas Sankara avaient même « adopté » Blaise Compaoré comme leur fils. « On disait même que ses parents préféraient Blaise ! C’était dans nos coutumes. Ici quand vous avez un fils qui a un ami et que vous l’adoptez, c’est cet ami que vous considérez d’abord comme votre fils et votre propre fils vient après. C’est dans le sens sacré et noble. »

Fidèle Kientega. © Carine Frenk/RFI

Fidèle Kientega, qui occupait le poste de conseiller diplomatique à la présidence, les voyait tous les deux au quotidien « bras dessus, bras dessous, emmêlés. » Il précise qu’à la présidence, dans un cadre plus officiel, quand on les croisait, les rapports étaient plus « policés. » Les deux hommes affichaient moins leur complicité, la connivence, la camaraderie. « Mais en privé, en famille, ils pouvaient se disputer comme des petits gamins. . » Et Fidèle Kientega de conclure : « C’était la confiance totale. Ça se sentait. C’étaient des gens qui avaient fait un long chemin ensemble et que rien ne sépare. Et que rien ne sépare », répète-t-il.

« Thomas lui faisait confiance de façon absolue. » Témoignage de Fidèle Kientega, compagnon de la première heure de Sankara
 Fidèle Toe, un ami d’enfance de Sankara – les deux hommes se sont rencontrés au Lycée Ouezzin Coulibaly de Bobo Dioulasso –, se souvient lui aussi de ces moments d’amitié quand il est rentré en 1979, à la fin de ses études en France.

Fidèle Toe. © Carine Frenk/

« Thomas louait une maison – qui se trouvait à Samandin -, trois pièces, un salon, une cuisine. Blaise avait sa chambre là-bas. Nous nous retrouvions certains soirs avec Mariam. On buvait un peu de bière. Mais Thomas Sankara était toujours avec son Fanta coupé avec de l’eau car c’était trop sucré. Il ne buvait ni alcool, ni café. Du reste, je sais très bien que, quand on était au lycée, c’est moi qui buvais son café au lait. Thomas ne voulait pas boire de café, parce qu’on disait que ça faisait trembler les mains et lui voulait avoir une main sûre pour être adroit. »

« Quand Blaise Compaoré rentrait de Pô, c’est là [chez Thomas Sankara] qu’il dormait. » Fidèle Toe, ami d’enfance de Sankara

Fidèle Toe rappelle l’atmosphère qui régnait alors au cours de ces soirées. « Nous parlions du monde, de la politique. D’autres amis venaient aussi comme feu le professeur Somé Valère. Blaise était là et personne ne pouvait soupçonner que Blaise un jour pouvait se retourner contre Thomas Sankara. »

 

Thomas Sankara, le premier au second rang, en faso dan fani, le pagne tissé burkinabè. © Fidèle Toe

« La confiance était absolue », insiste Fidèle Kientega. « Ils se voyaient tous les jours et quand Thomas n’était pas là, c’est Blaise qui venait le remplacer dans son bureau, sur le fauteuil présidentiel. Il présidait les réunions et prenait les décisions ».

Que ce soit du côté des proches de Thomas Sankara ou du côté des soutiens de Blaise Compaoré, il est clair que la relation entre les deux hommes s’est distendue au fil des quatre années de pouvoir. Et qu’une crise s’est installée sans que l’on en sache avec certitude ni les raisons ni l’origine.

La complicité entre les deux hommes se lie sur les visages. © Big Z

Basile Guissou, qui fut dans tous les gouvernements du 24 août 1983 au 4 août 1987, d’abord à l’Environnement, ensuite aux Affaires étrangères et enfin à l’Information, l’atteste : « L’attelage portait les germes de la crise. C’était le roi et le faiseur de roi. Tout le monde savait que le coup d’Etat du 4 août 1983 qui porta Thomas Sankara au pouvoir était d’abord l’œuvre de Blaise Compaoré et de ses commandos. Sankara, lui, était le roi. Donc il y avait ce rapport : « qui t’a fait roi ». Même en Conseil des ministres, on ne s’adressait pas à Blaise Compaoré comme aux autres ministres ». Selon lui, le conflit était « latent » et, même s’il n’était pas ouvert, il était là. « Au fil de l’exercice du pouvoir, l’un ou l’autre veut s’affirmer. »

« C’était le roi et le faiseur de roi. » Basile Guissou, ancien ministre
 

Le capitaine Pierre Ouédraogo, patron des Comités de défense de la Révolution (CDR), un des personnages clés de cette époque, a décelé pour sa part des signes de changement chez Blaise Compaoré, surtout après son mariage, le 29 juin 1985, avec la Franco-Ivoirienne Chantal Terrasson de Fougères, dont on disait que la famille était proche de Félix Houphouët-Boigny, président de la Côte d’Ivoire.

Pierre Ouédraogo. © Carine Frenk/RFI

« C’est après ce mariage qu’on a commencé à voir quelques « signes d’embourgeoisement » dans le langage de l’époque. Blaise a commencé à avoir un niveau de vie avec le confort autour qui avait changé. Blaise Compaoré, on le connaissait très bien. Quand on allait chez lui à Pô, par exemple, les verres, il n’y en avait pas deux qui se ressemblaient. C’était tellement rustique… que ce changement m’a paru quelque chose de significatif […] Quelque chose était en train de changer. »

« C’est après ce mariage qu’on a commencé à voir quelques « signes d’embourgeoisement » dans le langage de l’époque. » Pierre Ouédraogo, ancien patron des Comités de défense de la Révolution

Thomas Sankara et Blaise Compaoré en 1985. © Big Z

A partir de 1985, avec ce mariage, les relations entre Blaise Compaoré et l’entourage du chef de l’Etat se dégradent, mais la révolution se poursuit. Au fil des mois, avec les erreurs et les abus de la révolution, l’enthousiasme populaire commence, lui aussi, à faiblir. Les frustrations s’accumulent. Le mécontentement grandit, comme l’observe Etienne Traoré, secrétaire général du Syndicat national du secondaire et du supérieur (SNES) : « Des gens disaient qu’ils n’étaient pas contents de la révolution. Sankara en était conscient. Les travailleurs devaient subir beaucoup de sacrifices. Les salaires, il fallait les augmenter au lieu de passer le temps à égratigner des parties ». Quant aux chefs traditionnels, le régime s’était attaqué à leurs pouvoirs. « Dès le départ, ils se sont recroquevillés sur eux-mêmes. » Le syndicaliste parle de « rupture totale ».

Certains affirment que Blaise Compaoré a alimenté ces frustrations pour rendre le président impopulaire. Sans aller jusque-là, la plupart des collaborateurs de Thomas Sankara estiment que Blaise Compaoré a au moins surfé sur le mécontentement. Ils pensent notamment à ceux qui, nombreux, espéraient jouir des avantages du pouvoir pour améliorer leur quotidien et pour qui la rigueur du chef devenait insupportable.

« Quand vous voulez l’intégrité jusqu’au bout, à un moment donné, vous êtes embêté », affirme Fidèle Toe et, pour l’illustrer, l’ami d’enfance relate une anecdote au moment où le bouillant capitaine a dû se résoudre à changer sa vieille R5. Il se souvient de ses propos de l’époque : « C’est un problème parce que cette voiture, je ne peux pas la vendre. Un président qui met sa voiture en vente, ça paraît ridicule. Mais si je me mets à acheter un véhicule, on va penser que j’ai volé, que j’ai puisé de l’argent dans les fonds de l’Etat. »

Il est arrivé que des chefs d’Etat, comme Mouammar Kadhafi, lui donnent des véhicules, mais Thomas Sankara les affectait immédiatement au parc de l’Etat. « Est-ce qu’il faut que j’achète un véhicule d’occasion depuis un pays européen ? », s’est alors interrogé Thomas Sankara. « Il m’a dit : « Sincèrement, Fidèle, je ne trouve pas de solution ». »

« Cette voiture, je ne peux pas la vendre. » Fidèle Toe, ami d’enfance de Sankara

 

Thomas Sankara et Blaise Compaoré devant la R5 noire, le 4 août 1985. © Daniel Laine/AFP

Si au début de 1987, la crise n’est pas véritablement ouverte entre les deux hommes, elle n’est plus un secret pour personne. Le pouvoir se divise entre pro-Sankara et pro-Compaoré. « On était entrés dans une logique d’affrontement, explique le ministre Basile Guissou. C’est difficile à expliciter. C’était par les non-dits plutôt que par les dits. Mais tout le monde sentait qu’il y avait un malaise. Ce n’était pas comme au départ où il y avait l’enthousiasme. L’atmosphère était vraiment malsaine. » 

En ville, des tracts circulent, plus violents les uns que les autres. On y discrédite l’orientation de la révolution. On vilipende les dérives. On dénonce de soi-disant comportements antirévolutionnaires. On en appelle au réveil du peuple. 

Des rumeurs se répandent à telle enseigne qu’interpellé par les journalistes lors d’une conférence de presse, Thomas Sankara déclare :

« Le jour où vous apprendrez que Blaise prépare un coup d’Etat contre moi… Ce ne sera pas la peine de chercher à vous y opposer ou même de me prévenir. Ça voudra dire que c’est trop tard et que ce sera imparable. »

« À partir du mois d’août surtout, on sentait que ça n’allait pas », se souvient Nongma Ernest Ouédraogo, ministre de l’Administration territoriale et de la Sécurité, un fidèle de Thomas Sankara. « Il y avait les fiches de renseignement. On devait organiser l’anniversaire de la révolution à Bobo Dioulasso. Il y avait beaucoup de tension. » 

Début octobre 1987, les deux hommes ne se parlent quasiment plus. Blaise Compaoré se dit malade. Il n’assiste d’ailleurs presque plus aux activités officielles. Pierre Ouédraogo, qui était très lié aux deux hommes, prend alors l’initiative de tenter de les réconcilier. « J’ai toujours cru au dialogue, explique le secrétaire général des Comités de défense de la Révolution (CDR). Il fallait quand même que les deux puissent s’entendre puisque, derrière, les camps s’étaient déjà divisés. On entendait beaucoup d’informations. Il fallait que tout ça s’arrête. ». Le patron des CDR se rend notamment chez Blaise Compaoré pour lui proposer d’assister à un meeting commun. Compaoré refuse. « Je lui ai dit que Thomas me demandait de ses nouvelles. Mais Blaise, ce n’est pas quelqu’un qui parle beaucoup. Il dit : « Oui, oui, d’accord » mais, regrette-t-il, on n’est pas arrivé à bouger. »

Thomas Sankara (g) et Blaise Compaoré (d). © Patrick Aventurier/ Getty Images – Issouf Sanogo/AFP

Les points de désaccords ? Certains évoquent des questions d’argent : la rigueur de Sankara dans la lutte contre la corruption, ou le problème des petites rémunérations des responsables du Conseil national de la Révolution. « Là où Thomas Sankara voulait aller, il sentait qu’il y avait de moins en moins d’enthousiasme pour aller », se souvient Basile Guissou. « En Conseil des ministres, à maintes reprises, ça, il le disait : « J’empêche les gens de manger [au sens de s’enrichir, NDLR], ils veulent manger… Mais il faudra me tuer avant de manger ». » L’ancien ministre fait ensuite référence aux propos de Thomas Sankara, lors d’une interview télévisée : « Je me retrouve un peu comme un cycliste qui grimpe une pente raide et qui a, à gauche et à droite, deux précipices. Pour rester moi-même, pour me sentir moi-même, je suis obligé de continuer dans cette lancée. » Pour Basile Guissou, cette déclaration est révélatrice : « C’est exactement la situation dans laquelle il se trouvait. Il se sentait pris dans un piège. »

« Il se sentait pris dans un piège. » Basile Guissou, ancien ministre
 

C’est dans ce contexte qu’est mise en place la FIMATS, la Force d’intervention du ministère de l’Administration territoriale et de la Sécurité. Pour Pierre Ouédraogo, cette création a peut-être été un élément déclencheur. 

Le 14 octobre, la veille de la mort de Sankara, le Conseil des ministres adopte un projet de création d’une force de police d’intervention, rattachée au ministère de l’Intérieur, la FIMATS, sorte de brigade anti-putsch. Son commandement est confié à Vincent Sigué, considéré comme le véritable « chien de garde » de Thomas Sankara. Blaise Compaoré s’oppose à la création de cette force. Les paras commandos de Pô, qui sont sous le commandement du capitaine Compaoré, sont alors la principale force d’intervention. La FIMATS représente à ses yeux une force concurrente qui peut faire contrepoids. Le projet de loi entérinant la création de la FIMATS est d’ailleurs adopté en l’absence de Blaise Compaoré. 

Selon Nongma Ernest Ouédraogo, le puissant ministre de l’Administration territoriale et de la Sécurité, il s’agissait juste de reconstituer une Compagnie républicaine de sécurité pour veiller à la sécurité. La CRS avait été dissoute. Le ministre reconnaît toutefois que la création de cette force était très mal perçue dans le camp de Blaise Compaoré. « Ils disaient qu’on créait une nouvelle force, à un moment où la tension montait, pour attaquer l’autre clan. Alors que ce n’était pas vrai », insiste Nongma Ernest Ouédraogo, qui dit avoir appris par la suite que Blaise Compaoré était « furax » quand on lui a dit que le projet avait été adopté.

Nongma Ernest Ouédraogo, ancien ministre de l’Administration territoriale et de la Sécurité. © Carine Frenk/RFI

Lors du Conseil des ministres du 14 octobre 1987, Nongma Ernest Ouédraogo a ces mots : « Pendant longtemps, nous nous sommes occupés de nos ennemis, maintenant nous allons nous occuper de nos amis ». Aujourd’hui, l’ex-ministre, un peu gêné, précise dans un sourire : « C’était juste pour plaisanter. Ils me connaissaient mais ils ont pris ça à la lettre ».

« Maintenant nous allons nous occuper de nos amis. » Nongma Ernest Ouédraogo, ancien ministre de la Sécurité
 Blaise Compaoré n’avait peut-être pas tout à fait tort de s’inquiéter. « Il est probable qu’il ait interprété ça comme un acte hostile », analyse le capitaine Pierre Ouédraogo, patron des Comité de défense de la Révolution : « On allait avoir l’escadron de transport et d’intervention rapide avec le lieutenant Michel Kouama, qui était fidèle à Thomas Sankara. On allait avoir la FIMATS, sans compter le BIA, le Bataillon d’intervention aéroportée, à Koudougou, qui était en appui, même si c’est à une centaine de kilomètres de Ouagadougou. Ça faisait que la position prédominante du CNEC [le Centre national d’entraînement commando que commandait Blaise Compaoré, NDLR] allait être remise en cause tôt ou tard ».
« La réforme de la FIMATS : « Un acte hostile » Capitaine Pierre Ouédraogo, patron des Comités de défense de la Révolution
 Le projet de loi sur la FIMATS est donc formellement adopté ce 14 octobre. Lors de ce même Conseil des ministres, Fidèle Toe, l’ami d’enfance de Thomas Sankara, qui était alors ministre du Travail, se souvient également de la sortie de Thomas Sankara. Ce jour-là, alors que la capitale bruisse de rumeurs, que les tracts les plus violents circulent en ville, Thomas Sankara critique ses ministres qui ne posent aucune question sur le sujet. Il déclare : « On dit que j’ai tiré sur le commandant Lingani, on dit que j’ai tiré sur le capitaine Henri Zongo [ministre de Promotion économique, un des quatre principaux responsables de la révolution, qui était dans la salle, NDLR] et que je l’ai raté. » Et avec un certain humour, Thomas Sankara ajoute : « Si j’attrape ces gens, je porte plainte contre eux. Penser que je puisse tirer sur un ami et le rater en plus, c’est-à-dire que je suis maladroit. C’est une insulte à mon adresse !. » Fidèle Toe raconte : « Cela a détendu l’atmosphère ». Puis Thomas Sankara rassure les ministres : « Les choses sont en train de se calmer. Tout est entré dans l’ordre. Nous nous sommes vus et nous allons repartir de plus belle ensemble ». Commentaire de Fidèle Toe : « Moi en tout cas, je me suis senti soulagé et j’ai raconté l’anecdote autour de moi. Vous imaginez ma surprise le lendemain. »
« Il y a eu un 15 octobre et il y a eu un 14 octobre au Conseil des ministres. » Fidèle Toe, ministre et ami d’enfance de Sankara
 

Ce 14 octobre, ni Fidèle Toe, ni Nongma Ernest Ouédraogo, ni Pierre Ouédraogo n’ont imaginé ce qui allait se passer. Un sentiment que le patron des CDR exprime ainsi : « Je ne pensais pas que cela puisse arriver, jusqu’à ce que cela arrive. »

Le camp Compaoré accuse

Officiellement, au moment de l’attaque, Blaise Compaoré se trouve chez lui. Il est souffrant. Il a une crise de paludisme, selon plusieurs sources. Dans les semaines qui suivent le coup d’État, il accorde quelques rares interviews, affirme qu’il n’a jamais donné l’ordre d’assassiner son ami, qu’il n’était pas informé d’un quelconque projet et qu’il a dû assumer le pouvoir.

« Je reproche à Thomas Sankara d’avoir par moment méprisé son peuple. » Interview de Blaise Compaoré, RFI, 20 octobre 1987
Achille Tapsoba est actuellement président par intérim du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti de Blaise Compaoré. Sous la révolution, il était directeur des « CDR (Comités de défense de la Révolution) géographiques » – 7 000 comités de base sur l’ensemble du territoire -, avant de devenir commissaire politique chargé de l’organisation et de la planification du secrétariat général des CDR.
Il défend la version soutenue par Compaoré : « Moi, j’ai confiance en sa déclaration, et je suis convaincu que, s’il a dit qu’il n’avait pas donné d’instructions, il ne l’a pas fait. Parce que, connaissant l’homme, si c’était lui qui avait donné les instructions pour éliminer Thomas Sankara, après la mort de Thomas Sankara, il aurait eu le courage de le dire. Des témoins ou du moins des acteurs de l’époque nous confirment qu’ils ont dû écarter Blaise Compaoré pour pouvoir agir sinon, s’il avait été tenu au courant de ce qui allait se passer, certainement qu’il aurait dissuadé ceux qui voulaient le faire »

 

Blaise Compaoré le 19 octobre 1987 lors de sa première allocution radio. © Stringer/AFP

Pour Achille Tapsoba, c’est pour cette raison que Compaoré n’a pas été informé, ni associé. « Le 15 octobre 1987, poursuit-il, ses hommes ont posé un acte dans une contradiction où c’était l’un ou l’autre… et c’est son camp qui a gagné. Ceux qui sont tombés sont tombés en pensant qu’ils avaient la vérité avec eux et que c’était pour l’amour de leur pays. Et ceux qui les ont fait tomber, eux aussi ils étaient convaincus qu’ils le faisaient pour l’amour du pays et parce qu’ils avaient la vérité avec eux ». Le président par intérim du CDP justifie également le fait que Blaise Compaoré ait accepté d’« endosser » : « Il y a eu un petit silence entre les premiers coups de feu et la situation qui s’est imposée… et après, la proclamation a été signée par Blaise Compaoré parce qu’il n’y avait plus rien à faire. Objectivement, il a dû endosser, prendre la responsabilité. Même s’il n’en est pas l’auteur, il en est le responsable. » Et Achille Tapsoba d’ajouter : « Il a pris l’État dans des circonstances assez douloureuses, il y a toujours eu l’adversité, cette question s’est toujours invitée au niveau de l’opposition pour contrecarrer le travail de son régime. »

« Si c’était lui, il aurait eu le courage de le dire. » Achille Tapsoba, président par intérim du CDP
 

Dans le camp des partisans de Blaise Compaoré, on évoque ce que l’on a appelé le « complot du 20 heures ». Ce 15 octobre 1987, Thomas Sankara aurait décidé de passer à l’action. Des tracts et des rumeurs d’attaque circulent alors en ville. Le bruit court que la garde de Thomas Sankara, épaulée par des forces de police de la FIMATS et les militaires du camp Kamboinsin, à une quinzaine de kilomètres du centre de la capitale, s’apprête à agir afin de neutraliser Blaise Compaoré et ses partisans. Face à cette menace, il faut agir vite. Convaincus de l’imminence de l’opération, des militaires de la garde rapprochée de Blaise Compaoré auraient décidé d’« anticiper » sans en avoir reçu l’ordre de Compaoré lui-même

 

Des Burkinabè devant la tombe de Thomas Sankara le 20 octobre 1987. ©François Rojon/AFP

Pour les fidèles de Thomas Sankara, Blaise Compaoré a tout fait pour étouffer l’affaire. Pas de sépulture décente, pas d’hommage. Aucune sanction, encore moins de procès. Achille Tapsoba, le président par intérim du CDP, explique que c’est notamment parce que les hommes qui avaient pu agir l’avaient fait en situation de légitime défense, dans un contexte particulier : « C’est une crise politique qui a été réglée par les armes. C’était soit tirer sur l’autre, soit être tiré par l’autre. Je crois que c’est cet esprit qui est resté ». D’où l’absence de sanctions contre les militaires qui ont tiré sur le président Sankara, selon Achille Tapsoba.

« C’était soit tirer sur l’autre, soit se faire tirer dessus. » Achille Tapsoba, président par intérim du CDP

 Jean Marc Palm était membre du CNR pendant la révolution. Après l’assassinat de Thomas Sankara, il est devenu ministre des Affaires étrangères. A ce titre, il a effectué de nombreuses missions à l’étranger pour expliquer ce qui s’était passé, pour rassurer aussi les différentes capitales. « Il fallait rassurer les pays voisins sur le bon voisinage, les pays disons progressistes et les pays comme la France, c’est ce qui a été fait. »
« Il fallait rassurer les pays comme la France. » Jean-Marc Palm, ministre des Affaires étrangères sous Blaise Compaoré
Et Blaise Compaoré n’a pas eu de mal à convaincre les chancelleries. Il peut s’installer au palais au présidentiel, pour 27 ans mais il restera considéré comme le suspect numéro un.

Pour les proches de Thomas Sankara, cette thèse n’est pas crédible. Secrétaire général national des CDR, les Comités de défense de la Révolution, le capitaine Pierre Ouédraogo était en contact permanent avec Thomas Sankara. Il énumère les failles de cette version des faits : pour lui l’implication de Blaise Compaoré ne fait guère de doute. D’abord, fait remarquer Pierre Ouédraogo, Blaise Compaoré n’a jamais dénoncé l’acte en tant que tel. Il a plutôt tenté de le justifier. Autre élément tangible, selon lui : « Les hommes qui l’ont fait [tuer Sankara, NDLR], ce sont ses hommes à lui, pas à quelqu’un d’autre, des gens de son unité qui ont agi contre le président du Faso et ces gens étaient en liberté. Par contre, nous, on a été mis en prison pour moins que ça, juste pour avoir dit que nous ne le suivions pas. »

 

Thomas Sankara au centre. © Daniel Laine/RFI

Pour le patron des CDR, Blaise Compaoré a bel et bien organisé un coup d’Etat : « Dans la normale, à supposer qu’il ait été totalement surpris par cet événement, le minimum, c’est que ce même Conseil national de la Révolution se réunisse pour voir quelles sont les mesures à prendre. Il n’y pas eu cette réunion. Au Burkina, on sait quand même ce qui se passe après un coup d’Etat, on démet le gouvernement, on suspend la Constitution, les points névralgiques sont occupés. C’est exactement ce qui s’est passé. Le fait qu’il y ait eu des actions simultanées comme la mort du capitaine Kouama Michel, commandant de l’escadron de transport et d’intervention rapide, qui aurait été tué presqu’en même temps que le président. C’est une coïncidence qui peut laisser penser qu’il y avait une organisation assez avancée pour permettre que cela se passe. D’autant plus qu’on sait que cette unité était prévue pour intervenir la première en cas de difficultés, en cas d’attaque du Conseil de l’Entente, en cas de mise en cause des institutions. C’est cette unité qui disposait des moyens pour venir rétablir l’ordre. Au lieu de cela, le commandant de cette unité a été tué presqu’en même temps. » Et Pierre Ouédraogo de conclure sur ces doutes plus que sérieux : « Ça pourrait avoir été coordonné ».

« Les hommes qui l’ont fait, ce sont ses hommes à lui [Blaise Compaoré]. » Capitaine Pierre Ouédraogo, ex-secrétaire général national des CDR
 Le Conseil de l’entente est aujourd’hui une zone militaire à l’abandon, le long du boulevard Charles-de-Gaulle. Les bâtiments sont vides, délabrés. Sous le régime de Blaise Compaoré, c’était une caserne affectée au RSP, le Régiment de la sécurité présidentielle, qui a remplacé le CNEC et qui, depuis, a été dissout. La zone a été rétrocédée au Comité international pour le mémorial Thomas Sankara, qui n’a pas encore pris possession des lieux. Président de cette association qui se bat pour la mémoire de Thomas Sankara, le colonel major Bernard Sanou est toujours ému quand il arrive au pied du bâtiment du Burkina, là où Thomas Sankara a été abattu. Quant à la salle où se tenait la réunion, la justice militaire en interdit l’accès.

 

Le bâtiment du Burkina du Conseil de l’entente en 2017. © Carine Frek/RFI

Le 15 octobre 1987, le colonel-major Bernard Sanou était le chef de corps du génie militaire. « Moi, j’avais reçu effectivement l’information de notre secrétariat comme quoi nous étions convoqués à une réunion militaire à 20 heures. Mais quand on me dit que Sankara avait prévu à cette réunion d’éliminer les Blaise Compaoré, moi je n’y crois pas ». Le colonel-major Bernard Sanou ne croit pas non plus que des hommes aient pu agir par eux-mêmes.

Le colonel-major Bernard Sanou. © Carine Frenk/RFI

« Hyacinthe Kafando était un sergent à l’époque. Un simple sergent peut mobiliser des gens et décider d’aller arrêter un capitaine, de surcroît chef de l’Etat ? Soyons sérieux ! » Et d’expliquer : « Hyacinthe Kafando appartenait à une unité et tous ces éléments-là étaient issus d’un même corps, le CNEC de Pô. Et ils avaient un chef, Gilbert Diendéré. Ou bien ils auraient désobéi ! Je ne sais pas mais s’ils ont désobéi aux ordres de Gilbert Diendéré, cela veut dire que par la suite ils devaient être sanctionnés. Nous sommes une armée ! On n’a jamais pris de sanctions contre ces éléments-là. » Le président du Comité international pour le mémorial Thomas Sankara se souvient également n’avoir jamais cru aux explications avancées à l’époque sur une tentative d’arrestation qui aurait mal tourné : « C’était clair que l’élimination physique de Thomas Sankara avait été planifiée, ordonnée […] et exécutée par des éléments de Blaise Compaoré. Autre chose, ce n’est que du dilatoire et ce n’est pas la vérité. »

« C’était clair que l’élimination physique de Thomas Sankara avait été planifiée, ordonnée. » Colonel Bernard Sanou, président du Comité international pour le mémorial Thomas
 

« Cette théorie du complot, c’est du bidon. » Jean-Hubert Bazié, journaliste-écrivain

Pour le journaliste écrivain Jean-Hubert Bazié, directeur de publication de l’hebdomadaire L’intrus, qui jouait le rôle de conseiller en communication de Thomas Sankara – « un conseiller et un ami », précise-t-il -, cette théorie du complot, « c’est du bidon. S’il y a un complot, il faut quand même se protéger ! Il faut un dispositif spécial. On ne va pas à l’attaque sans un minimum de protection ou de dispositif de repli. De toute évidence, il [Thomas Sankara] n’avait pas ce dispositif-là ».

Le pharmacien-colonel Abdou Salam Kaboré, ministre de la Santé puis des Sports de Thomas Sankara, était un ami du chef de l’Etat. Les deux hommes se connaissaient depuis leur passage au PMK, le Prytanée militaire de Kadiogo. Au début des années 1970, Abdou Salam Kaboré a créé avec Thomas Sankara, dans la clandestinité, le groupe des jeunes officiers que Blaise Compaoré rejoindra par la suite. Abdou Salam Kaboré avait également des rapports amicaux avec Compaoré : « On jouait à la pétanque ensemble à Zianaré – le village natal de Blaise Compaoré. On avait peut-être 17-18 ans. » Abdou Salam Kaboré ne croit pas non plus qu’un complot anti-Compaoré puisse avoir été programmé. D’ailleurs, il se souvient avoir assisté à une scène où « deux militaires étaient prêts à se rendre à Pô, avec leur détachement, pour en découdre avec Blaise, pour empêcher Blaise de nuire à Thomas. Ils ont dit : « Nous, on va monter à Pô et on va régler ce qu’il faut régler. » Thomas les a empêchés de le faire. Il leur a dit : « Vous ne ferez pas ça, je ne veux pas qu’il y ait du sang versé. » Comme les deux gradés insistaient, il a dit : « Vous n’irez pas au péril de ma vie », en sortant son pistolet ! » Selon le pharmacien-colonel Abdou Salam Kaboré, cela signifiait : « Si vous quittez chez moi pour aller descendre Blaise, moi je vous descends avant. »
« Deux militaires étaient prêts à se rendre à Pô pour empêcher Blaise de nuire. » Abdou Salam Kaboré, pharmacien-colonel et ami de Sankara

Même démenti du côté de l’ancien aide de camp de Thomas Sankara, le lieutenant Moussa Diallo, qui était en octobre 1987 l’adjoint du commandant de la gendarmerie. Moussa Diallo reconnaît qu’au sein des partisans de Thomas Sankara, il est possible que certains aient pu penser à passer à l’action, « ne serait-ce que du point de vue de leur propre sécurité, que deviendraient-ils après ? ». Mais il assure qu’il n’y a jamais eu de « complot du 20 heures ». « Ça n’a pas été planifié, affirme-t-il. Si une personne avait voulu franchir l’étape de la conception d’un projet pour passer à l’exécution, elle nous aurait associés, nous la gendarmerie. Parce que nous étions fiables et parce que nous avions, à la gendarmerie, des services de renseignements et des unités de combat. Donc il n’y avait pas d’intérêt à agir sans nous. Nous étions vraiment proches de tous les partisans de Thomas Sankara qui nous faisaient confiance. »

En revanche, dans son témoignage, le numéro 2 de la gendarmerie affirme que le camp de Blaise Compaoré préparait bel et bien une opération. « En tant que gendarmerie, nous avions l’information que quelque chose se tramait. Nous avions des preuves certaines, qu’il y avait un complot contre Sankara et personnellement j’ai eu à le lui dire. Mieux, j’avais des enregistrements de conversations qui faisaient état de ce complot-là. J’ai pris un magnétophone, j’ai mis la cassette. J’ai demandé un rendez-vous. Il n’a pas voulu me recevoir pendant des jours, puisqu’il savait bien de quoi je voulais lui parler. J’ai monté un coup avec son aide de camp, celui qui m’a remplacé, Etienne Zongo. Je suis allé dans le bureau d’Etienne. Quand il n’y avait personne dans son bureau [quand nous avons vu que Thomas Sankara était seul dans son bureau, NDLR], Etienne a ouvert la porte, je suis rentré. Je lui ai dit : « Camarade président, je voudrais juste que vous écoutiez cette cassette-là. Ça ne prendra pas cinq minutes. » »

« Nous avions des preuves certaines, qu’il y avait un complot contre Sankara »Moussa Diallo, ex-commandant adjoint de la gendarmerie

« Il m’a dit : « Je ne veux pas écouter ». J’ai salué, je suis ressorti. Et c’est le lendemain, le soir qu’il m’a appelé de chez lui. Il m’a dit : « Diallo, je sais bien ce dont tu veux me parler, tout le monde en parle maintenant, mais je crois qu’il ne faut pas s’inquiéter, les choses vont rentrer dans l’ordre. » Je lui ai dit : « Non, les choses ne vont pas rentrer dans l’ordre. Ne vous trompez pas, on va vous faire un enterrement de première classe », parce que moi je ne croyais pas qu’ils allaient commettre un coup d’Etat aussi bête. Pour moi, ils allaient l’éliminer en douce, par exemple bombarder son avion et mettre ça sur le dos de l’impérialisme. Et quand j’ai commencé à aborder cette question, il a pris la guitare, il a commencé à jouer. Il ne me répondait plus… « Oui », »Non », et puis on est passé à autre chose. J’ai compris qu’il ne voulait pas en discuter. Il avait déjà son opinion arrêtée. J’ai pris mes clefs et je suis parti. »

Thomas Sankara. © Daniel Laine /AFP

L’enregistrement ? Une interception téléphonique. Le domicile de Blaise Compaoré a été mis sur écoute, la gendarmerie sentant que quelque chose n’allait pas. Et ce jour-là, raconte Moussa Diallo, la gendarmerie a fait une prise de choix. « C’était la conversation de quelqu’un – dont je tairai le nom pour le moment – qui était chez Blaise, au domicile de Blaise et qui appelait Blaise qui était à Pô ce jour-là, et qui lui faisait état des contacts et de l’évolution de la situation… et de la nécessité d’agir au plus vite !

Ce Monsieur était un civil, en fait. Ce n’était pas un militaire, c’était un civil qui avait ses entrées chez Blaise et qui disait « Voilà, j’ai contacté untel, ils sont favorables, mais tout le monde est inquiet puisque Sankara est au courant. Il faut passer à l’action plus vite. Très tôt. » »

« C’était la conversation de quelqu’un – dont je tairai le nom pour le moment – qui était au domicile de Blaise. » Moussa Diallo ex-commandant adjoint de la gendarmerie
 

Quel rôle pour Gilbert Diendéré ?

Le général Gilbert Diendéré le 25 juillet 2014. ©Sia Kambou/AFP

A Ouagadougou, aujourd’hui, il est difficile de trouver des acteurs du camp de Blaise Compaoré qui acceptent de livrer leur témoignage. La justice militaire est saisie, le dossier est encore à l’instruction. Certains préfèrent se faire oublier, ne pas « remuer la boue sur la place publique », explique un proche de Blaise Compaoré.

Il faut dire que Blaise Compaoré n’est plus là  et que son fidèle adjoint Gilbert Diendéré est détenu à la MACA, la Maison d’arrêt et de correction des armées, dans l’affaire du putsch manqué de septembre 2015. Le général Diendéré, l’ex-chef d’état-major particulier du président Compaoré, le fidèle d’entre les fidèles, a été inculpé en 2015 dans le dossier Sankara.

Flashback : en août 1983, après la prise du pouvoir par Thomas Sankara, un détachement de la garde présidentielle a été installé au Conseil de l’entente pour assurer la sécurité du chef de l’Etat. Ce corps d’élite était divisé en deux branches, la sécurité « rapprochée » et la sécurité « éloignée », selon les termes militaires utilisés à l’époque. La crise entre Thomas Sankara et Blaise Compaoré s’est répercutée au niveau des hommes, notamment entre la sécurité « rapprochée » (celle de Thomas Sankara) et une partie de la sécurité « éloignée » (celle de Blaise Compaoré).

Gilbert Diendéré était à l’époque commandant en second du CNEC, le Centre national d’entraînement commando de Pô. Il était en quelque sorte l’adjoint de Blaise Compaoré. C’est lui qui commandait les deux branches de la sécurité présidentielle.

« Je pense que c’était une équipe conduite par Hyacinthe Kafando et qui n’a pas reçu d’instructions de qui que ce soit. »Me Mathieu Somé

Que faisait Gilbert Diendéré ce 15 octobre à 16 heures ? « Du sport », répond son avocat Me Mathieu Somé, mais le matin, il avait organisé une réunion entre les deux sécurités.

« Le 15 octobre 1987, affirme l’avocat, dans la matinée, Gilbert Diendéré, à la demande de certains militaires, a présidé une réunion des deux gardes rapprochées pour les inviter à rester unies, pour ne pas participer au conflit qui opposait les deux chefs historiques. Dans l’après-midi, il allait au sport, il était vers l’ENAM, en dehors du Conseil de l’entente, lorsque les tirs ont retenti. Il est revenu sur ses pas pour constater ce qui s’est passé. »

« Sur l’attaque, ce qu’il a expliqué au juge, c’est que c’est un mouvement parti de la garde de Blaise Compaoré – je pense que c’était une équipe conduite par Hyacinthe Kafando – et qui n’a pas reçu d’instructions de qui que ce soit. Ce qui s’est passé, c’est que les tracts et les rumeurs que les civils ont laissé courir ont créé une tension telle que ceux qui devaient être attaqués à 20 heures ont préféré anticiper. Mais ils n’ont pas reçu d’instruction de qui que ce soit.

Hyacinthe Kafando a refusé de participer à la réunion du matin où il était question d’amener les uns et les autres à mieux se comprendre, à se solidariser. Il était retranché dans l’immeuble du Togo du Conseil de l’entente avec des hommes. Quand il est sorti de là-bas, il était à la tête de plusieurs personnes dans un 4×4 et les autres suivaient à pied.

Et c’est ainsi qu’ils sont allés vers la salle où Thomas Sankara était en réunion avec certains de ses collaborateurs. Et quand ils sont arrivés, ils ont ouvert le feu. » Interrogé sur de précédents propos de Gilbert Diendéré ayant décrit une autre version, une tentative d’arrestation de Sankara qui aurait mal tournée ce jour-là, l’avocat botte en touche.

« Ceux qui devaient être attaqués à 20 heures ont préféré anticiper. » Me Mathieu Somé, avocat de Gilbert Diendéré
 

D’après son avocat, Gilbert Diendéré a donc présidé une réunion entre militaires, le matin du 15 octobre, afin de faire en sorte que la tension s’apaise entre les deux corps de sécurité, la sécurité « rapprochée » et la sécurité « éloignée ». 

Cette information est confirmée par un sous-officier de la garde présidentielle qui a assisté à cette réunion. Exceptionnellement, ce militaire a accepté de parler à RFI sous couvert de l’anonymat.

« Il fallait procéder à son arrestation […] C’est Diendéré lui-même qui a parlé de ça  »Un sous-officier qui souhaite garder l’anonymat

Quels ont été les résultats de cette rencontre ? « Les gens n’ont pas été satisfaits dans la mesure où il y a des idées fortes qui ont été dégagées, des propositions qui ont été faites et lui Diendéré, en tant que chef de corps, en tant que responsable de la sécurité devait au moins prendre cela en compte et le mettre en pratique. »

Le 15, selon ce témoin, après la réunion regroupant les deux sécurités, l’idée de mettre la main sur Sankara pour le placer en résidence surveillée à Pô est formulée pour éviter l’effusion de sang. « C’est Diendéré lui-même qui a parlé de ça. » Ce n’est pas quelqu’un d’autre. Selon lui, il y a eu des informations de sources qu’il a reçues faisant état d’un complot que Thomas Sankara aurait organisé contre Blaise et qui devait se passer au cours de la réunion de 20 heures. Il fallait procéder à son arrestation. »

« Je ne pense pas que les choses puissent se faire comme ça […] sans qu’il y ait une main derrière. » Témoignage d’un militaire qui a requis l’anonymat

« On s’est dit que peut-être ce n’était pas l’arrestation qu’on voulait, peut-être que c’était autre chose. Sinon, si c’était pour arrêter Thomas Sankara, lui il est à l’intérieur en réunion avec son staff, sa sécurité rapprochée, ils n’étaient même pas aussi nombreux que ça. » Le sous-officier ne croit pas non plus que des éléments aient pu agir sans ordre : « Je ne pense pas que les choses puissent se faire comme ça, que des éléments puissent se lever d’eux-mêmes comme ça pour faire ce genre de chose, sans qu’il y ait une main derrière. C’est pas possible. »

 

Par Carine FRENK – @CarineFrenk

RFI

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Mali: Yambo Ouologuen, la mauvaise conscience des lettres ouest-africaines, s’est éteint

Publié le par S. Sellami

 

Yambo Ouologuem © Capture d’écran/Youtube

L’auteur malien du Devoir de violence, tour à tour célébré – notamment avec le prix Renaudot en 1968 – et dénigré, vivait reclus depuis de nombreuses années. Il est décédé samedi 14 octobre, laissant derrière lui une oeuvre intrigante ainsi que des mystères.

Yambo Ouologuem est décédé dans la ville de Sévaré à 77 ans ce 14 octobre. Depuis plusieurs années, l’auteur malien, considéré comme une des principales figures de la littérature contemporaine francophone d’Afrique de l’Ouest, vivait à l’écart de toute vie mondaine, tourné vers l’islam.

Cet été, Jeune Afrique conseillait à ses lecteurs de relire Le Devoir de violence, publié en 1968 au Seuil à Paris et aujourd’hui épuisé. Exercice littéraire, fresque historique, le livre est aussi une charge politique étrillant de manière égale la violence du colonialisme occidental et celle des pouvoirs africains. L’auteur s’attaque aux mythologies de l’universalité européenne comme du bonheur des sociétés africaines d’avant la colonisation.

Un ouvrage emblématique

Le roman est perçu à sa parution comme une trahison vis-à-vis d’un camps par les plus grands noms, à l’instar de Léopold Sédar Senghor. Il est aussi accueilli comme un chef d’œuvre littéraire : le prix Renaudot est décerné à son auteur, qui n’a alors pas 30 ans. Il lui vaut aussi une sévère accusation de plagiat, dès 1972, qui fait encore débat aujourd’hui. À ces accusations l’auteur et ses soutiens répondent qu’il s’agit de collages, d’emprunts à Graham Greene, à Rimbaud, au Coran ou encore à de vieilles sources arabes.

Lexercice de regard critique sur les sociétés africaines précoloniales suscite lui aussi toujours la polémique. À une terrasse de café parisienne, le jeune auteur sénégalais Mbougar Sarr, édité par Présence Africaine, racontait quelques semaines avant l’annonce du décès de Ouologuem à Jeune Afrique à quelle point Le Devoir de violence l’avait secoué. Ouologuem est considéré comme le pionnier d’une littérature du désenchantement qui compte des auteurs comme Ahmadou Kourouma, Sony Labou Tansi et Mongo Beti. Une littérature qui tisse un fil logique entre la corruption des pouvoirs précoloniaux et la violence de la pénétration impérialiste.

Un livre érotique

L’accusation de plagiat et la violence de ses pairs à son égard n’auront pas laissé Ouloguem indemne. Déjà à l’époque, dans sa trentaine, il opérait un retrait et se faisait discret. Mais entre-temps, Ouologuem n’a pas cessé d’écrire. Dans la foulée, il publie par exemple des écrits pamphlétaires, comme Lettre à la France nègre, réédité en France en 2003. Mais aussi un deuxième roman, publié en 1969 sous le pseudonyme d’Utto Rudolf, Les Mille et Une Bibles du sexe, réédité en 2015. À la noirceur brutale du premier roman succède la violence lumineuse de ce texte érotique qui n’épargne rien à son lecteur.

Le style, parfois ampoulé et emporté, n’occulte pas le fond des récits de Ouologuem : l’auteur pénètres les soubassements de l’âme et des sociétés et y cherche nos réflexes les plus honteux, passionnés ou destructeurs.

Des textes et des questions

La carrière de Ouologuem a été fulgurante, comme son oeuvre. Sa disparition laisse intactes les besoins de réédition et les interrogations qui bruissent autour de ses motivations. Jean-Pierre Orban, éditeur qui a réédité Les Mille et Une Bibles du sexe chez Vent d’ailleurs en 2015, expliquait à Jeune Afrique son envie de voir le livre de nouveau imprimé en 2018. Bien d’autres textes continuent de dormir depuis leur première parution sous divers pseudonymes.

Jeuneafrique.com par 

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« Carbone » : un film sur la mafia franco-israélienne…sans Israël

Publié le par S. Sellami

INFO PANAMZA. Inspiré de l'escroquerie franco-israélienne à la taxe carbone, le nouveau film de Benoît Magimel est écrit et produit par un tandem pro-israélien.

Le 15.10.2017 à 15h29

Le 1er novembre, un thriller intitulé "Carbone", "inspiré de faits réels" et réalisé par l'ex-policier des RG Olivier Marchal sortira au cinéma.  Le casting : GérardDepardieu, Michaël Youn et, dans le rôle principal, Benoît Magimel (alias"Antoine Roca"). Bande-annonce : 

En 2 minutes, la vidéo-teaser réussit le tour de force de ne faire aucune allusion aux ramifications politiques et au pays-clé dans lequel s'est également joué cette gigantesque escroquerie : Israël. carbone

Le 26 mai 2016, Panamza évoquait en ces termes cette affaire crapuleuseimpliquant notamment l'escroc Arnaud Mimran, un proche du Premier ministre israélien Benyamin Netayahou et du député Meyer Habib : 

PROCÈS DE LA MAFIA FRANCO-ISRAÉLIENNE DU CO2 : PAS UN MOT AU JT DE 20H.

Surnommée "le casse du siècle", la vaste fraude à la taxe carbone (plus de 6 milliards d'euros à l'échelle européenne, près de 2 milliards pour la France, 283 millions d'euros de TVA détournés pour le seul premier semestre 2009 et des assassinats non élucidés) impliquant une dizaine de Franco-Israéliens (dont 6 sont réfugiés en Israël) a fait l'objet d'un procès entamé le 2 mai et conclu aujourd'hui, jeudi 26 mai, sur des réquisitions sévères du parquet contre les prévenus {http://panamza.com/bojhttp://panamza.com/bohhttp://panamza.com/boihttp://dai.ly/x1ioonk}.

Prévenus emblématiques : Cyril Astruc et -présent à l'audience- Arnaud Mimran (à l'image), ami intime de Benyamin Netanyahou {http://panamza.com/bofhttp://panamza.com/283-millionshttp://panamza.com/bokhttp://panamza.com/bol}

Hormis quelques organes de la presse écrite (Le Parisien, Libération, Challenges), AUCUN média audiovisuel n'a couvert le procès et relaté son déroulé. Pas un seul reportage diffusé depuis le 3 mai dans les journaux télévisés de TF1 et France 2, aucun débat sur BFM TV ou I-Télé.

"Carbone" est écrit par Emmanuel Naccache et produit par Manuel Munz.

Ce tandem était à l'origine d'une comédie d'espionnage à la gloire de services sécuritaires israéliens : "Kidon", avec l'humoriste Kev Adams.

Producteur du film "La vérité si je mens", Munz (un homme hostile aux militants propalestiniens et fan de l'armée israélienne) n'hésita d'ailleurs pas, à l'occasion de la promotion de "Kidon", à s'afficher –sourire aux lèvres- avec l'arabophobe Nicole Guedj (avec laquelle il collabore), l'universitaire ultra-sioniste François Heilbronn et Yossi Gal, un diplomate issu du clan d'extrême droite d'Avigdor Liberman.

Quant à Naccache, résident d'Israël en «guerre contre le Hamas»,  scénariste de"Carbone" et réalisateur («fier d'être sioniste») de "Kidon", il avait réalisé en 2011 "Le syndrome de Jérusalem", film duquel les Palestiniens -en général et ceux sous occupation en particulier- semblent totalement gommés de la réalité locale.

HICHAM HAMZA                                                                                                                                                                                                                                                                        http://www.panamza.com/ 
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Déstabilisation de l’armée par Saïd Bouteflika : objectif 5e mandat

Publié le par S. Sellami



Saïd-Bouteflika-et-l'armée-1

L’hypothèse d’un 5e mandat se concrétise de jour en jour pour le président sénile et impotent Abdelaziz Bouteflika. 5emandat qui, bien sûr, continuera à servir les intérêts des gangsters qui ont usurpé la fonction de président, à leur tête Saïd Bouteflika et son allié du moment, Ahmed Ouyahia. Tout le monde s’est mis d’accord pour cette option et afin de dégager la route du 5e mandat de tout obstacle, Saïd Bouteflika continue sa purge contre l’armée, cette même purge qu’il a entamée depuis bien longtemps et qui a conduit à la mise à la retraite de centaines d’officiers supérieurs des services de renseignement du DRS. Cette fois, d’après mes sources qui sont très au fait de ces questions, Saïd Bouteflika a nommé l’un de ses proches, le général Benziane Mokdad, à la tête de la DPM, le général de corps d’armée Gaïd Salah qui avait proposé un autre nom n’a pas pu imposer son choix. Mokdad a introduit une liste additive le 3 ou le 4 juillet, alors que les mises à la retraite des généraux sont toujours faites fin juin par une commission du haut commandement. Résultat, le général Fateh Athemna, inspecteur général de la DPM, à la grande surprise du haut commandement, vient d’être admis à la retraite ce 17 juillet sans aucun motif, ni âge, ni réglementation, ni affaire de corruption, il lui est reproché d’être proche de l’ex-DPM, celui qui a tenu tête à Gaïd Salah et qui a répondu à Noureddine Boukrouh. Le général Athemna a fait appel à l’adjoint du chef d’état-major pour qu’il lui offre une nouvelle fonction et a pris contact avec le DPM pour lui signifier qu’il y avait un poste vacant. Le DPM lui a rétorqué aussitôt que c’était impossible, donnant des raisons dérisoires qui ont fait comprendre au général Athemna qu’il ne voulait plus de lui. Il a alors pris contact avec l’avocat du général Nezzar pour intenter une action en justice. Le général Nezzar, dès qu’il en a pris connaissance, a recommandé au général Athemna de renoncer. Il est intéressant de savoir que le père du général Athemna est un ami intime de Monsieur Zeroual. Mes sources au sein de l’armée m’ont textuellement affirmé que la feuille de route de Mokdad est de purger le haut commandement de l’armée de tous les éléments issus de l’est et de la grande Kabylie, pour les remplacer par des éléments de l’ouest du pays. Dans la foulée de l’éviction du général Athemna, le chef d’état-major du commandement de la Gendarmerie nationale, le général-major Ammar Bahlouli, vient d’être remplacé par le général Ghali Belkecir. La majorité des wali sont de l’ouest, la majorité des membres du gouvernement sont de l’ouest, idem pour les ambassadeurs, et cette politique régionaliste s’étend maintenant à l’armée avec les conséquences gravissimes que cela implique. Une véritable catastrophe se déroule donc dans le silence le plus opaque. Je n’ai pas cessé d’alerter l’opinion à travers mes articles sur la menace que constituent Saïd Bouteflika et son clan sur la cohésion de l’armée. Aujourd’hui c’est un fait, sous la houlette de Saïd la Folle, le régionalisme touche de plein fouet l’institution militaire et tous les corps sécuritaires du pays, bien que la famille Bouteflika n’existe pas dans l’état civil algérien, ce qui signifie qu’elle n’est ni de l’ouest ni de l’est ni d’ailleurs. Cette famille maudite provient du Maroc et n’a aucun ancrage en Algérie mais, hélas, c’est elle qui mène le bal en Algérie.

Cette famille a causé la ruine du pays à tous les niveaux avec un président absent de la scène nationale et internationale et les problèmes ne font qu’empirer, qu’ils soient politiques ou économiques. En effet, à l’international, que pèse encore l’Algérie dont la voix est devenue inaudible et qui n’influe plus dans aucun dossier dans le monde ? Au national, le handicap du président s’est répandu à tous les étages de la décision politique et ce ne sont pas les montages vidéo de Saïd Bouteflika aidé par le nouveau cinéaste Ahmed Ouyahia qui vont nous prouver le contraire. Dans une récente apparition du président Bouteflika lors de la visite du Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, Ouyahia nous a montré qu’il dirigeait l’équipe de tournage de l’ENTV en faisant des gestes de la main pour arrêter les prises de vue sur le président zombie. Quand donc ce show s’arrêtera-t-il ? C’est un véritable calvaire de voir le même cirque à chaque fois que des voix interpellent ce régime pourri pour lui rappeler que le bon sens le plus élémentaire voudrait que l’on laisse ce vieillard tranquille et que l’on cesse de l’utiliser afin qu’un pouvoir occulte non identifié subsiste. Nous savons tous que le président Bouteflika est incapable d’exercer ses fonctions et toutes les singeries destinées à nous convaincre du contraire renforcent notre conviction et nous plongent dans la honte. Nous sommes devenus la risée du monde à force d’exhiber ce président gâteux et bavant devant des chefs d’État et cela nous donne envie de vomir. À chaque fois que quelqu’un parle du président et déclare qu’il doit laisser sa place et qu’un changement doit s’opérer, l’équipe technique de la présidence dirigée par le metteur en scène Saïd Bouteflika aidé par son assistant Ouyahia se met en branle. Les mafieux qui ont usurpé la fonction du chef de l’État paniquent et sortent le vieux président grabataire de son lit pour le brandir devant les caméras afin de nous prouver qu’il est toujours vivant et que l’on peut aller jusqu’en 2019, voire même vers un 5e mandat dont les contours sont en train d’être dessinés et qui servira les intérêts et les privilèges des escrocs qui ont pris le pays en otage. Sur le plan économique, bien que la faillite soit totale, et c’est venu de la bouche d’Ahmed Ouyahia lui-même, le régime pourri a opté contre vents et marées pour la planche à billets alors que les experts – et non des moindres – n’ont pas cessé de tirer la sonnette d’alarme sur ce processus mortel. Mais Monsieur le non-conventionnel Ouyahia n’écoute personne, et Saïd Bouteflika non plus, ils sont dans leur tour d’ivoire, dans leurs palais, et se foutent royalement des avertissements éclairés. Comme ils se foutent du prix de la tomate et des patates et si le peuple algérien a faim. Ils s’en foutent parce qu’ils se sont constitué un patrimoine en milliards de dollars sur le dos des citoyens algériens et qu’ils ne se sentent guère concernés par la situation de précarité économique que vit le peuple algérien dans sa majorité. Ils se foutent aussi des rapports de diverses institutions étrangères comme The Washington Institute for Near East Policy qui déclarait dans un de ses rapports daté de février 2017 que le président « Bouteflika est confiné dans un fauteuil roulant et incapable de parler », et le plus récent The Global Risk insights qui titrait le 7 octobre dernier Une nouvelle guerre civile menace-t-elle l’Algérie ? dans lequel il brosse un tableau noir de la situation algérienne et qui déclare, entre autres, que « les élites sont très probablement préoccupées par leur propre survie, ce qui nuit à leur capacité à résoudre les problèmes sociaux et économiques en ce moment critique » et que « l’Algérie est à l’aube d’une période d’instabilité à haut risque ». Mais Ouyahia fait la sourde oreille et pratique un déni ahurissant en disant : « l’Algérie n’est pas en train de s’effondrer et le président de la République dirige le pays ». Comment peut-on mentir aussi effrontément ? Vers qui sont dirigés ces mensonges ? Pas vers le peuple algérien qui n’est pas dupe, et ce, depuis longtemps, alors quid ? Ouyahia est un facteur de déstabilisation à lui seul. Son discours porte les germes du séparatisme. Par exemple, son insistance à provoquer les populations du sud avec la production de gaz de schiste alors que celle-ci est abandonnée aux États-Unis et en France parce que non rentable, sans parler des dégâts environnementaux qu’elle entraîne, en est la preuve. Ouyahia œuvre-t-il pour un agenda étranger ? Le fait de dire que l’Algérie n’est pas en train de s’effondrer est justement la preuve du contraire. Pour qui Ouyahia travaille-t-il ? Le risque majeur de l’Algérie n’est pas la main de l’étranger, mais vous-mêmes, tous tant que vous êtes ! Vous êtes tous illégitimes, vous n’avez aucune institution forte, et le pays s’enfonce, tel un bateau mené par des fous, dans un océan de tempêtes. Mensonges, Monsieur Ouyahia, mensonges ! Quand Ouyahia nous chante « Tout va très bien Madame la Marquise », tout en annonçant en même temps la faillite du pays, je rappelle pour ceux qui ne connaissent pas la période des années 90 ou pour les amnésiques, qu’on a sérieusement envisagé à l’ONU à l’époque de Koffi Annan, de mettre l’Algérie sous tutelle de l’ONU en 1997-98. Est-ce là que vous prévoyez de nous ramener, bande de crapules ?

On voit des jeunes gens, des femmes avec enfants et même des vieillards, quitter le pays pour gagner l’Europe sur des embarcations de fortune. Certains n’atteignent jamais la côte européenne et se noient dans la Méditerranée, image terriblement prémonitoire de ce qui nous attend. Plus d’un million d’Algériens ont quitté le pays sous le règne de Bouteflika. Qui est responsable de cette situation ? Ce n’est pas le peuple, Monsieur Ouyahia. Ce n’est pas le peuple non plus qui a ouvert des comptes offshore dans les Iles Vierges Britanniques, à Doubaï ou en Suisse, et autres paradis fiscaux. Ce n’est pas le peuple algérien qui a acquis des biens immobiliers dans les plus belles avenues du monde, à Paris, à Londres, à Las Vegas, ou ailleurs. C’est vous, les nouveaux colons dénués de tout sens patriotique qui avez saigné la vache des orphelins en trahissant le serment de Novembre qui ne représente rien pour vous. Votre seule patrie se constitue d’une banque et de privilèges, et je vous connais tous un par un. Donc, faillite politique, faillite économique, et Saïd Bouteflika entreprend de continuer à porter des coups à l’armée qui est la dernière forteresse. Même si elle a subi des déstabilisations, notamment en voyant se démanteler les différents services comme le DRS, voilà qu’elle est encore une fois une cible pour le plan d’un énième mandat de trop. En s’en prenant à l’armée, Saïd Bouteflika et son clan nous montrent qu’ils n’ont aucune limite. Seul pour eux compte un 5emandat, qui, dans la réalité, sera un autre mandat pour Saïd le sado-maso qui ne se lasse pas du pouvoir et de la richesse qu’il procure. Dans cette optique, la purge a recommencé et ne s’arrêtera pas. Toutes les voix au sein de l’armée qui ne sont pas d’accord avec le 5e mandat seront éliminées. La seule institution encore debout est sur le point de s’effondrer comme le reste. Saïd Bouteflika et son groupe de mafieux savent qu’aucune autre force à part l’armée ne peut s’interposer à leurs calculs mortifères. Il faut aussi remarquer que les menaces du ministre de l’Intérieur visant les corps sécuritaires dont certains membres sont actifs sur les réseaux sociaux s’inscrivent dans cet objectif. Pour les gens de l’armée, c’est : soit vous êtes avec nous, soit vous sortez ; et pour le peuple, c’est : soit nous, soit le chaos, comme on l’a vu avec les reportages TV rappelant au peuple algérien la décennie rouge et noire tragique qu’il a vécue et dont l’ordonnateur n’est autre que Saïd Bouteflika, avec son exécutant des basses besognes Ahmed Ouyahia. Celui-ci est en train de jouer un grand rôle dans l’avènement du 5e mandat, parce qu’on lui a confié la mission de remplacer le président dans toutes les activités telles que recevoir les dirigeants étrangers même s’ils ne se bousculent pas aux portes d’Alger, car ils savent dans quel état se trouve le président Bouteflika. Tout cela pour atteindre 2019 et aller au 5e mandat. Je ne cesserai pas de réclamer la remise en liberté immédiate des coordinateurs du mouvement des retraités et des invalides de l’armée qui sont en prison pour avoir réclamé les droits des vrais patriotes. Certains ont perdu leurs membres pour la sauvegarde du pays, d’autres sont morts en combattant les terroristes. Ce sont eux les vrais patriotes et pas Ahmed Ouyahia le chef des oligarques ou el kharay Ali Haddad et ses quarante voleurs ou encore Saïd el Zella (la folle) e tutti quanti. Un régime qui maltraite ses soldats et méprise son peuple n’est pas digne de respect, car nos soldats sont issus du peuple et notre armée est une armée populaire, elle n’est pas au service d’une caste ou d’une personne, elle est au service du peuple. Il faut que cela rentre dans vos têtes de tarés et de dégénérés !

Je tiens à faire ici un aparté pour mettre les points sur les i auprès de certains. Personnellement, la dernière manifestation à laquelle j’ai participé était celle de 2001 en soutien à nos camarades de la grande Kabylie, ceux du printemps noir. Certains opposants de pacotille d’aujourd’hui ne connaissent pas cette grande manifestation. Nous avons bloqué Alger et les mercenaires du régime nous ont caillassés : des torrents de pierres et de projectiles divers nous sont tombés sur la tête, et il y a eu mort d’hommes dans cette manif. Un de mes camarades, un vieux  communiste de Jijel, n’a pas supporté les gaz lacrymogènes et j’ai vu mon vieux camarade asthmatique suffoquer. C’est que nous en avons tellement vu dans notre vie de chiens pourchassés par le régime pourri et ses alliés stratégiques que sont les islamistes terroristes ! J’ai du porter cet homme âgé jusqu’aux hauteurs d’Alger. Dans une bataille, on n’abandonne jamais nos camarades. Et à tous les petits cons qui se prennent pour le Che, je vous dis qu’il y a eu des grands militants avant vous et qu’il y en aura après vous. Je suis de l’est algérien, j’ai manifesté alors que je suis de l’est, de la terre de Jugurtha, de Takfarinas, de Dihia et de Koceila, j’ai soutenu le printemps noir, et on a failli perdre la vie. Alors, à la niche, les caniches. Les opposants de Facebook et de 2017, ce n’est pas ma tasse de thé, et pour ceux qui m’ont posé des questions, du genre « est-ce qu’on vous a déjà interpellé ?», je leur réponds, oui,  on m’a interpellé et la dernière fois, c’était dans les années ‘90 quand certains étaient encore dans leurs couches, alors pas de surenchère. L’Algérie va mal et c’est à cause d’un régime pourri et d’un multipartisme biaisé qui n’a produit que des mutants. La preuve, c’est ce vide mortifère que vit le pays à tous les niveaux. La solution n’est pas chez ceux qui ont produit l’échec. Préparez vos mouchoirs et vos iphones pour les manifs factices contre le 5e mandat et pleurnichez, car le combat, le vrai, il fallait le mener avant. Maintenant, c’est trop tard, tarlouzes et cruches passionaresques de mes c… Il est trop tard ! Celui qui se sent chatouillé par mes propos n’a qu’à se gratter.

Sur un autre volet, on remarque un délabrement total des partis politiques qui ne servent à rien. D’ailleurs les prochaines élections ne seront rien d’autre que de nouvelles élections de la chkara, comme d’habitude. Nous voyons en outre une « société civile » qui, à part ramasser les miettes, est parfaitement inutile. On assiste également aux chamailleries pathétiques de quelques  salonards égocentriques qui représentent le désespoir d’une nation et qui se disent intellos, alors qu’ils ne sont que des bobos mortellement ennuyeux. Quant à la presse qui est corrompue dans sa globalité, on a vu que le mot solidarité ne signifie rien pour elle car pas un mot de sa part concernant les journaux qui disparaissent et les médias qui ferment, avec ce que cela entraîne comme conséquences sociales, des centaines d’emplois perdus et des familles entières qui s’en retrouvent paupérisées. Il est hallucinant de constater qu’il n’y a aucune solidarité dans cette profession. C’est pour cela qu’un jour j’ai dit qu’il n’y a aucun honneur à être journaliste algérien et je le maintiens, car c’est chacun pour sa pomme. C’est à pleurer quand on se souvient des martyrs de la plume qui sont tombés sous les coups des islamistes. Quant aux quelques voix d’opposants sans parcours politique ni expérience de lutte qui s’agitent, ce sont des idiots utiles qui servent de caution à un régime qui ne s’embarrasse d’aucune gêne pour sauver les apparences démocratiques. On a vu le visage ensanglanté de l’activiste Rachid Nekkaz devant un immeuble à Neuilly-sur-Seine à Paris où l’ex-secrétaire général du FLN a acheté un appartement avec l’argent qu’il a détourné. Le fils d’Amar Saïdani n’a pas apprécié que Nekkaz manifeste son désaccord devant le logement parisien de son père et a agressé physiquement l’activiste algérien qui a dû être transporté à l’hôpital. Plainte a été déposée mais le fils Saïdani n’a pas été inquiété. Pourquoi la France protège-t-elle Saïdani ? Nous ne vous pardonnerons jamais de permettre à vos rejetons de salir l’image – le peu d’image qu’il reste – de l’Algérie à l’étranger. Les martyrs du glorieux FLN se retournent dans leur tombe en voyant ces images effroyables de violence d’un régime qui peut aller jusqu’à tuer pour conserver ses privilèges. C’est un avertissement pour tout le monde. Le régime montre qu’il a l’appui de la France et que celui qui bouge recevra le châtiment. Que l’on soit d’accord ou non avec Nekkaz n’est pas le vrai débat, le plus important c’est comment les responsables algériens se sont octroyé des biens à l’étranger et ne s’en cachent même pas. Comment des responsables politiques tels Saïdani qui a passé son temps à attaquer les services de renseignement algériens et leur chef le général Toufik a acquis des biens au vu et au su non seulement de l’ancien colonisateur mais de toute la planète. C’est valable pour l’actuel PDG de la Sonatrach, nommé à ce poste malgré qu’il ait été condamné pour intelligence avec l’ennemi, soit la CIA, qu’il en a purgé une peine de prison, et qui se retrouve avec des biens en France et en Espagne. C’est valable pour Ouyahia le non-conventionnel dont la famille possède des biens en Algérie et à l’étranger. On a également vu le scandale de Sellal, et la honte de voir le mari libanais de sa fille ramasser la cagnotte en s’emparant de l’argent du peuple algérien lorsqu’il a dépouillé la fille de Sellal. Et j’en passe. Des livres entiers pourraient être écrits sur les frasques et les scandales de ce régime pourri depuis des années. Alors, retenez-vous de donner des leçons de patriotisme, rincez-vous la bouche avant de parler de l’amour de la patrie, vous n’avez aucune idée de ce que veut dire aimer son pays, et vous êtes le cancer de l’Algérie.

Je continue à dire que le destin de l’Algérie n’est plus entre ses mains et que ce sont les puissances étrangères qui décideront de la suite des événements. Comme disait Ibn Khaldoun, les tyrans et les despotes ramèneront les conquérants et les envahisseurs. Nous rétorquons aux crapules qui n’arrêtent pas de nous agiter la Libye et la Syrie sous le nez, que si l’effondrement de l’Algérie arrive – que dieu nous en préserve- ce sera votre faute. Vous en serez historiquement les responsables exclusifs. Ce ne seront ni les Martiens, ni les Plutoniens ou autres extra-terrestres, mais vous seuls. Ce sera la faute de votre régionalisme, de votre clientélisme, de votre mauvaise gestion, de votre népotisme, de votre trahison, et de votre corruption. Si cela arrive, vous prendrez les avions vers vos biens à l’étranger, vers vos villas et appartements que vous avez acquis avec l’argent des Algériens que vous avez pillé, et il ne restera au peuple que les larmes, des larmes de sang, car sans vous l’Algérie aurait pu être un paradis sur terre, mais vous l’avez transformée en enfer quotidien. Vous êtes les continuateurs des colons qui ont mis notre patrie à sac. Vous êtes dans la continuation de « l’œuvre colonisatrice ». Heureusement, il y a la mort, bande de bâtards, et devant la mort nous sommes tous égaux. Tout le monde, riche ou pauvre, honnête homme ou voleur, finira dans un trou. Mais les derniers instants, juste avant le grand saut, sont décisifs. Si l’honnête homme partira sereinement, entouré de l’affection et du respect de tous, qu’en sera-t-il pour le voleur ou le traître ?

Mohsen Abdelmoumen

https://mohsenabdelmoumen.wordpress.com
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Vidéo. L’incroyable agression de Rachid Nekkaz par le fils d’Amar Saâdani

Publié le par S. Sellami

Choquant et horrible ! L’opposant Rachid Nekkaz a été sauvagement agressé et lynché par le fils d’Amar Saïdani, l’ancien secrétaire général du FLN. L’agression a eu lieu au 15 boulevard Victor Hugo à Neuilly-sur-Seine, la banlieue chic parisienne, au pied de l’immeuble abritant l’un des appartements de l’ancien chef du FLN. Les images sont insoutenables. Rachid Nekkaz, le visage entièrement ensanglanté, raconte en live sur sa Page Facebook comment il a été roué de coups par le fils d’Amar Saàdani. “Il a voulu me tuer ! Le fils du voleur Saïdani a voulu me tuer”, s’écrie un Rachid Nekkaz le visage en sang. La vidéo de l’opposant algérien montre les policiers français qui sont intervenus rapidement pour menotter le fils de l’ancien chef du FLN. “Je vais déposer plainte, je vais déposer plainte”, crie encore Rachid Nekkaz qui continue de filmer cette scène hallucinante qui se déroule au cœur de l’un des quartiers les plus chics de la capitale française. Pour l’heure, nous ignorons encore les circonstances exactes dans lesquelles s’est déroulée cette sauvage agression. Ceci dit, nous avons pu confirmer que Rachid Nekkaz a été transféré à l’hôpital le plus proche pour subir des soins urgents alors que le fils d’Amar Saàdani se retrouve en garde à vue à la suite de cette lâche agression. l’hôpital le plus proche pour subir des soins urgents alors que le fils d’Amar Saàdani se retrouve en garde à vue à la suite de cette lâche agression. l’hôpital le plus proche pour subir des soins urgents alors que le fils d’Amar Saïdani se retrouve en garde à vue à la suite de cette lâche agression. l’hôpital le plus proche pour subir des soins urgents alors que le fils d’Amar Saàdani se retrouve en garde à vue à la suite de cette lâche agression.

Publié par The Algerian Speaker sur 6 Octobre 2017

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Pourquoi Chakib doit adorer la justice algérienne…

Publié le par S. Sellami

Pourquoi Chakib doit adorer la justice algérienne…

Ces derniers jours Chakib Khelil a décidé de se montrer fort disponible pour les journalistes, surtout ceux des journaux en langue DRS comme "Echourouk" ou "El Khabar". Le bougre y affirme nonchalamment qu'il se livrera bien entendu à la "justice" algérienne, et de bon cœur qui plus est. De toute évidence, Chakib a totalement confiance en cette "justice"…

Mais dites-donc, on en apprend des choses dans ces interviews ! D’abord Chakib n’a pas de passeport américain, et n’a même pas de carte de résidence ! C’est donc un Harrag tout ce qu’il y a de plus normal. Mais un Harrag chanceux quand même, puisqu’il habite de somptueuses résidences dans la Maryland, qu’il a acquises probablement grâce à une association d’aide aux sans-papiers.

La machine est donc en branle pour tenir un "procès" en Algérix. Et il faut faire vite car beaucoup de monde s’intéresse en ce moment à Chakib : le FBI qui s’étonne du train de vie des Khelil et de leurs récents investissements, mais aussi les justices italienne et canadienne qui ont mis le nez là où Chakib et ses acolytes ne s’y attendaient pas… Chakib a donc fait les comptes, si l’on peut dire, et s’est dit qu’il valait mieux qu’il ait affaire à une "justice" dont le premier magistrat n’est autre que Bouteflika…

Il est vrai qu’en lançant un mandat d'arrêt en "urgence absolue", la Famiglia Mafiosa veut faire venir le golden papy au château familial pour le gronder un peu à cause des traces qu’il a laissées derrière lui en Italie, mais aussi et surtout pour éviter à tout prix qu'il soit conduit chez les juges Milanais, qui, eux, sauraient lui tirer les vers du nez pour savoir comment les centaines de millions d’euros subtilisés au peuple ont été répartis entre les vampires de Oujda, les tortionnaires du DRS, et les gros assassins de l'ANP…

Chakib ne devrait pas avoir trop de difficulté pour se défendre devant la "justice" algérienne. Il lui suffirait par exemple de répéter le numéro de Saïd Essindika, qui bomba le torse devant les "juges" de l’affaire Khalifa, et lança son retentissant "J’assume". Chakib pourrait aussi plaider la stupidité irréversible, comme le fit fort bien Medelci devant ces mêmes "juges"… Autant des lignes de défense qui lui garantiront forcément l’acquittement, et pourquoi pas les excuses de la république pour le dérangement.

Devant cette comédie judiciaire en plusieurs actes criminels, il ne reste aux Algériens que la possibilité de faire des sit-in populaires sur toutes les pistes des aéroports du pays pour empêcher que l’avion de Chakib n’atterrisse en Algérie. C’est la seule façon plausible pour que ce criminel aille en prison en Italie, au Canada ou aux USA…

Mounir Sahraoui
15 août 2013

http://www.hoggar.org/

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L'OCCIDENT CIVILISATEUR.

Publié le par S. Sellami

Ecoutez ce qu'a dit en 1883 sa Majesté Léopold II Roi de Belgique aux pasteurs et aux prêtres blancs qui sont venus évangéliser la population congolaise.

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Algérie: quand les traîtres traitent de traître

Publié le par S. Sellami

                                     Résultat de recherche d'images pour "Saïd Abadou,"                                                                                     Photo S.Sellami                                                 

Prenez n’importe quel homme politique français de quelque obédience idéologique qui soit, qui a été actif dans la résistance contre l’occupation nazie, il évitera de vous dire que le maréchal Pétain était un traître.

Mais voilà dans cette formidable Algérie, terre des défis, un ressortissant, propulsé à la tête de l’Organisation des Moudjahiddines, après avoir été ministre de la même « corporation » de 94 à 99, après un long silence national officiel sur le père du nationalisme algérien, Messali Hadj, il revient sur lui pour dire qu’il était bel et bien un traître à la nation, sachant que celui qui l’a hissé à son poste actuel, monsieur Abdelaziz Bouteflika en l’occurrence, avait été favorable au colloque sur le « barbu » en 2001 à Tlemcen . Aucun chef d’Etat algérien depuis l’Indépendance n’aurait accepté une telle manifestation. 

Saïd Abadou, puisque c’est de lui qu’il s’agit, au passé révolutionnaire vague et douteux, dit, profitant d’une cérémonie de commémoration sur un héros national : « oui, Messali Hadj était un traître ! » en frappant sur le pupitre face aux nombreux acolytes de la « famille » révolutionnaire faites d’aventuriers partisans possédant une carte de moudjahid – ils étaient même pas dix mille en 62, ils sont presque un million aujourd’hui – leurs enfants, leurs gendres, leurs voisins ou anciens collègues de travail, et ceteta. Puis ,comme on dit chez nous par allusion au teint de l’indignité, le « visage conforme », il ajoute : « c’est le FLN, seulement le FLN et son bras armé l’ALN, qui a fait la révolution, les messalistes étaient des harkis, traîtres, des appoints à la France… »

Il fait péter la salive sur son nez en affirmant que tout déni aux principes de Abane Ramdan, Krim Belkacem, Mohamed Boudiaf, est à interpréter comme une trahison à la Révolution comme si ces trois révolutionnaires n’ont pas été exécutés par les tenants même du discours de cette « révolution ». D’autant que lui-même il renie le FLN en se présentant sur une liste RND pour le poste d’élu député de Biskra. Candidat fructifiant plongé tête baissée dans une formation politique créée par un ancien leader syndicaliste assassiné au lendemain du libellé du RND.

Tout le monde sait que cette confiscation, cette main basse sur ce parti « cuit sur le coke » par Abdelhak Benhamouda, était due à la banqueroute du FLN, l’éternel parti au pouvoir, devant la mouvance islamiste. Cette fulgurante nouvelle force soudaine qui ne trouva sur sa déferlante que les confrontations pacifistes du parti de Hocine Ait Ahmed et le syndicat puissant du petit professeur de Constantine fort apprécié par ceux qui l'on connu. Il ne reculait devant rien ; il ne parlait jamais du passé au sujet duquel il disait : « si tu en parles quand tu n’es pas vraiment historien, ou tu es obligé de mentir, ou alors d’applaudir, alors que tu peux faire mieux en parlant et en faisant pour l’avenir. » Hakou, comme on aimait à l’appeler par affection, échappa à un premier attentat au cours d’une marche pacifique, mais la seconde ne le rata pas le matin du 28 janvier 97 dans l’aire du parking du siège de l’Union des travailleurs à la place du Premier mai.

Alors les criquets pèlerins de la trempe de Saïd Abadou sautèrent sur la formation orpheline pour un renouvellement aussi malsain que racoleur. Les essaims – des indiscrétions disent que l’actuel patron de l’Organisation des moudjahiddines avait laissé échapper une boutade à des amis restés dans le FLN « parfois pour les hommes la fuite est salut ! » - fusionnèrent avec la pensée militaire du naïf Liamine Zéroual conseillé fermement sur le « tout sécuritaire » dont tira sans gloire grand profit le parti confisqué.

Ce consortium a empoché de la loi des finances 2012 quelque 2 milliards 600 millions de dollars de budget, bien plus que pour le secteur du travail et de l’emploi, quand même une somme équivalant souvent un produit national brut moyen d’un pays africain. Qui fait dire, au demeurant, à un vice recteur qui a de gros problèmes pour terminer une chambre supplémentaire destinée à une intimité de progéniture arrivée à l’âge adulte, « avec ce budget-là la recherche en Algérie n’aura plus à avoir honte de lorgner sur celles de ses consoeurs du Maroc ou de l’Egypte. » Ce qui explique pourtant pas la démesure dans la dernière sortie médiatique du traître auto prouvé du parti de Larbi Ben M’Hidi que quelque chose a dû envoyé au charbon pour contrer les tentatives du président de la République pour la réhabilitation officielle du symbole nationaliste de Tlemcen. 

Tant qu’on est au farfouillage dans l’Histoire sans décider une fois pour toute de laisser aux professionnels de la question, autrement dit aux historiens et aux historiographes, l’inscription de nos pages comme le font les nations qui se respectent, il est bien de rappeler à ce faiseur de cartes de moudjahid et de bulletins de blâme pour les non moudjahiddines et les traîtres, qu’il n’y a pas longtemps il était parmi ceux – des témoins existent – qui ne voulaient pas la rebaptisation du Boulevard Salah Bouakouir par celui, actuel, de Krim Belkacem.

Abdelyazid Sadat
16 octobre 2011

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Bonne fête, sexe… faible!

Publié le par S. Sellami

                                           Résultat de recherche d'images pour "fete 08 mars"                                                                                                          photo S.Sellami.

J’aurai tant aimé, pour rompre avec le classique et l’occasionnel qui consiste à n’en parler que le huit mars, écrire sur ce sujet loin de cette date anniversaire et en dehors de la journée traditionnelle et de ses réceptions fleuries!

Une manière, peut être pour moi, de rappeler que le combat féminin est au quotidien et que la femme mérite plus que la demi-journée chômée et payée qu’on lui accorde à cette occasion!

Mais, après réflexion j’ai décidé, en fin de compte, de rester dans le classique et ne pas paraître hors circuit.

Déroger aux règles et au préconçu n’est pas perçu, à sa juste mesure de nos jours.

Malgré moi, donc, je me joins aux kermesses de la fête.

Une fête que nous saluons et partageons avec la gent féminine!

C’est la coutume, les femmes du monde entier fêtent annuellement la journée du désormais traditionnel huit mars!

Cette journée symbolise, on ne peut mieux, le combat mené par la femme occidentale en général et la woman U.S en particulier, contre l’hégémonie masculine sur le sexe faible!

Cette fête que partagent leurs semblables du monde arabe et musulman, quoique sous la bannière de l’élève qui suit aveuglement son maître!

La lutte féminine a permis certes d’arracher quelques maigres dividendes et avantages mais le résultat global reste en deçà tout de même des aspirations escomptées et attendues. En dépit de toutes les fanfares et gerbes de fleurs, le huit mars n’a rien octroyé à la femme, mis à part, quelques bribes de justice et de droit. La femme reste toujours à la merci des différents enjeux et surtout de la domination, moustache oblige, de l’homme.

Je n’invente rien en disant que la femme est reléguée au rôle de figurante, exception faite pour ces indomptables et rares battantes.

Sans généralisation, la femme professionnellement parlant, est souvent utilisée de nos jours à des fins protocolaires pour agrémenter le bureau et atténuer sa morosité et, pourquoi pas, se permettre une détente agréable le cas échéant surtout en ces temps de misère où l’honneur et les valeurs ne résistent pas à la famine et aux différentes privatisations!

C’est devenu un classique qu’un nouveau D.G. ou responsable quelconque remplace illico presto l’ancienne secrétaire quoique performante dans son exercice mais malheureusement pour elle, ne répondant pas au profil souhaité :

La très bonne présentation (terme utilisé même dans les annonces sans pudeur ni scrupules) est l’un des critères exigé pour décrocher l’emploi.

Les hommes sont égaux devant la loi, les femmes doivent l’être aussi devant l’offre d’emploi!

Elle est utilisée comme cette carte cachée dans la manche pour débloquer le jeu en cas de difficulté.

La femme n’est bonne qu’à promulguer une nouvelle marque de savonnette ou de parfum.

Les publicités locales et extra-muros le prouvent aisément.

La femme de l’Ouest, pour ceux qui connaissent l’occident, n’a guère le choix!

Le mode de vie occidentale ne pardonne pas.

Elle est prise entre le marteau et l’enclume.

Il s’agit pour elle de choisir entre les offres alléchantes mais déshonorantes et les affres du…trottoir new look des temps modernes.

L’exigence libérale et libertine d’un marché qui ne connaît ni scrupules ni morale où le harcèlement sexuel règne et fait fureur.

Ces pratiques ne connaissent aucune frontière, pas  même celle de la prestigieuse maison blanche où l’on fait des propositions, pas du tout catholiques, à Monika, une polonaise d’origine, dont le procès contre Le puissant  " Califat du monde " s’est accaparé la "une" des journaux du monde.

En somme c’est la cul-ture, pardon la culture du divan en échange de l’emploi.

La femme occidentale malgré les signes extérieurs de son émancipation et de liberté n’en demeure pas moins une proie entre les griffes de cette jungle qu’est le marché libéral et libertin, il faut le souligner!

Grâce aux vertus paraboliques et à Internet, ce don du ciel qui ne connaît ni frontières ni censures, ceux qui doutent encore de ce que nous avançons, peuvent s’en rendre compte et vérifier nos dires et aussi nos craintes.

Cette femme type modèle et exemple pour nos filles et sœurs en matière de liberté  et de droits est, en réalité très malheureuse que nous le pensons, contrairement aux shows et tableaux dressés pour… l’exportation!

Les spécificités et particularismes de la société occidentale contemporaine font que toutes concupiscences et velléité morales sont proscrites du lexique quotidien.

Tout ce libertinage qui pivote autour de la femme justement a donné naissance au retour progressif du religieux dans la société, place qu’il n’aurait jamais du quitter et sans les dépassements divins de l’église ou plutôt de chrétiens… médiévaux!

En somme, un extrémisme enfante un autre tout aussi dévastateur, si ce n’est plus que l’autre.

De l’obscurantisme chrétien du moyen age au… sans foi, ni lois de la… laïcité!

Le résultat est là :

Le concubinage illicite et immoral qui ne lie les deux partenaires que par les liens de la bestialité éphémère qui perdure juste le temps du plaisir charnel!

C’est ce concubinage que veulent nous instaurer et imposer certains et certaines illuminés de chez nous en demandant l’abrogation du code de la famille qui exige la présence du tuteur dans le mariage non pas pour une infériorité quelconque de la femme mais au contraire par respect mutuel.

La fille en agissant ainsi témoigne et atteste sa reconnaissance envers ceux qui l’ont éduquée et élevé!

Le refus du tuteur n’émane que des effrontées qui dévoilent au grand jour leur insubordination et leurs mœurs légères.
La liberté n’exclue pas de fait le respect familial et la décence!

Je ne m’étalerai pas longtemps sur ce sujet car je compte bien y revenir, prochainement, sur le code de la famille entre abrogation et amendement!

Je disais que cet environnement dépravé à l’extrême étouffe et tue à petit feu cette féminité qui orne et consacre la femme comme partenaire incontournable dans tout édifice de civilisation et du bon fonctionnement du globe!

La… civilisation occidentale, si j’ose l’appeler ainsi, a promis monts et merveilles à la femme en échange de ses vertus chrétiennes et de son honneur personnel!

L’appât de droits et de libertés affiché a dupé plus d’une mais le quotidien ne s’est
guère amélioré comme promis!

La femme est toujours inférieure à l’homme en matière de rémunération, de responsabilité et de considération!
Que l’on est loin des :

"A emploi ou fonction égale salaire égal et… égalité pour tous!"

En outre, l’environnement familial n’est pas des plus reluisants!

La femme sans emploi est vouée au plus vieux métier du monde, la prostitution.

Le système régissant la société est impitoyable et sans merci!

Tout est… sou!

L’entraide et la solidarité sont sacrifiées sur l’autel de l’individualisme et de l’égoïsme!

Le travail ou le boulot, c’est selon, n’est pas une partie de plaisir ou un choix pour l’occidentale mais un instinct de survie et une nécessité accrue et extrême dans un système qui n’héberge aucun sentiment, aussi noble soit-il!

La vie de couple se résume en un contrat d’intérêts matériels mutuels où, là aussi, le noble… pour le meilleur et pour le pire n’a pas droit de citer eut égards au matérialisme sauvage qui a disloqué la cellule familiale!

La non travailleuse est vouée irrémédiablement au trottoir!

Cet infâme mode de vis n’est pas resté intra-muros!

Il a soufflé sur nos sociétés qui ignoraient jusqu’à un passé récent ces mœurs démocratiques et émancipatrices!

L’immigration, certes justifiée, et notre fusion dans la culture d’autrui sans immunité identitaire et culturelle a beaucoup nuit à nos valeurs ancestrales.

Ajouter à cela tout cet afflux parabolique et l’indigence de nos médias, qui ne jouent pas le rôle de rempart mais celui de passerelle et vous avez cet environnement où germent toutes les infections et microbes dont souffre notre société!

Il est temps pour une prise de conscience collective et un sursaut culturel salvateur et algérien de pensé et de mœurs avant de songer à une quelconque ouverture sur les autres!

Il est temps, aussi, de se doter d’un vaccin culturel en plus des visas et vaccins anti-gale auxquels nous sommes soumis, nous autres indigènes, par nos hôtes d’outre-mer en général et par nos anciens colonisateurs tricolores en particulier!

La complexité et la sensibilité du sujet qui ne peut être abordé sans ses annexes et ses liens m’ont poussé, souvent, aux guillemets et au coq à l’âne mais revenons en, si vous le voulez bien, à la célébration du huit mars, la… demi-journée féminine!

Disons, tout haut, que sans les incultes de toutes tendances et les haineux laïques version algérienne, la femme musulmane n’aurait rien à envier à sa consœur occidentale en droits et libertés.

L’Islam, ce bouc émissaire, a tout octroyé à la femme!

Elle était toute désignée pour servir d’exemple à ses consœurs!

En matière d’héritage elle était la première à en jouir au moment où la femme occidentale était exempte de toutes sortes d’héritages!

Par contre la femme, juive elle, faisait partie de l’héritage même après le décès de son mari!

Pour le suffrage, là aussi, la femme arabe était devancière!

Elle a pris part au vote (la Bayâat El Akaba et la Bayâat Arradhouan1 ) de la même manière que ses frères qui venaient donner l’allégeance à notre prophète Mohamed (QSSSL) avant l’hégire, il y’a de cela quatorze siècles et quelques décennies!

La femme musulmane se permettait le luxe de remettre à l’ordre le grand Khalifat Omar en plein prêche du vendredi, bien sur, avant que la mosquée ne perde de ses prérogatives et ne devienne une source d’aliénation!

Non pas au sens qu’attribuent nos chers laïques à nos lieux de culte ou même cette doctrine prêchée par les derviches qui ne parlent que de l’au-delà, ignorant tout du monde et des acquis universels!

Seuls d’insipides prêches qui ne parlent que des ablutions et de la manière de faire la prière et de jeûne sont enseignés!

En plus de ces primautés citées, la femme musulmane est matériellement à la charge de son mari indépendamment des richesses qu’elle possède!

L’époux n’a aucun droit sur les biens de sa femme sans son consentement!

Concernant la fameuse moitié d’héritage, source de débats houleux, qu’octroie l’islam à la femme et que désignent, injustement certains, par méconnaissance ou par diffamation de notre sublime religion, par inégalité disons leur que l’islam tient compte des responsabilités de tout un chacun et que la prise en charge totale de la femme par son mari et la dot ou le Sdak comme on l’appelle chez nous, qui est aussi à la charge de l’homme doit quelque part  être compensée afin de ne pas accabler l’homme!

Pour le spectre polygame qui hante nos sœurs et… les souffleurs du mal, je dirais que c’est une diffamation supplémentaire et un subterfuge machiavélique!

Voyons d'un peu plus prés, ce fantôme et ce spectre qui hante les esprits de nos concitoyennes, à savoir la polygamie avec un semblant de raison et de logique!

A défaut de statistiques, contentons-nous de la réalité quotidienne, à savoir le nombre effrayant de jeunes célibataires (tous sexes confondus) qui, la trentaine passée, n'ont encore déniché ni travail, ni logement.

Le mariage, pour eux, ressemble plutôt à un conte de fée qu'à autre chose.

La polygamie à leurs yeux, est une blague de très mauvais goût.

En y ajoutant à cela l'injustice sociale, la crise de logements et un pouvoir d'achat des plus lamentables (qui ferait pâlir les syndicalistes d'outre-mer qui eux, ne font pas de politique) vous en conviendrez que la polygamie si décriée n'est en réalité, qu'un prétexte pour déverser le trop plein de haine qu'ont certains, envers tout ce qui a trait à la religion musulmane et surtout... au code de la famille.

Au fait veulent-ils nous imposer un code naturaliste made in saint Tropes ou, mijotent-ils quelque chose de pas très… islamique ?

Certes la polygamie subsiste mais dans une infime proportion qui ne mérite pas tout ce tapage médiatique dont en la gratifie.

Voyons si vous voulez, le fameux article du code de la famille algérien incriminé.

L'article 8, en question, dit :

"Il est permis de contracter mariage avec plus d'une épouse dans la limite de la Chariaa, si, série de conditions, le motif est justifié, les conditions d'équité réunis et après… information préalable de la précédente et future épouse.

L'une et l'autre peuvent intenter une action judiciaire contre le conjoint en cas de Dol ou demander le divorce en cas d'absence de... consentement".

Les conditions contenues dans l'article cité ne militent nullement en faveur de la polygamie.

Force est de reconnaître qu'une polygamie basée sur l'équité et le consentement des épouses est de loin meilleure et plus... démocratique que le concubinage, l'adultère les cascades de maîtresses contractées çà et là sans que quiconque ne crie au scandale ou, à... la décadence féminine et au bafouillage de ses droits.

Bizarre, non ?

La polygamie telle que dictée donc par la Chariâa est plus démocratique et surtout plus honorable pour la femme.

En mettant sur la "table… abrogative" (en plus de l'article 8 ) l'article 18 (Applicable pourtant là bas… chez-nous) et en proposant pour amendement entre autres les articles  9 et 11, nos concitoyennes ne cachent nullement leurs intentions.

N'étant ni… moderniste, ni… émancipé et ayant surtout un esprit… médiéval et obscurantiste, je ne peux qu'entrevoir à travers cette "démarche abrogative" l'instauration d'un concubinage en lieu et place du mariage et pourquoi pas, aussi, un saint Tropes pour en finir avec les tabous et couronner le tout.

Les conditions de la femme chez nous sont, en principe, meilleures que celles des ses consœurs.

J’ai dit en principe car nos pratiques, nous les musulmans, sont loin de refléter fidèlement les droits qu’a octroyés l’Islam à la femme!

Ne connaissant presque rien de sa religion à cause de l’analphabétisme des prêcheurs qu’elles ont eu à rencontrer pour les fatwas, elle s’en prend à sa religion l’accusant des maux et les abus dont elle est victime au lieu de d’en vouloir au musulman lui-même qui est la source de son mal!

La femme musulmane doit pour son salut non pas demander l’abrogation du droit musulman comme c’est murmuré et chuchoté ces derniers temps mais plutôt exiger l’application immédiate du code de la famille revu et amandé en certains points et renier toutes les pratiques absurdes et misogynes et machistes imputées à notre sublime Islam!

Les " Nafahates2  " de vos maris, mes chères sœurs et filles, n’ont aucun lien ni de prés ni de loin avec votre tolérante et juste religion!

Beaucoup d’entre vous se vengent de l’islam non  pas par connaissance ou conviction mais par haine justifiée et dépit envers ceux qui vous confisquent vos droits!

Ceux qui par le biais de leur ignorance et par  " Radjla3  " se croient au-dessus et de loin supérieur à cet être et ce sexe maladroitement nommé : Sexe faible!

Un être faible, selon la définition héritée, mais combien indispensable pour l’harmonie et le bien être de la cellule familiale et la société.

Initiez-vous à la source de l’Islam, un peu plus, et vous verrez que vos droits ne sont nulle part ailleurs mieux gardés et garanties!

Vous y trouverez aussi certains droits dont vous ne rêviez même pas et dont vous ignoriez jusqu’à l’existence!

Enfin, Bonne et joyeuse fête mes sœurs et filles!

Nourdine Seddiki
8 mars 2017

http://www.hoggar.org
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